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Burkina Faso : Le Projet Fruitier et les transformateurs

TITRE V: Les conditions de succès de la reconversion des vergers en variétés floridiennes et de leur diffusion

Annexe 3 Burkina Faso : Le Projet Fruitier et les transformateurs

20/07/2012, Jean Jacques Baraer, Fondation Farm, Paris :

Je suis arrivé en Haute Volta en 1979 jusqu’en 1986, en tant qu’agent de l’IRFA, responsable commercial du Projet Fruitier (1976-1986), qui était un partenariat entre l’Etat de Haute-Volta et l’IRFA.

Tout d’abord et avant tout, je ne comprends pas pourquoi cette étude d’impact a lieu aujourd’hui, elle aurait du être faite bien avant, car vous ne pourrez rencontrer aucun acteurs sur le terrain, la plupart des producteurs sont morts ! Je reste dans la totale incompréhension.

La Haute Volta et la Caisse Centrale Economique de Coopération avaient demandé une mission d’évaluation des cultures fruitières et anacarde, qui a été réalisée par P. Subra et A. Guyot entre 1977-1979, sur la question suivante : Est-ce qu’il y a la possibilité de développer des cultures fruitières en Haute Volta ? Il s’agissait plus de développement que de recherche fondamentale. L’idée était aussi de donner un complément alimentaire dans des régions de savanes sèches.

Il fallait prouver que les Unités Types de Production, étaient économiquement et techniquement viables, on faisait aussi du maraîchage, pour que ce soit des modèles transposables. Il s’agissait de développer les marchés locaux, l’exportation et la transformation de mangue.

Les UTP ont apporté un matériel végétal propre, il fallait entrer des porte greffe résistants à la salinité, à la sécheresse (agrumes, bananiers, manguiers….). Pour la banane, on a ramassé le matériel végétal en CI de qualité. Dans chaque UTP, il y avait une pépinière. Chaque année environ 10 à 50 hectares étaient vendus. Les UTP permettait d’entrer des techniques d’irrigation, des fiches techniques simples (date de plantation, engrais, préparation des terrains, élargir la gamme de variétés). Il a y a eut beaucoup de ventes de plants, qui s’accompagnaient de conseils. Les conseils se diffusaient notamment via le personnel des UTP et leur famille, qui créait rapidement des effets d’entrainement en tâche d’huile, car l’organisation de la société voltaïque était très structurée autour de la famille.

Il s’agissait aussi de transporter les fruits des lieux de production au lieu de vente, de Banfora à Orodara, nous organisions nous même la vente, on faisait le moins possible au détail, et le plus à des marchands traditionnels grossistes. L’exportation s’est greffée ensuite. La Haute Volta exportait déjà quelques dizaines de tonnes par avion. On a exporté à peu près 1000 tonnes. Nous travaillions sur le peuplement naturel qui existait déjà, il ne s’agissait en aucun cas de créer des vergers de manguiers nouveau. Les manguiers existaient déjà à profusion. Les différences entre les vergers du Mali, du Burkina, de Côte d’Ivoire sont très fortes. Il ne s’agissait pas d’impulser la création de verger ou comme j’ai lu dans votre rapport, des techniques de plantation de 10 m x 10m x 10 m, tout ça c’est faux. On a travaillé sur de l’existant, car il y avait déjà beaucoup de pertes et pas sur la création de nouveaux vergers. Partout, les mangues étaient présentes. On disait aux producteurs, vos vergers sont vieux, dans 30, 50 ans, ils vont disparaître, remplacer les par des variétés colorées, en prenant vos plants chez nous ou ailleurs. On récoltait les fruits des planteurs. Le produit se jetait beaucoup.

La Côte d’Ivoire n’a rien à voir avec le Burkina Faso ou le Mali. Il n’y a pas autant de problèmes d’eau, ce n’est pas le même climat. Les entrepreneurs ont planté de nouveaux vergers en variétés américaines, on a des vergers industriels (cf Ranch du Koba). Au Burkina Faso, il y a eu peu de création de nouveaux vergers, car il y a plus de problèmes fonciers, les terres sont peu en quantité dans cette zone de production, où la concurrence foncière est forte avec d’autres culture. Nous travaillons environ avec 700 à 1000 planteurs.

