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Burelé de gueules et d’argent de dix pièces ; au lion de sable couronné d’or,

sable couronné d’or, brochant sur le tout : les Estouteville

« Dans la société seigneuriale un groupe de parenté qui ne disposait ni de territoire, ni de généalogie, ni de tombe d’« ancêtres », ne pouvait guère perpétuer son pouvoir. »

MichelLAUWERS, La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts,

rites et société au Moyen Âge (Diocèse de Liège, XIe – XIIIe siècles), Paris,

Beauchesne, 1997, p. 300.

Ce chapitre est consacré à l’histoire de la famille d’Estouteville dans le but de mieux comprendre la place occupée par les Estouteville au sein de la société féodale (fonctions et titres). Pour ce faire, l’histoire de la Normandie médiévale et sa situation géopolitique a été étudiée, car cette région de la France actuelle a continuellement été tiraillée entre les couronnes anglaise et française. Nous avons été en mesure de démontrer comment les Estouteville ont pris position lors des multiples affrontements entre la France et l’Angleterre qui ont jalonné le Moyen Âge. La participation à plusieurs événements majeurs de l’histoire de la Normandie a également permis aux Estouteville de se hisser vers la haute aristocratie. Toutefois, il convient de préciser que la famille d’Estouteville est une famille parmi tant d’autres à s’être illustrée au cours de ces différents événements historiques. Nous avons simplement mis de l’avant les Estouteville pour les besoins de ce mémoire. La généalogie effectuée par Gabriel de la Morandière a servi de base en ce qui concerne l’identification des membres de la famille d’Estouteville. Malgré certaines imprécisions57, elle est la plus

complète, car elle prend en considération les différentes branches de cette famille. Nous avons surtout retenu les informations concernant la branche aînée des Estouteville, soit le lignage de Nicolas Ier d’Estouteville (Annexe III). La majorité des membres de cette famille

qui ont été inhumés à l’intérieur de l’église abbatiale de Valmont sont issus de cette branche. La famille d’Estouteville s’est graduellement divisée en plusieurs branches au cours du Moyen Âge, que ce soit par les liens du mariage, ou par l’acquisition de nouveaux titres ou de nouvelles terres. Nous aborderons seulement les branches qui ont été les marquantes pour cette famille. Robert II d’Estouteville, père de Nicolas Ier, est à l’origine de la deuxième

57 En particulier la confusion entretenue entre Robert Ier et son fils Robert II d’Estouteville : GABRIEL DELA

MORANDIÈRE, Histoire de la Maison d’Estouteville en Normandie, Paris, Librairie Ch. Delagrave, 1903, p. 653-659.

branche des Estouteville (XIIe siècle) après s’être définitivement installé en Angleterre. Il s’est marié avec Enerburge, fille et héritière d’un grand seigneur saxon nommé Baldric58 et

ce mariage lui a donné de nombreux descendants, créant la branche anglaise des Estouteville : les Stuteville ou Stutville59. Une autre branche de la famille d’Estouteville est celle de Torcy,

issue d’Estout d’Estouteville, troisième fils de Jean Ier d’Estouteville et d’Agnès de Ponthieu

(XIIIe siècle), et de ses descendants. Plusieurs membres de cette branche ont été prévôts de

Paris, que ce soit Jean d’Estouteville, son frère Robert d’Estouteville ou le fils de ce dernier, Jacques d’Estouteville60. La branche italienne de cette famille, les Tuttavilla, doit son origine

à Guillaume d’Estouteville, entre autres archevêque de Rouen et cardinal de Saint-Martin des Monts en Italie, et à ses descendants. Nommé cardinal en 1439, Guillaume d’Estouteville a passé la majeure partie de sa vie à Rome en raison de ses nombreuses charges apostoliques61. Malgré ces différentes branches, les Estouteville ont tous le même ancêtre.

