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Les besoins vitaux selon les ménages

Les besoins considérés comme vitaux par plus des trois quarts de la population sont : - Pouvoir se soigner quand on est malade

- Avoir un logement (en tant que locataire ou propriétaire) - Pouvoir envoyer ses enfants à l'école

- Avoir un travail stable et durable - Avoir accès à l'eau

- Avoir accès à l’électricité

D’autres besoins viennent s’y ajouter si on retient les items pour lesquels quel que soit le quartile de revenu, plus de 65%

estiment que c’est indispensable :

- Pouvoir se soigner quand on est malade - Avoir un logement (loué ou non) - Pouvoir envoyer ses enfants à l’école - Avoir un travail stable et durable - Avoir accès à l’eau

- Avoir accès à l’électricité - Avoir un poste de radio

- Pouvoir s'occuper de son corps (savons, coiffeurs, etc.) - Avoir un moyen de transport personnel

- Prendre trois repas par jour tous les jours - Pouvoir acheter un poste télévision

Source : Enquête 1-2-3 2005, EMICOV 2006

3.2. Inégalités au Bénin

62. L’analyse de l’évolution de l’incidence de la pauvreté ne peut à elle seule, permettre d’apprécier convenablement la situation en matière de pauvreté. Elle doit être complétée par l’analyse de l’évolution des inégalités dans la distribution des revenus ou des dépenses pour disposer d’une vue complète de la dynamique de la pauvreté monétaire.

63. L’analyse de la distribution des dépenses de consommation des ménages à partir des résultats provisoires et partiels de l’enquête EMICOV 2006 indique que les inégalités se sont réduites entre 2002 et 2006. En effet, au niveau national, l’indice de Gini serait passé de 0.430 en 2002 à 0.398 à 2006, soit une baisse de 7,4%. La même tendance est également notée au niveau des ménages urbains, mais avec une baisse beaucoup plus marquée de l’ordre de 21,3%. Par contre, au niveau des ménages ruraux, les inégalités ont augmenté de 6,4%. Le milieu urbain demeure, malgré la baisse observée, le milieu la plus inégalitaire.

Tableau 7: Inégalité au Bénin entre 2002 et 2006

2002 2006

Milieu urbain 0.478 0.395

Milieu rural 0.361 0.384

Ensemble 0.437 0.398

Sources : QUIBB,2002 et résultats provisoires et partiels à partir du premier passage de EMICOV 2006.

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3.3 Caractéristiques sociodémographiques de la pauvreté

64. Pauvreté et taille du ménage: une corrélation positive. En 2002, la pauvreté des ménages augmentait proportionnellement à leur taille. Les ménages de plus de 6 personnes affichaient des incidences de pauvreté deux fois plus élevées que ceux de moins de 3 personnes aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. L’effet de la taille du ménage sur l’incidence de la pauvreté paraît toutefois plus perceptible en milieu urbain où le taux de pauvreté des ménages de 6 personnes et plus est 4 fois plus élevé que celui des ménages dont la taille est inférieure à 3 personnes.

65. En 2006, cette relation entre le niveau de vie et la taille du ménage se confirme tant du point de vue de la pauvreté monétaire que de la pauvreté non monétaire. En effet, l’incidence de la pauvreté d’existence est 1,25 fois plus élevée dans les ménages de plus de 6 personnes que dans ceux de moins de 3 personnes. Ce rapport, qui était de 2 en 2002, est moins marqué pour la pauvreté non monétaire en 2006, mais il est passé de 2 en 2002 à 3 pour la pauvreté monétaire.

66. Pauvreté et niveau d’instruction: une forte corrélation négative. D’une façon générale, la pauvreté diminue avec le niveau d’instruction. La détention d’un stock de capital humain important permet à l’individu de saisir davantage d’opportunités économiques et ainsi d’améliorer son niveau de vie. Les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction comptent 2,5 fois plus de pauvres sur le plan non monétaire que dans ceux dont le chef n’a que le niveau du primaire. Ce rapport est de 10,8 lorsqu’il s’agit des ménages dont le chef a atteint le niveau secondaire et de 29,2 pour le niveau supérieur. Ces grands écarts s’expliquent par le fait que le niveau d’instruction est positivement corrélé avec le niveau de vie. Le rapport va de 1,1 à 5,5 lorsqu’on considère la pauvreté monétaire.

67. Selon une étude réalisée par la Banque mondiale8 (2003) à partir des données de l’enquête QUIBB 2002 au Bénin, « au-delà des 3 premières années d’école élémentaire qui n’ont pas beaucoup d’impacts sur le niveau des dépenses de consommation, chaque année d’étude supplémentaire suivi par le chef de famille apporte une amélioration substantielle du niveau de la consommation du ménage. Entre deux ménages de même taille et situés dans la même localité, celui dont le chef a terminé les quatre années du cycle primaire aura un niveau de consommation, en moyenne, 14% plus élevé que celui dont le chef de famille n’a reçu aucune éducation ».

