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Caractérisation de la végétation du bassin de Pierre Blanche Ce bassin de rétention reçoit les eaux pluviales provenant d’un bassin versant agricole

Sommaire du chapitre C

13 1. Sorghastrum nutans (1320 pieds)

2.2 Végétalisation naturelle : des bassins avec une signature écologique spécifique

2.2.2 Caractérisation de la végétation du bassin de Pierre Blanche Ce bassin de rétention reçoit les eaux pluviales provenant d’un bassin versant agricole

Les eaux sont ensuite transférées vers un bassin d’infiltration situé directement à l’aval. La surface de ce bassin sec est de 2950 m2, soit une surface près de 5 fois supérieure à celle du bassin B2 de Grézieu-la-varenne. Les 10 premiers cm du sol sont constitués d’un mélange de galets et substrat sablo-limoneux (d90=571µm), peu organique (MO : de 2 à 6 %) et relativement sec (teau : de 6,8 à 26,7%). Selon la petite taille du bassin et une certaine homogénéité visuelle de la végétation du bassin, nous avons fait le choix de sélectionner sept zones. La Figure C-17 présente une vue d’ensemble du bassin.

2.2.2.1 Espèces recensées

L’inventaire floristique mené dans ce bassin permet de recenser 57 espèces [Tableau C-6] appartenant à 25 familles. Les familles des poacées et des astéracées sont les deux familles les plus représentées dans cet inventaire avec 11 espèces chacune. Viennent ensuite les familles Fabacées » (4 espèces), Brassicacées (3 espèces) et Géraniacées (3 espèces).

Parmi ces 57 espèces, on retient 12 espèces dominantes [Tableau C-6] : Avena sativa, Bromus sterilis, Daucus carota, Erigeron annuus, Holcus lanatus, Lactuca virosa, Lolium perenne, Papaver rhoeas, Poa annua, Senecio inaequidens [Figure C-18], Urtica urens, Valerianela sp.

Sur ces douze espèces dominantes on compte neuf espèces annuelles, une espèce bisannuelle (Daucus carota) et deux espèces vivaces (Holcus lanatus et Senecio inaequidens). Ce sont essentiellement des espèces rudérales qui affectionnent les espaces ouverts, perturbés ou instables. Ce sont des végétaux pionniers qui colonisent les lieux et dont le développement conduit à la modification des caractéristiques édaphiques du sol.

Figure C-17 Vue d’ensemble du bassin Pierre Blanche

Tableau C-6 Liste des espèces de Pierre Blanche Ambrosia artemisiifolia Artemisia vulgaris Avena sativa Bromus hordeaceus bromus sterilis Capsella bursa-pastoris Cardamine hirsuta Carex hirta Chenopodium vulvaria Chenopodium polyspermum Cirsium sp. Crepis capillaris Dactylis glomerata Daucus carota Draba muralis Erigeron annuus Euphorbia sp. Festuca rubra Filago vulgaris Lolium perenne Malva sylvestris Matricaria chamomilla Medicago lupulina Oenothera biennis Urtica urens Papaver dubium Papaver rhoeas Plantago lanceolata Poa annua Poa pratensis Poa trivialis Polygonum aviculare Prunella vulgaris Robinia pseudoacacia Rubus fruticosus Rumex acetosa Salix alba Senecio inaequidens Erigeron annuus Senecio inaequidens

2.2.2.2 Habitats caractéristiques et unités phytosociologiques

Ce paragraphe concerne uniquement les espèces dominantes présentées dans la Figure C-19. Pour chacune des zones d’échantillonnage est indiquée sa forme choisie en fonction de l’hétérogénéité spatiale du bassin. Sept zones ont été nécessaires pour le recensement de la végétation. La végétation est éparse. Hormis à l’entrée du bassin, le recouvrement est inférieure à 50% dans les différentes aires d’étude.

Figure C-19 Recensement des espèces dominantes dans le bassin de Pierre Blanche

Si l’on étudie maintenant les habitats caractéristiques des espèces dominantes du bassin, on peut observer que les espèces recensées sont principalement caractéristiques de quatre groupements de végétaux [Figure C-19].

