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Site web: www.unil.ch

Personne rencontrée : Carmen Jambé Service : UNIRIS

Responsable : Gérard Bagnoud

Site web : http://www.unil.ch/uniris/home

Date entretien : 5 juillet 2018 Durée: 1h25

Introduction

Madame Jambé a signé le formulaire de consentement, approuvant l’utilisation de son nom et la diffusion de la synthèse.

Identification

Le service UNIRIS est le Service des ressources informationnelles et archives de l’Université de Lausanne. Il dépend du Secrétariat général, comme le service UNICOM. Madame Jambé est chargée de coordonner le projet institutionnel lié à la gestion des données de recherche, 2017-2021. La coordination est en fait un axe du projet, le cœur étant le développement des moyens pratiques et techniques, de recommandations et formations à destination des chercheurs de l’Université. Elle travaille à 100% pour la GDR ; les autres collaborateurs d’UNIRIS se consacrant aux archives ou à la veille. Des assistants-étudiants en histoire s’occupent du traitement des fonds d’archives.

Elle a réalisé son travail de bachelor en 2015 pour UNIRIS. L’ancienne direction de l’UNIL avait ensuite accepté le financement d’un stage pour la mise en route du projet, devenu CDD puis CDI depuis 2017.

Différents documents existent sur le site UNIRIS définissent la mission et concernent la gestion des données de recherche : la directive sur les ressources informationnelles et archives144, la charte éthique / code de conduite d’UNIRIS145, ainsi que des documents pratiques d’aide, comme le fichier de nommage de fichiers146, qu’elle a retravaillé pour le proposer en lien avec les DR.

Services

Pour Madame Jambé, l’Open science est une thématique extrêmement large, dont la définition est variable selon les interlocuteurs et n’a jamais été fixée. Elle comprend la science ouverte au sens large, qui concerne les principales étapes de la science. Les enjeux sont sociétaux, techniques, juridiques, démocratiques, soit tous les enjeux du monde actuel. Cela concerne évidemment les données, les articles, le peer-review, les méthodologies, codes, etc. mais devrait aussi être l’ouverture de l’Université – pas juste la science. Elle défend la science 144 http://www.unil.ch/uniris/files/live/sites/uniris/files/documents/references/UNIL_POL_ Records_management_archivage_VF.pdf 145 http://www.unil.ch/uniris/files/live/sites/uniris/files/documents/references/UNIRIS_Code_ deontologie_engagements.pdf 146 http://www.unil.ch/uniris/files/live/sites/uniris/files/documents/unites/UNIL_POL_RM_ Regles_nommsage_ doc_electro_VF.pdf

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ouverte qui ne doit pas être un « effet de mode » comme les Summer school. La science étant subventionnée par les citoyens, elle trouve normal que ce que produit l’Université soit ouvert et gratuit pour eux.

Elle propose une large palette de services suivant la roue des étapes de la recherche : depuis avant le projet jusqu’à l’archivage de l’après-projet. Il peut y avoir des « troncs communs » mais le plus souvent elle individualise le conseil selon le chercheur et le projet de recherche. Cela nécessite du temps pour connaître le projet, son fonctionnement et le contexte. Elle conseille les bonnes pratiques ou redirige si besoin vers d’autres sources d’information existantes. Le DMP fournit le cadre théorique, mais il y a encore peu d’opérationnalisation car les projets sont en cours – elle imagine que ce sera comme pour les archives, les chercheurs viendront se renseigner quand ils devront archiver leurs données. Une des difficultés à l’UNIL est qu’il n’y a pas de dépôt, mis à part pour SSP, Lettres et la bio-informatique qui sont organisés (FORS, DaSCH et Vital-IT). Les réponses techniques suivent difficilement : le fait de ne pas avoir d’outils à proposer constitue un frein par rapport à ses conseils sur la GDR. Madame Jambé a organisé des formations générales sur la GDR et plus spécifiques sur le DMP dans différents cadres : lors de lunchs dans les facultés avant les dépôts FNS, dans le cadre de la formation doctorale, du Graduate Campus et d’un atelier Regard à destination des femmes chercheuses.

