La condition m = 0 signifie physiquement que, dans ce cas particulier, la projection du
moment orbital sur Oz est nulle comme nous l’avons dit plus haut.
L’utilisation de (V.5) donne facilement :
où c est un coefficient de proportionnalité réel et positif indépendant de p. De même, pour la
polarisa-tion 03C0, la direction de l’onde plane est déterminée par
03B8k
= 03C0/2,~k
= 0; seul 03BB0 est différent de 0 etnous obtenons :
Le coefficient de proportionnalité c est le même que précédemment. Le vecteur
e
03BBétant
unitaire03A3 03BBp 03BBp*
= 1; si on normalise le vecteur d’état du photon dipolaire électriquecorrespondant,
à 1, on peutprendre c = 1.
En conclusion : les coefficients
03BB
p
de la décomposition du vecteur polarisatione03BBd’une
onde plane électromagnétique sont égaux aux coefficientsa de
la décomposition du vecteur d’état dupho-ton dipolaire électrique sur la base correspondante. 2)
Matrice densité du rayonnement
Dans les processus qui nous intéressent le photon se comporte comme une particule de moment
angulaire j = 1. Nous décrirons donc son état au moyen d’une matrice densité 3 x 3 : 03A6. Désignons, comme
plus haut,
par |
p les états de base du vecteur d’état du photon (pour sa partie dipolaire électrique).La matrice densité peut être décomposée suivant la base classique :
ou, suivant une base d’opérateurs tensoriels agissant dans l’espace du photon :
1103A6(k)
qk ne peut prendre ici que les valeurs 0, 1 ou 2. Le rayonnement dipolaire ne peut pas transporter des
118
On peut avoir besoin d’expliciter les composantes de la matrice densité en fonction de
celles du vecteur d’état du
photon | 03C8~
>Ce vecteur d’état correspond, comme nous l’avons vu plus haut (V-B-1), à la partie dipolaire électrique d’une onde plane de polarisation
e03BBdéfinie
par :Avec ces notations, nous obtenons :
Rappelons que
~pp
représente la population del’état | p
>.-
Cas d’un faisceau se propageant dans la direction Oz
Nous allons étudier et expliciter la matrice densité d’un photon dans certains cas utiles.
Tout d’abord pour un photon, nous avons
~(0)0
=1 3
.Le photon n’ayant pas de composante de moment angulaire le long de sa direction de propagation :
- Un faisceau lumineux, même de lumière naturelle, a toujours une composante d’alignement non
nulle
le long de sa direction de propagation.Pour k = 1 et k = 2, nous obtenons par (V.12) les autres composantes que nous avons
Faisceau se propageant suivant
Oz
Nous explicitons ci-dessous les valeurs de ces coefficients dans certains cas simples :
-
Polarisation circulaire :
-
Polarisation rectiligne :
La direction de polarisation
e03BBest
déterminée par l’angle ~= (0x, e03BB).
Nous obtenonsLe tableau (V.14) rassemble certains cas intéressants expérimentalement. Les composantes nul-les ne sont pas incluses.
120
Nous explicitons aussi le cas d’une polarisation quelconque obtenue par une lame biréfringente définie par l’orientation de l’axe rapide OX : (Ox,
OX)
= 03C8,le retard
de phase 03B8 de la vibrationparallè-le à OY sur celle parallèle à OX, enfin par l’orientation d’un polariseur rectiligne situé avant la lame
biréfringente et repéré par son angle relatif avec la lame :
(OX, OP)
= ~.A l’aide de ces expressions, on obtient les com-posantes de la matrice densité qui sont rassemblées
dans le tableau (V.15).
-
Faisceau se propageant dans une direction quelconque
Elle sera déterminée par l’orientation du trièdre OXYZ transformé de Oxyz.
OZ
sera la direc-tion de propagation du faisceau. Les angles d’EULER caractérisant cette transformation seront désignéspar (03B1, 03B2. 03B3). Notons que 03B2 est
l’angle
entre Oz et OZ.La matrice densité initiale (avant rotation) a la forme
Soit R =
R(03B1, 03B2, 03B3) l’opérateur unitaire de rotation; la matrice densité devient :
en appliquant la loi de transformation des opérateurs tensoriels irréductibles; d’où les composantes après
Nous avons explicité, en appendice H, les valeurs de
q~k(03B1,
03B2, 03B3) et les avons calculépour les angles correspondant à un faisceau se propageant suivant les axes
Ox
etOy.