68. En 2006, la relation inverse entre la pauvreté et le niveau d’instruction est maintenue. Les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction comptent 2 fois plus de pauvres que ceux dont le chef a le niveau du primaire et 7 fois plus lorsqu’il a le niveau du secondaire. Ces résultats montrent que les retours sur investissement dans l’éducation sont perceptibles au-delà de quatre années d’étude dans le primaire et mieux après le primaire. Ils renforcent par conséquent l’importance de l’éducation formelle comme moyen de lutte contre la pauvreté.

69. Pauvreté et genre: un écart très marqué en faveur des femmes. L’effet du sexe du chef de ménage sur la pauvreté est très marqué. En 2002, l’indice de pauvreté non monétaire des ménages dirigés par les hommes s’établissait à 45% contre 33% pour les ménages dirigés par une femme. La différence entre ces deux taux est statiquement significative au niveau de 5%. En 2006, les ménages dirigés par les femmes comptent moins de pauvres que ceux dirigés par les hommes. L’incidence de pauvreté non monétaire est de 42,3% pour les hommes contre 34,6% pour les femmes. Il y a ainsi 1,33 fois plus de pauvres dans les ménages dirigés par un homme que dans ceux dirigés par une

8 Rapport sur la pauvreté au Bénin

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femme. Les femmes chefs des ménages pauvres sont en forte proportion veuves, divorcées ou séparées (environ 45%). S’agissant de la pauvreté monétaire, on note 1,09 fois plus de pauvres dans les ménages dirigés par les hommes.

70. Migrations et pauvreté: une corrélation négative. Les mouvements migratoires ont de forts impacts économiques, socioculturels et démographiques sur les zones de départ et d’accueil et sur les ménages. Selon les perspectives économiques mondiales 2006, la migration peut améliorer le bien-être et réduire la pauvreté. En effet, « Les envois de fonds des travailleurs à l'étranger, en particulier, sont un moyen important d'échapper à la pauvreté extrême pour un grand nombre d'individus. »9

71. En 2006, les non migrants sont globalement plus pauvres que les migrants. L’incidence de la pauvreté pour ces ménages est estimée à 41.95% contre 21.7% pour les migrants. Elle confirme la tendance obtenue en 2002. En effet, on dénombrait 2.5 fois plus de pauvres parmi les non migrants que parmi les migrants.

3.4 Déterminants des différentes formes de la pauvreté

72. Les facteurs qui favorisent la pauvreté au Bénin sont essentiellement les caractéristiques socio-économiques des ménages et l’accès aux services sociaux. Que ce soit en milieu urbain ou rural, les déterminants qui reviennent systématiquement sont principalement la taille des ménages, l’âge du chef du ménage, le niveau d’instruction, le sexe du chef du ménage, le statut migratoire, l’accès aux infrastructures économiques (logement, santé, eau et l’électricité, télécommunication) et l’accès aux facteurs de production.

73. Globalement, le niveau d’instruction du chef de ménage influence de façon positive le niveau de vie du ménage. Les chefs de ménage qui sont sans éducation ont moins de chance de connaître une amélioration de leur niveau de vie, comparés à ceux qui ont le niveau primaire, secondaire et supérieur. Le statut migratoire exerce aussi une influence positive sur le niveau de vie des ménages.

Ce qui corrobore le fait que la migration peut améliorer le bien-être et réduire la pauvreté.

3.5 Contribution de la croissance et de l’inégalité : un effet de croissance faible

74. L’augmentation de la pauvreté entre 2002 et 2006 peut provenir d’une faible croissance de la dépense moyenne (« effet croissance ») ou d’une aggravation des inégalités («effet distribution»).

75. La décomposition de l’évolution de la pauvreté montre que son aggravation est due essentiellement à la faible croissance de l’économie, atténuée cependant par la baisse sensible des inégalités, notamment en milieu urbain. Le milieu rural a enregistré la plus forte hausse de l’incidence de la pauvreté. Elle y a augmenté de 9 points contre 3,6 en milieu urbain. Cette détérioration constatée en milieu rural est due aux effets défavorables de la faible croissance des dépenses moyennes de consommation des ménages ruraux et de l’accentuation des disparités dans la distribution de ces dépenses.

9Bourguillon, 2006

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Tableau 8: Décomposition de l’évolution de l’incidence de la pauvreté entre 2002 et 2006 (%)

Variation totale Effet de la croissance Effet de la redistribution

Urbain 3.6 8.8 -5.2

Rural 9.0 4.9 4.1

Total 8.3 9.7 -1.4

Sources : Quibb, 2002 et résultats provisoires et partiels à partir du premier passage de EMICOV 2006.

76. De façon globale, la décomposition de la variation de l’incidence de la pauvreté entre 2002 et 2006 révèle l’effet très défavorable de la faible croissance des dépenses de consommation des ménages. Ces résultats, même partiels, devraient conduire à privilégier la croissance pro-pauvre.