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CARACTERISTIQUES DU RUGBY A XV

2. Qualités physiques requises à haut-niveau

2.2. Caractéristiques physiques

Outre les caractéristiques anthropométriques, les joueurs de rugby à XV de haut niveau doivent mobiliser des ressources techniques, tactiques, mentales et physiques pour maximiser leur performance. Dans la littérature scientifique, les qualités physiques sont reliées à des indicateurs clés de performance (key performance indicators) permettant de faire émerger celles qui ont le plus d’impacts sur la performance sportive (Figure 4) (Cunningham et al., 2018b). En effet, plusieurs études ont évalué les liens entre les actions et le résultat final d’un match (Jones et al., 2004, 2008; Ortega et al., 2009). Elles démontrent que les équipes qui sortent vainqueurs d’un match remportent plus de mauls et de turnovers, évitent plus de plaquages et

en réalisent plus que leurs adversaires. A l’inverse, les équipes qui s’inclinent perdent plus de mêlées et de touches que leurs adversaires (Ortega et al., 2009).

2.2.1. Aérobie

La consommation maximale en oxygène (VO2max) et la vitesse maximale aérobie (VMA) sont de bons indicateurs du niveau aérobie des joueurs de rugby à XV (Duthie et al., 2003). L’évaluation de la VO2max des joueurs se fait en laboratoire, mais en rugby à XV comme dans d’autres sports collectifs, c’est souvent la vitesse associée à l’atteinte de VO2max (vVO2max) plus communément appelée vitesse maximale aérobie (VMA) qui est évaluée. Un jeu plus rapide est associé à une vVO2max plus importante car cette dernière permettrait une capacité à récupérer plus rapidement d’efforts à haute intensité grâce à une élimination plus rapide du lactate (Deutsch et al., 1998a). A l’inverse, une faible condition physique aérobie engendre un risque de blessure plus élevé. De plus, certains auteurs ont montré une corrélation positive de la distance atteinte sur un test d’évaluation de l’aptitude aérobie (Yo-Yo intermittent recovery test level 1, Yo-Yo IRTL1) avec le nombre de passes réalisées (r = 0.651), la distance parcourue avec ballon après franchissement de la ligne défensive (r = 0.610), de plaquages effectués (r = 0.717) et réussis (r = 0.540), l’efficacité dans les rucks offensifs (r = 0.630), la présence rapide dans les rucks défensifs (r = 0.581) ainsi que dans le nombre de turnovers effectués (r = 0.518) (Cunningham et al., 2018b).

2.2.2. Anaérobie

L’évaluation de la capacité anaérobie lactique se réalise généralement sur un test de répétition de course (Krustrup et al., 2003) ou d’efforts à haute intensité spécifique à l’activité

(Austin et al., 2013). En rugby à XIII, il a été montré qu’une capacité anaérobie élevée est corrélée à un temps de jeu plus grand (Gabbett et al., 2011), une plus grande distance totale et distance à haute intensité couverte durant les matchs (Gabbett et al., 2013; Gibbs, 1993) ainsi qu’une récupération plus rapide après les matchs (Johnston et al., 2015). Une étude réalisée en rugby à VII montre que la capacité à répéter des efforts intenses permet d’être plus efficace dans les plaquages réalisés et les rucks défensifs (Ross et al., 2015). Toutefois, la fatigue accumulée par la répétition d’efforts intenses diminue la capacité à plaquer un adversaire (Gabbett, 2016b).