L’origine de la famille d’Estouteville

Bien que divers ouvrages indiquent que plusieurs Estouteville ont eu une vie illustre, l’origine de cette famille demeure incertaine. L’ancêtre de la famille d’Estouteville serait un certain Léon, fils d’Arnoldus le « roi des Huns ou des Hongrois », venu s’établir en Neustrie au IVe siècle et qui s’est marié avec la fille du seigneur du pays de Caux après avoir délivré le pays d’un géant nommé Ferrant62 ou Estout63. Contre cette origine légendaire, une autre

source affirme que l’ancêtre des Estouteville serait plutôt un certain Estout ou Stout, guerrier danois venu s’installer en Normandie au début du Xe siècle sur les terres qu’il a reçues pour

ses loyaux services auprès de Rollon, premier duc de Normandie64. Estout est celui qui

revient le plus souvent dans la littérature relative à la famille d’Estouteville. L’origine de ce patronyme proviendrait du nom qu’Estout a donné à ses terres, soit Stotevilla ou Estouteville,

58 GABRIEL DELAMORANDIÈRE, Histoire de la Maison d’Estouteville en Normandie, 1903, p. 33.

59 WILLIAM FARRER. CharlesTRAVISCLAY (dirs.), Early Yorkshire Charters. Volume 9: The Stuteville Fee,

Cambridge, Cambridge University Press, 2013, p. 1.

60 JEAN-MARIE DURAND, Heurs et malheurs des prévôts de Paris, Paris, Harmattan, 2008, p. 163-179. 61 VINCENT TABBAGH et al., Fasti Ecclesiae Gallicanae. Tome 2 : Diocèse de Rouen, Belgique, Turnhout,

1998, p. 130-136.

62 ROBERT d’ESTAINTOT, « Recherches historiques, archéologiques et féodales sur les sires et le duché

d’Estouteville », Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, Hardel 3e Série - 4e Volume :

XXIVe volume de la collection, 1861, p. 404.

63 GABRIEL DELAMORANDIÈRE, Histoire de la Maison d’Estouteville en Normandie, Paris, Librairie Ch.

Delagrave, 1903, p. 13.

ou de celui que Léon a donné à ses terres après avoir pourfendu le géant Estout, pour ainsi commémorer sa victoire sur ce dernier. La présence d’une tête de géant sur le cimier des armoiries des Estouteville à partir du XVe siècle est probablement une référence à l’origine légendaire de ce patronyme65. Quoi qu’il en soit, l’ancêtre des Estouteville est avant tout une

figure mythique évoquée dans le but d’attribuer à cette famille une origine prestigieuse en l’absence de sources vérifiables. Comme le souligne Michel Lauwers, il était fréquent que « les seigneurs laïques se réclamaient d’ancêtres-fondateurs prestigieux » et « les généalogies ont été " le monopole des chefs ", dont elles légitimaient le pouvoir en le fondant sur une longue série de morts prestigieux66 ». De fait, les Estouteville ont participé à de nombreux

événements qui ont marqué l’histoire de la Normandie médiévale : Robert Ier d’Estouteville, qui a participé à la bataille d’Hastings du 14 octobre 1066, Jean II d’Estouteville, qui a défendu Harfleur durant le siège de cette ville en 1415 ou Louis Ier d’Estouteville, qui a

défendu le Mont-Saint-Michel à de multiples reprises contre les Anglais durant la guerre de Cent Ans. Ces exploits militaires et de nombreux mariages ont permis aux Estouteville de progressivement se tailler une place dans l’aristocratie médiévale. La fondation de l’abbaye de Valmont par Nicolas Ier d’Estouteville au XIIe siècle témoigne du statut particulier qu’avaient les Estouteville à cette époque. Bien que nous retrouvions la mention de cette famille dès le XIe siècle, l’apogée de cette famille se situe autour des XVe et XVIe siècles. Le XVIe siècle correspond également au début du déclin de la branche aînée des Estouteville.

Les Estouteville au cœur de l’histoire de la Normandie

Cette partie est consacrée à l’histoire de la Normandie du XIe au XVIe siècle afin

d’observer comment a fluctué l’allégeance des Estouteville entre les couronnes française et anglaise durant ces six siècles. Ils ont su s’adapter aux changements qui se sont opérés dans la géopolitique de la Normandie médiévale pour pouvoir garder leurs titres et leurs terres. Une attention particulière a été portée aux membres de la famille d’Estouteville sur lesquels nous détenons des informations concernant leurs vies ou leurs monuments funéraires, mais qui n’ont pas nécessairement pris part aux grandes batailles. L’Histoire se souvient davantage

65 CHRISTIAN DE MÉRINDOL, « À propos des Albret, le géant aux grandes oreilles. Emblématique, légende et

histoire », Bulletin de la Société de Borda, No 442 (1996), p. 203-204.

