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PARTIE IV. DISCUSSION ET CONCLUSION

Encadré 4 Caractéristiques principales des médias anglophones du NB

Médias anglophones du NB

• Le quotidien principal est le Telegraph-Journal, publié à Saint John.

• Autres médias : Times & Transcript, distribué dans la région de Moncton, et The

Daily Gleaner, distribué dans la région de Fredericton.

• Les trois médias ci-dessus appartiennent au groupe Irving. Selon certaines sources, cette entreprise détiendrait entre 80 et 90 % de la presse quotidienne et hebdomadaire du NB.130

130 Au sujet des médias dont le groupe Irving est propriétaire, se référer aux textes suivants : Beauchamp, M., &

Watine, T. (2006). Médias et milieux francophones. Presses Université Laval ; Lyonnais, Marie-Claude. (2008). « Nouveau-Brunswick - Hyperconvergence ». En ligne, sur le site Web de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec : http://www.fpjq.org/nouveau-brunswick-hyperconvergence/, comme visité le 27 mars

2016 ; Historica Canada. (2016). « Irving, groupe », en ligne :

http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/irving-groupe/, comme visité le 27 mars 2016 ; Pedneault, Marjorie. (2010). « Né sous une bonne étoile ». Le Devoir, 20 février. En ligne : http://www.ledevoir.com/societe/medias/283524/ne-sous-une-bonne-etoile, comme visité le 27 mars 2016.

En ce qui concerne donc la couverture médiatique, alors que les médias francophones traitaient surtout des enjeux d’ESF, un organisme qui, nous le rappelons, avait été mis sur pied par des médecins de l’HDGLD, les médias anglophones rapportaient le mécontentement des médecins de la région de Saint John par rapport à la nouvelle structure administrative. Quelques jours après le grand lancement de la réforme, un article du Telegraph-Journal faisait état des craintes d’un médecin ayant œuvré dans un établissement de santé de cette région durant plusieurs années. En plus d’appuyer son discours sur l’enjeu du contrôle des opérations à distance, le spécialiste d’expérience associé à la RRS B déplorait le fait que l’État n’avait pas consulté ce groupe de professionnels lors de l’étape de l’élaboration de la réforme :

« […] According to Jim Parrott, who retired in September after 17 years as head of cardiac surgery at the New Brunswick Heart Centre, administration from afar is a recipe for disaster. Situations frequently arise that require immediate, on-site attention, he said, citing the example of inadequate manpower in the emergency department. "It's not something that you sit up in that distant community and handle from 200 miles away," Parrott said. "Hour-to-hour, and sometimes minute-to-minute, the situation changes." Local administrators are needed to keep pressure on the system to ensure each hospital is well-equipped and practising state-of-the-art medicine, he added. Making the situation worse, the doctors said, is that the province failed to conduct proper consultations before committing to the sweeping reforms. After physicians learned of the changes at a medical staff organization meeting last week, Parrott said, shock waves rippled through the room. "Everybody sat there stunned. We thought, 'What? They fired the board? We don't have a CEO? Who's running the ship?' " »131

En avril 2008, à l’instar de L’Acadie Nouvelle, le principal quotidien anglophone de la province, soit le Telegraph-Journal, se positionnait ouvertement contre la réforme du système de santé du NB. Par l’entremise de divers éditoriaux, des journalistes réclamaient tout simplement « la tête du ministre de la Santé », en se centrant parfois sur l’enjeu des deux communautés linguistiques, et en employant des expressions fortes en symbolisme comme «

131 O’Toole, Megan. (2008). « Direction from afar is a recipe for disaster Health reform Doctors not content with

ségrégation »132. Une « guerre » de mots était lancée entre le quotidien Telegraph-Journal et le ministre de la Santé, comme le prouve l’extrait ci-dessous lui étant destiné133.

