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CHAPITRE 4 — PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.1.1 Caractéristiques de la trajectoire personnelle

Leurs aspirations

Avant leur grossesse, la majorité des jeunes femmes interviewées (n=9) avaient des aspirations d’ordre scolaire ou professionnel. Celles-ci étaient pour certaines très précises comme c’était le cas pour Jessica : « Moi, j’étais partie du secondaire au top du top avec comme une voie tracée, pis je savais ce

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que j’allais faire. J’allais faire mon DEC en H & C, je m’en allais en enseignement de l’histoire au secondaire puis j’allais remplacer mon professeur d’histoire que j’avais eu au secondaire. »

Dans le cas de Cynthia, Sarah, Amélie et Isabelle, il s’agissait soit de terminer leurs études secondaires, soit de réaliser des études postsecondaires :

« Mais avant d’abandonner, je ne croyais pas que j’allais aller, mettons au Cegep. Moi, je voulais au moins finir mon secondaire, parce que tout au long de notre secondaire on se fait dire que c’est important de finir notre secondaire, alors au moins finir mon secondaire. » (Cynthia)

« J’aspirais aussi à faire une maîtrise, il y avait un nouveau programme de maîtrise en communication qui a débuté quand j’ai commencé mes études. J’avais l’ambition de poursuivre des études au deuxième cycle. » (Isabelle)

Également, certaines femmes voulaient vivre des expériences à l’étranger, autant dans le cadre de leurs études que dans leur vie professionnelle :

« Quand je suis arrivée à l’université, j’avais de grands projets, je voulais aller étudier à l’étranger.

C’est sûr que je voulais dans mes projets d’étudiante, je voulais faire un stage d’une session à l’étranger, j’avais ciblé la France pour aller étudier. » (Isabelle)

« Particulièrement dans le cadre de mes études, mais aussi éventuellement dans mon travail, j’ai

toujours cherché les expériences soit à l’international ou même ailleurs au Canada et au Québec. »

(Catherine)

D’un autre côté, certaines femmes interviewées (n=3) ne savaient pas trop ce qu’elles désiraient faire plus tard. Elles n’avaient pas d’aspirations précises concernant leur avenir scolaire ou professionnel. Cela pouvait découler d’un manque de confiance, d’une recherche de sens à sa vie ou encore d’une recherche d’intérêt envers un domaine précis :

« J’avais très peu confiance, dans ma tête j’étais trop poche pour faire un Cégep au complet, pis

j’allais jamais me rendre à l’université. Je ne me trouvais pas assez intelligente pour cela. Pis à cause de ça, dans le fond, je n’avais pas vraiment d’aspiration par rapport à cela. » (Mélissa)

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« Mais je ne savais pas quoi faire de ma vie. Donc, cet été-là, de mes 18 ans, je me cherchais pas mal, je n’avais pas vraiment de projet. Je ne savais pas où m’en aller dans la vie. Je ne voyais pas le sens, pis pourtant, j’avais les capacités. » (Martine)

« Mes aspirations étaient pas claires. En fait, par rapport à mes études, au début je voulais être vétérinaire. […] Donc je voulais être vétérinaire, après je voulais être chanteuse. Après cela, je voulais travailler dans l’administration… C’était vraiment plus difficile à me situer. » (Marie)

Projets d’avenir

Les participantes avaient des projets d’avenir. Pour Julie et Amélie, c’était de terminer leurs études et de travailler, même si pour Julie, les projets de carrières n’étaient pas bien définis : « C’est cela terminer

mes études et travailler, mais quand j’étais aux études je ne me voyais pas dans le début du travail. »

(Julie). Cependant, malgré ces projets d’avenir, Julie considère qu’elle n’en avait pas vraiment, puisqu’elle ne se projetait pas à très long terme. Ses projets étaient donc des réalisations qu’elle désirait atteindre dans un avenir rapproché : « Pas vraiment, je dirais que je prenais cela au jour le jour avant. Avant, je ne

me cassais pas la tête. On dirait que je n’avais pas planifié plus que 3-4 ans plus loin. J’y allais comme cela venait ». Les projets d’avenir sont encore moins précis chez Marie et Cynthia, qui se cherchent encore

et qui n’ont pas pensé à un avenir à long terme :

« C’était vraiment mélangé, tout mon avenir. À 18 ans, je me cherchais encore, c’est sûr et certain.

