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Caractéristiques cliniques et corrélations avec les scores de Saint George

Liste des Tableaux

III. COMPARAISON DES RESULTATS AVEC LES DONNEES DE LA LITTERATURE

1. Caractéristiques cliniques et corrélations avec les scores de Saint George

1.1. Paramètres sociodémographiques et professionnelles

Chez nos mineurs, les scores moyens du questionnaire de Saint George étaient de 67 ± 16% pour le score total, de 49,1 ± 14% pour le score "symptômes", de 77,8 ± 12% pour le score "activités" et de 66,5 ± 16% pour le score "impacts". Dans une étude menée en Chine avec le même questionnaire, les scores étaient respectivement de 54,1 %, 55,5 %, 56,7 % et 52,1 % (14).

Tableau 1: Comparaison des scores moyens de St George avec d’autres études

Paramètres Hongbo (14) Chang (11) Tang (59) Notre étude

Population 208 50 297 104 Age moyen 73,7 ± 10,7 60,5 ± 8,5 61,1 ± 10,7 66,2 ± 5,4 S symptômes M 55,5 ± 19,4 50,5 ± 14,1 38 ± 19,3 49,1 ± 14 S activités M 56,7 ± 11,7 54,4 ± 12,7 44,5 ± 29,1 77,8 ± 12 S impacts M 52,1 ± 16 28,4 ± 15,1 34,9 ± 17,9 66,5 ± 16 S total M 54,1 ± 15,9 38,9 ± 17,3 39,4 ± 17,4 67 ± 16

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Trois études menées respectivement en Chine (14), à Hong Kong (59) et aux Etats Unis d’Amérique (11), ont montré des scores moyens significativement inférieurs aux nôtres pour les composantes "Activités", "Impacts" et "Total" (p<0,05).

D’autres études menées chez des patients souffrant de BPCO (60) ou d’emphysème (61) ont rapporté des scores moyens pour les trois composantes inférieurs aux nôtres.

66,5 77,8 49,1 67 54,1 55,5 56,7 52,1 0 20 40 60 80 100

Total Symptômes Activités Impacts

Notre étude (%)

Etude de Hongbo et al menée en chine (%)

Figure 7 : Comparaison des scores moyens du SGRQ

L’âge moyen de nos anciens mineurs de Jerada (66,2 ± 5,4 ans) était inférieur à celui des mineurs chinois (73,7 ± 10,7 ans) (14). Dans ces deux études, tous les scores du questionnaire de Saint George augmentaient proportionnellement avec l’âge. Il est bien connu que l’âge est un facteur important influençant négativement l'état de santé. La composante "impacts" est en relation avec des sentiments subjectifs qui couvrent une gamme de troubles psychosociaux vécus par ces patients (14). Dans notre étude, le statut tabagique, le niveau d’instruction, l’ancienneté professionnelle, la durée d’exposition et l’âge du début de l’exposition ne semblaient pas influencés les scores moyens de St George. Selon Hongbo et col, les silicotiques avec une longue durée d’exposition avaient un score total plus élevé indiquant une mauvaise qualité de vie (14).

Dans notre travail, l’âge moyen au moment de la déclaration de la maladie était de 40 ± 9,1 ans avec des extrêmes allant de 21 à 67 ans, alors qu’il était de 32,5 ± 6,2 ans avec des extrêmes allant de 18 à 40 ans dans la thèse réalisée par El Ghazi en 2012 chez les mineurs de Jerada (62).

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L’âge de la première exposition de nos mineurs était de 24,3 ± 4 ans avec des extrêmes allant de 18 à 36 ans. Il est similaire à celui de l’étude menée à Jerada en 2012 (20,5 ± 2 ans) et à celui de l’étude chinoise qui était de 21,2 ± 4,3 ans avec des extrêmes allant de 18 à 42 ans (14). L’impact psychologique était plus important chez les silicotiques brésiliens qui ont été exposés à la poussière à un âge précoce car ils souffraient d'une insuffisance respiratoire grave à un âge jeune. Le jeune âge à la première exposition augmentait les scores "activité" et "impact" plutôt que les scores "symptômes" (63).

La durée d'exposition moyenne de nos mineurs était de 18,8 ± 6,2 ans. Celle de l’étude menée en 2012 à Jerada était de 13 ans (62) et celle de l’étude chinoise de 28,6 ± 8,6 ans (14). La durée d’exposition ne semble pas influencer nos scores de qualité de vie. La même observation a été rapportée chez des patients vivant dans un établissement médical spécialisé dans la silicose (59). Néanmoins, l’étude chinoise a montré qu’une relation positive existait entre la durée d’exposition et les scores "symptômes" et les scores totaux (14). La durée d’exposition à la poussière et la concentration de poussières inhalables (respirables) reflètent le degré d’empoussièrement du poumon et l’apparition d’une pneumoconiose précoce et grave (64, 65). La même observation a été rapportée chez les jeunes puisatiers à Agadir qui souffraient de lésions silicotiques étendues et graves (66).

Le statut socioéconomique handicape la santé physique et psychosociale et l’accès au soin rendant difficile la prise en charge des patients silicotiques (67, 68). Tous nos mineurs étaient pauvres avec des revenus faibles et un accès au soin difficile affectant leur qualité de vie. Dans l’étude chinoise, le bas revenu personnel n'avait pas de retentissement sur la qualité de vie car l’accès au soin serait meilleur, généralisé et uniforme pour tous les citoyens chinois (14).

