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Bilan des observations et analyse de la concordance des profils

3. Balade dans la mosaïque urbaine: approche

4.1 Bilan des observations et analyse de la concordance des profils

Passons rapidement en revue les principales déductions que nous avons proposé pour chacune des zones. Nous verrons ensuite les problèmes rencontrés en rapport avec ces déductions.

La première zone, située dans la San Fernando Valley accueillerait une population assez diversifiée mais dont la majorité se situerait dans les classes moyennes. En effet, nous avons aperçu divers types de manifestations postmodernes ce qui signifie que, selon nos postulats de travail, des trames sociales variées sont présentes. Ainsi, l'on retrouve aussi bien des classes supérieures majoritairement blanches avec un niveau d'éducation élevé et un certain goût pour la culture (architecture postmoderne authentique) que des classes plus moyennes dont le niveau d'éducation est moins élevé, de même que l'intérêt culturel (architecture postmoderne disneylandiste). Nous avons aussi noté la présence de manifestations (gated community) qui sont l'indice d'une certaine homogénéité sociale. Notre échantillon nous renseigne ainsi sur la diversité sociale de la zone mais son utilisation est moins pertinente quant à la détermination des proportions de chaque type de trame sociale même s'il indique une tendance. Nous reviendrons sur cette question par la suite.

La population de la seconde zone, englobant les collines d'Hollywood, Bel Air, Century City et Beverly Hills semble présenter un profil de population assez homogène puisque l'ensemble des manifestations observées appartient, à une exception près, à l'architecture postmoderne authentique. La trame sociale de cette zone serait donc composée d'une classe supérieure à très forte dominante blanche dont le niveau d'éducation et l'intérêt culturel seraient élevés.

Cette tendance à l'homogénéité semble confirmée par la présence d'une gated community dont nous avons postulé qu'elle marquait une régularité dans la trame sociale.

Plus loin, l'analyse de la zone 3 (West Hollywood, Sunset Strip, Santa Monica Blvd et Melrose Ave) a révélé deux types de trame sociale. Il semble donc qu'elle soit peuplée conjointement par une classe moyenne et une classe supérieure dont nous avons déjà évoqué les attributs respectifs. S'il est impossible d'être catégorique, notre échantillon paraît révéler une certaine polarisation de chacun des groupes sociaux puisque les manifestations de l'architecture disneylandiste sont plutôt concentrées dans le secteur de Melrose Ave alors que le reste de la zone laisse apparaître une architecture postmoderne authentique.

En ce qui concerne la zone côtière (Malibu-Santa Monica-Venice), elle présentait un mélange des deux mêmes types de population que la zone précédente. Toutefois, il semble qu'une classe supérieure manifestant un intérêt prononcé pour la culture soit dominante dans ce secteur au vu du nombre extrêmement important de réalisations architecturales postmodernes authentique qui y sont présentes (en particulier entre Santa Monica et Venice Beach).

La région de Downtown expose des manifestations variées mais avec une certaine prépondérance de celles qui indiquent la présence d'une population hautement éduquée et dont l'intérêt culturel est développé. Par ailleurs, nous avons aussi remarqué quelques réalisations architecturales disneylandistes ainsi que des gated communities. Nous verrons en détails les problèmes que la détermination de ce profil exprime.

Finalement, les manifestations observées à Orange County sont de même type que dans les zones 3 et 4, mais leur proportion est nettement à l'"avantage" de l'architecture postmoderne disneylandiste, ce qui signifierait que la population y serait en majorité issue des classes moyennes dont l'éducation et l'intérêt pour la culture ont un niveau intermédiaire. Comme dans le cas de la zone précédente, nous reviendrons sur les problèmes révélés par l'analyse de cette zone.

Los Angeles à l'heure du postmodernisme: morphologie du bâti et identité socio-culturelle

Ainsi, nous remarquons que l'architecture postmoderne authentique et disneylandiste sont les manifestations les plus souvent rencontrées dans nos échantillons. Par ailleurs, nous avons observé un nombre assez faible de gated communities. Cette situation peut être expliquée par le choix des zones. La diversité de celles-ci n'était pas très importante. Géographiquement, elles sont concentrées au Nord et à l'Ouest de l'agglomération (à l'exception d'Orange County). Ainsi, les secteurs Est et Sud de Los Angeles sont complètement absents de notre analyse et, avec eux, des manifestations potentiellement diverses de celles observées ailleurs.

En effet, la plupart des zones d'étude étaient peuplées par le même genre de population, soit des personnes issues des classes moyennes à supérieures, alors que Los Angeles propose une diversité sociale extrêmement importante qui n'est pas exprimée dans ce choix des zones. De ce fait, nous n'avons pas pu observer les manifestations postmodernes du bâti dans un contexte différent. Ainsi, la forme que nous avions identifié au chapitre 2.2.5 sous l'appellation de "bâti prêt-à-raser" n'est jamais apparue dans notre analyse. Cela ne signifie pas qu'elle n'est pas présente à Los Angeles, bien au contraire, mais les zones étudiées ne manifestaient simplement pas ce genre de forme. Pourtant, l'examen de ce type de manifestation aurait été intéressant puisqu'il nous aurait permis de vérifier si notre hypothèse de travail restait valable dans un cadre différent de celui que nous avons observé. La représentativité des zones choisies peut être interrogée mais il n'est pas certain que cela ait eu une influence sur l'examen de notre hypothèse en modifiant la correspondance des deux types de sources.