3) Détection
d’un faisceau
lumineuxElle se fait dans nos expériences à l’aide d’une cellule photoélectrique ou d’un photomul-tiplicateur recevant la lumière d’une direction donnée. Un tel détecteur,seul, n’est sensible qu’à
l’inten-sité lumineuse et non à la polarisation. On peut le faire précéder par un système optique analyseur
(pola-riseur + lame biréfringente); un tel ensemble n’est alors sensible qu’à une polarisation
e03BBbien
déter-minée. Le signal reçu sera donc proportionnel à l’intensité de cette composante de polarisation. A cette
polarisation détectée correspond le vecteur d’état du photon dipolaire
électrique |
03BB > et sa matrice densité : A= |
03BB > <03BB |
. Si le faisceau incident sur le détecteur est caractérisé par la matricedensité 03A6, l’intensité détectée est proportionnelle à la valeur moyenne :
C’est une trace dans l’espace du photon.
En utilisant les décompositions :
En utilisant le fait que
( 1103A6(k)q q = (-)+) 1103A6(k)-q,
nous obtenons (hermiticité de et ~) :Nous voyons sur cette expression que si nous désirons obtenir un signal ne dépendant que du
paramètre
~kq,
il suffit d’avoir deux détecteurs dont les paramètres caractéristiquesk’q’(1)
etk’
q’(2)
sont identiques, sauf pour k’ = k, q’ =
122
Dans ces conditions, la différence des signaux n’est sensible qu’à
~kq :
-
De plus, si
k-q
est choisi réel, lesignal 0394I
D
est proportionnel à la partie réelle de ~kq ;
si
k-q
est choisi imaginairepur, le signal
est proportionnel à la partie imaginaire de~kq.
Ceci est-très important pour le choix des signaux que l’on désire étudier.
Dans l’expression (V.24) et les précédentes, le signal
0394IDest
celui que l’on obtient pour un photon. Si l’intensité du faisceau est plus importante, il faut multiplier les expressions du type(V.24) par le nombre de photons par unité de temps.
Bien entendu, cela suppose que les photons reçus ont la même énergie ou que le détecteur
n’y soit pas (ou peu) sensible. En pratique, les signaux obtenus dépendent des sensibilités des détecteurs
qui ne sont pas identiques. Les causes en sont multiples : sensibilité de photocathode, de dynodes,
facteurs géométriques. Aussi un équilibrage ultérieur des sensibilités est toujours nécessaire de manière
à éliminer les signaux indésirables.
C - COUPLAGE RAYONNEMENT - SYSTEME ATOMIQUE
1)
Processus d’absorption; excitation
Nous allons étudier le cas où l’état inférieur de la transition dipolaire électrique
consi-dérée est constitué d’un seul niveau de moment cinétique total
I
déterminé. Par absorption d’un photon,de moment angulaire
J~,
l’atome est excité dans un état de moment cinétique totalF
avecJ~
+I
=F;
il peut y avoir plusieurs niveaux de F différents.Comme aucune direction de l’espace n’est privilégiée, le couplage des deux particules (atome
dans l’état inférieur plus photon) est un processus invariant par rotation de l’ensemble. On désigne. par
03C3 la matrice densité atomique de l’état inférieur et on pose :
La matrice densité du photon est donnée par l’équation (V.8). Avec ces notations, la matrice
densité p de l’ensemble dans une base
découplée : . q(k)03A611{ IIT(k’)q’
} a comme composantes :Le processus de couplage est identique à celui utilisé en (IV-A-2) et l’équation (IV.9) donne
immédiatement la matrice densité de l’état excité; en effet tout le moment angulaire des photons se
uni-taire si on tient compte de tous les niveaux obtenus par couplage. Or, ce n’est pas toujours le cas
lors d’un processus d’absorption et nous allons envisager successivement les plus classiques.
a - Raie large. Excitation dite en "broad line".
Dans une telle situation, la largeur de la raie excitatrice est supposée beaucoup plus grande
que la structure de l’état excité séparé en niveaux de F donnés. Tous ces niveaux peuvent être atteints
et les probabilités d’excitation ont la même dépendance avec la forme de la raie excitatrice. L’équation (IV.9) donne alors (avec
J~
= I) directement l’état atomique aussitôt après l’excitation :Après l’excitation, chacune des grandeurs
FG03C1KQ évoluera
avec sa fréquence propre atomique etsous l’effet de hamiltoniens extérieurs.
b - Raie étroite.
A l’inverse du cas précédent, la largeur de raie excitatrice est supposée plus fine que la
séparation entre les différents niveaux de l’état excité. S’il y a coincidence entre
l’énergie
au centrede la raie et l’énergie d’excitation du niveau caractérisé par F, seul ce dernier sera réellement excité
La propriété d’invariance par rotation de l’ensemble se conserve, donc l’état du niveau excité F sera encore donné par l’équation (IV.9), mais en la restreignant aux termes diagonaux en F. La seule modifica
tion à apporter sera un facteur de normalisation égal à
3 (2I+1) (2F+1)
de façon que la trace de la matricedensité dans le niveau F soit égale à 1 et non plus à la fraction donnée par le poids statistique
Nous obtenons ainsi :
Les expressions (V.27) et (V.28) mettent bien en évidence l’introduction de grandeurs
tenso-rielles dans l’état excité par couplage entre celles de l’état inférieur et celles du rayonnement. En
particulier, le couplage n’est possible que si (k+k’+K) est pair (sinon le coefficient 9-j de (V.28) est
nul).