L’UNIL soutient, tout comme l’Université de Zurich, un projet de dépôt de données de recherche déposé par FORS dans le cadre du programme P5. Il vient d’être accepté avec des réserves, il faudra donc voir comment se fera la suite. Madame Jambé trouve qu’en Suisse, le fédéralisme complexifie les initiatives. Dans d’autres pays comme la Grande-Bretagne, la Hollande, la Belgique, les Etats-Unis il existe une incitation politique. En Suisse, pas d’orientation claire du SEFRI, du FNS ou de SwissUniversities pour un dépôt national pour toutes les recherches menées en Suisse ou disciplinaire, donc toutes les institutions s’équipent individuellement. Le FNS finance des projets, mais il n’y aura pas de réponse pout tout de suite. Elle trouve difficile de ne pas savoir où aller : au niveau local, faculté voire institut, qui est plébiscité par les chercheurs (cf son TB) pour des questions de sécurité, de confiance et de proximité d’interlocuteurs ; au niveau national ; ou par discipline. Elle trouve que c’est une chance de pouvoir construire un outil à « partir de rien », éventuellement d’après un logiciel open-source, comparé à la difficulté pour Serval qui doit s’améliorer. Avoir un dépôt devient urgent, à force d’attendre.

Elle ressent un fort besoin de direction institutionnelle – c’est la responsabilité du rectorat de l’édicter, également par rapport aux recherches financées par l’UNIL ou les données non-publiées.

Le cadre juridique lié aux DR (leur statut, utilisation, protection, ouverture, entre autres) est relativement flou en Suisse, ce qui ajoute une complexité supplémentaire. Par exemple, il serait utile d’étendre les propos de la loi cantonale sur les archives pour les inclure ou encore l’article 70 de la loi sur l’Université de Lausanne qui ne mentionne que « les résultats de recherche » – les DR ne sont pas forcément des résultats.

Via les DMP, elle reçoit parfois des questions sur le financement, les problématiques informatiques/IT, éthique/juridique, le droit d’auteur ou les Creative commons. Le cas échéant, elle renvoie vers les personnes compétentes au Dicastère recherche, au service informatique, au service juridique ou au PACTT (si la recherche peut découler sur un brevet ou des questions de propriété intellectuelle).

Elle répond à tous les besoins des chercheurs, qui lui arrivent soit directement, soit via le site ResearchData, soit via les consultants recherche. D’après elle, les chercheurs n’auraient donc pas besoin de nouveaux services, mais d’un approfondissement de ceux existants : des bonnes pratiques détaillées ou de formations plus spécifiques, par exemple sur le stockage qui pourrait être fait par un spécialiste du Centre informatique. Les cours sur la GDR actuels balaient toutes les thématiques sur une journée, mais chaque thème pourrait avoir sa propre journée. Des cycles de formations sont en train de s’organiser pour fin 2018-2019 avec FORS et DASCH, liés aux enjeux thématiques. Mais plus de formation demande plus de ressources. Toute la GDR est un projet, avec des sous-projets liés à la feuille de route. Elle ajouterait la notion de durabilité, point fort de la faculté Géosciences et qui est notamment portée par le

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Dicastère Durabilité et campus. Cela concerne aussi la GDR pour le « recyclage » des données, qui peut être vu du point de vue financier ou éthique.

Collaborations

Les contacts initiés lors de son TB ont perduré, avec les services juridique, transfert technologique, informatique, mais également avec le Service de communication et la Cellule égalité (qui s’occupe des formations Regard), le Graduate Campus et RISET pour l’inventaire des bases de données existantes dans les facultés.

Best practices

Par rapport à l’organisation actuelle, elle trouve nécessaire d’en formaliser le cadre. Le Centre de soutien Open science doit avoir une mission, des tâches dédiées, des membres actifs – cependant si le nombre de participants augmente, il sera difficile d’organiser des réunions. Le centre doit pouvoir disposer de moyens humains adéquats, au niveau central ou dans les facultés.