On a eu surtout saisi l’opportunité d’utiliser les capacités de fret aérien qui était à un coût très avantageux, à environ 0,40$. L’impact c’est toujours comment saisir les opportunités au bon moment. Il y avait une usine Peugeot à Kano au Nigéria de montage de voitures, les avions cargo amenait du matériel, mais repartaient à vide. Mais lorsque l’usine de Kano a fermé, les capacités de frets ont fortement diminué ce qui a fait diminuer sensiblement les exportations. Beaucoup d’avion cargo repartait d’Afrique à vide. Mais cette opportunité n’existait plus quand l’usine du Nigeria a fermé. Au lieu d’avoir des capacités de 80 à 100 t par avion 747, on est passé à 30, 40 T, ce qui est négligeable.

Il n’y avait pas d’usine de carton au Burkina, les cartons venaient de Côte d’Ivoire ou de Dakar. J’ai quitté le Burkina en 1986, le projet Fruitier a continué pendant 4, 5 ans avec les mêmes tonnages. Nous avons formé des personnes burkinabés, puis certaines ne sont pas restées dans le projet fruiter, car ont été remplacées par d’autres personnes nommés par copinage avec les autorités, mais qui ne sont pas compétentes.

Il faut bien s’imaginer que de l’autre côté, en Europe, en Arabie Saoudite, ils ne nous attendent pas, il fallait saisir ces opportunités de fret.

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Nous exportions à la fin des années 70 le kilo à 1 euro 50, aujourd’hui c’est le même prix pour le bateau, mais avec une hausse du prix de la main d’œuvre. Le prix de l’export avion aujourd’hui est beaucoup plus élevé. Au départ, on mettait en vrac les mangues dans l’avion, puis on est passé à la palettisation aux environs de 1982-1983. Il y avait à Rungis environ 10 grossistes.

Il faut s’imaginer que la mangue avant n’était pas valorisée monétairement, mais lorsqu’on a commencé à s’y intéresser, les hommes s’y sont intéressés, mais eux ils dépensent l’argent dans la bière. Nous avions décidé de travailler plus avec les femmes. Quand les hommes se sont aperçus que la mangue pouvait rapporter, il y a eu quelques conflits d’appartenance. La mangue n’avait aucune valeur au départ. En zone de savane sèche, on avait un problème de manque de bois de feu. Toute l’année, on discutait avec les gens pour les encadrer sur l’entretien et sur l’idée de replanter en nouvelles variétés. Ayant acquis une valeur monétaire, on commence à prendre soin des arbres, à les mettre en valeur. Il faut savoir que le fret avion a certaines contraintes : lorsqu’il fait très chaud, les capacités de portance diminuent très rapidement : la période d’exportation correspond aux périodes les plus chaudes (février…) ce qui peut réduire les capacités de portance de 130, 140 à 40, 50 tonnes. Il faudrait se renseigner aujourd’hui sur les capacités de frets vers l’Europe. Nous suivions les producteurs toute l’année sur la floraison, le rajeunissement des vergers. Marché spot cargo Londres-Afrique du Nord et capacités de fret hors cargo.

Comment vous avez gagné la confiance des producteurs ? Comment ont-ils été convaincus d’exporter ? Nous allions dans les villages, nous parlions des heures et des heures avec les chefs de village. Nous vendions environ 5000 à 6000 tonnes sur le marché local. Les exportations de mangue du Burkina du projet fruitier sont un éPIPhénomène, ce n’était que 3 mois dans l’année, il y avait aussi tout le travail fait dans les UTP. Les exportations étaient anecdotiques, le projet fruitier est connu que pour ça, mais c’est dommage, il y avait tout le reste, le travail de pépinière, la vente sur le marché local…

Comment avez-vous été amené à exporter des mangues vers l’Arabie Saoudite ? Nous avons exporté des mangues vers l’Arabie seulement durant 2 années, nous avons exploité les possibilités avec le pèlerinage de la Mecque. Des exportateurs du Mali aussi venaient démarcher Air Afrique.

Savez-vous comment ont fonctionné les UTP après la fin du projet fruitier ? Les UTP du projet fruitier ont continué à fonctionner. Une nouvelle entité est née, Flexfasso, société d’économie mixte, mais je ne sais pas si vous retrouverez les statuts.

Est-ce que la révolution de Thomas Sankara a eu des conséquences sur le projet fruitier et sur les activités de développement l’IRFA au Burkina Faso ?