« On Saturday, we published Health Minister Michael Murphy's defense of his plan to divide the administration of health care along linguistic lines. Mr. Murphy claims to be baffled by our opinion that this would establish a dangerous duality in health care. Frankly, we're a bit baffled by his position. Mr. Murphy writes, "The creation of two RHAs (regional health authorities) with a board of directors functioning in the language of the majority of the population served will in no way establish duality in health care. "Duality refers to two separate systems that each serve a separate population..." All well and good, Mr. Minister - until voters look at the boundaries of your regional health authorities. RHA 'A' will serve a majority of New Brunswick's francophone population. RHA 'B' will serve the majority of New Brunswick anglophones. Slice it as fine as you like, the minister's policy is still baloney. Or, if you prefer, spiced up pork. What Mr. Murphy is proposing is no different than the Conservatives' call for districts legally designated "francophone" and "anglophone." It's just a little less direct. This is simple segregation - and if Mr. Murphy does not believe so, we challenge him to substitute "race" for "language" and make the same argument to the public. »134

La contestation des médecins de l’HRSJ mise en lumière dans le Telegraph-Journal dépassait rapidement les murs de l’établissement de santé. En effet, des répondants suggèrent qu’à cette étape du changement, il existait une « guerre ouverte » entre les citoyens de la ville de Saint John, qui s’étaient mobilisés par l’entremise du quotidien de la région, le Telegraph-Journal, et le ministre Murphy. Un répondant souligne d’ailleurs que ce journal anglophone était l’allié d’un groupe « puissant » de la ville, c’est-à-dire la Chambre de Commerce de Saint John, qui effectuait du lobbying auprès du gouvernement pour cette région dans le domaine de la santé :

« Et, si tu lis les journaux à cette époque-là, à partir de la réforme, ou peut-être avant, il y avait une guerre ouverte entre la communauté de Saint-Jean, le Telegraph-Journal et le ministre. Et ça, c'est qu'à Saint-Jean, eux aussi n'ont pas accepté qu'une réforme fasse en sorte que la direction de la régie s'en allait dans la Miramichi […] Ce qui est intéressant,

132 Auteur inconnu. (2008). « It’s segregation, by any other name ». Telegraph-Journal, 28 avril, p.A6. Voir

également Auteur inconnu. (2008). « Why Murphy must resign ». Telegraph-Journal, 25 avril, p.A6 et McHardie, Daniel et O’Toole, Megan. (2008). « The perils of Murphy’s law RHA. Why the health minister chose two? ».

Telegraph-Journal, 21 avril, p.A1.

133 Auteur inconnu. (2008). « It’s segregation, by any other name ». Telegraph-Journal, 28 avril.

134 Un jour plus tard, le ministre Murphy répondait au quotidien en réitérant que la réforme du système de santé ne

causait pas de ségrégation des deux communautés linguistiques de la province. Voir Murphy, Michael. (Opinion). 2008. « Health system will not segregate ». Telegraph-Journal, 29 avril, p. A7

et ça c'est là depuis que moi j'ai fait de la politique, Saint-Jean a toujours eu un lobby très fort dans le domaine de la santé, à un point tel que la chambre de commerce à Saint-Jean a un comité dont la préoccupation n'est que « Health Care ». C'est une industrie de 3000 personnes à Saint-Jean avec leurs gros hôpitaux. Quelque part, ils sont intransigeants, ils pensent qu'ils devraient tout avoir. Les journaux locaux bien sûr les supportent. Quand tu lis les éditoriaux du Telegraph, sont très caustiques là-dessus. Et, il y a eu une guerre presque ouverte entre Saint-Jean et le gouvernement sur la question de la santé. Et on s'est aperçu que ça allait partout dans la communauté. » ÉTAT-4

« Ils ont eu aussi une influence, oui, les médecins spécialistes de Saint Jean, avec le Telegraph-Journal et les médias Irving qui ont attaqué le ministre de la Santé chaque jour, qui ont demandé à je ne sais pas combien de reprises d'avoir sa démission dans les éditoriaux. Avant la réforme, ils n'ont jamais demandé d'avoir sa démission. » ÉTAT-3

