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CHAPITRE III : Le psoriasis

4. Rôles des cytokines proinflammatoires dans les lésions psoriasiques

4.1. L’axe Th IFN γ/TNF

4.2.1. L’IL-23

L’IL-23 est une protéine hétérodimérique composée de l’IL-23p19 et de l’IL-12p40 qu’elle partage avec l’IL-12 (Figure 19).

L’IL-23 se fixe sur un récepteur hétérodimérique composé de la sous-unité l’IL-12R1, utilisée également par l’IL-12, et de l’IL-23R, qui lui est spécifique. La sous-unité IL-23R est

exprimée sur les LT, les DC et les macrophages. Les sous-unités p40 et p19 de l’IL-23 se lient

respectivement à l’IL-12R1 et l’IL-βγR, conduisant à l’activation de Tykβ et de Jakβ suivie de la phosphorylation de STATγ et d’ IκBα qui entraine l’activation de NFκB. Ensuite les

dimères de STAT3 phosphorylés sont transportés vers le noyau où ils initient l’activation de

la transcription des gènes ROR et ROR, permettant la différenciation des LTh17. Enfin

l’activation ultérieure des LTh17 permettra la production d’IL-17A, d’IL-17F, d’IL-22 et d’IL-23R (Di Cesare et al., 2009).

Les deux sous-unités de l’IL-23p29 et p40 sont surexprimées dans la peau psoriasique

lésionnelle par rapport à la peau non lésionnelle (Lee et al., 2004; Piskin et al., 2006). En

revanche, aucune différence d’expression n’a été trouvée pour la sous-unité p35 (sous-unité spécifique de l’IL-12). (Lee et al., 2004). Dans le psoriasis elle provient de plusieurs sources

cellulaires : les mDC CD11C+, les macrophages (CD163+) et probablement les kératinocytes

(Di Cesare et al., 2009). Le nombre de LT et de DC exprimant à leur surface l’ILβγR est

fortement augmenté dans les lésions psoriasiques par rapport à la peau normale, et les cellules

T expriment un taux plus élevée d’IL-23R (Tonel et al., 2010a).

Il est évident que l’IL-23 joue un rôle important le développement et le maintien du phénotype psoriasique. En effet, des polymorphismes des gènes du récepteur de l’IL-23 et de

la sous-unité p40 commune à l’IL-1β et à l’IL-23 sont associés à un risque élevé de

développer du psoriasis (Cargill et al., 2007). L’importance de ces observations génétiques est

soulignée par l’administration d’un anticorps anti-p40 chez ces individus qui a entrainé une

amélioration rapide de la maladie (Cargill et al., 2007). En effet, des polymorphismes des

gènes du récepteur de l’IL-23 et de la sous-unité p40 commune à l’IL-1β et à l’IL-23 sont

associés au psoriasis (Cargill et al., 2007). Les premières études ont montré que les souris

exprimant constitutivement l’IL-23p19 développent une inflammation dans de multiples organes dont la peau, suivie d’une mort prématurée des animaux (Wiekowski et al., 2001). Plus tard, un modèle de souris transgéniques surexprimant constitutivement l’IL-23p19 au niveau de la couche basale de l’épiderme a été mis au point (Kopp et al., 2001, 2003). Ces

souris développent spontanément une inflammation cutanée caractérisée par une

augmentation du nombre de LC et d’une infiltration dermique massive de LT, macrophages,

polynucléaires neutrophiles et éosinophiles, et de mastocytes (Kopp et al., 2001, 2003).

psoriasique caractérisé par un érythème, une augmentation de la vascularisation, une

hyperplasie de l’épiderme accompagnée d’une parakératose et la présence de microabscès de

Munro (Chan et al., 2006). Ces mêmes auteurs ont montré que l’inflammation induite par

l’IL-βγ est dépendante de TNF et de l’IL-20R2. Dans un modèle de psoriasis humain par xénogreffe de peau lésée chez la souris, l’injection d’anticorps monoclonal anti-IL-23 inhibe

significativement la progression du psoriasis, tout comme les anti-TNF, (Tonel et al., 2010a). Dans un modèle de psoriasis murin induit par un agoniste de TLR7, les souris déficientes en IL-βγp19 sont complètement protégées de l’inflammation avec une absence d’expression des

cytokines Th17 telles que l’IL-17A et l’IL-17F (van der Fits et al., 2009). De même, les souris

transgéniques K5.Stat3C exprimant constitutivement STAT3 dans les kératinocytes et développant des lésions cutanées similaires à ceux observés dans le psoriasis humain, ont été

traitées par un anticorps anti-IL-βγpβ9. Cela engendre une diminution de l’expression des

cytokines Th17 comme l’IL-17A, l’IL-17F et l’IL-22, et de leurs gènes cibles comme les -

défensines BD3 et BD4 et les protéines de la famille S100A dans les lésions cutanées

(Nakajima et al., 2011). En résumé, toutes ces données confirment que l’IL-23 joue un rôle

important, en amont des LTh17, et que son expression est suffisante pour initier le développement des lésions psoriasiques.