Tout d’abord, les espèces Daucus carota, Erigeron anuus et Senecio inaequidens sont fréquemment rencontrées dans le groupement Dauco-Melilothion. Ce groupement est caractéristique des rudérales pluriannuelles mésophiles [Bournérias et al., 2002]. Il s’agit d’un stade pionnier héliophile, qui apparaît sur des substrats plutôt secs, pauvres en matière

Nord 40% de végétation 30% de végétation 80% de végétation 50% de végétation 10% de végétation 50% de végétation 10% de végétation 71 m 40 m

organique. La végétation est généralement peu dense mais peut être riche en espèces. Localement présente sur des terrasses alluviales naturelles, cette végétation occupe le plus souvent des biotopes secondaires : terrains décapés et remblais minéraux. Il s’agit principalement de friches graveleuses, terrains vagues, terrains industriels, gares de triage, gravières, carrières, etc.

Ensuite, les espèces Papaver rhoeas et Avena sativa sont principalement rencontrées dans le groupement Papaveretalia rhoeadis qui est caractéristique des « annuelles commensales de culture » [Blamey et Grey-wilson, 2003]. Ce groupement est caractéristique des « annuelles commensales des cultures ». Les espèces faisant partie de ce groupement, peuvent provenir des champs voisins, dont certains se caractérisent par une culture de colza et d’autres abritent des chevaux (présence d’avoine pour nourrir les animaux).

Les espèces Bromus sterilis et Urtica urens sont caractéristiques du groupement Sisymbrion officinalis [Rameau et al., 1989 ; Royer et al., 2006]. Ce groupement est caractéristique des friches annuelles. Cinq autres espèces recensées dans ce bassin avec un faible coefficient d’abondance-dominance (Ambrosia artemisifolia, Chenopodium vulvaria, Hordeum murinum, Malva sylvestris) font également partie de ce groupement. Cette unité occupe les premiers stades de la succession végétale des friches et des décombres régulièrement perturbés (bords de champs, dépôts de terre végétale, etc.).

Enfin, Holcus lanatus est représentative du groupement Arrhenatherion elatioris. Ce groupement est caractérisé par la très forte dominance de l’espèce Holcus lanatus à l’entrée du bassin. Dix autres espèces réparties de manière éparse dans le bassin (Bromus hordeaceus, Dactylis glomerata, Medicago lupulina, Plantago lanceolata, Poa pratensis, Poa trivialis, Rumex acetosa, Tragopogon pratensis, Trifolium repens, Vivia cracca) font également partie de ce groupement. Ce groupement est caractéristique des prairies de fauche de basse altitude.

On note enfin parmi les espèces dominantes, la présence de deux espèces invasives : Erigeron annuus (vergette annuelle) et Senecio inaequidens (séneçon du Cap) [Figure C-18]. Ces deux espèces sont des espèces exotiques qui ont proliféré en France et qui modifient la composition, la structure et le fonctionnement des écosystèmes naturels dans lesquels elles se propagent. Ainsi, Erigeron annuus est une espèce originaire d’Amérique du Nord, alors que Senecio inaequidens est une espèce originaire d’Afrique du Sud [Lafuma et al., 2003]. Cette espèce a été introduite par le biais de l’importation des laines de moutons provenant d’Afrique qui contenaient des graines de Séneçon du Cap. Ces deux plantes ont une croissance rapide, un mode de reproduction très actif [Garcia-Serrano et al., 2009]. Erigeron annuus possède des akènes11 munies d’un pappus12 ce qui facilite l’anémochorie.13 Senecio inaequidens se propage facilement grâce à ses graines légères qui permettent d’être facilement transportées par l’eau, et surtout par le vent. Ainsi ses akènes plumeux sont facilement disséminés.

Les habitats naturels soumis à des perturbations (mise à nue de la terre, surpâturage) sont généralement sensibles à ces invasions végétales. Senecio inaequidens est connue pour s’installer principalement dans les milieux ouverts14 et perturbés. On le retrouve ainsi majoritairement le long des voies de communication (bords de routes, voies ferrées), les friches, les jachères, les terrains incendiés et les pâtures. Cette espèce colonise également des milieux tels que les falaises, les rochers. Senecio inaequidens est une espèce peu exigeante

11 Akène : fruit sec contenant une graine unique

12 Pappus : Faisceau de poils ou de soies qui équipent certains akènes afin de permettre une dispersion optimale par le vent.

