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Biogaz et méthanisation comme ressource économique et substitut au gaz – Table ronde

Biogaz et méthanisation comme ressource économique et substitut au gaz – Table ronde

Au cours d’une première séance tenue dans la matinée, la commission organise, en commun avec la commission des affaires économiques, deux tables rondes sur le thème de la biomasse, l’une sur les conditions de la réalisation du potentiel de la biomasse-énergie en France, l’autre sur le biogaz et la méthanisation comme ressource économique et substitut au gaz.

Le compte rendu de cette réunion figure à la rubrique de la commission des affaires économiques.

- Présidence de M. Raymond Vall, président -

Audition de M. Jean Jouzel, sur le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)

Au cours d’une seconde séance tenue dans l’après-midi, la commission a procédé à l’audition de M. Jean Jouzel, sur le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

M. Raymond Vall, président. – Jean Jouzel, qu’on ne présente plus, vient nous présenter le premier volet du cinquième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), achevé il y a quatre jours, et qui a déjà beaucoup fait parler de lui !

M. Jean Jouzel, vice-président du Giec. – Il a été plutôt bien accueilli.

M. Raymond Vall, président. – Ce document confirme le réchauffement de la planète, la montée du niveau des océans, la fonte des glaces et l’augmentation du nombre d’évènements extrêmes, mais va aussi plus loin en proposant plusieurs scénarios, en envisageant pour la première fois un budget carbone ou la géo-ingénierie. Le message qu’il porte s’adresse aux responsables politiques du monde entier. Nous devons le relayer, à la veille de la conférence de Paris de 2015 sur le climat.

M. Jean Jouzel. – Vous êtes très au fait des problèmes du changement climatique. Nous avons adopté ce document à Stockholm vendredi matin. Il a ensuite été présenté à la presse. Pour ma part, je suis allé à Nantes au sommet mondial des maires, car j’estime que les territoires ont un rôle important à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce rapport est clair. Comment a-t-il été élaboré ? C’est le cinquième, après ceux de 1990, 1995, 2001 et 2007. Il s’étendra sur 2013 et 2014, car il mobilise plusieurs groupes

de travail : un premier sur les éléments scientifiques, un deuxième sur les impacts, les adaptations et la vulnérabilité, et un troisième sur la lutte contre le réchauffement climatique.

Un rapport de synthèse sera publié en octobre prochain. Le rôle du Giec n’est ni de faire de la recherche, ni de formuler des recommandations. Il est de porter un diagnostic tous les six ou sept ans sur l’ensemble des aspects liés au rôle potentiel des activités humaines sur le climat.

Le Giec, présidé par M. Rajendra Pachauri, est placé sous la tutelle du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Les représentants des pays sont les vrais détenteurs du pouvoir : ce sont les pays qui approuvent, ou non, le rapport. Chacun des trois groupes de travail a un bureau de huit personnes, qui assume la responsabilité du rapport de son domaine. Je suis membre du bureau du groupe scientifique, et à ce titre vice-président du Giec. Nous avons deux co-présidents : un Suisse, M. Thomas Stocker, et un Chinois, M. Dahe Qin.

La première année, nous déterminons les têtes de chapitres du futur rapport, avec l’aide de la communauté scientifique, avant de faire appel à des auteurs. Ainsi, le cinquième rapport comporte un chapitre dédié au niveau de la mer, alors que les données sur ce point étaient éparpillées dans le quatrième rapport. Nous devons élaborer nos conclusions de manière à ce qu’elles soient utiles aux politiques, sans pour autant formuler de recommandations. On nous a demandé de développer nos prévisions de court terme ainsi que les déclinaisons régionales. Nous avons donc scindé le chapitre sur les projections en deux parties : avant 2050 et après. Le rapport comporte quatorze chapitres, au lieu de onze dans le précédent.

