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LISTE DES TABLEAUX

E. faecalis Streptococcus

V. INTERETS THERAPEUTIQUES DES PROBIOTIQUES :

V.1 Applications thérapeutiques dans les pathologies digestives :

V.1.4 Cancer du colon :

Le cancer du côlon se développe à partir des cellules qui tapissent la paroi interne du côlon. Dans plus de 80 % des cas, il provient d’une tumeur bénigne, appelée polype adénomateux. Les polypes En particulier chez les personnes de plus de 40 ans, des excroissances bénignes à croissance lente peuvent apparaître. Elles se développent à partir de cellules des glandes et se dénomment adénomes ou polypes de la muqueuse. Ces excroissances sont pour la plupart bénignes, mais avec le temps, elles peuvent évoluer en tumeur maligne dénommée adénocarcinome [213].

Chaque cancer est unique et se définit notamment en fonction de sa localisation dans le côlon, de sa profondeur dans la paroi, de l’atteinte ou non des ganglions proches du côlon et de la présence ou non de métastases au niveau d’autres organes.

On parle aussi de cancer ou carcinome colorectal. Les segments du colon les plus atteints sont le rectum et le sigmoïde avec respectivement 30 à 40% des cas [214 ,215].

La muqueuse intestinale se renouvelle constamment, ce qui peut conduire à une surproduction de cellules. A peu près 95% des tumeurs colorectales apparaissent ainsi dans la muqueuse du colon et du rectum [215].

Il existe ainsi cinq stades de cancer colorectal (figure 21 ) [216] :

Stade 0 : la tumeur est in situ, c’est-à-dire limitée à la muqueuse colique ou rectale ;

Stade I : la tumeur a envahi la sous-muqueuse ou la musculeuse de la paroi du côlon ou du rectum

Stade II : la tumeur a envahi la séreuse de la paroi du côlon ou du rectum, mais aucun ganglion lymphatique n’est atteint et il n’y a pas de métastase ;

-Stade III : les cellules cancéreuses ont envahi les ganglions lymphatiques proches ; - Stade IV : le cancer s’est propagé, en formant des métastases vers d’autres organes éloignés du côlon ou du rectum.

Fig 21 Différents stades de cancer colorectal [216].

V.1.4.1. Implication du microbiote intestinal dans la cancérogenèse a. Rôle potentiel des métabolites bactériens

Le microbiote pourrait influencer la carcinogénèse intestinale en produisant des enzymes qui transforment des pré-carcinogènes en carcinogènes actifs et pourraient ainsi être impliquées dans les mécanismes de cancérogénèse. Par exemple, les acides biliaires secondaires, engendrés par la transformation colique des acides biliaires primaires via la 7 α-déhydroxylase bactérienne, semblent provoquer une hyperprolifération de l’épithélium colique et favorisent le développement de tumeurs coliques après chimio-induction chez l’animal. De plus, des rats exposés à des substances cancérogènes développent moins de foyers néoplasiques dans le côlon lorsqu’ils sont maintenus en situation d’axénie, ce qui reflète vraisemblablement le rôle de l’activité métabolique du microbiote dans la genèse de métabolites toxiques et la promotion de tumeurs. En revanche, la synthèse bactérienne de métabolites anticancérogènes, notamment le butyrate, à partir des substrats glucidiques et/ou

protéiques, contribue au rôle protecteur du microbiote vis-à-vis de la cancérogenèse [217,218].

b. Une bactérie en cause ?

En 2011, des chercheurs nord-américains ont découvert des liens surprenant entre cancer colorectal et infection. En effet, une bactérie retrouvée fréquemment dans les tumeurs cancéreuses du côlon pourrait jouer un rôle déterminant dans l’initiation et le développement de la cancérogenèse. Il s’agit de Fusobacterium nucleatum, une bactérie rare dans le microbiote intestinal, mais un pathogène bien connu dans la bouche et souvent responsables de parodontites.

Des travaux viennent de montrer chez des souris prédisposées au cancer colorectal, que le nombre d’adénocarcinomes dans le côlon était fortement augmenté lorsque que

Fusobacterium nucleatum était absorbée. Il a été montré que cette bactérie se liait à un

récepteur spécifique des cellules épithéliales et que cette liaison activait la prolifération des cellules cancéreuses du côlon.

