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1.3 Théorie de forçage

2.1.2 Bande définie par un lacet et approximations

2.1.2.a Définitions des objets

Définition 2.1.5. Pour tout T ∈ G \ {Id} et tout T −lacet transverseeγ, on appelle bande définie pareγ et on note B(eγ) l’ensemble des points des feuilles de eF qui rencontrent eγ :

B(eγ) = {x ∈ ge dom(F ) | eφ e x∩γ 6= ∅} =e [ e φ∈ eF e φ∩eγ6=∅ e φ.

Pour tout T −lacet transverse eγ : R → gdom(F ), la bande B(eγ) est un ouvert connexe saturé pour la relation d’équivalence d’appartenance à la même feuille, et peut donc être vu naturellement comme un ouvert connexe de l’espace des feuilles. Par définition, la frontière de B(eγ) dans gdom(F ), notée ∂B(eγ), est la réunion de feuilles ne rencontrant parγ, donce situées soit à gauche, soit à droite de eγ. On note ∂BL(eγ) l’ensemble des points de ∂B(eγ) situés dans L(γ), et ∂Be R(eγ) l’ensemble des points de ∂B(γ) situés dans R(e eγ). La frontière gauche ∂BL(eγ) et la frontière droite ∂BR(eγ) sont donc également saturés. Commeeγ est in-variant par T , les ensembles B(eγ), ∂BL(eγ) et ∂BR(eγ) sont bien sûr aussi tous T -invariants.

On fixe maintenant, afin d’énoncer quelques lemmes préliminaires, un automorphisme T ∈ G \ {Id} et un T −lacet transverseeγ.

Lemme 2.1.6. S’il existe une feuille eφ ⊂ ∂BL(γ) telle que ee φ = T eφ, alors ∂BL(eγ) = eφ. S’il existe une feuille eφ ⊂ ∂BR(eγ) telle que eφ = T eφ, alors ∂BR(eγ) = eφ.

Démonstration. Soit eφ ⊂ ∂BL(eγ) telle que eφ = T eφ. Supposons par exemple que l’orienta-tion de eφ est telle que eγ ⊂ R eφ, le cas où eγ ⊂ L eφ étant similaire. Comme eφ ⊂ ∂B(eγ), il existe un cheminec : [0, 1] → gdom(F ) tel queec(0) ∈eγ,ec(1) ∈ eφ etec|]0,1[⊂ B(eγ).

Soit eφ0 6= eφ une feuille incluse dans L(eγ). Supposons que eφ0 ⊂ R eφ : alors eφ0 est incluse dans la bande T −invariante R eφ ∩ L(eγ). Mais par le théorème de Poincaré-Bendixson, eφ0 est une droite propre, donc commeec relie les deux frontières de cette bande, eφ0 rencontre un translaté Tnec pour un n ∈ Z. Ceci implique donc que eφ0 ∩ B(eγ) 6= ∅ et donc que e

φ0 6⊂ ∂B(eγ). Dans le cas maintenant où eφ0 ⊂ L eφ, alors eφ sépare eφ0 eteγ, donc tout chemin relianteγ à eφ0 doit rencontrer eφ : ceci implique encore que eφ0 6⊂ ∂B(eγ).

La feuille eφ est donc bien la seule feuille de ∂BL(γ). La preuve est similaire pour lae frontière droite de la bande.

Remarque : cette preuve revient finalement à appliquer le théorème de Poincaré-Bendixson au “revêtement annulaire” gdom(F )/T .

On va particulièrement s’intéresser dans la suite à la manière dont un chemin transverse donné rencontre la bande définie par un T −lacet. Pour éviter les confusions, on ne donne les définitions que pour des chemins paramétrés par R. Faisons tout d’abord la remarque simple suivante :

Lemme 2.1.7. Si α : R → ge dom(F ) est un chemin transverse à eF , alors l’ensemble {t ∈ R | α(t) ∈ B(e γ)} est un intervalle.e

Démonstration. En effet, soit t < t0 deux réels tels queα(t) ∈ B(e eγ) etα(te 0) ∈ B(eγ), et soit e

φ ⊂ ∂B(eγ) : par connexité, B(eγ) est contenue toute entière du même côté de eφ, doncα(t)e etα(te 0) sont du même côté de eφ. Comme α est transverse, on a alorse αe|[t,t0]∩ eφ = ∅ ; cela étant valable pour tout eφ ⊂ ∂B(eγ), on déduit queαe|[t,t0]⊂ B(eγ).