La qualité du rapport du Giec tient notamment au fait que, dans la communauté scientifique, être auteur du Giec est un honneur. Cela ne rapporte rien et prend du temps, mais c’est intéressant du point de vue scientifique. Les candidatures sont donc nombreuses, et transitent par les représentants des gouvernements – en France, il s’agit de Nicolas Bériot, secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) placé auprès du ministère de l’environnement – ainsi que par des organisations scientifiques internationales, ou sont sollicitées par le bureau. Nous avions 1 000 candidats parmi lesquels nous avons dû choisir 200 auteurs, une douzaine par chapitre. Le premier critère de sélection est la qualité scientifique, mais nous tenons aussi compte de la répartition géographique et veillons à assurer un taux de renouvellement d’environ 60 %. Soixante auteurs sont américains, vingt-cinq anglais, et dix-sept français. Viennent après l’Allemagne, la Chine, l’Australie, le Canada… La communauté française est très active sur tous les domaines couverts – données du passé, observation par satellite, cycle du carbone, projection du climat, aérosols…

Une fois les auteurs choisis, nous tenons quatre séances de travail, espacées de six ou sept mois. La première est l’occasion d’examiner une version zéro du rapport, la seconde donne lieu à une version adressée à qui le souhaite, pour recueillir des commentaires, auxquels les auteurs doivent systématiquement répondre. Pour la troisième séance, des relecteurs non-spécialistes se penchent non pas sur le contenu mais sur les méthodes, l’éthique, la pratique, la fluidité du processus. Enfin, une revue dite gouvernementale a lieu.

Bien sûr, les auteurs consacrent beaucoup de temps, pendant deux ou trois ans, à la rédaction du rapport – un millier de pages ! Tous les documents sont disponibles sur Internet. Un résumé technique de cinquante pages est ensuite élaboré, puis, finalement, un résumé pour décideurs d’une vingtaine de pages.

Nous avons tenu compte, à Stockholm, des premiers commentaires des gouvernements. Une cinquantaine de scientifiques participent au processus d’adoption, sous la responsabilité des co-présidents de notre groupe. Le rapport reste la propriété des scientifiques, le représentant d’un pays ne peut pas leur imposer de changer un chiffre : il ne peut réclamer des modifications qu’en se fondant sur les données du rapport principal. Le contenu du rapport n’est donc pas modifié au fond. Par exemple, nous avions indiqué que, pour limiter avec une probabilité de deux tiers le réchauffement à deux degrés par rapport à l’époque préindustrielle, il fallait désormais limiter nos émissions globales à 270 milliards de tonnes de carbone. À la demande des Chinois et des Américains, nous avons donné aussi le chiffre associé à la probabilité d’un demi, et celui associé à la probabilité d’un tiers. Mais il ne s’agit pas de chiffres nouveaux : tous ont été puisés dans le rapport principal. Le processus d’adoption est un moment fort d’appropriation des conclusions par les représentants des gouvernements, qui emportent le rapport avec eux. Dans la préparation et lors des conférences climat, c’est le livre de chevet des négociateurs !

En France, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a organisé lundi matin une réunion des pilotes de la conférence de 2015, en présence des ministres Geneviève Fioraso et Pascal Canfin. J’ai également, lundi après-midi, remis en mains propres notre rapport au président de la République. J’avais participé à un petit-déjeuner en sa présence à l’Elysée en décembre dernier, sur ces questions. Nos hommes politiques sont à l’écoute.

Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, et depuis 1950 les changements observés sont sans précédent. L’atmosphère et l’océan se sont réchauffés.

L’étendue et le volume des neiges et des glaces ont diminué, et le niveau de la mer s’est élevé.

Ce diagnostic est très clair. Bien sûr, ce n’est pas année après année que le climat se réchauffe. L’unité de temps est au moins la décennie. La dernière a été de loin la plus chaude, même si le réchauffement s’est ralenti dernièrement – ce qui ne remet aucunement en cause notre diagnostic. Les indices du réchauffement sont nombreux : l’accumulation de chaleur dans l’océan de surface, sur une épaisseur de 70 mètres ; les variations, dans l’hémisphère nord, de la couverture de neige, qui a diminué en quelques décennies d’au moins trois millions de kilomètres carrés – soit quatre à cinq fois la surface de la France – malgré des fluctuations annuelles ; la diminution de la superficie de la banquise dans l’océan arctique, qui a atteint un minimum en 2007, avec 3,7 millions de kilomètres carrés, et est remontée depuis au-dessus de 5 millions de kilomètres carrés, ce qui ne doit pas masquer une tendance à la décroissance. Mais le plus parlant est sans doute l’élévation du niveau de la mer, résultat de deux phénomènes qui découlent eux-mêmes du changement climatique : la fonte des glaciers et le réchauffement (donc la dilatation) de l’océan. Le rythme actuel est de trois millimètres par an, dont 40 % viennent du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest, 20 % à 30 % des glaciers continentaux, le reste étant dû à l’expansion thermique. Bien sûr, il y a là aussi des fluctuations, dues notamment aux variations du régime des précipitations, à la survenue de phénomènes comme El Niño, etc.