Durant cette étape du changement, dans un article du Telegraph-Journal, les médecins de la région de Saint John tenaient à rappeler aux acteurs concernés du système de santé qu’ils représentaient le porte-drapeau des soins de santé de la province (« flagship of health care »)135. Ils condamnaient un coup de marketing des maires de la région de Moncton qui avaient signé un document désignant cette région comme le centre d’excellence en santé de la province136. Voici les propos partagés par le Dr Mike Barry, qui était également le président de la Chambre de commerce de Saint John, à propos des médecins de sa région :

« We like to benchmark ourselves against places like Halifax, London, Ottawa, Winnipeg, Regina or Saskatoon. When people think medicine in New Brunswick, nationally, they think of Saint John. It's a major training centre and that's where you get the excellence. They've (Moncton politicians) been sold a vision by some ambitious people in the health sector to go forward and lobby around the vision they have. »137

135 Le lecteur peut se référer au texte de Davis, Sandra. (2009). « Flagship of health care Medicine Saint John

disputes Moncton's claim to be medical hub, calling it a marketing ploy ». Telegraph-Journal (NB). 19 février, p. C1.

136 Ibid.

137 Les propos du Dr Barry proviennent de l’article de Davis, Sandra (2009). «« Flagship of health care Medicine

Saint John disputes Moncton's claim to be medical hub, calling it a marketing ploy ». Telegraph-Journal (NB). 19 février, p. C1.

Stratégies des médecins de la région de Saint John : renforcer l’idée collective que le système de santé est en crise

Quelques mois après le grand lancement de la réforme, plus particulièrement entre décembre 2008 et février 2009, les insatisfactions de divers médecins de la région de Saint John continuaient à faire les manchettes du quotidien de la région, le Telegraph-Journal138. Durant cette période, le journal rapportait que le chef du personnel médical de la zone 2 (Saint-Jean), le Dr James O’Brien, démissionnait. Son départ résultait de frustrations qu’il avait à l’égard du ministère de la Santé139. Cette démission valait même une caricature du ministre Murphy dans le Telegraph-Journal le présentant caché dans une grotte avec, à ses côtés, un personnage ressemblant à Oussama Ben Laden140. Peu après le départ du Dr O’Brien, un urgentologue de l’HRSJ démissionnait également. Le Dr Paul Vanhoutte expliquait que sa démission découlait d’un problème d’administration des soins de santé dans la région et que trois autres urgentistes voulaient faire la même chose141. Relativement à cette démission, le médecin responsable des services d’urgences de cet hôpital signalait qu’une fermeture de la salle d’urgence ou une crise au sein de l’établissement étaient deux scénarios futurs possibles142. Deux jours plus tard, des négociations entre la RRS B, l’État, l’Université Dalhousie et le Dr Vanhoutte faisaient en sorte que ce dernier revenait sur sa décision et décidait de conserver son poste aux urgences de l’HRSJ.

Peu après, le Telegraph-Journal renforçait le sentiment partagé que le système de soins de santé de la province était en crise143. Les acteurs associés au quotidien remettaient en cause la

138 Parmi les articles traitant du sujet, lire celui de Barlett, Bruce. 2008. « Reaction to doctor’s resignation split.

Controversy. Politicians’ take on issue follows party lines ». Telegraph Journal. 19 décembre, p.C 1.

139 À ce propos, le lecteur peut lire Bartlett, Bruce. (2008). « Reaction to doctor's resignation split Controversy

Politicians' take on issue follows party lines ». Telegraph-Journal (NB), 19 décembre, p. C1 ou Davis, Sandra. (2008). « Top doc's had enough. Health care Saint John zone medical director says he's frustrated with state of province's system ». Telegraph-Journal (NB), 18 décembre, p. A1.