Dans le cas particulier où l’état fondamental n’est pas orienté, seul
03C300
est différent de 003C3
0
0
=1
et les expressions (V.27) et (V.28) se simplifient et deviennent respectivement : ~2I+1124
a’) Raie large
b’) Raie étroite
Les expressions obtenues (V.27), (V.28), (V.29), (V.30) permettent ainsi de préparer le
système atomique dans un état donné.
2) Processus
d’émission spontanée
C’est un processus de dissociation, l’atome excité se retrouve à l’état inférieur de la
transition après avoir émis un photon. Dans cette dissociation, aucune direction de l’espace n’est privi-légiée, l’émission spontanée étant interprétée comme de l’émission induite par les fluctuations
électro-magnétiques du vide, qui ont un caractère isotrope. C’est un processus inverse de celui de l’excitation.
Le système se scindant en deux particules, la matrice densité finale sera obtenue en passant dans une
base découplée. Avec les mêmes notations que plus haut, il suffit d’utiliser l’équation (IV.8) avec
J
~
= 1Mais en Physique atomique, nous n’observons pas les corrélations entre l’état atomique après désexcitation et l’état du photon. Les deux particules sont observées indépendamment l’une de l’autre.
La matrice densité de l’état inférieur 03C3 et celle du photon 03A6 seront obtenues en prenant la
trace de p par rapport aux variables respectivement du rayonnement et de l’atome
Dans la base découplée, le calcul est immédiat; seuls les opérateurs
11~(0)0
etIIT0
ontdes traces non nulles (égales à ~3 et
~2I+1)
et nous obtenons, après émission spontanée :pour le rayonnement :
La dernière expression (éq. V.34) est très précieuse. Elle montre d’une part que les grandeurs
tensorielles du rayonnement émis sont proportionnelles à celles de l’état excité de même ordre; elle donne
d’autre part le coefficient numérique de proportionnalité. On peut dire que les diverses orientations
pré-sentes dans l’état excité se répercutent sur l’atome dans l’état inférieur et sur le rayonnement.
Remar-quons que celui-ci ne pouvant "transporter" que des grandeurs tensorielles d’ordre inférieur ou égal à 2,
on ne pourra détecter ainsi que les ordres tensoriels correspondantsde l’état excité. Mais il faut faire attention que ceci n’est valable que si le système détecteur, sensible à la polarisation, n’est pas
sen-sible à l’énergie des photons émis. Ainsi, en présence d’un fort champ magnétique et avec un filtre qui
permet de séparer à l’observation diverses composantes Zeeman, la remarque précédente ne s’applique plus.
Dans ce cas, d’ailleurs, la décomposition de la matrice densité en opérateurs tensoriels est de moindre
intérêt.
3)
Modification de l’état fondamental apportée par le processus d’excitation
On sait que le processus d’excitation atomique par une raie étroite introduit dans l’état
fondamental atomique certaines orientations ainsi que dans le faisceau lumineux excitateur. L’effet sur
l’état fondamental atomique a été étudié en détail par COHEN-TANNOUDJI
(62)
et celui correspondant sur lefaisceau lumineux par COHEN-TANNOUDJI et LALOE
(101).
Nous ne nous intéressons ici qu’à l’aspect angulaire du phénomène et non au détail du processus d’excitation. Aussi, nous allons, pour obtenir les formulesutiles,procéder de façon globale. Considérons le système global (atome + rayonnement). Il peut être dans deux états :
état | a
> où les atomes et les photons sont séparés etl’état | b
> représentant l’état excité atomique obtenu par couplage d’un atome et d’un photon. Nous supposons que le faisceau excitateurest résonnant, donc que les deux
états | a
>et |
b > ont exactement la même énergie. Initialement, seull’état |
a > est supposé peuplé. Une évolution se produit sous l’effet du couplage atome-rayonnement.Ce couplage est représenté par un hamiltonien d’interaction H, hermitique, indépendant du temps; c’est,
de plus, un scalaire (invariant par rotation), car aucune direction de l’espace n’est privilégiée et
l’évolution sera la même quelle que soit l’orientation dans l’espace du système total (FANO
(26),
chap.19). Soit U (t, to) l’opérateur d’évolution. Il est relié à H en représentation d’interaction par :
126
On peut développer l’opérateur d’évolution en puissance de l’interaction V :
Si