13 Anémochorie : dispersion des diaspores végétales par le vent

avec une grande capacité d’acclimatation [Bornkamm, 2002] : elle se développe indifféremment sur des substrats acides ou calcaires et des terrains secs ou humides.

En conclusion, excepté à l’entrée du bassin, on recense principalement des espèces rudérales pionnières. Ces espèces colonisent rapidement le milieu mais ne persistent pas longtemps. Leur persistance est fonction du degré et de la fréquence de la perturbation mais également de la compétition entre espèces végétales. Les deux espèces invasives présentent des adaptations biologiques (reproduction,…) et physiologiques (nutrition,…) qui leur permettent de coloniser et de se maintenir durablement.

2.2.2.3 Exigences écologiques des espèces dominantes Humidité

Huit des espèces dominantes présentent un indice d’Ellenberg caractérisant l’humidité édaphique inférieur à 5. Senecio inaequidens est une espèce perxérophile dont l’indice d’Ellenberg est égal à 3 sur une échelle allant de 1 à 12 [Tableau C-7]. Lactuca virosa et Bromus sterilis sont des espèces mésoxérophiles (qui apprécient un sol relativement sec). Les huit autres espèces dominantes de ce bassin sont des espèces mésohydriques (organismes dont les exigences en eau au cours de son développement peuvent être satisfaites dans des conditions pédoclimatiques ni sèches, ni trop humides). Certaines espèces comme Papaver rhoeas peut par sa dominance dans le milieu indiquer des contrastes hydriques (humidité hivernale et sécheresse estivale).

Matière organique

Les espèces dominantes de ce bassin se développent sur un sol moyennement riche en

matière organique. Il y a peu d’informations dans la littérature sur ce paramètre édaphique.

Teneurs en nutriments

Les espèces dominantes se développent sur un sol moyennement riche en nutriments. On peut également évoquer la présence de Bromus sterilis qui peut être bio-indicateur d’une pauvreté du sol en azote.

Tableau C-7 Exigences écologiques des espèces dominantes de ce bassin

Artemisia vulgaris Daucus carota Erigeron annuus Lactuca virosa Lolium perenne Oenothera 

biennis Papaver rhoeas Poa annua

Senecio 

inaequidens Urtica urens Avena sativa Bromus sterilis Holcus lanatus

Indice d'Ellenberg 7 8 X 7 8 9 6 7 8 7 6 7 7 Valence écologique entre hémihéliophile et  héliophile héliophile x intermédiaire entre  hémihéliophile et  héliophile héliophile hémihéliophile  intermédiaire  entre  hémihéliophile et  héliophile héliophile  intermédiaire  entre  hémihéliophile et  héliophile hémihéliophile  intermédiaire  entre  hémihéliophile et  héliophile  intermédiaire entre  hémihéliophile et  héliophile Indice d'Ellenberg 6 4 X 4 5 4 5 6 3 5 5 4 6

Valence écologique mésohydrique mésohydrique mésohydrique mésoxérophyle mésohydrique mésoxérophile mésohydrique mésohydrique perxérophiles mésohydrique mésohydrique mésoxérophile espèce 

Indice d'Ellenberg X X X 7 7 X 7 X 7 X 7 X X

Caractérisation générale 

du sol sol de pH neutre sol de pH neutre sol de pH neutre sol de pH neutre sol de pH neutre

Sol moyennement  riche en bases

Indice d'Ellenberg 

(nitrates et ammonium) 8 4 X 7 7 4 6 8 3 8 X 5 5

Valence écologique eutrophile mésotrophile X

entre  mésoeutrophile et  eutrophile entre  mésoeutrophile et  eutrophile

mésooligotrophile mésoeutrophile eutrophile mésotrophile eutrophile

entre  mésoeutrophile et 

eutrophile

mésoeutrophile

Matériaux limon limon limon limon limon/argile sable limon limon sable fin limon limon limon Argile, limons, sables

Lumière Humidité Teneurs en bases Teneurs en  éléments nutritifs X : donnée manquante