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Sommaire du chapitre A

FONCTIONS ECOSYSTEMIQUES

1.2.3 Caractéristiques des espèces dominantes

La littérature identifiant les espèces caractéristiques du milieu urbain est pauvre même si un point principal ressort nettement : la flore urbaine est constituée majoritairement d’espèces rudérales. Outre ce facteur commun [Dana et al., 2001 ; Fransceschi, 1996 ], l’identification des espèces présentes en milieu urbain est réalisée de manière hétérogène suivant les auteurs, avec des démarches et des objectifs différents [Dana et al., 2001]. D’autre part, les types de ville étudiés peuvent être très différentes avec par exemple des villes méditerranéennes présentant un contexte climatique particulier [Dana et al., 2001]. Enfin, la flore urbaine se caractérise par une végétation disséminée [Fransceschi, 1996] ce qui représente une difficulté supplémentaire pour faire ressortir des espèces vraiment caractéristiques.

Il apparaît donc plus intéressant d’essayer d’identifier quelles sont les méthodologies appliquées pour l’étude de la flore urbaine plutôt que d’essayer de dresser une liste

L’étude de la végétation en milieu urbain peut s’appuyer sur différents critères [Encadré 2].

1. La flore peut être décrite à l’aide de la caractérisation des espèces, de leur genre, de leur famille.

2. Suivant l’objectif et l’échelle d’étude, la flore peut également être décrite selon différents critères de classification.

Catégories Critères de classification Exemples Classe Structure de la végétation et forme de

croissance dominante Arbres/Arbustes/Herbes Sous-classe Caractéristiques de la forme de croissance Feuilles caduques ou persistantes

Groupe Caractéristiques des feuilles en

correspondance avec le macroclimat Feuilles persistantes des régions froides Sous-groupe Impact de l’homme : naturel, semi-naturel

ou cultivé Végétation naturelle Formation Critères physionomiques, facteurs

environnementaux Bois à feuilles persistantes des régions froides Alliance Espèce diagnostique de la strate supérieure

ou de la strate dominante Juniperus occidentalis Alliance Association Espèce diagnostique additionnelle quelque

soit la strate Juniperus occidentalis/Artemisia tridentata Association

(Tela-Botanica) 3. La flore peut également être décrite suivant leur type biologique :

- Thérophytes : plantes qui germent après l’hiver et font leurs graines avec un cycle de moins de 12 mois - Géophytes : espèces pluri-annuelles herbacées avec organes souterrains portant les bourgeons - Hémicriptophytes :espèces herbacées pérennes dont les bourgeons sont au ras du sol

- Chaméphytes : plantes ligneuses ou herbacées dont les bourgeons sont situés à moins de 50cm au-dessus du sol - Phanérophytes : plantes ligneuses dont les bourgeons sont situés à plus de 50cm au-dessus du sol

- Hélophytes : plantes semi-aquatiques - Hydrophytes : plantes aquatiques

Forts de ces précisions, nous pouvons maintenant identifier les grandes caractéristiques de la flore urbaine. La Figure A-3 présente les différents paramètres de description généralement retrouvés dans la littérature dans le but de décrire la flore urbaine.

Caractéristiques des communautés végétales Types biologiques Types d’habitats Facteurs biotiques, abiotiques

Figure A-3 Paramètres de description de la flore urbaine

0n peut tout d’abord citer une étude qui date de 1983 menée par Shimwell (cité par Ash (1991)), qui propose une clé de détermination des grands types de végétation en milieu urbain suivant le type d’habitat [Tableau A-3]. Les auteurs qui s’intéressent à la description des habitats en milieu urbain, s’orientent vers la description d’un habitat précis et de sa flore. On peut notamment distinguer les études sur les terrains vagues [Muratet et al.,2007], les jardins [Doody et al., 2010] ainsi que les parcs et les bois [Doody et al., 2010]. Ces études se concentrent sur les milieux qui sont jugés les plus importants à protéger car ils abritent une forte richesse floristique, particulièrement en nombre d’espèces.