66 MICHEL LAUWERS, La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au Moyen Âge

d’eux pour leurs titres et leurs fonctions dans la société médiévale que pour leurs exploits militaires. Les diverses recherches des érudits des XIXe et XXe siècles sur la famille à l’étude sont contradictoires ou trop élogieuses, comme en témoignent plusieurs citations67. Pour ces raisons, seules les informations faisant consensus parmi l’historiographie de la Normandie médiévale ont été retenues.

La conquête normande et ses répercussions

La renommée des Estouteville provient principalement des faits d’armes de Robert Ier d’Estouteville, le plus ancien membre de cette famille dont nous ayons la trace, au cours du XIe siècle. Mentionné dans le Roman de Rou comme « e li sire de Stoteville68 », Robert Ier aurait participé à la bataille d’Hastings dans les rangs de Guillaume le Conquérant, bataille décisive pour l’histoire normande. À la suite de la victoire de Guillaume, duc de Normandie, ce dernier devient roi d’Angleterre et la Normandie a par le fait même été rattachée à la couronne anglaise. La conquête normande a eu de lourdes répercussions, puisque de nombreuses révoltes ont éclaté des deux côtés de la Manche. Durant les années suivant son couronnement, Guillaume le Conquérant a dû calmer ces soulèvements pour assurer sa domination et ainsi asseoir son pouvoir autant en Angleterre qu’en France. À la mort du roi d’Angleterre en 1087, la stabilité qu’il avait été en mesure d’instaurer durant son règne s’effondre. Robert II Courteheuse, fils aîné de Guillaume le Conquérant, devient duc de Normandie alors que son frère cadet, Guillaume le Roux, devient roi d’Angleterre69.

Robert II Courteheuse doit rester en Normandie pour calmer les diverses révoltes faisant rage dans son duché. Pour y arriver, il s’entoure donc de plusieurs chevaliers – dont

67 Notamment : « la maison d’Estouteville est l’une des plus anciennes de France. On la trouve contemporaine

des premiers âges de l’histoire de Normandie; et chacune de ses générations, par les services qui l’illustrent, augmente encore l’éclat dont brille ce beau nom », dans ROBERT d’ESTAINTOT, « Recherches historiques, archéologiques et féodales sur les sires et le duché d’Estouteville », Mémoires de la Société des antiquaires de

Normandie, Caen, Hardel, 3e Série - 4e Volume : XXIVe volume de la Collection, 1861, p. 403 & « les aînés,

les vrais Estouteville, ceux de France, se distinguent par un bien rare mérite : la rectitude, l’unité absolue de conduite politique. Dans les rapports si complexes entre la France et l’Angleterre, à travers le conflit des intérêts et des passions, ils ne dévient pas; et leur fidélité constante et passionnée à la cause française leur vaut bien des morts, des confiscations, des misères et des prisons sans fin. Mais aussi la Fortune semble couronner cette vertu héréditaire en associant leur nom à des choses augustes », dans GABRIEL DE LA MORANDIÈRE, Histoire de

la Maison d’Estouteville en Normandie précédée de Notes descriptives sur la Contrée de Valmont par O. Lannelongue, Paris, Librairie Ch. Delagrave, 1903, p. 2.

68 Nommé Stoteville ou Estoteville selon les versions. ROBERT WACE, Roman de Rou, édition critique établie

par A. J. Holden, Paris, A. & J. Picard, 1970, Tome II, v. 8428.

Robert Ier d’Estouteville – et leur donne des terres pour défendre et protéger ses territoires. Après de nombreuses tentatives, Robert II Courteheuse n’a pas été en mesure de mater ses barons et doit céder en 1096 le duché de Normandie à son frère Guillaume le Roux. Cette même année, Robert II de Normandie part pour la Première croisade et il semblerait que Robert Ier d’Estouteville l’ait accompagné70. Cette croisade semble s’être déroulée sans

incident notoire pour eux, puisqu’ils sont revenus sains et saufs en France après avoir pris part à la prise de Jérusalem en 109971. En 1100, Guillaume le Roux meurt et c’est le plus

jeune frère de ce dernier et de Robert II de Normandie, Henri Ier Beauclerc, qui devient le

nouveau roi d’Angleterre.