Le « forçage climatique » désigne ce qui est susceptible d’influencer le climat.

L’augmentation du taux de gaz carbonique, au premier chef liée à l’utilisation des énergies fossiles mais aussi pour 10 % à la déforestation, est constante. Là où les cycles saisonniers sont marqués, la concentration en CO2 varie au fil de l’année, le pic étant au printemps : en 2012, la barre des 400 parts per million a été dépassée à ce moment-là, mais dans quelques années elle le sera toute l’année. Le rapport dresse l’inventaire méticuleux de tout ce qui peut modifier le climat : méthane, CFC… Les variations de l’activité solaire ont un impact très faible. De plus, au cours des cinquante dernières années, l’activité solaire a plutôt diminué. Le forçage solaire ne peut donc être l’explication…

Lorsque nous disons qu’il faut agir aujourd’hui pour prévenir une catastrophe après 2050, nous sommes peu écoutés. Ce qui intéresse, c’est de savoir si le réchauffement actuel est lié à l’activité humaine. Le débat n’est pas clos. Chaque rapport le reprend. En 1990, on ne savait pas répondre. En 1995, nous estimions à une sur deux la probabilité pour que le réchauffement soit dû aux activités humaines, et le simple fait de le dire a eu un rôle considérable dans la mise sur pied du protocole de Kyoto en 1997. En 2001, la probabilité est passée à deux tiers, et à neuf sur dix en 2007. Notre diagnostic actuel est très clair : il y a plus de 95 % de chances que le réchauffement des cinquante dernières années soit dominé par les activités humaines. Dans les précédents rapports, nous limitions l’appréciation du phénomène à la température moyenne de la planète. Nous l’étendons désormais à d’autres aspects. Nous donnons des chiffres sur les parts possibles des causes naturelles et humaines. Il apparaît que les causes naturelles n’ont pas joué pour plus d’un dixième de degré. Il est plausible que le réchauffement des soixante dernières années soit entièrement dû aux activités humaines.

Pour construire des projections climatiques, nous avons besoin de savoir comment l’effet de serre évoluera. Nous nous sommes donc tournés vers les économistes, qui ont produit différents scénarios plus ou moins émetteurs, que nous avons utilisés. Mais ils n’ont pu nous fournir un scénario qui réponde aux objectifs de restriction des émissions inscrits dans la convention climat. Nous sommes partis de quatre scénarios stabilisant l’effet de serre ; le plus émetteur aboutit à un réchauffement de 4,8 degrés à la fin du siècle. Il faut savoir que 4 degrés en moyenne globale correspondent à 5 degrés sur les continents, et 7 ou 8 degrés dans les régions polaires du Nord. Le scénario le moins émetteur permet de limiter à moins de 2 degrés le réchauffement climatique. Évidemment, si nous atteignons 4 degrés à la fin du siècle, le réchauffement continuera ensuite. Certaines simulations aboutissent à 10 degrés de plus en 2300. Dans les scénarios les plus émetteurs, la glace de mer aura disparu à la fin de l’été en Arctique vers 2050. L’acidification des océans est déjà visible : le pH a diminué d’un dixième d’unité, ce qui correspond à 25 % d’acidité en plus par rapport au début du siècle.

Nous risquons de perdre encore deux dixièmes de pH, ce qui aura une grande influence sur la formation de la vie : il deviendra plus difficile pour les crustacés et les coraux de former des coquilles de calcaires.