2.2.3. Qualités de vitesse

La vitesse, l’accélération et l’agilité sont des qualités importantes dans la performance au rugby à XV (Cunningham et al., 2018b). La vitesse de course sur de courtes distances est fondamentale pour gagner (Duthie et al., 2003). Cette qualité de vitesse s’évalue par un test linéaire de course à intensité maximale sur une distance comprise entre 10 et 30m (Duthie et al., 2003). En effet, une étude rapporte que les temps réalisés sur 10, 20 et 30 m sont corrélés avec le franchissement des défenses (r = 0.26), la distance parcourue ballon en main (r = 0.22), l’évitement des plaquages (r = 0.16) et les essais marqués (r = 0.15) lors d’un match de rugby à XV (Smart et al., 2014). L’agilité représente la capacité à accélérer, décélérer et changer de direction rapidement (Sheppard and Young, 2006) et est démontrée comme une qualité physique déterminante en rugby à XIII (Gabbett et al., 2007). Elle permet aux joueurs de faire la différence en situation offensive sur des petits espaces en évitant d’être plaqués ainsi qu’en gérant efficacement une situation de surnombre offensif (i.e., 2 vs. 1 : capacité à déplacer le défenseur sur l’extérieur afin de délivrer une passe à son partenaire dans le bon tempo) (Gabbett et al., 2007).

2.2.4. Force et puissance musculaire

La performance en rugby à XV requiert des niveaux élevés de force musculaire et de puissance pour augmenter les chances de succès en réalisant plus efficacement les plaquages, les phases de luttes, sauts, sprints et autres changements de direction. L’évaluation de la force musculaire maximale du haut et du bas du corps se réalise respectivement avec un test de force maximale (une répétition maximale) au développé couché (DC) et au squat. Les avants produisent plus de force que les arrières, que ce soit au niveau du haut ou du bas du corps (Brazier et al., 2018). Toutefois, la force et la puissance des membres inférieurs sont déterminantes car elles permettent d’améliorer la capacité à plaquer (r = 0.72) en condition de fatigue (Gabbett, 2016b; Speranza et al., 2017). De plus, les niveaux de force maximale (r = -0.55) et de puissance (r = -0.82) sont de bons prédicteurs de la vitesse puisqu’ils sont négativement corrélés avec le temps sur 10 m (Cunningham et al., 2013). Chez les avants, la performance sur un drop jump (i.e., saut en contrebas) est associée au nombre de franchissements (r = 0.558), de collisions dominantes (r = -0.792) et d’offloads (r = -0.814). Les temps réalisés sur un test spécifique de collisions (i.e., poussée charriot sur 5 m avec charge additionnelle de 110 kg) sont corrélés négativement chez les arrières avec le nombre de possessions du ballon (r = -0.751), l’efficacité dans les rucks offensifs (r = -0.584), le nombre de collisions dominantes (r = -0.792), et le nombre d’offloads (r = -0.814). De plus, la puissance évaluée par la production du pic de force sur un tirage isométrique à mi-cuisse (isometric mid-thigh pull, IMTP) est corrélée chez les arrières au nombre de possessions (r = 0.793), de passes réalisées (r = 0.792), à l’efficacité dans les rucks offensifs (r = 0.628) ainsi qu’au nombre d’offloads (r = 0.621) (Cunningham et al., 2018b).

Caractéristiques anthropométriques Caractéristiques physiologiques Taille (cm) Masse corporelle (kg) Pourcentag e de masse grasse (%) VO2max (ml.min. -1.kg-1) Vitesse (10 m) Force haut du corps - Développé couché (kg) Force bas du corps - Squat (kg) Avants 189 111 15 51,8 1,87 131 176 Arrières 182 93 12 56,8 1,77 118 157

Tableau 1. Données de la littérature sur les caractéristiques anthropométriques et physiologiques des joueurs de rugby à XV de haut-niveau définies entre avants et arrières.

Adapté de (Brazier et al., 2018).

Toutes ces caractéristiques physiques se développent en fonction de la position sur le terrain qui requiert des exigences physiques et techniques particulières : les avants sont impliqués dans des phases de combat qui nécessitent une grande taille, une masse corporelle élevée, une puissance et force absolue importantes pour être performant. Les arrières sont impliqués dans des phases de course qui nécessitent des qualités de vitesse, d’accélération et d’agilité pour gagner les duels et franchir le rideau défensif adverse (Duthie et al., 2003).

Figure 4. Résumé des performances et des qualités physiques associées aux indicateurs de performance en rugby à XV.

Yo-Yo IRTL1, Yo-Yo intermittent recovery test level 1 ; RSA, repeated sprint ability ; IMTP, isometric mid-thigh pull; RM, repetition maximale. Adapté de (Marrier, 2018).

PARTIE I - ANALYSE DE