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CHAPITRE 5. LE RISQUE : SCÉNARIOS ET ÉVALUATION DU RISQUE SISMIQUE

5.3 BILAN DES SIMULATIONS

Les caractéristiques des différents scénarios et un bilan des résultats obtenus sont présentés dans le tableau 20.

Scénario

Tableau 20. Bilan des résultats estimés des scénarios proposés

Nous remarquons que les intensités MMI estimées atteindraient de valeurs maximales de VII à VIII (Tableau 20). Les accélérations maximales moyennes du sol se situent entre 1% et 20% de g (soit entre 0,1 et 1,9 m/s2).

On remarque que parmi les tremblements de terre proposés, les Scénarios Sc5-Salève et Sc6-Genève entraîneraient les intensités les plus élevées dans la région (VII-VIII).

Il faut cependant rester prudent car, du fait de la position très proche de l’épicentre, une surestimation des effets n’est pas à négliger. Cette surestimation pourrait être de l’ordre de un degré en intensité ; elle se correspond à la différence entre nos valeurs simulées et nos observations macrosismiques pour les tremblements de terre récents que nous avons analysés (voir Chapitre 3).

L’appréhension du risque sismique est devenu durant notre recherche un thème de d’actualité pour les autorités suisses, c’est pourquoi elles ont chargé de l’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV) de mener une telle évaluation. Il était dès lors intéressant de comparer nos résultats avec les leurs sur la base des mêmes événements sismiques. Pour les scénarios Sc1-Valais et Sc3-Vuache, les intensités calculées sur la base de notre méthodologie présentent des valeurs similaires aux intensités obtenues par l’OFEV. En revanche, comme nous l’avons indiqué antérieurement, nos intensités obtenues pour les scénarios Sc5-Salève et Sc6-Genève sembleraient élevées pour les magnitudes proposées cependant avec la correction décrite elles correspondent aux intensités obtenues par l’OFEV c'est-à-dire allant de V à VI (communication personnelles avec B. Duvernay). Il reste naturellement dans ces cas le problème que l’on est quasiment assis sur la source sismique,

c'est-à-dire dans des conditions de champ proche et cela pourrait impliquer que l’application de notre la loi d’atténuation ainsi que de la relation de conversion intensité-PGA soit discutable.

Le scénario Sc3-Vuache peut être considéré comme l’événement le plus vraisemblable pour Genève, si on prend en compte la sismicité historique (voir chapitre 1). Lors d’un tel tremblement de terre, l’intensité estimée serait de VI-VII, ceci se traduirait par des dommages légers sur de bâtiments bien construits conçus tenant compte des considérations parasismiques, des dommages légers à modérés sur des bâtiments ordinaires et des dommages importants aux bâtiments anciens, mal entretenus et mal conçus. Certaines cheminées pourraient tomber (annexe 2). Le pourcentage des structures qui pourraient être affectées représenterait le 5% du parc immobilier répertorié. Le pourcentage donné, dans ce cas, par l’OFEV est plus pessimiste ; il est de l’ordre de 12%. Cette divergence pourrait s’expliquer une différente prise en compte du parc immobilier. Pour notre étude, les secteurs où le plus grand nombre d’édifices présenteraient des dégâts sont Genève-Cité, l’ouest de Genève-Eaux-Vives et le centre de Genève-Plainpalais.

Dans le détail ce séisme pourrait entraîner des dégâts structuraux dans les quartiers indiquées en vert sur la carte de la figure 78, à savoir , Montbrillant, Charmilles, La Servette, Les Grottes, Les Délices, La Prairie, St-Gervais, Eaux-Vives, la Jonction, la Place Neuve, la Vieille Ville, Rive, Bastions, Tranchées, Vollandes, les Acacias, le quartier de l’Université, la Cluse, Florissant, Champel, l’est du Vieux-Carouge et Carouge.

Figure 78. Localisation des quartiers qui subiraient le plus de dommages structuraux pour les scénarios Sc3-Vuache.

Comme déjà indiqué, le cas le plus défavorable (worst case) pour Genève serait lié à un séisme au pied du Salève. Dans ce cas de nombreux bâtiments en maçonnerie, anciens, mal conçus, mal entretenus, sans conception parasismique, non renforcés subiraient des dégâts structuraux modérés et, parfois, importants ; quelques structures en béton armé n’ayant aucune considération parasismique pourraient présenter de légers problèmes structuraux et des dégâts non structuraux modérés. Certains de ces bâtiments subiraient des dommages structuraux sévères. Quelques édifices conçus avec des principes parasismiques pourraient subir des dommages allant de légers à modérés. Nous estimons qu’avec le scénario Sc5-Salève, 22% du parc immobilier subirait des dégâts.