Les conséquences du changement climatique seront détaillées, y compris par région, dans le second rapport, qui sortira en mars. L’élévation du niveau de la mer dans le scénario le plus élevé pourra atteindre un mètre à la fin du siècle, ou plus vraisemblablement 80 centimètres – nous avons considérablement revu à la hausse ces valeurs par rapport aux conclusions de 2007. Nous avons mieux tenu compte de la contribution du Groenland. Notre groupe n’a pas pour mission de réfléchir aux trajectoires à suivre pour respecter les scénarios, mais nous donnons des chiffres. Pour limiter le réchauffement à 2 degrés, nous ne devons pas émettre plus de 270 milliards de tonnes de CO2 : notre droit à émettre était de 800 milliards de tonnes, et nous en avons déjà émis 530 milliards. Chaque année, nous émettons 10 milliards de tonnes, ce qui nous laisse au plus 27 ans de droits d’émission. Il faut donc que les émissions baissent à partir de 2020, et qu’elles soient divisées par trois avant 2050, pour devenir nulles ou négatives à la fin du siècle.

M. Rémy Pointereau. – Ce rapport est important pour notre planète. Certains vous disent catastrophistes, d’autres pensent que vous sous-estimez les effets du réchauffement… La hausse de la température moyenne a ralenti lors de la dernière décennie, ce que les modèles n’avaient pas prévu. Les dernières années ont été plutôt froides et pluvieuses, avec des saisons bien marquées, comme autrefois. Comment interpréter ce phénomène ? Que prévoit le rapport sur ces évolutions ? Que pensent les pays les plus émetteurs de CO2, comme les États-Unis, la Chine, la Russie ou l’Allemagne, de ce rapport ?

Dans un monde en compétition, auront-ils pour priorité de travailler sur la diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre ? Notre pays et l’Europe feront sans doute plus d’efforts que d’autres : que pesons-nous, par rapport à la Chine, par exemple, qui semble se soucier moins du réchauffement climatique que de la compétition économique mondiale ?

M. Jean Jouzel. – La réalité, c’est que l’émission de gaz à effet de serre conduit au réchauffement. C’est un fait. Les impacts seront analysés par le deuxième groupe. Que va-t-il se passer ? Le réchauffement va repartir. La fin de la civilisation carbone est inéluctable. Il faut arrêter l’addiction aux combustibles fossiles. Les premiers à le faire seront économiquement gagnants, car ne rien faire est catastrophique. L’Agence internationale de l’énergie a un diagnostic plus catastrophiste que le nôtre : elle estime que si nous ne faisons rien avant 2017 nous irons vers un réchauffement compris entre 3,5 et 6 degrés. Elle dit aussi que tout dollar non investi en ce sens dans la prochaine décennie imposera une dépense de quatre dollars dans la décennie suivante. C’est, du strict point de vue économique, une véritable erreur de ne pas lutter contre le réchauffement.

Nous tiendrons une réunion importante à Paris en 2015, et ce davantage grâce à la Chine que grâce aux États-Unis : à Durban, nous n’aurions pas eu d’accord si la Chine n’avait accepté des mesures contraignantes après 2020… Les États-Unis ont été obligés de suivre ! Les Chinois se préparent : ils sont les premiers en solaire, en éolien, et le seront bientôt en nucléaire. Certes, ils sont aussi les premiers en charbon, mais ils ouvrent des centrales beaucoup moins polluantes que celles qu’ils ferment. Les régions les plus développées de Chine commencent à voir leurs émissions diminuer, même si ce n’est pas encore vrai pour l’ensemble du pays. La communauté scientifique chinoise sait parfaitement que le pays sera directement concerné par les conséquences du réchauffement climatique. Elle est très présente dans nos travaux.

L’idée que nous ne devons rien faire car les autres ne feront rien ne me convient pas. La seconde phase du protocole de Kyoto concerne des pays responsables de moins de 15 % des émissions, c’est vrai. Mais aller vers une société sobre en carbone n’est pas une punition, c’est une opportunité. Je me suis d’ailleurs personnellement beaucoup investi dans le débat sur la transition énergétique.

Il n’y a pas de ralentissement. Au cours des quinze dernières années, le réchauffement a été trois fois plus rapide qu’au cours des trente années précédentes.