4.2.2. L’IL-17A

Sur la base de leur homologie de structure, les membres de la famille de l’IL-17

comprennent 6 cytokines dont l’IL-17A, IL-17B, IL-17C, IL-17D, IL-17E (IL-25), IL-17F et

5 récepteurs dont IL-17RA, IL-17RB, IL-17RC, IL-17RD, IL-17RE (Figure 20). L’IL-17A

partage 16% à 50% d’identité de séquence d’acides aminés avec les autres membres de la

famille, l’IL-17F étant la plus homologue et l’IL-17E la moins. Des études de structures ont montré que l’IL-17A et l’IL-17F peuvent former des homodimères IL-17A/A ou IL-17F/F,

mais aussi des hétérodimères IL-17A/F (Wright et al., 2008). L’IL-17A et l’IL-17F

signalisent à travers les récepteurs hétérodimériques IL-17RA et IL-17RC, tandis que l’IL-

17E utilise le complexe formé par l’IL-17RA et l’IL-17RB ; l’homodimère formé par ce

Introduction

Figure 20. Cytokines de la famille de l’IL-17 et leurs récepteurs.

Modifié d’après (Gaffen, 2009).

La signalisation induite par la fixation des homodimères d’IL-17A ou d’IL-17F ainsi que des

hétérodimères sur leur récepteur implique les mêmes cascades d’activation NF-κB, MAPK et

C/EBP afin de réguler l’expression de cytokines et de chimiokines proinflammatoires cibles

(Figure 21).

Figure 21. Activation de la signalisation par l’IL-17A (Song and Qian, 2013).

IL-17F IL-17RC IL-17RA IL-17RA IL-17RB IL-17RD IL-17RE FN1 FN2 SEFIR TILL CBAD

IL-17A ILIL-17F-17A– IL-17E IL-17B IL-17C IL-17D

Unknown ligand Unknown receptor Unknown ligand IL-17A IL-17RB IL-17RA IL-17RD –IL – –/– ligand–r – – – β Ligand

inconnu Ligand inconnu

Récepteur inconnu

Ainsi lors de la fixation du ligand, ACT1 est recrutée ; suivie du recrutement de TRAF6 qui

est nécessaire à l’activation des voies JNK et NFB. Le complexe TAK1 (TAK1/TABβ/TABγ) en aval de TRAF6 est nécessaire à l’activation de NFB. En parallèle ACT1 est aussi essentiel à l’activation de C/EBP ainsi qu’à la stabilisation d’ARNm via le

recrutement de TRAF2 et TRAF5 (Figure 21).

Parmi les cytokines de la famille, l’IL-17A et l’IL-17F sont les plus décrites. Ainsi les

cellules T CD4+ productrices d’IL-17A et d’IL-17F ont été définies comme une sous-

population particulière de LT auxiliaires, les LTh17. Outre les Th17, plusieurs autres

populations de lymphocytes produisent également l’IL-17A et l’IL-17F, comme des LT CD8+

cytotoxiques (Tc17), des LT (-17), ou des NKT-17 (Cua and Tato, 2010). En parallèle,

les monocytes, les neutrophiles et les NK sont capables de produire l’IL-17A et l’IL-17F, de

même que les cellules endothéliales et les cellules de Paneth (Cua and Tato, 2010). Les cellules tissulaires locales comme les cellules épithéliales, les kératinocytes, les cellules

endothéliales, les fibroblastes et les cellules musculaires sont les principales cibles de l’Il-17A et de l’IL-17F, bien que des cellules immunitaires comme les macrophages, les LT et LB

répondent également à ces cytokines (Cua and Tato, 2010).