À son retour de Terre Sainte, Robert II Courteheuse reprend possession du duché de Normandie et tente d’usurper le trône de son frère. Après plusieurs tentatives infructueuses pour prendre la couronne d’Angleterre, Robert II Courteheuse perd la bataille de Tinchebray en 1106. Cet échec s’est soldé par son emprisonnement à vie dans une prison anglaise. Étant donné que Robert Ier d’Estouteville était l’un de ses principaux lieutenants, il a subi le même sort en plus de perdre ses possessions en Angleterre72. Le fils de Robert Ier d’Estouteville, Robert IId’Estouteville, a également participé à la révolte contre le roi d’Angleterre. Selon Ordéric Vital, Robert II d’Estouteville a été fait prisonnier par Henri Ier d’Angleterre à la suite

de la bataille de Falaise73. Ce dernier semble avoir gracié Robert II d’Estouteville, car il garde une partie des terres de son père en Normandie et se remarie avec une dénommée Enerburge.

En 1116, Guillaume Cliton, fils de Robert II Courteheuse, tente de libérer son père et revendique le duché de Normandie. Il est notamment appuyé par Robert II d’Estouteville. Cette revendication a provoqué des nombreux conflits et batailles entre le roi d’Angleterre, Henri Ier, son neveu Guillaume Clinton, des barons normands et le roi de France. Après

70 Certaines sources prétendent que ce serait plutôt Robert II d’Estouteville, fils de Robert Ier d’Estouteville, qui

aurait participé à la Première croisade. Nous croyons qu’il s’agit de Robert Ier d’Estouteville, car il avait

participé à la bataille d’Hasting et devait nécessairement connaître Robert II de Normandie. Toutefois, nous ne pouvons pas confirmer ou infirmer cette information, puisque les sources mentionnent seulement un certain Robert d’Estouteville sans spécifier lequel. Du reste, rien n’empêche que les deux Robert d’Estouteville, père et fils, puissent avoir pris part à la Première croisade.

71 FOUCHER DE CHARTES, Histoire de croisade. Le récit d’un témoin de la première Croisade, 1095-1106, Paris,

Cosmopole, p. 203.

72 FRANÇOIS NEVEUX, La Normandie des ducs aux rois, Xe–XIIe siècle, 1998, p. 472.

plusieurs années, Guillaume Cliton perd sa cause et la Normandie reste aux mains du roi d’Angleterre. À la fin de ces affrontements en 1124, Robert II d’Estouteville a de nouveau été emprisonné et il a une fois de plus été gracié par Henri Ier d’Angleterre à la demande de l’archevêque de Rouen74. Robert II d’Estouteville a toutefois démontré sa loyauté envers la

couronne anglaise en prêtant main-forte à Étienne, neveu et successeur du roi Henri Ier

d’Angleterre, lors de la bataille de l’Étendard du 22 août 1138. Cette bataille opposait les troupes du roi d’Angleterre aux armées du roi David Ier d’Écosse qui était fidèle à Mathilde

l’Emperesse, la fille du roi Henri Ier Beauclerc. Victorieux, le roi Étienne d’Angleterre donne

des terres à Robert II d’Estouteville pour le récompenser. La guerre de succession pour le trône d’Angleterre ne se termine qu’en 1153, au moment où Étienne reconnait Henri II Plantagenêt, son neveu ainsi que le fils de Mathilde l’Emperesse et de Geoffroy Plantagenêt, comme son légitime successeur.

La Normandie des Plantagenêts

Malgré le fait qu’Henri II Plantagenêt devient roi d’Angleterre en 1154 et qu’il était déjà duc de Normandie, la stabilité géopolitique en Normandie reste tout de même précaire. Henri II Plantagenêt avait de nombreux ennemis, dont le roi de France, et a dû s’assurer de garder son autorité sur le vaste empire qu’il possédait. Le roi d’Angleterre a tout de même voulu continuer d’agrandir son territoire sur le continent français, ce qui a provoqué diverses querelles avec le roi de France. Henri II Plantagenêt était le vassal de Louis VII par son titre de duc de Normandie et il avait également épousé l’ancienne épouse du roi de France, Aliénor d’Aquitaine. Ce mariage lui a donné le duché d’Aquitaine, ce qui rendait le roi d’Angleterre encore plus puissant et menaçant pour le roi de France. Nicolas Ier d’Estouteville semble avoir entretenu de bonnes relations avec Henri II Plantagenêt, puisqu’il a pu récupérer les terres normandes du domaine familial des Estouteville, et Robert III d’Estouteville, son fils, s’est marié avec une dénommée Léonie de Salisbury de Rames, ce qui lui a donné des titres et des terres en Angleterre75. Malgré cela, Nicolas Ier d’Estouteville s’est rallié à la cause de Louis VII lors des conflits opposant le roi d’Angleterre à celui de France. La branche anglaise