On donne alors les définitions suivantes :

Définition 2.1.8. Soit α : R → ge dom(F ) un chemin transverse.

On dit que α traverse B(e eγ) de droite à gauche s’il existe deux réels t < t0 tels que e

α(t) ∈ ∂BR(eγ) et α(te 0) ∈ ∂BL(γ).e

On dit que α traverse B(e eγ) de gauche à droite s’il existe deux réels t < t0 tels que e

α(t) ∈ ∂BL(eγ) et α(te 0) ∈ ∂BR(γ).e

On dit queα visite B(e eγ) par la gauche s’il existe deux réels t < t0 tels queα(t) ∈ ∂Be L(eγ) etα(te 0) ∈ ∂BL(eγ).

On dit queα visite B(e eγ) par la droite s’il existe deux réels t < t0 tels queα(t) ∈ ∂Be R(eγ) etα(te 0) ∈ ∂BR(eγ).

Remarquons donc que dans les quatre situations de cette définition,α se sépare posi-e tivement et négativement deeγ. En effet, il doit rencontrer la bande B(eγ) entre t et t0, et donc ne peut plus la rencontrer avant t ou après t0. En ajoutant les cas où il y a équivalence en ∞ ou accumulation, on obtient donc la classification suivante :

Lemme 2.1.9. Étant donné un chemin transverse α : R → ge dom(F ) qui rencontre B(eγ), il y a quatre possibilités :

- soitα traverse B(e eγ) (de droite à gauche ou de gauche à droite), - soitα visite B(e eγ) (par la gauche ou par la droite),

- soitα est équivalent àe eγ en +∞ ou en −∞,

- soitα s’accumule (positivement ou négativement) danse eγ. Démonstration. Ceci découle de toutes les définitions précédentes.

Remarquons d’emblée que dans les deux premiers cas de ce lemme 2.1.9, le nombre d’intersection deα avece eγ est bien défini : en effet, α se sépare positivement et négative-e ment de eγ donc l’ensemble {t ∈ R |α(t) ∈e eγ} est compact. Plus précisément, ce nombre d’intersection vaut +1 si α traverse B(e eγ) de gauche à droite, −1 si α traverse B(e eγ) de droite à gauche, et 0 siα visite B(e eγ)). Dans les deux derniers cas du lemme 2.1.9, on ne peut cependant rien dire concernant le nombre d’intersection deα avece eγ, qui peut être ou non bien défini selon les situations.

Lemme 2.1.10. Soitα : R → ge dom(F ) un chemin transverse.

Si α visite B(e eγ) par la gauche, alors pour toute feuille eφ ⊂ ∂BL(eγ), T eφ 6= eφ. Si α visite B(e eγ) par la droite, alors pour toute feuille eφ ⊂ ∂BR(eγ), T eφ 6= eφ.

Démonstration. En effet, si α visite B(e eγ) par la gauche, elle doit rencontrer ∂BL(eγ) en deux points distincts appartenant donc à deux feuilles distinctes. Par le lemme 2.1.6, le fait que ∂BL(eγ) contienne deux feuilles distinctes implique qu’aucune de ses feuilles n’est invariante par T . De même siα visite B(e eγ) par la droite.

Terminons par un cas particulier où un translaté deeγ traverse B(eγ) :

Lemme 2.1.11. Pour tout S ∈ G, Seγ traverse B(γ) de gauche à droite si et seulement sie e

γ traverse B(Seγ) de droite à gauche. En particulier, Seγ intersecte eF −transversalement eγ positivement.

Démonstration. Il suffit de montrer un sens, l’autre se montrant de manière similaire. On suppose que Sγ traverse B(e γ) de gauche à droite. Alors Se γ se sépare positivement ete négativement de eγ. De plus, par le lemme 2.1.3, eγ ne s’accumule pas dans Seγ. On déduit donc queeγ se sépare positivement et négativement de Seγ, ce qui implique queeγ traverse ou visite B(Seγ). Comme enfin le nombre d’intersection de Seγ avecγ est +1, alors le nombree d’intersection deeγ avec Seγ est −1, donc la seule possibilité est que eγ traverse B(Seγ) de droite à gauche.