Puis je ne savais pas trop qu’est-ce que j’allais faire. Je n’en avais pas, des projets d’avenir. Non, mais pour vrai, j’en avais vraiment pas. J’étais trop jeune pour avoir des projets d’avenir professionnel. » (Marie).

« À ce moment-là, non, pas vraiment. Non, je n’avais pas vraiment plus d’aspirations que cela

[travailler au magasin]. » (Cynthia)

Par ailleurs, la moitié des mères interrogées avaient, avant la grossesse, des projets d’avenir liés à la vie familiale. En effet, la plupart des participantes avaient abordé le sujet des enfants avec leur conjoint ou désiraient dans le futur fonder une famille. Très tôt dans leur relation, Julie, Martine, Jessica et Catherine ont discuté avec leur conjoint de leur désir d’avoir des enfants, sans toutefois qu’il y ait de moment précis :

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« C’est un moment donné, on avait choisi qu’on voulait des enfants. Ce n’était pas très réfléchi, on

savait qu’on voulait plusieurs enfants, c’est dans les premières choses qu’on s’est dites. » (Jessica) « Mais dans le fond, on s’était dit aussitôt qu’il y en a un des deux qui termine ses études, on fonde une famille. Aussitôt qu’un des deux va avoir un revenu stable ou tout au moins sur lequel on peut compter. C’était un projet qui était entendu depuis un bon moment. » (Catherine)

Cependant, pour deux participantes, le projet d’avoir des enfants était présent, bien que celui-ci n’était pas un projet de couple ni un projet à court terme. En effet, pour Amélie et Marie, fonder une famille était un objectif à atteindre éventuellement.

Vision de la famille

Avant leur grossesse, les participantes désiraient avoir des enfants pour diverses raisons. En effet, quand elles ont été questionnées sur leur désir d’enfants, quatre participantes ont mentionné qu’elles souhaitaient construire leur propre famille, avoir une famille qui leur ressemble, avoir ce qu’elles n’avaient pas eu lorsqu’elles étaient plus jeunes ou encore reproduire ce qu’elles ont toujours connu :

« En fait, je souhaitais plus avoir une famille, je voulais réparer ce que j’avais pas eu. Je voulais

avoir un enfant avec l’autre, pis ce n’était pas le meilleur moment non plus, mais je voulais me créer ma famille idéale. » (Martine)

« Je pense que du fait que j’ai pas eu une famille unie, c’était l’occasion pour moi de créer ma

famille aussi. » (Isabelle)

« Je pense vraiment que je suis allée reproduire dans mon noyau familial à moi la réalité que j’avais

toujours vécue en fait comme aîné d’une famille nombreuse. » (Sarah)

Pour Amélie, Marie, Cynthia, Sarah, Marilou et Élise, la création d’une famille était quelque chose d’important et c’est ce qui a constitué le moteur qui les a conduites vers la maternité : « C’était important la

49 Grossesse désirée ou non planifiée

Comme mentionné précédemment, certaines participantes et leurs conjoints avaient pour projet d’avoir des enfants, et ce, parfois rapidement dans leur relation. C’est pourquoi pour certaines jeunes femmes la grossesse était désirée et parfois même planifiée. Chez les jeunes femmes qui désiraient avoir un enfant, cinq avaient planifié cet événement, sans toutefois avoir prévu le moment précis. Pour Sarah, c’était une décision personnelle, pour Cynthia, c’était une décision prise avec son conjoint, alors que pour Catherine, il s’agissait de suivre le plan qu’elle et son conjoint s’étaient préalablement fixé :

« Il faut savoir, c’était voulu. Je pense que c’est l’élément le plus important dans toute cette histoire- là. C’est [sûrement] rare qu’à 18 ans, on veut un enfant. Mais moi, c’était volontaire. » (Sarah).

« On n’a pas réfléchi vraiment avant de concevoir un enfant, dans le sens qu’on avait un plan qui était prévu d’avance, on a eu un peu de tumulte et après cela les choses se sont replacées assez bien. Donc, on a plongé dans un projet comme celui-là. » (Catherine)

Pour cinq autres participantes, la grossesse n’était pas prévue. Il s’agit de ce que ces femmes appellent une « belle surprise ». Souvent, la grossesse n’était pas planifiée, puisque cela ne faisait pas longtemps qu’elles étaient en couple, ou encore parce qu’elles n’étaient pas prêtes à être mères à cet âge ou qu’elles se considéraient comme trop jeunes pour avoir un enfant :

« Non, c’était comme une surprise. On n’a pas essayé. Je n’ai jamais essayé de tomber enceinte.

