1.2 Théorie du radar courte portée
1.2.7 Balayage en fréquence (FMCW)
1.2.7.1 Présentation du signal chip linéaire et son autocorrélation
Le balayage en fréquence, ou FMCW, permet d'obtenir une large bande de fréquence en
balayant progressivement la bande de fréquence utile. On s'intéressera dans cette section
à la forme d'onde FMCW linéaire communément appelée chirp. Le radar émet une onde
sinusoïdale dont la fréquence instantanée varie linéairement au cours du temps, sur une
durée T. La fréquence instantanée fˇest dénie pour les signaux bande étroite par :
ˇ
f(t) = 1
2π
dφ(t)
dt (1.17)
où φ(t) représente la phase du signal.
rampe en fréquence sur la durée T. Il s'écrit donc :
i(t) =A ei(παt
2+f
mint) avec α= B
T =
fmax−fmin
T (1.18)
Nous présentons sur Figure 1.15 et Figure 1.16 l'étude de plusieurs chirps possédant
diérentes valeurs de bande passante, le cas [3,6] GHz étant celui qui possède la plus
grande bande passante (en bleu). Nous nous intéresserons aux propriétés impulsionnelles
de la fonction d'autocorrélation.
Sur ces gures, on distingue les signaux suivants (dans l'ordre) :
les chirps dans le domaine temporel. L'ordre de grandeur de la durée T du signal
dans les applications TTW est de 2 ms, ce qui correspond à6 106 périodes à 3 GHz
( 3 GHz étant la fréquence minimale). La présentation graphique proposée se base
sur des signaux d'une durée plus courte pour rendre le visuel ecient (correspondant
à une centaine de périodes) mais le principe restera équivalent pour des durées plus
grandes ;
le signal associé à la fréquence instantanée de chaque chirp exprimée en fréquence
réduite par rapport à la fréquence d'échantillonnage des chirps (Fs= 100GHz) ;
la fonction d'autocorrélation de ces diérents chirps ;
un zoom sur le lobe central d'autocorrélation.
Sur la Figure 1.15, le signal d'autocorrélation peut sembler posséder de meilleures
caractéristiques qu'une impulsion gaussienne (lobe central plus restreint).
L'explication de ce phénomène peut se voir de diverses façons :
un saut de fréquence instantanée. Cependant, la notion de fréquence instantanée avec
laquelle nous venons de dénir le signal est uniquement valable pour les signaux à
bande étroite, ce qui suppose que le signal d'amplitudeA(t) ait une rapidité
d'évo-lution très inférieure à une période defmin. Sur les extrémités de début et de n du
signal, la notion de fréquence instantanée n'est alors pas dénie correctement.
une discontinuité d'amplitude analytique. En eet, le signal d'amplitudeA(t)
corres-pond à une fenêtre rectangulaire qui correscorres-pond au signal. Ce signal présente alors
des discontinuités, créant alors articiellement une forte bande passante instantanée,
introduisant ce rétrécissement.
La fonction d'autocorrélation est donc dépendante de la fenêtre choisie dans le domaine
temporel, car elle peut aussi se construire en passant par la transformée de Fourier. Les
caractéristiques impulsionnelles de la fonction d'autocorrélation sur la Figure 1.15 sont alors
en grande partie dues à la troncature des signaux par la fenêtre rectangulaire qui engendre
une discontinuité d'amplitude impliquant une augmentation de la bande passante. Cela
provoque alors un rétrécissement (temporel) du pic principal, qui n'est pas dû à la forme
d'onde FMCW en tant que telle, mais à un artefact de construction provenant de la rupture
de fréquence instantanée aux discontinuités d'amplitudes.
La Figure 1.16 montre les mêmes signaux, mais en adoptant une fenêtre de Hamming
sur les signaux pour conserver uniquement les propriétés dues à l'évolution linéaire de la
fréquence instantanée. On retrouve alors un signal d'autocorrélation avec une enveloppe
grossièrement gaussienne, qui présente alors les mêmes propriétés impulsionnelles qu'une
impulsion gaussienne dans le domaine temporel.
0 200 400 600 800 1000
0 200 400 600 800 1000
0.000.02
0.04
0.06
0.08
0.10
200 300 400 500 600 700 800
450 500 550 600
FIGURE 1.15 Représentation de diérents signaux FMCW, jusqu'à 3 à 6 GHz de bande passante.
(a) domaine temporel,
(b) représentation en fréquences instantanées,
(c) visualisation de la fonction d'autocorrélation de ces diérents chips linéaires,
(d) zoom sur l'impulsion.
0 200 400 600 800 1000
0 200 400 600 800 1000
0.00
0.02
0.04
0.06
0.08
0.10
200 300 400 500 600 700 800
450 500 550 600
FIGURE 1.16 Représentation signaux FMCW fenêtrés par une fenêtre de Hamming.
1.2.7.2 Exploitation FMCW dans le domaine fréquentiel
Les propriétés impulsionnelles du signal d'autocorrélation ont été présentées. Dans la
littérature, la présentation du principe des radars FMCW à partir de sa fréquence
ins-tantanée uniquement est plus généralement rencontrée. Celle-ci étant proportionnelle au
décalage temporel,
il est alors possible d'obtenir par simple soustraction un signal intermédiaire
station-naire sur l'ensemble de la durée du chirpT, et donc exploitable directement par transformée
de Fourier.
Soit le signal d'émission modulé linéairement, avec comme fréquence instantanée :
ˇ
fi(t) =fmin+α t où α= B
T
En s'intéressant à un écho, on obtient la réplique du signal d'émission décalé
temporel-lement. Pour un décalage temporel d'une durée∆t, la fréquence instantanée vérie :
ˇ
Les signaux d'émission et de réception sont superposés temporellement sur la majorité
de la durée du chirp ( cf. Figure 1.18). On est alors en mesure d'utiliser une démodulation
hétérodyne et un ltrage passe bas entre le signal d'émission et le signal de réception. Cette
opération analogique permet d'obtenir :
∆ ˇf(t) = ˇfr(t)−fˇi(t)
=α∆t ∀t
soit :
∆ ˇf = B
T ∆t (1.19)
Ce battement en fréquence est donc stationnaire, i.e il n'évolue pas en fonction du
temps. La Figure 1.17 représente ce signal stationnaire en vert dans le domaine temporel.
Celui-ci est dès lors directement accessible par transformation de Fourier.
FIGURE 1.17 Visualisation du signal composite reçu en fonction du temps, avec troncature ( par
une fenêtre rectangulaire) au niveau des discontinuitées des fréquences instantanées.
Visualisation du signal de battement (vert) stationnaire sur la durée d'analyse, obtenu par
démo-dulation hétérodyne en électronique HF.
La Figure 1.18 représente ce mécanisme dans l'espace temps - fréquence :
FIGURE 1.18 ( colonne 1) représentation temps-fréquence de la fréquence instantanée d'une rampe.
(a) fréquence instantanée des signaux, (b) de-ramping des signaux par soustraction avec∆f ∝∆t
Dans le document
Concept de radars novateurs pour la vision à travers les milieux opaques
(Page 40-45)