2.1.2.b Approximations

Dans la suite, on s’intéressera au comportement de trajectoires vis-à-vis des bandes définies par certains lacets bien particuliers, obtenus en approximant la trajectoire dans le sens suivant :

Définition 2.1.12. Soit α : R → ge dom(F ) un chemin transverse. On dit qu’un chemin transverse eγ : R → gdom(F ) est une approximation de α si :e

-eγ : R → gdom(F ) est un T −lacet transverse pour un certain T ∈ G \ {Id}, et - il existe deux réels a < b tels queαe|[a,b] est équivalent à eγ|[0,1].

Définition 2.1.13. Soit α : R → M un chemin transverse. On dit qu’un lacet transverse γ : R → M est une approximation de α si γ possède un relevéeγ : R → gdom(F ) qui est une approximation d’un relevéα : R → ge dom(F ) de α.

Le choix du terme “approximation” est motivé par le cas d’un cheminα récurrent : ene effet, dans ce cas,α a des portions aussi grandes que l’on veut qui relient deux relevés d’unee même feuille de F . Chacune de ces portions est donc équivalente à un chemin qui relève un lacet, et qui, périodisé, définit exactement une approximation deα telle que définie ene 2.1.12. En un certain sens, on peut considérer que la suite des lacets obtenus en choisissant des portions de plus en plus grandes approche le chemin globalα.e

Donnons pour conclure un résultat simple mais qui nous sera utile :

Lemme 2.1.14. Soit α : R → M et β : R → M deux chemins transverses et γ une approximation de α. Si β s’accumule dans γ, alors β s’accumule dans α.

Démonstration. Supposons que β s’accumule positivement dans γ (le cas où l’accumulation a lieu négativement étant similaire). Il existe des relevés eβ eteγ de β et γ, et trois réels t0, et t < t0 tels que eβ|[t0,+∞[ est équivalent à eγ|[t,t0[ : on peut les choisir (quitte à prendre de plus grands réels t0 et t), de sorte qu’il existe N ∈ Z tel que N < t < t0≤ N + 1. De plus, par définition d’une approximation, il existe un relevéα de α, un relevée eγ de γ qui est un T −lacet (pour un certain T ∈ G \ {Id})), et a < b tels que αe|[a,b] est équivalent à eγ|[0,1]. Comme eβ|[t0,+∞[est équivalent àeγ|[t,t0[, alors il est équivant à un sous-chemin deeγ|[N,N +1], donc à un sous-chemin de TNeγ|[0,1], donc à un sous-chemin de TNαe|[a,b]. Autrement dit, eβ s’accumule dans TNα, et donc β s’accumule dans α.e

2.1.2.c Quelques cas d’intersection F −transverse

Dans certains cas, les positions relatives de chemins transverses par rapport à la bande définie par une de leurs approximations permettent immédiatement de trouver des chemins transverses qui s’intersectent F −transversalement. La première de ces situations est la suivante :

Proposition 2.1.15. Soitα : R → ge dom(F ) un chemin transverse, eteγ une approximation deα. Sie α visite B(e γ), alorse α relève un chemin ayant une auto-intersection F −transverse.e Démonstration. Par définition d’une approximation, eγ est un T −lacet pour un certain T ∈ G \ {Id}. Notons eφ la feuille passant pareγ(0) :α rencontre donc ee φ et T eφ. On suppose queα visite B(e γ) par la droite, l’autre cas étant similaire.e

Comme α visite B(e eγ) par la droite, il existe deux réels t < t0 tels que eφ

e

α(t) et eφ

e α(t0)

appartiennent à ∂BR(γ). Les deux feuilles ee φ et T eφ appartenant à B(γ), elles sont donce rencontrées par α entre ee φ

e α(t) et eφ e α(t0) : il s’ensuit que eφ e α(t) est à droite de eφ et de T eφ, et que eφ e α(t0) est à gauche de eφ et de T eφ.