C’était une surprise de la vie. » (Amélie)

« Ça faisait 7 mois qu’on était ensemble quand je suis tombée enceinte. Évidemment, ce n’était

pas prévu […] C’est sûr qu’à 19 ans, ça n’a pas été une grossesse qui a été provoquée, je me plais à dire que c’est un beau cadeau de la vie qui nous est arrivé. » (Isabelle)

Pour Élise, la situation est encore plus inattendue pour elle, puisqu’au moment où elle est tombée enceinte, elle utilisait la pilule contraceptive comment moyen de contraception : « Je prenais la pilule

50 Difficultés personnelles

Cinq des participantes ont vécu des difficultés personnelles dans les années précédant leur grossesse. Pour l’une d’entre elles, Jessica, ce fût une dépression. Elle a été médicamentée et suivie en thérapie pendant plusieurs années. Sa dépression avait plusieurs effets négatifs sur sa vie : « Ç’a été les

tendances dépressives, tout le temps en train de brailler. J’avais peur de sortir de chez nous, parce que j’avais peur de me faire attaquer. J’avais peur de tout ou à peu près. Je sortais très peu seule. »

Pour Amélie, Marie et Cynthia, les difficultés personnelles rencontrées étaient principalement liées à une consommation de drogue :

« Je consommais beaucoup. » (Amélie).

« J’avais été dans un environnement avec de la drogue, il m’est arrivé de consommer de la

marijuana. Mais je le dis pareil, ça l’influence beaucoup ma vie, je touche plus à cela, même si ça devient légal. » (Cynthia)

En plus de la consommation, Marie et Cynthia ont vécu des expériences qui les ont menés à perdre confiance en elles.

Marie, qui selon sa perception a été dépendante affective de l’âge de 16 ans à 24 ans, recherchait toujours l’homme de sa vie et souffrait d’un manque de confiance qui créait cette recherche d’homme parfait : « Moi, j’étais toujours à la recherche de quelque chose, à la recherche de cet homme, avant, en

fait, je n’avais vraiment pas confiance en moi, tout le monde me disait que j’étais laide et tout. »

Cynthia, quant à elle vivait dans un contexte familial qui n’était pas propice aux études, puisque son père était imprévisible dû à sa consommation de drogue :

Je suis allée chez mon père c’est là que l’école, ça a commencé, déjà en allant au secondaire, l’école c’était moyen. Là c’était juste trop, je peux juste pu dormir, je peux plus me concentrer. J’ai comme développé une estime de moi scolaire, si je peux dire, négative. Je pensais vraiment pas que j’étais faite pour aller à l’école, faque c’est sûr que je ne pouvais pas faire de grandes études, je valais rien. Ça a influencé négativement mon parcours.

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Mélissa, une autre participante, souffrait également d’un manque d’estime, ce qui lui créait le besoin d’être entouré de personnes. Elle ne pouvait pas rester seule : « Je n’avais pas tellement confiance

en moi et je n’étais surtout pas capable de rester toute seule, même le soir, je sortais, j’avais beaucoup d’amis pour sortir parce que j’étais incapable de rester seule. Je pleurais des fois quand j’étais seule. C’était impensable pour moi de rester seule. »

Deux autres participantes ont perdu un parent lors de leur adolescence, ce qui a été un événement marquant pour elles et a changé leur parcours de vie. Pour Julie, le suicide de son père lorsqu’elle avait 16 ans est ce qui a amorcé des changements dans son parcours, principalement dans la sphère scolaire : « Mon père s’était suicidé l’année d’avant pis moi j’étais en recherche de repères. Je n’avais plus envie de

me casser la tête avec les notes pis toute. J’étais une fille très scientifique pis là j’ai tout fait pour un détour, mais je suis peut-être venue me trouver dans les arts. Je me suis retrouvé en design pis ça apportait ben des affaires, ce n’était pas routinier. »

Élisa a perdu sa mère lorsqu’elle était âgée de 14 ans. Elle considère elle aussi que la mort de sa mère est ce qui a réorienté son parcours de vie à ce moment :« Mis à part la mort de ma mère lorsque

j’avais 14 ans qui a un peu réorienté mon parcours à partir de là. »

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