Il lui semblerait bien d’avoir des réunions mensuelles, avec un ordre du jour. Mais surtout il faut que « ce soit écrit noir sur blanc » : les déclarations d’intention ne suffisent pas, notamment pour les consultants recherche qui n’ont pas forcément de cahier des charges dédiés à la GDR. Il faut que tout le monde trouve sa place dans l’organisation.

Son TB était consacré à la GDR, mais la problématique s’étend pour devenir OS. Cette problématique concerne en premier lieu le Dicastère recherche (particulièrement pour la visibilité par les chercheurs) mais, de par la « spécialité vaudoise » où la BCU est hors de l’UNIL, cela fait totalement sens qu’UNIRIS, service des ressources informationnelles et archives, soit chargé de la mission GDR. Madame Jambé estime qu’être rattachée à UNIRIS et travailler en étroite collaboration avec le Dicastère recherche ne pose aucun problème (l’un de ses collègues a d’ailleurs une « double casquette » UNIRIS et Centre informatique). En résumé, le Centre OS doit être le lieu de regroupement de toutes les expertises, comme le Centre informatique et les autres services centraux concernés. Il est nécessaire de garder le lien dans les facultés. Si un chercheur a un problème, il va voir « son » consultant recherche, puis éventuellement le niveau central. Le consultant peut également remonter les problématiques locales au niveau central.

A travers les enquêtes existantes sur la GDR ou l’OA, elle voit peu de résistance de la part des chercheurs : ils adhérent au principe de l’ouverture, mais se trouvent confrontés aux difficultés de mise en place. Il faut sortir des cadres disciplinaires ou d’équipe de recherche ; la position d’‘expert n’est pas forcément bien vue, même si parfois elle s’impose, comme en sécurité informatique. Le mieux pour les convaincre est de les faire participer, comme lors de la journée d’études UNIRIS147. Elle trouvait intéressant de voir un chercheur en biologie et un autre en lettres partager le même problème – ensuite soit ils voient une solution commune, soit ils comparent leurs solutions. Elle verrait donc plus de temps d’échanges, lors de workshop ou séances d’informations, un cadre ouvert, une communauté ‘open’. Les gens se sentent plus impliqués lors d’une démarche participative. Elle sent les chercheurs prêts à s’impliquer, dans la mesure du temps qu’ils ont à disposition.

Madame Jambé identifie deux types de freins :

- Chercheurs : « le temps c’est de l’argent », il faut donc faire en sorte qu’ils n’en perdent pas. Les cloisons / fonctionnement en silo, qui donne l’impression qu’ils sont les seuls à avoir un problème, alors qu’il y a souvent des problématiques communes et qu’ils s’enrichiraient en parlant avec d’autres collègues. Il faut également combattre les idées fausses : tout ne doit pas être ouvert, on peut mettre des embargos, certaines données ne doivent pas être partagées. Il faut beaucoup expliquer, être sur le terrain, afin de dissiper les craintes et de clarifier les termes anglais. Cela prend beaucoup de temps, au minimum une matinée à discuter sur un projet de recherche, mais si le chercheur est satisfait, il va en parler autour de lui.

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- Pour le centre : le plus gros risque est le manque de moyens, les ressources humaines étant le plus gros poste financier. Les consultants recherche ont des tâches en plus à assumer, et il y a un risque que le soutien à l’Open science en souffre. Il faudrait qu’il y ait des personnes dédiées dans chaque faculté pour les tâches actuelles et celles qu’il faudrait faire pour l’Open Science.

Il est important d’avoir une vision UNIL et pas seulement les grands principes d’une stratégie : les gens doivent savoir à qui s’adresser pour faire telle chose, avoir un système clair au niveau local : sur les ressources disponibles et les compétences.

Elle essaie de ne pas « trop inonder » les consultants recherche car elle sait qu’ils n’ont pas forcément le temps à consacrer à la GDR – peut-être n’osent-il pas non plus la contacter ou lui poser des questions.

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: Synthèses des entretiens avec les autres entités

de l’UNIL

Les entretiens sont classés par ordre chronologique :