Dans le psoriasis, en plus des LTh17 (Pène et al., 2008; Wilson et al., 2007), d’autres

sources cellulaires de l’IL-17A ont été identifiées. Les LT CD8+

IL-17+ sont présents dans les

lésions psoriasiques et produisent des cytokines proinflammatoires telles que le TNF,

l’IFN, l’IL-β1, l’IL-ββ et l’IL-17A (Ortega et al., 2009).

L’IL-17A seule ou synergie avec l’IFN- induit la production d’IL-6, de CXCL8 et l’expression d’ICAM-1 et de HLA-DR par les kératinocytes (Teunissen et al., 1998). Nous avons montré que le surnageant de LT isolé de peau psoriasique était capable d’induire un

phénotype de « type psoriasique » sur des kératinocytes en culture, qui résulte d’un effet

synergique entre les cytokines produites par les LT (Boniface et al., 2007a; Wilson et al.,

2007). Par exemple, la combinaison d’IL-17A et d’IFN- ou d’IL-17A et TNFα entraine un

effet synergique sur la production de CXCL8 (Albanesi et al., 1999; Teunissen et al., 1998).

L’IL-17A et l’IL-22 agissent en synergie pour induire la surexpression de BD2 et de S100A9

(Liang et al., 2006). En parallèle, les kératinocytes en culture stimulés avec l’IL-17A ou l’IL-

17F recombinantes expriment des peptides antimicrobiens comme les -défensines (BD2 et

(Guilloteau et al., 2010; Wilson et al., 2007). Dans cette étude nous avions montré que l’IL-

17A et l’IL-17F présentent des activités redondantes, même si l’IL-17A semble la plus puissante. De plus la combinaison de l’IL-17A avec l’IL-1, le TNF, l’OSM et l’IL-22, induit de manière synergique l’expression de tous ces marqueurs. Ces données montrent que l’IL-17A et l’IL-17F peuvent mobiliser, recruter et activer les cellules immunitaires comme

les neutrophiles (Guilloteau et al., 2010; Weaver et al., 2007).

Parallèlement, de nombreuses études in vivo mettent en évidence le rôle que l’IL-17 joue dans

le développement de l’inflammation cutanée de type psoriasique. Ainsi l’injection d’IL-23 recombinante dans l’oreille de souris C57BL6 induit un phénotype psoriasique caractérisée par une hyperplasie de l’épiderme et une surexpression d’IL-17A et d’IL-22. En revanche,

l’injection d’IL-23 chez des souris déficientes en IL-17A réduit le phénotype psoriasique

(Rizzo et al., 2011). De plus l’administration d’un anticorps monoclonal anti-IL-17 inhibe

complètement l’inflammation induite par l’IL-23 chez les souris sauvages (Rizzo et al., 2011). Dans un modèle de psoriasis induit par l’application cutanée d’imiquimod (ligand de TLR7),

les souris déficientes en IL-23p19 ou en IL-17RA présentent une inflammation moins sévère

que les souris sauvages et l’absence de microabscès de Munro (van der Fits et al., 2009). Dans

ce même modèle, les souris déficientes en IL-17A ou en IL-17F présentent un phénotype résistant comparable aux souris déficientes en IL-17RA (Pantelyushin et al., 2012; Tortola et

al., 2012). Ces données suggèrent que l’IL-17A/F est un des médiateurs importants en aval de

l’IL-βγ, nécessaires à l’établissement de l’inflammation cutanée, confirmant la pertinence de l’axe IL-βγ/Th17 dans l’initiation et le maintien du phénotype psoriasique.

4.2.3. L’IL-22

L’IL-ββ est une cytokine de la famille de l’IL-10. Cette famille est composée de 9 membres dont l’IL-10, l’IL-19, l’IL-β0, l’IL-ββ, l’IL-β4, l’IL-β6, l’IL-β8A, l’IL-β8B et l’IL-

29 (Tableau 4).

Ces cytokines sont codées par des gènes qui ont la même structure de base intron/exon, comprenant cinq exons codant pour les principales formes sécrétées. Ces gènes

sont situés sur le chromosome 1q pour les gènes de l'IL-10, l’IL-19, l’IL-β0, l’IL-24; sur le

chromosome 12q pour ceux de l'IL-β6 et l’IL-22 ; et sur le chromosome 19q pour ceux de

l'IL-28A, IL-28B, et l'IL-29 (Sabat et al., 2007). Bien que la fonction centrale de ces cytokines soit leur rôle dans la protection tissulaire, cette famille peut être scindée en plusieurs sous-familles selon la localisation chromosomique du gène, la structure de la

