LA TABLETTE EN TANT QU'OUTIL DE PRODUCTION INDIVIDUEL ET
4. Bilan pédagogique de l’utilisation de la tablette en tant qu’outil de production, collaboratif et interconnecté
Premier constat : les élèves, notamment du fait de l’aspect technique de l’outil, sont
plus concentrés et davantage préoccupés par la qualité de la production puisqu’elle peut avoir
un caractère publique, ce qui rejoint d’ailleurs les fondamentaux de la pédagogie Freinet. Les
élèves sont également plus autonomes que dans la méthode classique.
46 Notons qu’il est désormais conseillé aux enseignants de ne plus passer par Twitter dont les données sont
hébergées aux Etats-Unis, mais par Edutweet, site français, recommandé par le Ministère de l’Education Nationale.
De plus, la phase de production ne se limite plus à l’écriture du texte puisque les élèves alternent prises de photographies, enregistrement audio, organisation des différents éléments du document (image, son, texte, etc.) et écriture du texte. Les affordances offertes par la tablette (portabilité, interaction tactile) facilitent la production de documents multimodaux, mais aussi l’organisation et la réorganisation de ces éléments tout au long de la production lorsque chacun de ces éléments est conçu comme des objets indépendants manipulables . 47
Mais, c’est surtout de l’enseignant que dépend la réussite de cette nouvelle démarche
de production. Il apparaît souvent que ce sont les ressentis négatifs de l'enseignant qui tendent
à bloquer le processus d'appropriation de l'outil et l’institutionnalisation des nouvelles pratiques pour s'orienter vers une simple réplication de situations « classiques ». Comme le souligne S. Gallot, l'innovation ne réside pas dans l'outil lui-même mais dans les méthodes et leur adaptabilité aux pratiques émergentes de l'enseignant et surtout à la sensibilité de ce dernier à laisser émerger celles des élèves et à s'y adapter . Mais pour que cette adaptabilité 48
fonctionne, il est indispensable que l’enseignant ait fait un travail de préparation rigoureux. Par ailleurs, il faut souvent accepter le fait que les élèves sont accaparés par l’outil et qu’ils n’entendent parfois pas l’enseignant, enseignant qui devient un collaborateur avant tout. Il peut exister ce que S. Gallot appelle un conflit-système, dans lequel un changement s’opère au niveau des rôles dans l'organisation-classe. Cela transforme aussi bien les conduites et les comportements des élèves, que celles de l'enseignant et de ce fait du système.
47 VILLEMONTEIX F., op. cit., p. 69. 48 GALLOT S. op. cit., p. 95.
CONCLUSION
Lorsque j’ai commencé à travailler avec les tablettes, il faut avouer que j’étais plutôt sceptique. Je me disais que les enfants étaient déjà suffisamment exposés à la maison et que l’école pouvait trouver d’autres outils pour les apprentissages. Je me suis donc dit que j’allais profiter de cette année de formation pour voir comment et quand utiliser l’outil.
On le sait, l’école primaire est un milieu unique, de part la jeunesse de son public, la proximité avec les familles , l’unicité et la polyvalence de l’enseignant d’où l’importance49 accordée à la pédagogie et à la recherche d’alternatives au modèle traditionnel. Pour exercer de manière polyvalente et transversale, l’enseignant a recours à des artefacts de natures hétérogènes au sein d’une même activité. Pour toutes ces raisons, le fonctionnement de l’école primaire est particulièrement propice à l’utilisation progressive de la tablette. L’enseignant peut choisir et organiser son temps de manière à l’introduire au mieux dans sa classe.
La tablette apparaît alors comme un nouvel outil qui permet et induit - ou en tout cas le devrait - un véritablement renouvellement de la pédagogie. Comme je l’ai dit plus haut, je me suis d’abord servie de la tablette comme exerciseur avec calcul@tice. Ce choix a été largement plébiscité par les élèves, il est vrai. De mon côté, j’ai apprécié travailler en demi-groupe grâce aux tablettes et ce d’autant plus que la motivation des élèves était à son comble. Pourtant, je ne trouvais pas que cela apportait un réelle augmentation dans la transmission des apprentissages et j’en ai compris la raison plus tard. Le principal intérêt de la tablette en tant qu’exerciseur, en plus de la motivation des élèves, repose sur la véritable différenciation que l’on peut mettre en place avec chaque élève. Pour cela, il faut créer une situation pédagogique nouvelle dans laquelle l’enfant est maître de sa propre progression. L’autonomie que permet la tablette peut aider l’élève à s’auto-évaluer et à s’impliquer
49Notons que les parents ont dans l’ensemble bien accepté le projet numérique alors présenté, dans la mesure où
le temps passé par les élèves devant l’écran était raisonnable. Ils ont tous signé positivement les autorisations de droits audio et de droits à l’image.
davantage dans ses apprentissages. En bref, même en tant qu’exerciseur l’usage de la tablette doit être suivi d’un renouvellement de la pédagogie traditionnelle, sinon cela ne reste que superficiel.
Au cours de l’année, j’ai pu testé la tablette de différentes manières, ainsi que cela a été décrit au cours de ce mémoire. Je ne l’ai pas seulement utilisée pour ses applications didactiques, mais pour améliorer l'efficacité des phases clés d'apprentissages d'une séance et en permettre de nouvelles. En effet, ce sont les activités de productions collectives (recherches, production) qui ont le plus donné lieu à des interactions de différentes natures : montrer ses résultats, s’entraider, etc. Et ce sont ces activités de productions multimédias qui m’ont le plus intéressée en tant qu’enseignante.