140 Barlett, Bruce. 2008. « Reaction to doctor’s resignation split. Controversy. Politicians’ take on issue follows

party lines ». Telegraph Journal. 19 décembre, p.C 1.

141 Morris, Chris. (2009). « 'We are in trouble' Health care Saint John Regional emergency room facing full-

blown crisis as another doctor quits ». Telegraph-Journal (NB), 20 février, p. A1.

142 Ibid.

143 Voir Campbell, Stephen. (2009). « New Brunswick’s health care system is in crisis ». Telegraph-Journal. 4

crédibilité et le leadership du gouvernement Graham144. À ce moment, le Telegraph-Journal voyait d’un bon œil le départ du ministre de la santé, Michael Murphy, et l’arrivée de Mary Schryer, une députée libérale de la circonscription de Quispamsis dans la région de Saint John145. Dans le journal, des interrogations étaient soulevées à savoir comment cette nouvelle venue, jusque là ministre du Développement social, allait gérer cette crise146. Ci-dessous, nous présentons un extrait du Telegraph-Journal dans lequel la crédibilité du ministre Murphy et la légitimité du gouvernement Graham étaient remises en question.

« […] Many also complain about the government's confrontational style and the slow pace of reform […] Even in areas where the government has boasted of achievement, there are serious issues of credibility. Not long ago, the previous minister of health proudly announced wait times had been reduced by 65 per cent. Nobody I have spoken to believes that. They tell me the only way this could have been calculated, is if the government assigns a specific date for a procedure, and then removes the patient from the list […] The people of this province must demand that politicians raise the debate to a higher level, with the foremost question being what serves patients best. This has to occur in an atmosphere of trust and competence, something the current government is sorely lacking. Business as usual is no longer an option. Delivering a sustainable health care system, one that puts patients first, requires both leadership and a plan. Sadly, we seem to have neither. »147

Des tactiques des dirigeants de la RRS B pour influencer les comportements des médecins de la région de Saint John et une implantation plus rapide que la RRS A

Mis à part la contestation des médecins de la région de Saint John, certains articles de journaux attiraient l’attention sur le fait que l’équipe de la haute direction de la RRS B ne travaillait pas à partir des bureaux du siège social situé à Miramichi148. D’ailleurs, plusieurs répondants

144 Voir Campbell, Stephen. (2009). « New Brunswick’s health care system is in crisis ». Telegraph-Journal. 4

juillet, p. A12.

145 Auteur inconnu. (2009). « New cabinet must deliver ». Telegraph-Journal. 24 juin, p. A6.

146 Le lecteur peut lire l’article de Davis, Sandra. 2009. « Two politicians expect a healthy relationship Across the

aisle Schryer and Blaney say the fur won't fly between them as it did between health critic and former minister ».

Telegraph-Journal. 30 juillet, p. C 7.

147 Campbell, Stephen. (2009). « New Brunswick’s health care system is in crisis ». Telegraph-Journal. 4 juillet,

p. A12.

148 Le lecteur peut se référer aux articles de Hobson, Cole. (2008). « First month smooth for health reform.

affirment que les locaux de Miramichi étaient pratiquement vides durant cette période de la réforme et que l’équipe de la haute direction travaillait à partir d’autres localités, comme Fredericton ou Saint John. Cette conduite de la part des dirigeants de la RRS B leur servait peut-être à garder un contrôle sur l’implantation de la nouvelle organisation, en montrant symboliquement aux professionnels qu’ils ne s’éloignaient pas des lieux importants de pratique.