Les études plus récentes s’attachent davantage à mettre en relation les espèces présentes avec les facteurs édaphiques du milieu. Depuis très longtemps, il est établi que l’apparition ou la disparition spontanée de certaines espèces dans un milieu est indicateur de l’état du sol (état hydrique, caractéristiques physico-chimiques, caractéristiques topographiques) [Reynaud-Beauverie, 1936]. Les plantes représentent de très bons outils pour révéler les dysfonctionnements de l’écosystème que ce soit à travers la diversité des espèces, leur abondance et leur caractère intégrateur [Godefroid, 2001]. La prise en compte des différents facteurs édaphiques est variable selon les auteurs. Certains peuvent se contenter d’étudier la répartition de la végétation en fonction de la fréquence de perturbation du milieu alors que d’autres vont s’attacher relier à biodiversité à des paramètres physico-chimiques.

Tableau A-3 Les grandes catégories de végétation en milieu urbain [[Shimwell, 1983] (cité par Ash (1991))

1. Communautés pionnières des milieux rocheux, murs, toits, trottoirs et autres surfaces métalliques

1.a Tapis de mousses et d’hépatiques, plantes sans fleur 1.b Lichens

1.c Des fragments de fougères et des plantes fleurissant dans des crevasses et dans les rebords

2. Communautés aquatiques submergées et flottant composées de plantes vivaces, d’hydrophytes dans les plans d’eau douce

2.a Communautés de plantes flottant librement à la surface et submergées (pleustophytes) dans des eaux stagnantes ou des eaux lentes

2.b Communautés de plantes Communautés de plantes flottant à la surface et submergées (rhizophytes) dans des eaux stagnantes ou des eaux lentes 2.c Communautés de bryophytes de roches submergées périodiquement ou de manière permanente

3. Les espèces rudérales dominées par des espèces annuelles (thérophytes) ou bisannuelles

3.a Communautés d’annuelles à faible croissance typiques des jardins, des bordures ornementaux des parcs, des bords de routes et des décharges 3.b Communautés dominées par les thérophytes colonisant les décombres, …

3.c Communautés de vases eutrophiques et de milieux périodiquement inondés

4. Les communautés marécageuses de taille importante des rivières, canaux et lacs dominées par une variété de monocotylédones

4.a Roselières dominées par Phragmites australis 4.b Graminées et communautés de joncs

4.c Communautés de carex de taille moyenne (70-150cm)

5. Les communautés marécageuses de faible croissance (<70cm) des marécages et étangs dominés par des graminées et des espèces vivaces herbacées (hélophytes)

5.a Espèces naissantes des marécages. Espèces à croissance lente. 5.b Etangs dominés par des espèces de joncs

5.c Etangs dominés par des espèces de carex

6. Des herbes vivaces de grande taille (>70 cm) des berges, des bords de routes et des berges des étangs

6.a Communautés dominées par des graminées de taille importante et des ombellifères

6.b Communautés dominées par des herbes de taille importante, principalement des espèces natives 6.c Communautés dominées par des plantes introduites, dont beaucoup viennent des jardins

7. Graminées vivaces de petite taille incluant des pelouses régulièrement tondues

7.a Pelouses, dominés par une ou plusieurs espèces natives 7.b Pelouses tondues, herbacées vivaces

7.c Communautés dominées par des espèces introduites ou des espèces de faible croissances (<70 cm)

8. Fourrées, haies et les buissons ornementaux des parcs, dominés par des arbustes de moins de 5m de haut

8.a Arbustes ligneux dominés par des espèces éricacées de moins de 70 cm de haut 8.b Ajoncs et fourrées se développant sur des sols acides

8.c Patchs de ronces qui se développent dans des habitats très diverses

8.d. Forêts mixtes formées par un mélange d’aubépines, de noisetiers et une variété d’arbustes qui sont des espèces natives, se développant sur des sols secs ou humides