La révolution de Thomas Sankara n’a eu aucune influence, mais alors aucune ! Au contraire, pour tout vous dire, j’ai même été invité à participer à la définition du plan quinquennal d’arboriculture. Au contraire, Thomas Sankara a soutenu la diversification fruitière. Il ne faut pas croire que ça a accéléré la rupture des relations entre la coopération française et burkinabé, comme on a pu vous le dire. Aucunes, au contraire, le Burkina était le 6ème exportateur pour l’Europe, le projet Fruitier a été financé uniquement par des capitaux nationaux, par la caisse centrale, tout les bénéfices de la campagne de mangue étaient sans cesse réinvesti. Il fallait apprendre aux producteurs la récolte, à une heure dite précise, et surtout ne pas faire 3 semaines avant un tas de mangues, le conditionnement. Nous avons travaillé sur la coupe, c’était de la formation au quotidien. Les gens ne savaient pas comment fonctionnait le manguier. Il ne fallait pas récolter n’importe quoi, nous donnions les informations sur les calibres, les opportunités de marché, sur la demande. On était payés par la caisse centrale.

On s’est battu pour négocier chaque semaine les capacités de fret, ce n’était pas gagné. Il n’était pas affecté à un pays a priori. Les plus fiables sont ceux qui étaient acceptés, on a réussi à s’imposer comme des exportateurs fiables car on arrivait à tenir nos réservations de fret. Ce n’était pas comme en RCI, où le trafic de fret était beaucoup plus important, car la population française était plus importante (camembert.).

Un autre exemple, en Guinée, l’idée que Sékou Touré empêchait les exportations est encore un fantasme. Dès que Sékou Touré est partie, des initiatives d’export de mangues ont vu le jour, il y avait un potentiel de production énorme, j’ai passé une semaine là- bas pour voir les capacités d’export, mais ça m’a suffit pour me rendre compte que ce n’était pas possible vu les capacités du port.

Est-ce que l’expérience d’encadrement technique, d’appui aux exportations capitalisées au Burkina Faso a été transférée en Côte d’Ivoire ? Oui, par l’intermédiaire de Thierry Goguey qui a fait au Burkina 3 campagnes et qui est allé ensuite à Korhogo. Du matériel de conditionnement a été transféré.

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Qu’est ce qu’a réalisé le projet fruitier sur le volet transformation ? Quelques séchoirs artisanaux ont été réalisés pour faire du séchage de mangue après la saison des pluies, mais rien de plus.

Le développement des filières export, c’est toujours l’histoire d’opportunité.

Donc la baisse des quantités exportées au Burkina s’explique selon vous surtout par la baisse des capacités emport, et non par un problème de qualité ? En 1985, les exportations de mangue burkinabé étaient déjà de qualité et très standardisés, ce n’était pas tant un problème de qualité. Avant on exportait dans l’avion en vrac, dès 1982-1983, on a tout palettiser, avec des cornières.. Il fallait 6 mois pour commander et recevoir les cartons, il fallait s’organiser. J’étais assuré sur les retards en frais, les relations étaient contractualisées. On se brûlait les ailes, on était dans l’action. La capitalisation de cette expérience aurait du se faire tout de suite. Ce qui manquait c’était une analyse économique, il n’y avait pas de recherche économique. En 1985, le président du COLEACP vient pour examiner les conditions de transformation en économie mixte du projet, en incluant des groupements de villages, des importateurs, exportateurs… On travaillait plus avec les femmes, utilisation patrimoniale, capitalisation école, …

08/06/2012, Alice RIWAL et Etienne DONNA, Cercle Des Sécheurs 09/06/2012, DAFANI

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Tableau . Répartition des agronomes fruitiers dans les stations d’Afrique de l’Ouest 1949 à aujourd’hui : Est-ce qu’il y a un lien entre la présence

des chercheurs et la croissance forte des exportations ?

Source : J.Y.Rey

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Guinée

...Mul a t, JFVa ys s i è re s

Mali

JVF

CI Azaguié

CI Korhogo

Burkina

Cameroun

Sénégal

F.Ma de mba Sy

Ziguinchor

Bénin

Monta gut

Mauritanie

Niger

Congo (Loudima)

Monta gut

Furon

J. Bourde a ut, J.J. Ba ra e r, J.P.Me ye r, T.Gogue y, C.Vui l l a ume , Loui s

JFV

JY Re y

A. Si za re t, A. Ha ury, JP Lya nna z

de La rous s i l he , J. Bourde a ut

Mul a t, More ui l /de La rous s i l he / P.Je a nte ur, Le turcq/ A. Da rte nucq / JY Re y/ J. Li chou

C.Di di e r, T.Gogue y, F. Le be l l e c, JY Re y …Furon, J. Bourde a ut, Soul e z, C.Di di e r

de La rous s i l he , J.P Ga i l l a rd, Aube rt, A. Ha ury, JY. Re y, A.Duce l i e r, A.Si za re t, F.Norma nd

Pl a ud, Ka pl a n

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Figure 21 Fiche technique manguier