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Bâti actuel et vulnérabilité – les actions

CHAPITRE 6 : ALEA LOCAL

8. Poursuite des investigations

8.3. Bâti actuel et vulnérabilité – les actions

Comme nous l’avons vu, la vétusté des bâtiments joue un rôle majeur au niveau de la vulnérabilité du bâtiment à l’agression sismique. Il est donc nécessaire de réaliser une image actuelle du bâti de la Principauté en fonction de l’âge mais aussi des grands procédés de construction.

Cette image actuelle n’est pas représentative du nombre de logements mais juste de l’emprise au sol des bâtiments ou de blocs de bâtiments. Cette investigation ne permet pas de déterminer les pourcentages de logements compris dans chacune de ces catégories. Cela relèverait plutôt d’une étude de scénario catastrophe à l’image de ce qui a été fait dans le cadre de RISK-UE (Mouroux, 2003) ou de GEMGEP (2005). Certaines tendances peuvent se dégager et être utiles dans le pré-diagnostic de l’état et donc de la vulnérabilité du bâti monégasque à l’agression sismique.

- Les bâtiments construits uniquement en maçonnerie représentent plus de la moitié de la surface occupée au sol. Les deux quartiers principaux sont comme nous l’avons vu le Rocher de Monaco et celui de la Condamine auxquels peuvent se rajouter le quartier du Jardin Exotique, de Plati et de celui de Monéghetti et dans une moindre mesure celui de Monte-Carlo et de Saint Roman.

- La quasi totalité des maisons construites en front de mer sont récentes et présentent, de ce fait, toutes des dispositions parasismiques.

Chapitre 6 : Aléa local 500 mètres 1990-2004 1860-1910 antérieur à 1860 1911-1933 1934-1944 1945-1959 1960-1969 1970-1979 1980-1989 Maçonnerie Béton armé

Béton armé avec dispositions parasismiques

Figure 106 : Plan de Monaco avec les bâtiments ou blocs de bâtiments représentés par périodes et par procédés de construction : vert : maçonnerie; bleu : béton armé; marron orangé : béton armé avec dispositions parasismiques. Chacune de ces grandes périodes a été subdivisée en plusieurs catégories (nuances de la couleur) afin de tenir compte de l’âge et donc de la vétusté du bâti (Sources : DPEU – DEUC).

Les terrains en Principauté les plus pénalisants au niveau de la vibration sismique sont les terrains anthropiques formés de matériaux hétérogènes d’origines variées (page 148). Tous les bâtiments sur ces terrains sont construits suivant les normes parasismiques. Si les meilleures précautions sont prises pour ces bâtiments, il n’en est pas de même pour les bâtiments les plus anciens. Ces derniers sont construits généralement sur des terrains au comportement plus favorable à la sollicitation sismique. Il nous semble nécessaire actuellement, sans diminuer notre effort au niveau de l’application des règles parasismiques, de s’occuper du bâti ancien, qui de par la vétusté, est rendu vulnérable à l’agression sismique.

Lors d’un séisme majeur pour le bâti ancien, la distribution des dommages dépend de l’aléa local mais aussi d’autres facteurs de nature structurelle : type de sol porteur, type de fondation, distribution de murs porteurs, présence ou non de chaînage, type de charpente, distributions des ouvertures, surélévations …

Un bâtiment peut apparaître bien entretenu car une attention a été portée uniquement à la préservation de son apparence esthétique, plâtre récent et belles peintures ne signifient pas que le système structural du bâtiment est également en bon état (EMS-98).