Cependant, la progression n’est pas linéaire. Les modèles prévoient qu’une augmentation continue des gaz à effet de serre conduit à un réchauffement, en revanche, ils ne s’accordent pas sur le calendrier – ils ne savent pas dire quand aura lieu une accélération ou un ralentissement. Mais tous les autres indicateurs sont au rouge : l’élévation du niveau de la mer se poursuit ; la chaleur stockée dans l’océan profond ne cesse de croître. La faiblesse du soleil a pu jouer un rôle lors de la dernière décennie ; mais il y a aussi eu plus de volume de gaz émis par les aérosols.

Quoi qu’il en soit les divergences des modèles sur les variations à court terme ne remettent pas en cause le diagnostic de long terme. L’argument selon lequel le réchauffement s’est ralenti ou arrêté ces dernières années est à écarter : car lorsque le réchauffement s’accélérera à nouveau, il sera trop tard.

M. Alain Fouché. – Malgré ces analyses, les gens se sentent peu concernés car l’horizon reste lointain. Les besoins des consommateurs sont toujours plus élevés : qui ne souhaite installer sa climatisation, par exemple ? Dès lors, quels moyens préconisez-vous pour

inciter les États à mettre en œuvre les mesures nécessaires, y compris ceux en cours d’industrialisation ?

M. Jean Jouzel. – On quitte le champ du rapport… Il convient d’associer lutte contre le réchauffement climatique et développement. Ainsi le continent africain, dont la démographie est en vive croissance, pourrait se passer des énergies fossiles au profit de l’énergie solaire, éolienne ou encore issue de la biomasse. Tout est là !

On ne forcera pas les gens. Faire des recommandations n’est pas le rôle du Giec.

Dans notre monde, l’économie domine. Le seul moyen est donc que les énergies renouvelables deviennent compétitives. Malheureusement, l’exploitation des gaz de schiste a enrayé la dynamique de hausse du prix des énergies fossiles. Il est dès lors indispensable de donner au niveau international un prix au carbone. Je sais l’échec des premiers quotas. Mais il faut poursuivre dans cette voie.

Mme Odette Herviaux. – Un chapitre du rapport du Giec est cette fois, je m’en félicite, consacré à la mer et à l’évolution des côtes. Les élus des territoires côtiers sont déjà confrontés, et le seront de plus en plus, à l’érosion du littoral et au recul des côtes, au risque de submersion marine, etc. Comment les aider à anticiper ? Il est difficile d’apprécier quelle sera l’amplitude exacte de l’élévation du niveau de la mer en chaque point du littoral, 80 centimètres étant une moyenne.

M. Jean Jouzel. – C’est vrai. Parler de moyenne pour l’élévation du niveau de la mer n’a pas de sens. Selon les endroits la variation sera du simple au double. Ainsi à New York la hausse devrait être de 20 à 30 % supérieure. Le jeu des courants, les tempêtes, la houle, autant de facteurs qui parfois se conjuguent : souvenez-vous de Xynthia. Aussi il est plus pertinent de prendre en compte les valeurs extrêmes. Le rapport du groupe 2 contiendra des données déclinées par région. Lors de l’élaboration du Plan d’adaptation au changement climatique, sous le ministère de Nathalie Kosciusko-Morizet, nous nous étions fixés de réfléchir à la manière dont la France pourrait faire face à une élévation donnée, de un mètre, du niveau de la mer. Mais il est vrai qu’il n’y a pas de document à disposition des élus locaux.

Tout reste à faire.

M. Raymond Vall, président. – Hormis l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), petite structure d’une dizaine de personnes, peu d’organismes sont susceptibles de chiffrer le coût de l’inaction face à cette catastrophe programmée.

M. Jean Jouzel. – M. Bériot, son secrétaire général, est d’ailleurs aussi représentant de la France auprès du Giec.

M. Marcel Deneux. – La France est parmi les bons élèves en matière d’émissions de gaz à effet de serre, même s’il nous manque une comptabilisation des émissions dues à nos importations. Nous contribuons aux émissions chinoises !

J’admire la modestie des scientifiques. Il est frappant de constater que ceux qui s’expriment le plus sont ceux qui s’y connaissent le moins. Certains physiciens français, comme François Gervais ou Claude Allègre sont sceptiques sur l’idée du réchauffement climatique. Ils ne sont pourtant pas des spécialistes. Vous ont-ils adressé des communications lors de l’élaboration du rapport ?