8.e. Forêts dominées par des bouleaux, des saules, aulnes, peupliers qui se développent naturellement ou sont plantées 8.f. Broussailles formées par des arbustes plantés, des arbres à feuilles persistantes et des arbres à feuilles caduques

9. Des bois à feuilles caduques et persistantes, de plus de 5 m de haut

9.a Arbres se développant sur des sols relativement secs et acides 9.b Forêts de hêtres

9.c Sycomores mixtes, frênes, taillis

9.d. Milieux dominés par des saules, des aulnes et des forêts de bouleaux se développant sur des sols humides

9.e. Plantations ornementales et avenues dans lesquelles sont introduits principalement des arbres à feuilles caduques, des arbres cultivés 9.f. Plantations de conifères constituées à la fois d’arbres à feuilles caduques et d’arbres à feuilles persistantes

9.g.Bois rigoureusement entretenus et gérés, comprenant des étendues de pelouses avec des massifs plantés ou se développant naturellement et des arbres standards.

Dana et al. (2001) proposent, par exemple, une étude de la relation entre les caractéristiques des espèces connues pour coloniser des habitats tout à fait caractéristiques du milieu urbain et des paramètres tels que la fréquence de perturbations du milieu et la disponibilité en eau [Figure A-4].

Herbacées avec un court cycle de vie

Axe 1 : exigences en eau des communautés végétales

Ax e 2 : f qu en ce d e p er tu rb at io n du m ili eu Environnements stables

Habitats fortement perturbés

(jardins, bassins, décharges, friches récentes et terrains vagues récents)

Espèces ligneuses vivaces

Murs anciens Cultures abandonnées et

vieux terrains vagues

-

+

Figure A-4 Répartition des communautés végétales en fonction de la fréquence de perturbation d’un habitat et les exigences en eau [Dana et al., 2001]

La répartition des communautés en fonction de la fréquence de perturbations de l’écosystème dans l’ensemble des terrains vagues d’une ville, par Fransceschi (1996), conclut également sur la formation de deux grands groupements de végétaux : les espèces thérophytes caractéristiques de milieux perturbés et récemment abandonnés et un 2ème ensemble composé d’espèces vivaces dans des terrains présentant de faibles signes de perturbation récentes du sol. Ces communautés se caractérisent par leur résistance à la tonte, au feu et à leur régénération rapide [Fransceschi, 1996].

Concernant la disponibilité en eau d’un milieu, les végétaux sont couramment considérés comme de bons indicateurs de l’humidité : le caractère bio-indicateur des plantes peut être évalué à l’aide de l’indice d’Ellenberg6. Les espèces peuvent aller d’espèces aquatiques, qui sont entièrement immergées dans l’eau à des espèces xérophiles qui vivent sur des substrats secs de très faible disponibilité en eau, ou encore des espèces hygrophiles, qui vivent sur des sols exceptionnellement immergés mais constamment proches de la saturation [Lemée, 1978].

Une analyse de la végétation encore plus fine peut être réalisée en rajoutant d’une part un facteur supplémentaire tel que la disponibilité en nutriments. C’est cette approche plus détaillée que propose Ash (1991) dans une revue bibliographique qui s’intéresse de manière générale à la végétation urbaine à l’échelle de l’Angleterre [Tableau A-4].

D’une manière générale, Ash (1991) et Muratet et al.(2007) précisent que la végétation rudérale peut être particulièrement nitrophile. Dans leur étude, Lososova et al. (2006)

6 Indice d’Ellenberg : Indice chiffré allant de 1 à 12 qui varie en fonction du degré d’humidité. L’indice 1 correspond à une espèce xérophile et l’indice 8 correspond à une espèce hélophyte.

précisent également que les plantes rudérales du milieu urbain peuvent être très demandeuses en nutriments et lumière.

Le caractère bio-indicateur des plantes peut être étudié sur une multitude d’autres paramètres tels que la lumière, la température, l’acidité du sol, la richesse en matière organique, à l’aide de l’indice d’Ellenberg [Schulze et al., 2005].