Mais malgré cette intéressante découverte, de nombreuses questions restent posées. Quelle proportion de cancers colorectaux serait due à Fusobacterium nucleatum ? Quels liens entre la bactérie et les facteurs de risque ? Comment cette bactérie peut se retrouver dans le côlon ?

Existe-t-il un moyen d’éliminer spécifiquement cette bactérie de l’organisme ou du moins son entrée dans les cellules ? Les réponses à ces différentes interrogations pourraient permettre, d’une part, de démontrer définitivement le rôle causal de Fusobacterium nucleatum dans le cancer colorectal, et d’autre part, d’espérer pouvoir prévenir l’apparition de la maladie [219].

V.1.4.2 Intérêt des probiotiques dans le cancer du colon :

L’effet bénéfique de certains probiotiques pourrait reposer sur leur capacité à inhiber la production des enzymes procarcinogènes engendrés par le métabolisme bactérien du

microbiote intestinal (gycosidases, β-glucuronidases, azoréductases et nitroréductases). Ainsi, plusieurs études chez l’animal suggèrent que certains probiotiques pourraient être efficaces en prévention du cancer colorectal. En effet, sur des modèles animaux chez lesquels des foyers de cryptes aberrantes (c’est-à-dire des lésions néoplasiques à partir desquelles des adénomes peuvent se développer) ont été chimiquement induits, il a clairement été montré que des souches de bactéries lactiques (Lactobacillus acidophilus, Streptococcus thermophilus et

Bifidobacterium breve) exerçaient un effet protecteur [220].

Chez l’Homme, de nombreuses études ont montré que la consommation de laits fermentés avec différentes souches de bactéries lactiques était susceptible de réduire les activités enzymatiques impliquées dans la transformation de précarcinogènes en carcinogènes. En effet, la consommation par neuf volontaires sains d’un produit laitier fermenté contenant

Lactobacillus acidophilus A1, Bifidobacterium bifidum B1, Streptococcus lactis et Streptococcus cremoris à la dose de 300 g par jour pendant trois semaines, était associée une

diminution des concentrations fécales des nitroréductases, azoréductases et b-glucuronidases. Des résultats similaires ont été obtenus avec Lactobacillus casei Shirota chez vingt patients supplémentés pendant quatre semaines (1010 UFC trois fois par jour) [176].

Par ailleurs, plusieurs travaux ont mis en évidence une association inverse spécifique entre risque de tumeurs colorectales (cancers ou adénomes) et consommation de yaourt.

Dans une étude cas-témoin en France, les consommateurs réguliers de yaourt (plus de trois fois par semaine) avaient un risque divisé par deux de gros adénome, considéré comme à haut risque de transformation maligne. De plus, une large étude japonaise prospective portant sur 45 181 hommes a montré que les hommes consommateurs de yaourt avaient un risque divisé par deux de décéder d’un cancer du rectum [164,221].

L’ensemble des études cliniques suggère donc que certains probiotiques auraient un effet bénéfique dans la réduction du risque de cancer colorectal. Mais en tout état de cause, les mécanismes par lesquels les bactéries lactiques pourraient réduire ce risque restent, à l’heure actuelle, inconnus. Il est probable que selon les souches de probiotiques, les effets s’exercent à différentes étapes de la carcinogénèse. En effet, les piste avancées concernent, soit un effet

modulant les paramètres physicochimiques dans l’intestin (diminution du pH qui limite la croissance bactérienne, neutralisation de composés mutagènes), soit une modulation des activités métaboliques du microbiote intestinal et, plus précisément, celles qui libèrent des cancérogènes dans la lumière colique ou, inversement, celles qui libèrent des composés anticancérogènes. Enfin, le rôle immunomodulateur des bactéries lactiques, pouvant conduire à un effet antitumoral, est également évoqué.

Cependant, le niveau de preuve actuel des effets bénéfiques espérés d’une consommation de probiotiques en prévention du cancer colorectal est encore insuffisant ; la plupart des études portant sur un faible nombre de sujets, principalement des sujets sains.

Des études d’intervention chez des malades atteints de cancer colorectal et chez des sujets à risque semble indispensable pour permettre de tirer des conclusions plus pertinentes sur l’intérêt d’une supplémentation en probiotiques dans le développement des tumeurs et la prévention du cancer colorectal [4].

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