Restons sur la question de la diversité mais passons à l'examen de la concordance entre les deux types de profil. Nous estimons que cette dernière a été prétéritée par la diversité réduite des clichés dans certaines zones puisque cela n'a pas permis d'obtenir une vision suffisamment étendue de la région pour que l'ensemble des phénomènes présents puissent être identifiés.

Cette déficience a notamment été observée dans les cas d'Orange County où les clichés étaient beaucoup trop concentrés spatialement pour décrire avec fiabilité les réalités fort diverses de l'ensemble de la région. A ce sujet, on doit remettre en question la constitution même de cette zone d'Orange County. En effet, au contraire des autres zones pour lesquelles la délimitation a été assez satisfaisante, celle-ci s'est révélée n'être pas assez homogène. Des réalités socio-cullturelles extrêmement diverses y ont cours, ce qui n'a pu être mis en évidence par notre échantillon. Pour une meilleure appréhension de la réalité d'Orange County, nous

suggérerions soit de fractionner cette zone, soit d'augmenter la taille de l'échantillon et de diversifier la localisation des clichés.

Pour revenir vers un examen général de la concordance, nous dirions que dans le cas des zones 1,2,3,4, celle-ci semblait assez satisfaisante entre les profils déterminés à partir de l'observation de nos échantillons et ceux que nous avions préalablement mise en évidence et dont l'origine est documentaire (statistiques et textes de références). Dans tous les cas, aucune contradiction majeure n'est apparue dans ces quatre premiers cas. En ce qui concerne les deux autres zones, notre premier examen nous a conduit à estimer qu'il y avait un certain décalage entre les profils documentaires et observés. Par la suite, une analyse plus approfondie nous a poussé à changer d'avis et nous a amené à conclure que ce décalage était à mettre sur le compte d'une inadéquation entre les types de réalités présentées. A ce titre, le cas de Downtown est très révélateur. En effet, la réalité décrite par les sources documentaires se rapportait principalement à la population vivant à Downtown alors, qu'étant donné la fonction des lieux observés, notre analyse détaillait le profil de la population travaillant à Downtown.

Nous avions affirmé plus tôt que le bâti domestique était le plus apte à révéler l'identité socio-culturelle de ses occupants. Désormais, nous mettrions plus l'accent sur l'importance de l'adéquation des différentes sources. Toutefois, le problème de la récolte des sources demeure, car s'il est parfois difficile de trouver des sources pour établir le profil des personnes habitant un endroit, cela se révèle être encore plus laborieux pour le celui des travailleurs.

L'une des questions qui a émergé durant notre réflexion était de savoir si, dans une certaine mesure, la concordance entre la "réalité" mise en évidence grâce aux sources documentaires, et les profils dégagés au travers de notre analyse et suivant notre hypothèse de travail, n'était pas, au moins en partie, le fruit du hasard? Cette interrogation peut apparaître notamment pour le cas de la seconde zone 2 (Hollywood Hills…). Nous avons jugé que la concordance était particulièrement satisfaisante entre les deux types de sources, néanmoins, nous avons aussi fait remarquer que les sources documentaires était assez imprécises. Dès lors, ne peut-on pas imaginer que la concordance apparente ne serait qu'une coïncidence? Selon nous, ce n'est absolument pas le cas étant donné que cette concordance est vérifiée dans toutess les situations, avec, il est vrai, parfois quelques restrictions. Ainsi, il nous paraît peu probable que le hasard ait opéré de façon répétée, même s'il est possible que ponctuellement la concordance soit fortuite

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Finalement, la fiabilité de la concordance semble dépendre de plusieurs facteurs: l'adéquation entre les sources; leur diversité et complétude; la répétition de l'analyse. Il s'agit donc, dans un premier temps, de réunir des sources, documentaires et photographiques, les plus diverses et complètes possible afin de pouvoir opérer une comparaison précise. Dans un deuxième temps, il est nécessaire de s'assurer que les situations décrites par les deux types de sources sont en adéquation. En d'autres termes, il serait donc judicieux d'identifier au préalable la fonction du bâti observé afin de déterminer sa "cible", s'il s'agit d'habitations, les sources documentaires doivent se rapporter à la population y étant domiciliée alors que s'il s'agit de lieux de travail, le profil social doit être celui des travailleurs et non pas celui des habitants de la zone.

Finalement, il est indispensable de répéter l'expérience pour diverses situations pour que les résultats puissent être systématisés et qu'on ne puisse formuler le reproche d'être trop particulier ou découlant d'une coïncidence.