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bibliothèque et création littéraire une résidence

Dans le document 68 : Rhône-Alpes (Page 52-56)

d’écrivains stéphanoise

la médiathèque de

Saint-Étienne a été

choisie pour assurer

la programmation et

la logistique d’une

résidence d’écrivains.

une manière de prendre

part de la façon la plus

concrète à la création

tout en répondant au

souhait des élus de la

positionner au cœur du

dispositif d’animation

de la vie littéraire

stéphanoise.

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rAnçois

M

Arin Directeur de la Médiathèque municipale de Saint-Étienne

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eorjon Service d’action culturelle, Saint-Étienne

1. www.saint-etienne.fr/culture/grands-rendez-vous/fete-du-livre 2. www.caveaustephanois.com 3. www.lire-a-saint-etienne.org 4. http://remue-meninges.com 5. http://aussitotdit.wordpress.com 6. www.desgenerations.com

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été affirmée de renforcer l’action autour de la lecture, de déve- lopper une action de fond à côté et en complément de l’action événementielle, principalement marquée par la Fête du livre, et d’articuler plus fortement l’action municipale avec la politique régionale. Au sein de la Direction des affaires culturelles de la ville, une chargée de mission livre et théâtre a été nommée pour mettre en œuvre cette nouvelle politique.

La création d’une résidence s’est inscrite dans cette nou- velle orientation de la politique autour du livre. Les auteurs qui résident à Saint-Étienne ne répondent pas à une commande de création littéraire mais s’engagent à consacrer 30 % de leur temps à des actions de sensibilisation autour de la lecture et de l’écriture. Les actions de médiation et d’action culturelle que favorise la résidence rendent présente, visible et sensible la création littéraire auprès des populations et participent à un travail de développement culturel autour de la littérature. L’auteur est invité, dans cet espace circonscrit et dans ce temps limité, pour écrire, lire, faire écrire, faire lire, écouter, pour transmettre son goût de la lecture et de l’écriture.

L’action est menée dans des lieux divers – librairies, médiathèques, maisons de quartier, appartements, théâtres, radios – avec souci de permettre à la singularité de l’écrivain de s’exprimer dans des lieux originaux.

Il s’agit aussi de proposer à des publics qui n’en sont pas toujours familiers de découvrir la création littéraire actuelle.

Envisager des rencontres dans des lieux où la littérature n’est pas toujours attendue (centres d’apprentissage, quar- tiers défavorisés…). L’objectif n’est pas de prescrire mais de susciter avant tout le questionnement et la rencontre afin de construire un autre rapport à la langue, la lecture et l’écriture et essayer de contribuer via l’écrivain à la découverte d’une littérature vivante. En ce sens, la résidence d’auteur est une forme de réponse appropriée aux questions relatives à la dif- fusion et à la réception de la littérature.

Le projet stéphanois, lancé en octobre 2010, a reçu dès le départ un très bon accueil de la part des institutions de Rhône-Alpes dont il rejoignait les priorités. En effet, la Drac, la Région et l’Arald7 (Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation) avaient constitué depuis 2006 un groupe de réflexion sur les résidences d’écrivains ; constitué d’acteurs du livre ayant mené des projets, il a organisé un séminaire en février 2007 à la Villa Caramagne (Chambéry). Cette réflexion avait pour but de favoriser le développement et la diversifi- cation de ce mode de soutien aux écrivains, qui favorise les contacts et les échanges (résidence de création ou de projet culturel, court ou long séjour, en France ou à l’étranger...). À la suite du séminaire de 2007, la Région a décidé d’accompa- gner les résidences d’auteurs (résidences de création et/ou l’ancienne école des beaux-arts qui abrite la résidence d’écrivains. Vue du cours Victor-hugo.

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de projet) en soutenant les collectivités de Rhône-Alpes qui organisent des résidences d’auteurs. Ces projets sont égale- ment soutenus par le Service livre et lecture de la Drac dans le cadre de l’aide au développement de la vie littéraire.

Après avoir déterminé le type de résidence, restait à régler la question du lieu et du support logistique de cette résidence. Le lieu a été trouvé dans les locaux de l’ancienne École des Beaux-Arts qui venait de déménager pour la Cité du design. Ce beau bâtiment, perché sur une colline, offre le double avantage d’être très proche du centre-ville, tout en étant très calme, avec une vue imprenable certainement très propice à la création litté- raire ! Dans ces locaux, un appartement de 80 m2 a été aménagé

et peut être mis, selon les périodes, à la disposition d’un artiste ou d’un écrivain. Quant à la logistique, elle a été confiée à la médiathèque municipale, en réponse au souhait des élus que cette institution prenne une part plus active à l’animation de la vie littéraire, que ce soit dans le cadre de la Fête du livre (orga- nisation d’une journée d’étude, Prix du conseil municipal des enfants, animation de rencontres littéraires) ou dans les actions de fond. Concrètement, la médiathèque, par l’intermédiaire de son service d’action culturelle, contribue à l’établissement des dossiers de subvention, assure le choix des auteurs, établit avec eux le contenu des animations et assure la relation au quo- tidien. C’est un travail non négligeable, mais aussi passionnant, qui permet d’établir avec les écrivains un type de relation qu’on ne rencontre jamais dans des actions ponctuelles.

d

euxRésidences

Accueillir un écrivain, mais lequel ? Comment choisir ? Avant tout un romancier dont l’hôte apprécie les ouvrages et qu’il souhaite faire découvrir aux autres. Nos recherches ont

d’abord été orientées auprès d’écrivains dont récit et langue pouvaient s’adresser aux adolescents ; nous aurions égale- ment souhaité accueillir un auteur francophone élevé dans une langue maternelle autre que le français.