Ainsi il serait nécessaire de porter une attention toute particulière à la vieille ville sur le Rocher pour plusieurs raisons :

Chapitre 6 : Aléa local

- la plupart des bâtiments ont déjà souffert lors du séisme de 1887 ; - ils ont depuis subi plusieurs surélévations décalées dans le temps ;

- l’attrait touristique des ruelles du Rocher a induit des aménagements en rez-de- chaussée tels que l’augmentation des surfaces de vitrine. Celles-ci introduisent des « transparences » toujours néfastes, qui contribuent notablement à l’augmentation de la vulnérabilité. En effet les bâtiments anciens à rez-de-chaussée commercial, caractérisés par des transparences importantes (50% de la surface contre 25% dans les étages supérieurs) présentent une vulnérabilité majorée de 20% par rapport aux bâtiments anciens normaux (GEMGEP, 2005) ;

- d’éventuels dégâts des eaux ont pu favoriser le pourrissement des poutres transverses en bois qui soutiennent les planchers et fragilisent l’ensemble.

Un exemple de réhabilitation « radicale » sur le Rocher de Monaco concerne l’immeuble situé à l’angle de la rue de Vedel et de la rue Emile de Loth. Cet immeuble a été détruit et reconstruit dans le même style mais avec des dispositions parasismiques. Pour une surface de plancher de 63 m2, c’est plus de 12 m2 par niveau qui ont pu être gagnés sans pour autant augmenter l’emprise du bâtiment au sol. Cette réhabilitation présente deux intérêts :

- un intérêt au niveau de la vulnérabilité puisqu’il a été complètement détruit et reconstruit avec des dispositions parasismiques en reproduisant à l’identique le cachet extérieur de l’immeuble précédent ;

- un intérêt économique, avec un gain en m2 non négligeable.

Cet exemple prouve qu’il serait bon de favoriser ce genre de réhabilitation du fait de son intérêt sécuritaire mais aussi économique. Notons toutefois qu’il serait préférable de traiter l’ensemble du pâté de maisons afin que lors de la sollicitation sismique la période propre d’oscillation de toutes les maisons soit identique. Sans pour autant atteindre ce choix extrême qui ferait perdre le « cachet » du vieux Monaco, il existe des dispositions constructives d’aménagements permettant de diminuer la vulnérabilité des bâtiments.

Dans le cadre d’une réhabilitation, les modifications apportées aux bâtiments anciens devraient leur assurer un meilleur comportement à l’action sismique. Si l’on consolide les éléments horizontaux en remplaçant les planchers ou en insérant des éléments de liaisons, la performance est améliorée. Si en outre on applique des injections de mortier ou d’époxy ou un chemisage de béton armé, les performances peuvent atteindre les classes attribuées aux bâtiments ayant une conception parasismique (EMS-98).

Cette classification globale (Figure 106) mériterait – elle d’être affinée à l’image de ce qui a été réalisé dans le cadre du projet RISK-UE (Mouroux, 2003) pour Nice, à savoir la définition de typologies constructives différentes (17 catégories différentes : 7 pour la maçonnerie, 6 pour le béton armé, 3 pour l’acier et 1 pour le bois) ?

Une classification plus précise ne semble pas nécessaire dans le contexte urbanistique de la Principauté pour deux raisons :

- Monaco a une petite superficie de 2 km2. La politique d’urbanisation actuelle va, sans que ce soit l’objectif premier, dans le sens d’une diminution du risque avec le

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remplacement de certains quartiers entiers par des immeubles modernes présentant des dispositions parasismiques.

- Les quartiers les plus anciens qui font l’objet d’une protection au niveau du règlement d’urbanisme sont bien connus et mériteraient de toute manière une attention toute particulière en fonction de leur ancienneté.

C’est pour ces diverses raisons que sans pour autant s’étendre dans une étude du style GEM- GEP (2005) à Nice, il nous paraît utile de lancer une réflexion sur l’adaptation du bâti ancien aux normes parasismiques (sortie prévue fin 2005) ou sur sa réhabilitation éventuelle.

Une telle réflexion permettrait :

- l’identification des courbes de vulnérabilité spécifiques au contexte monégasque (plus adaptées que celles des échelles MSK-EMS) afin de combiner des cartes d’aléa local avec des courbes de vulnérabilité du bâti ancien pour obtenir des cartes de risques de dommages ;

- le renforcement des structures de cette époque en s’appuyant sur l’analyse des zones typiquement endommagées.