• Aucun résultat trouvé

Les caractéristiques de la confiance au sein de l’organisation de chantier

collective liée au chantier

2.2.3. Les caractéristiques de la confiance au sein de l’organisation de chantier

Nous avons vu précédemment que les configurations des organisations propres au chantier sont qualifiées par les interdépendances entre les acteurs (voir (Thompson 1967) – section 1.4.1.2). Selon (Zolin 2000), ces interdépendances (voir Figure 14, p. 54) permettent de déterminer les conditions requises pour préserver la confiance dans une activité de construction. Aussi, les conditions cumulatives56 suivantes sont mises en évidence :

- Dans l’interdépendance de communauté, la confiance repose sur le fait que tous les acteurs vont contribuer à fournir la quantité et la qualité des résultats dans les délais impartis.

- Dans l’interdépendance séquentielle, la confiance repose en outre sur le fait que les acteurs en aval du processus fourniront les informations relatives aux urgences, que les acteurs en amont du processus informeront de l’incapacité à atteindre les spécifications ou les délais et enfin, que les acteurs en aval du processus fourniront un juste retour de la qualité des résultats transmis par les acteurs amont.

- Dans l’interdépendance réciproque, la confiance repose en outre sur le fait qu’en cas de problème, les acteurs se fourniront mutuellement les informations relatives à l’impact de solutions envisagées sur les tâches dont ils ont la charge en matière de coût, de délais, et de qualité . En outre, les acteurs se font mutuellement confiance pour considérer des solutions pertinentes à la fois pour les deux tâches.

56 Les conditions à considérer pour chaque type d’interdépendance sont cumulatives, c’est-à-dire que les conditions valables pour

l’interdépendance de communauté sont valables pour toutes les autres, et que les conditions valables pour l’interdépendance séquentielle le sont aussi pour l’interdépendance réciproque.

La confiance au centre des organisations 80 En outre, (Zolin 2000) suggère que l’évolution et la sensibilité sont des aspects caractéristiques de la confiance. L’évolution détermine « la rapidité avec laquelle une personne décide que quelqu’un est digne de confiance ». Quant à la sensibilité, elle correspond au « degré avec lequel le projet peut être affecté de manière défavorable par une mauvaise décision de confiance ».

Aussi, les situations les plus néfastes en terme de confiance sont celles auxquelles correspondent une évolution lente et une forte sensibilité, tandis que les situations les plus favorables sont caractérisées par une rapide évolution et une faible sensibilité.

La Figure 20 caractérise la confiance dans les trois types d’organisation identifiés dans le cadre de l’activité de chantier (voir section 1.4.1.1).

Figure 20. Caractéristiques de la confiance au sein des organisations

La configuration hiérarchique constitue la configuration intermédiaire, moyennement favorable pour la production de confiance. La configuration adhocratique constitue la forme la plus favorable, car la fréquence d’interaction élevée permet rapidement de créer de la confiance sur des bases solides. Enfin, l’organisation transversale apparaît la plus désavantageuse pour la production de la confiance car il s’agit de la forme dans laquelle la fréquence d’interaction est la plus faible, et dès lors le risque perçu est élevé.

Comme nous l’avons vu dans la section 1.4.2, l’activité du coordinateur-pilote qui nous intéresse particulièrement dans le cadre de ce travail de thèse s’inscrit particulièrement dans une configuration de l’organisation de type « hiérarchique » ou « adhocratique ». La configuration « hiérarchique » désigne la situation la moins favorable du point de vue de la confiance. Nous nous focaliserons sur cette configuration dans la suite de ce travail et nous chercherons à instrumenter la confiance comme support à la coordination.

Enfin, le Tableau 8 établit une synthèse de l’analyse et suggère une extension du tableau Tableau 4 (p. 57) présenté section 1.4.1.2. Il intègre les fondements de la confiance qui prédominent dans chacune des organisations, et les met en relation directe avec les mécanismes de coordination existants :

La confiance au centre des organisations 81 - La configuration hiérarchique privilégie laconfiance basée sur le rôle et sur la catégorie.

Dans une structure caractérisée par une division du travail précise, le rôle et l’appartenance à une catégorie d’acteurs donnée constituent les éléments prédominant dans la production de la confiance. Nous citerons pour exemple, afin d’illustrer ce type d’organisation, la réunion de chantier animée par le coordinateur-pilote. Dans un tel contexte, la confiance est fortement influencée par le rôle des acteurs présents car la confiance dans chacun des intervenants réside dans l’attente d’une certaine performance. La confiance est en outre largement influencée par la catégorie à laquelle ils appartiennent (par ex. la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre ou encore les entreprises de construction) et qui laisse présager d’un certain comportement.

- La configuration adhocratique est caractérisée par un mécanisme de coordination prédominant : l’ajustement mutuel. Elle se distingue par une fréquence d’interaction élevée qui permet de favoriser la confiance basée sur les expériences antérieures. Les échanges multiples favorisent l’anticipation du comportement et permettent d’ajuster la fiabilité perçue. Nous illustrerons ce type d’organisation par un ajustement sur chantier entre deux ouvriers qui doivent s’accorder sur la manière de réaliser un ouvrage et sur ce que doit faire chacun. Les interactions entre les ouvriers du chantier sont fréquentes. Elles leur permettent naturellement d’évaluer la fiabilité perçue des uns et des autres et de capitaliser sur les expériences vécues de manière à anticiper les comportements.

- La configuration transversale est caractérisée par la prédominance de la standardisation. Il semble dès lors naturel que la confiance privilégie des modes de production tels que les règles, les normes, les contrats, etc. De plus, cette configuration est caractérisée par une faible fréquence d’interaction. La confiance bénéficie par conséquent d’un contexte relativement défavorable à sa production. Néanmoins, la réputation constitue une bonne garantie de la fiabilité de l’acteur. Nous citerons, pour exemple, le fournisseur d’éléments préfabriqués pour le chantier dont la production relève d’un cahier des charges précis, voire de normes de conformité. Le chef de chantier n’a jamais eu l’occasion de travailler avec cette entreprise, toutefois, la bonne réputation dont elle jouit fait qu’il l’estime digne de confiance.

Tableau 8. Caractéristiques des organisations et de la confiance sur les chantiers de construction Configuration de

l’organisation

Mécanismes de coordination

Interdépendance Fondements de la confiance

Configuration hiérarchique Supervision directe Interdépendance séquentielle

Confiance basée sur le rôle Confiance basée sur la catégorie Configuration adhocratique Ajustement mutuel Interdépendance

réciproque

Confiance basée sur les expériences antérieures Configuration transversale Standardisation des

résultats

Standardisation des qualifications

Interdépendance de communauté

Confiance basée sur les règles, les normes, les contrats… Confiance basée sur la réputation

La confiance au centre des organisations 82

2.3. La confiance et le contexte de l’activité collective