L’absence de statut des auteurs contraint la plupart d’entre eux à exercer une autre activité pour subvenir à leurs besoins aussi, faute de disponibilité, nous avons dû élargir notre recherche. Le choix s’est porté sur une jeune roman- cière, déjà accueillie par la médiathèque dans le cadre de « Lettres Frontière »8, que son travail d’écriture amène à pra- tiquer divers genres littéraires : romans, nouvelles, pièces de théâtre. Noëlle Revaz n’appartient pas au clan des écrivains célèbres ou prolixes, malgré une entrée remarquée sur la scène littéraire en 2002 avec Rapport aux bêtes publié dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard. Sa pratique des ateliers d’écriture, sa familiarité avec les lectures-spectacles, son expérience de la radio s’ajoutent à ses atouts littéraires et ont permis une résidence féconde. Son séjour à Saint-Étienne se déroule en deux temps : au moment de la Fête du livre puis en février 2011. Le programme d’animation s’adressait, selon les propositions, à deux types de publics : les lecteurs confirmés et les non lecteurs. Un atelier lecture (permettre la lecture à voix haute et à plusieurs voix, d’un roman, au cours d’une séance de deux heures maximum), des ateliers d’écri- ture (destinés aux personnes ayant déjà une pratique de l’écri- ture, leur offrant l’occasion de la confronter avec celle d’un auteur confirmé, aux lycéens d’une classe de section littéraire du lycée Claude-Lebois de Saint-Chamond, aux étudiants en théâtre du Conservatoire municipal), des lectures publiques et la participation à diverses manifestations.

noëlle revaz, premier écrivain invité à la résidence, en pleine lecture.

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Le deuxième auteur invité est Stéphane Bouquet, véri- table touche-à-tout : poète, traducteur, scénariste et critique de cinéma. Sa résidence s’est déroulée en deux temps : en novembre-décembre 2011 et mars 2012. Il a animé des ren- contres autour de son œuvre poétique à l’Université Jean Monnet, à l’École supérieure d’art et de design (Ensad) et auprès des membres des associations Lire à Saint-Étienne et Lire à Roche-la-Molière. Il a présenté son travail de scénariste au cinéma Le Méliès. À l’occasion d’une carte blanche, il a sou- haité dialoguer avec Tanguy Viel à la librairie Lune et l’autre, il a évoqué les livres qui ont compté dans sa vie à la média- thèque, présenté le travail du philosophe américain Stanley Cavell à la Cité du design. Il a également animé un atelier de critique de cinéma avec les membres de l’association Allonslire de Saint-Priest en Jarez9 et a fait une intervention au Musée d’art moderne autour de quelques œuvres minimalistes de la collection. Partout l’accueil a été formidable et très chaleureux.

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On le mesure, construire un programme d’actions culturelles c’est avant tout construire du commun en s’appuyant sur un réseau de partenaires qui joue pleinement le rôle de « passeur ». Ce sont ces partenaires qui donnent tout son sens à l’aventure.

Sans ce compagnonnage, elle n’aurait pas de raison d’être car elle n’existe pleinement que dans le partage et l’ouverture.

Accueillir un écrivain en résidence, c’est aussi être sou- mis à certaines contingences matérielles. C’est veiller au bon déroulement du séjour en parant par exemple à d’éventuelles pannes techniques de l’appartement habité (chauffage en hiver) ou encore répondre à quelques besoins d’économie domestique (courses, produits ménagers).

L’auteur invité arrive dans une ville qu’il ne connaît pas et où il ne connaît personne. Il faut alors accepter de lui servir de guide en lui faisant rencontrer des personnes et découvrir des lieux. N’occultons pas ainsi que cette proximité peut géné- rer quelques appréhensions au départ. Il s’agit de trouver la bonne distance en n’étant ni trop envahissant ni trop lointain.

Tout doit être mis en œuvre pour que l’écrivain trouve un cadre propice à l’écriture. Offrir du temps et un espace dévolu à la création permet de devenir en quelque sorte « acteur » du processus de création. Nous l’avons appréhendé avec Stéphane Bouquet. C’est dans le cadre de son premier séjour à Saint-Étienne en novembre décembre 2011 qu’il a achevé la rédaction de Clint fucking Eastwood, ouvrage sorti en début d’année 201210. n

Stéphane bouquet, deuxième écrivain de la résidence, à l’antenne de radios chrétiennes francophones.

9. http://allonslire.blogspot.fr

10. Stéphane Bouquet, Clint fucking Eastwood, Capricci, 2012. Sur les éditions

Capricci, cf. « Capricci par nécessité », entretien avec Emmanuel Burdeau,

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la bibliothèque

en 8 questions…

à brigitte Giraud, pierre péju,

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