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Bref rappel sur la resocialisation

COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES

LA RESOCIALISATION COMME MOYEN DE CONSTRUCTION DE LA CULTURE DE LA PAIX DANS LA

A. Bref rappel sur la resocialisation

La resocialisation, c’est le fait de socialiser de nouveau ; ce qui laisse entendre que la première socialisation n’a pas abouti à son objectif fondamental, à savoir l’adaptation de l’individu à son environnement de vie. En effet, la « socialisation est le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socio-culturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agents sociaux  significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit  vivre » (Rocher, 1970, p. 132). Alors que la socialisation s’adresse à toute personne et ne s’arrête qu’à la mort, la resocialisation, quant à elle, concerne les personnes dont les comportements sont ou seraient nocifs pour la cohésion sociale.

On comprend, dès lors, pourquoi la resocialisation est une notion davantage utilisée dans le domaine criminologique. Plus qu’un concept, c’est une stratégie visant à amender les délinquants et les criminels, afin de leur donner une seconde chance d’intégrer la société.

Dans les milieux pénitentiaires, on parle alors de l’humanisation des conditions de détention qui doivent permettre au prisonnier de se reconstruire et, in fine, de se réadapter à son environnement de vie.

Ceux qui utilisent la resocialisation comme mode de réinsertion des criminels partent de la conviction que « la peine a pour but essentiel de favoriser l’amendement et le reclassement social du condamné » (Couvrat, 1985, p. 231). C’est d’ailleurs à partir de cette conviction que la peine de mort a été supprimée dans certaines sociétés et que des plaidoyers sont formulés ici et là en vue de son abolition (Nyembo Mbonyo, 2003), une abolition qui est supposée permettre au délinquant de ne pas être exécuté pour avoir mal agi, mais plutôt d’être rééduqué et amendé en vue de retrouver sa place dans la société. Ici, on suppose que la peine, même si elle doit être exécutée individuellement, celui qui l’exécute a un avenir, il est avant tout un être humain, qui a des droits qu’on doit respecter (Belda, 2010). Cette approche, en raison de ses méthodes douces, cristallise l’intérêt de ceux qui ont en charge la diminution des cas de criminalité. À cet effet, Fréderic-Jérôme Pansier fait savoir que la resocialisation connaît la faveur des pénalistes et des socio-psychologues, parce qu’elle est fondamentalement démocratique.

Selon lui, pendant la resocialisation, la société respecte la personnalité du délinquant et ne lui impose pas le changement par la force ou la contrainte. La resocialisation suppose la volonté de l’intéressé de faire l’effort nécessaire en vue de ce minimum de vie collective (Pansier, 2001). Il s’agit en fait d’une ré-humanisation/re-personnalisation de l’individu délinquant, à travers son implication effective et volontaire dans la reconnaissance de la faute commise et l’intégration, dans ses comportements, des valeurs d’une vie sociale normale.

Mais la resocialisation ce n’est pas seulement l’institution pénitentiaire qui s’en charge par le biais de l’humanisation de la peine ou par le respect des droits du prisonnier ; elle est également assurée dans des centres spécialisés et/ou à travers la mise sur pied de mécanismes de rééducation. Dans les pays développés, par exemple, il existe des internats chargés d’accueillir des délinquants multirécidivistes ou des

jeunes après leur comparution devant une cours ou leur libération de prison. Ces écoles d’un autre genre sont désignées comme des centres de rééducation (Cusson, 1974, p. 10). Il existe un autre aspect de la resocialisation, que l’on rencontre dans des pays à peine sortis de la guerre. Ce type de re-personnalisation concerne surtout les ex-combattants, pour qui sont organisés des séminaires d’éducation civique en vue de leur donner la chance de renouer avec la vie sociale.

C’est, par exemple, ce qui a été fait en Côte d’Ivoire après l’opération de démobilisation et de désarmement des ex-combattants. On peut aussi parler de resocialisation lorsqu’on a affaire aux personnes à qui la maladie, généralement d’ordre psychiatrique, a fait perdre certaines facultés essentielles telles que la mémoire, la vie en communauté. Ici, le terme est le synonyme de réadaptation.

À l’évidence, la resocialisation est un concept multiréférentiel qui peut désigner des réalités variables. Mais le point commun de toutes ses significations, c’est que cette notion fait référence à une situation de marginalité sociale d’une personne ou d’un groupe d’individus, qui sont clairement identifiés pour être réintégrés. Est-il possible, dès lors, de recourir à ce concept pour faire face aux idéologies de la mort qui altèrent le vivre ensemble dans les grands lacs africains ? Cette question se pose avec autant d’acuité que dans la région étudiée ici, on a affaire aux délinquants ambulants, souvent muets, sournois mais qui, en privé, inoculent des idéologies de la mort et de la terreur. La prison ne peut donc pas aider à les reclasser, c’est plutôt la société qui doit s’en charger. En effet, le délinquant qui est resocialisé dans une prison reconnaît la faute pour laquelle il a été condamné, parce que celle-ci est inscrite dans la loi. Ce qui n’est pas le cas des situations de haine sociale. Ici, on est non pas sur le registre de l’action, mais de la culture, entendue comme l’ensemble des manières de voir, de penser, de faire et de sentir tellement incorporées dans les individus qu’elles ont fini par devenir leur seconde nature (Durkheim, 1986). Même si la tâche paraît bien difficile ici que dans le cadre d’une rééducation que l’on obtient à travers l’emprisonnement, il reste possible de ré-humaniser

une société par le processus de resocialisation.

B. La destruction des mémoires-écrans et conflictuelles :