La trajectoire Tα, quant à elle, rencontre T ee φ

e α(t)et T eφ e α(t0). Comme eφ e α(t)est à droite de e φ, alors T eφ e

α(t)est à droite de T eφ. Le lemme 2.1.10 implique de plus que T eφ

e α(t)6= eφ e α(t): il s’ensuit, comme T eφ e α(t)et eφ e

α(t)sont dans ∂Bd(γ) et à droite de T ee φ, que eφ

e

α(t)est en-dessous de T eφ

e

α(t) par rapport à T eφ. De même, le lemme 2.1.10 donne eφ

e

α(t0) 6= T eφ

e

e φ

e

α(t0) et T eφ

e

α(t0)sont dans ∂Bd(eγ) et à gauche de T eφ, alors T eφ

e

α(t0)est en-dessous de eφ

e α(t0)

par rapport à T eφ.

Les positions des quatre feuilles eφ

e α(t), eφ e α(t0), T eφ e α(t) et T eφ e

α(t0) par rapport à T eφ im-pliquent alors que α et Te α s’intersectent ee F −transversalement, c’est-à-dire par définition que la projection deα à M a une auto-intersection F −transverse.e

Figure 2.3 – Preuve de la proposition 2.1.15

Le deuxième résultat concerne le cas où un chemin transverse traverse la bande définie par une de ses approximations :

Proposition 2.1.16. Soitα : R → ge dom(F ) et eβ : R → gdom(F ) deux chemins transverses, eteγ une approximation de α. Soit T ∈ G \ {Id} tel quee eγ est un T −lacet.

Si α traverse B(e eγ) de droite à gauche et eβ traverse B(eγ) de gauche à droite, alors il existe n ∈ Z tel que α et Te nβ s’intersectent ee F −transversalement.

Si α traverse B(e eγ) de gauche à droite et eβ traverse B(eγ) de droite à gauche, alors il existe n ∈ Z tel que α et Te nβ s’intersectent ee F −transversalement.

Démonstration. On traite ici le cas où α traverse B(e eγ) de droite à gauche et eβ traverse B(eγ) de gauche à droite (l’autre cas étant similaire).

Comme eβ traverse B(eγ) de gauche à droite, il existe s < s0 tels que eφ

e

β(s) ∈ ∂BL(eγ) et e

φ

e

β(s0)∈ ∂BR(eγ). De plus, eβ|]s,s0[ est alors inclus dans B(eγ), donc on peut choisir r ∈ R tel que eβ|]s,s0[ rencontre eφ e γ(r) : ainsi, eφ e β(s) est à droite de eφ e γ(r) et eφ e β(s0) est à gauche de eφ e γ(r). Comme maintenant α traverse B(e eγ) de droite à gauche, il existe deux réels t < t0 tels que eφ

e

α(t) ∈ ∂BR(eγ) et eφ

e

α(t0) ∈ ∂BL(γ). Notant ee φ la feuille passant pas eγ(0), et {r} la partie fractionnaire de r, la feuille eφ

e

γ({r}) est alors entre eφ et T eφ, donc elle est rencontrée parα entre ee φ e α(t) et eφ e α(t0) : il s’ensuit que eφ e α(t) est à droite de eφ e γ({r}), et que eφ e α(t0) est à gauche de eφ e γ({r}).

Les deux feuilles T−brcφe

e

β(s) et eφ

e

α(t) sont donc situées à droite de eφ

e

γ({r}) : comme la première est dans ∂BL(eγ) et la seconde dans ∂BR(eγ), on déduit que T−brcφe

e β(s) est en-dessous de eφ e α(t)par rapport à eφ e γ({r}). De même, T−brcφe e β(s0) et eφ e

de eφ

e

γ({r}): comme la première est dans ∂BR(eγ) et la seconde dans ∂BL(eγ), on déduit que e φ e α(t) est en-dessous de T−brcφe e β(s) par rapport à eφ e γ({r}). Les positions des quatre feuilles T−brcφeβ(s)e , T−brcφeβ(se 0), eφ

e α(t)et eφ e α(t0) par rapport à la feuille commune eφ e

γ({r})montrent queα et Te −brcβ s’intersectent ee F −transversalement.

Figure 2.4 – Preuve de la proposition 2.1.16