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CHAPITRE 6 : ALEA LOCAL

7. Approche de l’aléa tsunami

La Principauté, de par sa position côtière et l’extension de son territoire en mer, semblerait être vulnérable à l’occurrence d’un éventuel tsunami. L’objectif de ce chapitre est d’apprécier l’aléa tsunami. Nous avons vu précédemment, que dans la région, il existe de nombreuses données instrumentales et historiques sur la sismologie. Les données concernant les tsunamis y sont beaucoup plus rares. Les données historiques dans notre région ne concernent que des mouvements de mer d’amplitude inférieure à 2 mètres. Les données instrumentales se limitent aux enregistrements de mouvements de mer suite au séisme Ligure de 1887 (Eva, 1997) et au microtsunami du 21 mai 2003, engendré par le séisme de Boumerdès, qui sera traité dans ce chapitre.

Concernant l’approche de cet aléa, nous distinguerons d’une part, les tsunamis engendrés par des glissements sous-marins qui peuvent avoir diverses origines (exemple celui de l’aéroport de Nice) et d’autre part, les tsunamis causés par des séismes majeurs ou explosions d’appareils volcaniques.

Nous détaillerons ensuite les enregistrements du microtsunami enregistré par le marégraphe de Monaco le 21 mai 2003 suite au séisme de Boumerdès en Algérie.

Chapitre 6 : Aléa local

7.1. Les différents types de tsunamis qui pourraient atteindre Monaco

Pour Monaco, un éventuel tsunami peut avoir deux origines. Il peut être la conséquence d’un glissement sous marin ou être directement lié à un phénomène sismique ou volcanique majeur.

a) Les tsunamis engendrés par des glissements sous-marins

Un glissement de terrain sous-marin provient de l’effondrement d’un versant qui était en limite de stabilité. Cet équilibre peut être contrarié par de multiples causes.

- Tsunami de l’aéroport de Nice.

Le 16 octobre 1979, une partie de la plate forme de remblaiement de l’aéroport de Nice était emportée par un glissement sous-marin affectant les sédiments plio- quaternaires sur une épaisseur d’environ 20 m (Mulder, 1993). Après une baisse sensible du niveau de la mer, une vague estimée entre 2,5 et 3 mètres de hauteur a déferlé sur Antibes à 14h06, tuant une personne. Le cubage des sédiments éboulés a été estimé à 400 millions de m3 et les oscillations consécutives ont duré plus de 4 heures affectant le littoral sur un front de 100 km (Gennesaux, 1980).

A Nice, les volumes d’apports fluviaux sont importants, ils modifient les charges des versants sous-marins de l’embouchure du Var. Le 16 octobre 1979 c’est ce grand volume de sédiments probablement en limite de stabilité qui s’est effondré.

- Tsunami du 21 mai 2003

Le tsunami du 21 mai 2003, est similaire quant à sa cause au précédent. Seul le phénomène déclencheur est différent. Ici il s’agit du séisme de Boumerdès. L’importance de ce tsunami (vagues de 2 à 3 mètres à Palma de Majorque) dû à un séisme de magnitude 6.8 a surpris la communauté scientifique. Seuls des effondrements sous-marins de terrains instables, à l’origine de la rupture des câbles de communication, peuvent être à l’origine de ce tsunami (Hébert et Alasset, 2003).

b) Les tsunamis dévastateurs d’origine sismique ou volcanique

Ce sont les tsunamis qui présentent des vagues d’ordre métrique représentant un danger pour la population côtière.

- les tsunamis sismiques

Ces tsunamis nécessitent un séisme de magnitude supérieure à 7.5. Ils sont généralement associés à des mouvements verticaux du fond marin engendrés par le fonctionnement de failles normales ou inverses (cas du tsunami de Sumatra le 26 décembre 2004). Les séismes majeurs ont, en Méditerranée occidentale, une probabilité d’occurrence faible et semblent plutôt liés à des systèmes décrochants. Aucun tsunami dévastateur n’est connu historiquement en Méditerranée occidentale excepté celui de Messine en 1908 mais qui s’est limité à des effets locaux.

Chapitre 6 : Aléa local

- les tsunamis volcaniques

Un des tsunamis historiques majeurs en Méditerranée est dû à l’explosion d’un édifice volcanique. Il s’agit du Santorin dans la mer Egée 1500 ans av. J.C. qui a déclenché un raz de marée qui a ravagé la côte septentrionale de la Crête. Les édifices volcaniques en activité qui pourraient présenter un risque en Méditerranée occidentale sont ceux d’Italie du sud dans la région de Naples ou des îles Eoliennes. Pour ces derniers la Corse et la Sardaigne constitueraient des protections assez efficaces contre l’arrivée de vagues destructrices sur Monaco.

7.2. Traitement du microtsunami enregistré à Monaco le 21 mai 2003.

Ces données ont été enregistrées sur des marégraphes Morse HT200 du SHOM avec un pas de temps de 10 minutes. Cette fréquence d’échantillonnage ne permet pas de faire des comparaisons fines entre les divers enregistrements. En effet, le décalage entre les temps d’arrivée des ondes sur les diverses stations (Ajaccio, Toulon, Nice et Monaco) et le pas de temps de la mesure ne permettent pas d’apprécier l’amplitude maximale atteinte par l’oscillation principale et interdisent toute comparaison d’un site à l’autre.

Un traitement a toutefois été appliqué pour présenter ce mouvement de mer anormal. C’est la même méthode de détermination que celle du système d’alerte sismique de Monaco qui a été utilisée. Le signal utile, c’est-à-dire le tsunami proprement dit, a été filtré du signal du marégraphe par la méthode SSA (annexe 9).

Monaco -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 Ajaccio -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 Nice -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 Toulon -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Monaco

Toulon

Ajaccio

Nice

c m c m c m c m 3 h. 3 h. 3 h. 3 h. 20h30

Figure 105 : Enregistrements le 21 mai 2003 du tsunami lié au séisme de Boumerdès par les marégraphes du SHOM situés sur les côtes de la mer Ligure.

Chapitre 6 : Aléa local

Les premières oscillations anormales ont touché Monaco vers 20h30 TU soit environ 80 minutes après le séisme. Ce tsunami, qui a atteint une dizaine de centimètres sur les rivages de la mer Ligure, a été enregistré par les différents marégraphes dont celui de Monaco avec une amplitude de 10 cm. Les oscillations consécutives ont duré plus de 24 heures.

7.3. Les particularités de Monaco face au risque de tsunami

Nous avons vu que le risque d’un tsunami dévastateur en mer Ligure est improbable. Monaco pourrait-il être touché par une vague similaire à celle qui a touché Antibes lors du glissement sous-marin qui a emporté le remblais de l’aéroport de Nice ? Antibes fait face au versant Est sous-marin de l’embouchure du Var et présente un plateau continental plus développé qu’à Monaco. De plus le bassin versant monégasque limité aux premières crêtes a une superficie réduite et les apports terrigènes y sont très faibles. Ces quelques particularités mettent la Principauté à l’abri d’un phénomène similaire. Même si un glissement de terrain dans les sédiments jeunes accumulés sur le talus est possible, les mouvements de mer engendrés resteraient mineurs.

La bathymétrie des fonds sous-marins monégasques avec l’absence de plateau continental est plutôt favorable à la modération de cet aléa. En effet d’éventuelles ondes marines du tsunami à l’approche des côtes n’auraient pas le temps de dissiper leur énergie sous forme de vagues destructrices.

En conclusion, les arguments historiques, géographiques et bathymétriques nous permettent d’affirmer que l’aléa d’un tsunami dévastateur sur Monaco est très faible.