Dans notre étude, la prévalence du tabagisme était de 13,5 % pour les fumeurs actuels, ce qui était similaire à celle (14 %) retrouvée dans le travail mené chez les mineurs de Jerada en 2012 (62). L’étude chinoise a rapporté une prévalence de tabagisme plus élevée (56,7 %) (14). Le statut tabagique n'avait pas d’influence sur les scores du questionnaire de Saint

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George. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la quantité de tabac fumé était relativement peu importante chez les silicotiques marocains et chinois (14).

1.2. Etat de santé et comorbidités

Tableau 2: Prévalence des comorbidités dans la population générale et dans notre travail Comorbidités Population générale marocaine âgées

de plus de 65 ans

Notre étude

Au moins une maladie chronique ou comorbidité

64,4% maladies chroniques 76,9% comorbidités

HTA 34% 35,6%

Diabète 20% 22,1%

Musculosquelettique 13% 25%

Neuropsychiatriques 2,2% 16,3%

Dans la population générale marocaine 64,4% des personnes âgées de plus de 60 ans, soit près de deux personnes sur trois ont rapporté avoir au moins une maladie chronique. Les comorbidités les plus fréquentes étaient l’hypertension artérielle (34%), le diabète (20 %), les maladies articulaires (13%), les dyslipidémies (7,5 %), les autres maladies cardiovasculaires (6,9%), les ulcères gastriques (3,2%) et les maladies mentales (2,2%), (69).

Dans notre étude 76,9% des personnes silicotiques ont rapporté au moins une comorbidité, 31,7% une seule comorbidité, 24% deux comorbidités, 13,5% trois comorbidités et 7,7% quatre comorbidités ou plus. Les scores moyens de Saint George étaient plus élevés chez les personnes maigres. Chez les obèses seul le score activités moyen était significativement plus élevé (p=0,03).

Dans notre étude, les prévalences de l’hypertension artérielle étaient de 35,6%, du diabète de 22,1%, des maladies articulaires de 25% et des dyslipidémies de 7,8%. Les

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maladies neuropsychiatriques étaient retrouvées chez 16,3 %, (maux de tête chez 9,6%, anxiété et dépression chez 6,7 % et dyssomnies chez 13,1%). Toutes les prévalences retrouvées chez nos anciens mineurs étaient plus élevées que celles de la population générale. Chez cette dernière la prévalence des maladies mentales étaient de 2,2 %. Cette proportion est à interpréter avec prudence car les symptômes des troubles neuropsychiatriques chez les personnes âgées sont considérés comme une conséquence normale du vieillissement et ne conduisent pas à consulter pour confirmer leur diagnostic (69). Par ailleurs, il est probable que nos silicotiques auraient tendance à majorer et exagérer l’altération de leur état de santé dans le but d’obtenir une éventuelle aggravation de leur incapacité permanente ce qui améliorerait leur rente. Tous les scores moyens étaient significativement augmentés chez nos anciens mineurs ayant pathologies cardiovasculaires, métaboliques et/ou musculosquelettiques (p < 0,05). Les comorbidités étaient fréquentes chez les patients atteints de silicose et cela impactait leur qualité de vie (70).

Tableau 3: Prévalence des comorbidités dans notre travail et dans une étude similaire menée en Chine

Comorbidités Hongbo (Chine) N = 208 Notre étude N = 104 p 0 comorbidité 65 (31,3 %) 24 (23,1 %) 0,169 1 comorbidité 61 (29,3 %) 33 (31,7%) 0,760 2 à 4 comorbidités 82 (39,4 %) 47 (44,3 %) 0,393

Les comorbidités n’étaient pas significativement plus fréquentes chez nos anciens mineurs que dans l’étude chinoise (14).

Une réduction significative de la qualité de vie est liée au nombre de comorbidités (71, 72). Dans l’étude chinoise, les patients silicotiques ayant des comorbidités avaient des scores "total" et "activités" plus élevés indiquant un mauvais état de santé et une mauvaise qualité de vie (14). Les comorbidités entrainaient une diminution des activités physiques et de loisirs et

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aggravaient la qualité de vie des personnes souffrant de pathologies respiratoires. Une association entre le nombre de comorbidités et le score "impact" élevé a été trouvée dans l'étude chez les patients ayant une pneumoconiose (59). Dans notre étude, tous les scores moyens augmentaient significativement avec le nombre de comorbidités. Le score "symptômes" passait de 46,8 ± 15,7 chez les personnes n’ayant pas de comorbidité à 55,2 ± 11,7 chez celles ayant trois comorbidités et à 58 ± 10,3 chez celles ayant quatre comorbidités et plus (p < 0,01). Il en est de même pour les dimensions "impact", "activités" et "totale".

Dans notre étude, la tuberculose pulmonaire a été observée chez 5,8 % des anciens mineurs. Alors que dans le travail mené chez les mineurs de Jerada en 2012, cette prévalence atteignait 10 %. Elle variait de 9 % pour la période 1965-1970, à 3 % pour 1975-1980 et à 1,7 % en 1982 (62). Cette prévalence était largement plus élevée et atteignait 43,7 % dans l’étude menée en Chine (14). Selon certaines études, la pneumoconiose du mineur de charbon offre plutôt un terrain favorable à l’éclosion d’infections à mycobactéries atypiques, notamment Mycobactérium avium et Mycobactérium kansasii (2).

2. Examens complémentaires et corrélations avec les scores de Saint

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