74 ORDÉRIC VITAL, Histoire de la Normandie, 2004, p. 49.

75 SIDNEY PAINTER, « The Family and the Feudal System in Twelfth Century England », Speculum, Vol.

des Estouteville est toutefois restée fidèle à Henri II76. Durant plusieurs années, les deux rois se sont livrés batailles, jusqu’à ce que soit conclue une trêve en 115977. Plusieurs révoltes et problèmes familiaux avaient éclatés, forçant Henri II à rétablir l’ordre, non seulement sur ses terres, mais également au sein de sa famille. En 1177, il reprend les hostilités contre Louis VII, mais cette fois-ci d’un point de vue politique, en utilisant comme prétexte les dots que le roi de France lui devait, car deux des fils d’Henri II Plantagenêt étaient fiancés et/ou mariés avec deux des filles de Louis VII78. Il faut attendre 1178 pour que la paix soit réellement

signée entre le roi d’Angleterre et le roi de France.

Sacré roi de France en 1179, Philippe Auguste, fils de Louis VII, allait devenir un nouveau rival pour Henri II. Philippe Auguste voulait en effet reprendre les possessions anglaises sur le continent. Ce faisant, plusieurs affrontements ont eu lieu entre les deux rois. Les problèmes familiaux d’Henri II Plantagenêt, qui avaient repris en 1183, ont pris davantage d’ampleur à la mort du fils aîné du roi d’Angleterre cette même année79. Richard

Cœur de Lion devait devenir le prochain roi d’Angleterre, par son droit d’aînesse, mais Henri II voulait plutôt que ce soit son benjamin, Jean sans Terre, qui lui succède. Y voyant là une opportunité, Philippe Auguste se rallie à la cause de Richard Cœur de Lion pour que ce dernier devienne roi d’Angleterre à la mort de son père. Cette alliance a fait en sorte que les combats entre les deux rois ont repris, mais cette fois-ci, le fils d’Henri II était du côté du roi de France. Trahi par son propre fils, Henri II Plantagenêt meurt en 1189, ce qui met fin aux hostilités entre Philippe Auguste et le roi d’Angleterre. Quelques mois après la mort de son père, Richard Cœur de Lion est sacré roi d’Angleterre à Westminster.

En 1190, Richard Cœur de Lion part pour la troisième Croisade en compagnie de Philippe Auguste. La chronique latine Itinerarium peregrinorum et gesta regis Ricardi indique que les Estouteville, plus précisément les Stutevillenses, ont participé au siège d’Acre en 1191 aux côtés du roi d’Angleterre80. Malgré le fait que les deux rois étaient de bons amis

76 GABRIEL DELAMORANDIÈRE, 1903, p. 48-51.

77 FRANÇOIS NEVEUX, La Normandie des ducs aux rois, Xe–XIIe siècle, 1998, p. 527.

78 JEAN FAVIER, Les Plantagenêts. Origines et destin d’un empire XIe-XIVe siècles, Paris, Fayard, 2004, p. 512.

79 FRANÇOIS NEVEUX, La Normandie des ducs aux rois, Xe–XIIe siècle, 1998, p. 544.

80 WILLIAM STUBBS, Chronicles and Memorials of the Reign of Richard I. Volume I. Itinerarium

Peregrinorum et Gesta Regis Ricardi, Wiesbaden, Kraus Reprint Ltd, 1964, p. 218. Pour la traduction anglaise:

et qu’ils aient combattu ensemble, les possessions foncières continentales de Richard Cœur de Lion étaient un trop gros enjeu pour qu’ils puissent le rester. En chemin vers la France, lors de son retour de Terre Sainte en 1192, le roi d’Angleterre est fait prisonnier. Durant l’emprisonnement de Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste en profite pour se rapprocher de Jean sans Terre pour qu’il devienne roi d’Angleterre, ce qui lui permettrait de reprendre

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