Je ne vais pas répéter ici toutes les qualités propres aux tablettes, déjà décrites (mobilité, connectivité, interactivité, créativité accrue, compétences informatiques améliorées, etc.). Je préfère insister sur ce qui m’a semblé être le plus prometteur bien que, et j’en ai bien conscience, je n’ai pu qu’effleurer les possibilités infinies offertes par cet outil. La tablette permet de mettre en place des projets de grande qualité, avec très peu de moyens. Elle favorise la réorganisation de la classe et des apprentissages. Son interactivité est un véritable atout et permet de créer une stimulation positive et à long terme des élèves, autour de projets constructifs, riches et collaboratifs.
Comme le dit si bien A. Tricot, « le numérique a envahi nos vies ». Il a facilité « de façon extraordinaire notre accès aux supports de connaissances et de tâches » bien qu'il « requiert de nouvelles compétences ». Je partage son analyse selon laquelle le numérique - et de surcroît la tablette - « ne modifie fondamentalement ni les tâches, ni les apprentissages scolaires » . Le numérique a un effet positif sur quatre des aspects du scénario pédagogique :50 l’engagement, les supports, la régulation et l’évaluation. Les activités que j’ai mises en place avec la tablette se sont ajoutées aux autres activités papier/crayon préexistantes sans toutefois interférer. Au contraire, elles ont bel et bien été là pour enrichir les apprentissages. La tablette est devenue pour moi une ressource qui soutient la réflexion et les apprentissages des apprenants. C’est donc cette complémentarité qu’il faut avant tout viser quand on travaille avec les tablettes et c’est à nous, enseignants, de mettre en place de nouvelles situations d’apprentissages avec la tablette sinon, elle ne sera qu’un effet de mode.
50TRICOT A., Apprendre avec le numérique, entre mythes et réalités, extrait de la version numérique
Le numérique n'est qu'une gamme d'outils mais est une réelle invitation à la création. Il remet la pédagogie au centre, donne un nouveau rôle à l’enseignant et son impact sur les élèves favorise aussi bien leur motivation que leurs capacités de recherche, de communication et de collaboration, à la condition qu’il ait lieu dans le cadre d’une démarche de projet bien défini et adapté, et non simplement dans le cadre d’une pédagogie traditionnelle.
Quid de l’année prochaine ? Il est vrai que le fait d’avoir bénéficié de tablettes cette année m’a poussé à réorganiser ma façon de réfléchir l’enseignement, bien que je n’aie pas encore beaucoup d’expérience. Cela m’a donné envie de continuer à mettre en place des situations d’apprentissages qui renouvellent le système traditionnel, au cas par cas si je n’ai que des quart-temps, ou sur le long terme, si j’ai un poste à l’année. Je mettrai alors en place la ceinture d’informaticien, évoquée plus haut, dès le début de l’année. L’École ne peut plus passer à côté du numérique et il est de notre devoir d’éduquer les enfants, dès le plus jeune âge, dans leur utilisation de cet outil. Il est important que les élèves aient conscience des enjeux du réseau et des données par le biais d’une éducation à l’internet responsable. Comme le dit Ph. Tassel, « profitons de cette appétence du numérique pour construire une classe où les individus interagissent et construisent leurs apprentissages plus qu’ils ne les subissent » ,51
pour qu’ils deviennent les acteurs responsables de demain.
51TASSEL Ph.,« L'école numérique, tout de suite ? » p . 22-23, dans Les cahiers pédagogiques,
Hors-Série, n°38, février 2015.
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ANNEXES
Annexe 1 : Fiche de préparation d’une séance de
Mon
quartier
Discipline : QLM Niveau : CE1
Séquence : L’espace proche Période : 2
Séance : 5 : Lire un plan Dispositif Durée
45’ Objectifs :
- Découvrir des organisations spatiales, à partir de photos
aériennes et de Google Earth - Se repérer sur un plan
- Lire un plan de quartier puis d’une ville
- Utiliser Google Map + Google Earth et Google Street
30’ + 15’ de
séance 4 non finie
Compétences :
- Savoir se représenter dans l’espace
- Faire le lien entre la réalité et le plan Matériel/documents :
- tablette connectée
- Google Earth + Google Street
- Plan papier de Paris
Déroulement/consignes :
Phase 1 : rappel du travail fait précédemment sur le plan, Affiche A3 au tableau
Phase 2 :
Sur les tablettes, aller sur Google Map puis sur le carré en bas à gauche pour Google Earth
Qui peut me dire à quoi correspond le point bleu ? Quelles remarques pouvez-vous faire ?
Tapez l’adresse de l’école dans le rectangle blanc en haut de l’écran Mettez votre doigt sur le point rouge
Cliquez sur la photo >>> google street
A quoi cela sert-il ?
AvecGoogle Street,essayez de suivre l’itinéraire de la visite faite dans le quartier.
Phase 3 :
Donner un plan de leur quartier (les faire cliquer sur mappy) https://fr.mappy.com/print/map/2.38096063574796/48.8527355753 724/16/standard
et répondre aux questions.
coll binôme inddl 2’ 10’ 15’