Pour ce scénario, les secteurs les plus affectés dans leur infrastructure seraient l’ouest de Genève-Cité, l’ouest de Genève-Eaux-Vives, le centre de Genève-Plainpalais et le centre-nord de Carouge.

Point important, l’analyse de nos différents scénarios montre qu’indépendamment de l’origine du séisme et de sa magnitude, les secteurs de la région urbaine genevoise les plus vulnérables sont : Montbrillant, La Servette, Les Délices, Les Grottes, La Prairie, St-Gervais, la Vielle Ville, Rive, Bastion, Tranchées, les Eaux-Vives, les Vollandes, Florissant et Champel. Ces secteurs se localisent sur un sol qui présente une faible résistance aux forces horizontales. A noter que le secteur qui présenterait le plus grand nombre de bâtiments endommagés correspondrait à celui de Genève-Cité. Ceci s’expliquant par une forte concentration de bâtiments et un sous-sol mou.

En prenant en compte le pire des scénarios (worst case), Sc5-Salève et le scénario le plus vraisemblable (most likely case) Sc3-Vuache, les quartiers qui seraient les plus endommagés sont signalés en rouge sur la carte de la figure 79. Ces quartiers sont : Montbrillant, Charmilles, La Servette, Les Délices, Les Grottes, La Prairie, St- Gervais, la Vieille Ville, Rive, Bastions, Tranchées, les Eaux-Vives, Vollandes, La Jonction, le quartier de la Place Neuve, les Acacias, le quartier de l’Université, La Cluse, le Vieux Carouge, Carouge, Florissant, et Champel.

Sur cette carte, la concentration des dommages va de la zone la moins affectée (en bleu), à celle qui présenterait quelques dégâts (en vert), à celle où plusieurs édifices seraient touchés (en jaune) et finalement la zone la plus endommagée (en rouge).

Il est essentiel de relever que dans les quartiers les plus touchés, il y a des bâtiments importants soit à forte densité de population, soit des bâtiments vitaux ou publics comme : l'Hôpital Universitaire de Genève, l'Université, l'Hôtel de Ville, la gare de chemin de fer, la Cathédrale et les Archives de la Ville de Genève. Des rues principales traversant ces

quartiers, le trafic pourrait être sérieusement perturbé et rendre presque impossible les tâches d’intervention de secours.

Figure 79. Localisation des quartiers qui subiraient le plus de dommages structuraux lors du pire des scénarios (Sc5-Salève) et lors du scénario les plus vraisemblable (Sc3-Vuache)

En général, la plupart des constructions endommagées seraient des immeubles destinés à l’habitation. Il s’agit des bâtiments ayant entre 4 et 6 étages, mal entretenus, anciens et qui n’ont pas été construits en tenant compte des normes parasismiques ; ils ont été conçus après 1860. Ceux construits avant cette date ont été bâtis en maçonnerie et seraient moins affectés que ces bâtiments plus récents car, leurs murs en maçonnerie sont plus épais et plus rigides que les structures en acier ou en béton armé. Cela donne aux constructions anciennes des périodes de vibration propre plus longues qui pourraient les épargner lors d’un événement sismique.

A partir nos résultats, nous avons aussi remarqué que les bâtiments de type industriel sont les plus sensibles lors d’un tremblement de terre, car il s’agit de structures plus légères avec une distance entre les colonnes plus grande que dans les bâtiments d’habitation et, en conséquence, moins rigide.

Nous observons aussi que, pour tous les scénarios proposés, les bâtiments classés comme RES4, c’est à dire, les bâtiments plus récents généralement conçus avec des

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normes parasismiques s’avéreraient les moins affectés. De là, l’importance d’appliquer des mesures parasismiques qui améliorent le comportement des bâtiments.

La présence d’une grande quantité de bâtiments de type RES3 dans la région de notre étude explique dans nos résultats le nombre élevé de ce type qui seraient affectés.

Cela n’implique pas que ces structures sont les plus sensibles aux tremblements de terre ; cependant, vu leur grand nombre, des révisions structurales seraient à considérer.

Les bâtiments scolaires et de la santé d’après notre étude seraient les moins sensibles et présenteraient un bon comportement sismique. Ces structures indispensables pour la population et qui accueillent un grand nombre de personnes, devraient avoir une vulnérabilité minimale, voir nulle.

Rappelons que dans notre analyse de vulnérabilité de premier ordre, l’estimation du bon comportement sismique de certains types de bâtiments pourrait être nuancée car elle ne tient pas compte des problèmes de conception structurale ou non structurale, de la géométrie des édifices ou de l’éventuel surpoids dans les étages supérieurs des bâtiments.

Cela reste valable même s’il s’agit des constructions bien entretenues et/ou relativement neuves.