« Et ça, c'est qu'à Saint-Jean, eux aussi n'ont pas accepté qu'une réforme fasse en sorte que la direction de la régie s'en allait dans la Miramichi […] Je suis de ceux qui pensent que le bureau chef à Miramichi n'a jamais vraiment existé. Ils ont bâti quelque chose là, mais les gens se sont tous fait des doubles bureaux à Saint-Jean et le directeur qui restait à Saint-Jean n'a jamais déménagé. Et moi je te dis, j'ai été deux fois avec des députés locaux qui se plaignaient de ça, ils disaient qu'on leur avait promis 70 jobs et qu'il n'en avait pas 15. Je te dirais que les deux fois que j'ai été au bureau à Miramichi, je n'ai jamais vu plus que 15 personnes. » ÉTAT-4

«I've been to those offices and there are like three people that work there. So, it's really a ruse on the public to suggest that, you know, that they put the management in Miramichi and that the jobs are being created in Miramichi and that there was a benefit to Miramichi that just didn't really played out. It's a misnomer for the public to think that the head office is in Miramichi. I would argue that the head offices for Horizon were set up around the corner from here, on Woodbridge lane (Fredericton). So, I'm not sure there's much else […] » REGROUPEMENT PROFESSIONNEL-2

Malgré la mobilisation d’acteurs clés de la ville de Saint John, qui avait suivi celle des médecins de la région, la majorité des répondants soulignent que l’évolution de la mise en œuvre de la RRS B à cette phase de la réforme était plus rapide que celle de la RRS A149. Quelques mois seulement après le grand lancement de la réforme, le dirigeant de la nouvelle organisation, Donn Peters était en mesure de présenter la première structure organisationnelle. Ce nouvel organigramme, en plus de permettre d’offrir des soins de santé sécuritaires et de qualité aux citoyens, allait contribuer à mettre en œuvre la vision stratégique de l’organisation qui serait adoptée peu après (Régie Régionale de la Santé B, 2009). À

A7 et Davis, Sandra. (2008). « He's a man on the go. Health care Boss of N.B.'s anglophone health authority has clocked 40,000 km since March ». Telegraph-Journal (NB), 2 octobre, p. C1.

149 À la fin de ce chapitre, nous discutons de l’atteinte de résultats probants en matière d’accès et de coordination

l’instar de la RRS A, l’équipe de leadership incluait une dizaine de VP et cinq directeurs généraux (DG) des hôpitaux. La mise en œuvre d’une structure régionale, plus particulièrement le maintien de DG des hôpitaux, représentait selon nous une action stratégique adoptée par l’équipe de leadership pour montrer concrètement que des liens étaient conservés entre une prise de décision locale et un système intégré qui s’appuyait sur les « forces de chacune des régions et établissements »150. Ces DG étaient responsables des opérations cliniques quotidiennes. De plus, un CMC local, un directeur médical local et un chef du personnel médical dans chacune des zones appuyaient un CMC régional et un Comité consultatif des membres des professions libérales ainsi que d’autres groupes régionaux (Régie Régionale de la Santé B, 2009).

Ci-dessous, un extrait du Telegraph-Journal donne des détails sur le style de gestion et la stratégie du nouveau dirigeant de l’organisation et à la structure régionale des soins et services adoptée à cette étape de la réforme. Ce texte sert à rappeler que l’implantation de la RRS B était effectuée d’une manière « calculée et contrôlée », ceci dans l’optique de bien connaître les besoins des acteurs clés et d’inclure pleinement les programmes et les services des quatre anciennes RRS (Régie Régionale de la Santé B, 2009, p. 9). Dans la citation qui suit, un répondant commente l’officialisation de la RRS B en septembre 2008 tout en suggérant que l’organisation subissait une certaine pression de l’État de ne pas perturber les trois « gros » hôpitaux.

« "The interaction with those key executive directors is constant," says Peters. "You cannot lose sight of those large regional hospitals." His big challenge, he says, is going to be how to get around two-thirds of the geographical area of New Brunswick. "That's essentially what we cover. "You can do some things from your home base or from a different location, but one of the things I firmly believe in as a CEO is you have to be visible," says Peters. "To always appear via teleconferencing, I don't like doing business that way. I would much rather go to the location and meet with the people face