protéine et le récepteur membranaire utilisé. La première sous-famille comprend uniquement

l’IL-10 qui agit sur différents leucocytes et possède une activité anti-inflammatoire. La

seconde, appelée sous-famille de l’IL-20, est composée de l’IL-19, l’IL-β0, l’IL-ββ, l’IL-24,

l’IL-26. Ces cytokines agissent principalement sur des cellules épithéliales et participent à l’établissement des réactions de défense contre les pathogènes extracellulaires comme les

bactéries et les levures. De plus, les cytokines de cette sous famille favorisent le remodelage

tissulaire et possèdent des activités cicatrisantes, qui aident à maintenir l’intégrité tissulaire et restaurent l’homéostasie des épithéliums après l’établissement des réactions immunitaires et

inflammatoires. Le dernier groupe composé de l’IL-β8A, l’IL-β8B et l’IL-29 est responsable

des réponses antivirales similaires à celles des IFN de type I, mais en agissant en premier lieu sur les cellules épithéliales. De plus elles peuvent agir en synergie avec les IFN de type I pour

stimuler la réponse antivirale de l’hôte (Ouyang et al., 2011).

Tableau 4. Les cytokines de la famille de l’IL-10. Modifié d’après (Ouyang et al., 2011)

Cytokine Structure

Récepteurs

Sources Cibles Fonctions clés

Chaîne  Chaîne 

IL-10 Dimère IL-10R1 IL-10R2 Leucocytes Leucocytes Répression

immunitaire

IL-19 Monomère IL-20R1 IL-20R2 Cellules

myéloïdes, cellules épithéliales Cellules épithéliales Réponses antibactériennes, remodelage tissulaire, cicatrisation des plaies, Inflammation

IL-20 Monomère IL-20R1/

IL-22R

IL-24 Monomère IL-22R IL-20R2

Cellules myéloïdes,

cellules épithéliales,

Th2

IL-22 Monomère IL-22R IL-10R2 LT, NK,

NKT, LTi

IL-26 Dimère ? IL-20R1 IL-10R2

IL-28A Monomère IL-28R IL-10R2 Leucocytes,

cellules épithéliales Cellules épithéliales, leucocytes ? Réponses antivirales

IL-28B Monomère IL-28R IL-10R2

IL-29 Monomère IL-28R IL-10R2

Toutes ces cytokines exercent leurs activités biologiques via des récepteurs hétérodimériques

composés d’une chaîne réceptrice de type 1 (R1) et d’une chaîne réceptrice de type β (Rβ)

(Pestka et al., 2004b). Certaines de ces chaines sont partagées par plusieurs cytokines, expliquant leurs activités redondantes (Tableau 4). Nous nous intéresserons plus

particulièrement à l’IL-22 qui joue un rôle important dans le psoriasis, bien que certains

L’IL-10 est une protéine de 160 acides aminés et forme un homodimère lié de manière

non covalente. Elle se lie à deux chaînes réceptrices, l’IL-10R1 et l’IL-10Rβ. L’IL-10R1 est

structuralement proche de l’IFNR. L’IL-10 est produite à la fois par les cellules de l’immunité

innée et adaptative telles que les DC, monocytes/macrophages, mastocytes, cellules NK, éosinophiles, neutrophiles, LT CD4 et CD8 et LB. Comme toutes les cytokines de cette

famille, l’IL-10 active la voie de signalisation Jak-STAT (Figure 22) (Ouyang et al., 2011). L’IL-10R1 et l’IL-10Rβ s’associent respectivement avec Jak2 et Tyk2 (Finbloom and

Winestock, 1995) et aboutissent à l’activation de STAT1, STATγ et parfois STAT5.

Cependant STATγ semble critique dans la médiation des fonctions de l’IL-10 puisque ses

effets suppressifs sur la production de ces cytokines proinflammatoires sont complètement abolis dans les macrophages et les neutrophiles en absence de STAT3 (Takeda et al., 1999).

L’IL-10 inhibe la production d’IFN et d’IL-β par les Th1 mais également la production d’IL- 4 et d’IL-5 par les LThβ. De plus elle diminue l’expression d’IL-1, IL-1, IL-6, IL-12,

TNF et CXCL8 par les macrophages et d’IFN et de TNF par les NK (de Waal Malefyt et

al., 1991). Cependant l’IL-10 ne semble pas avoir d’activité sur les kératinocytes.

Figure 22. Récepteurs et signalisation de l’IL-10, IL-22 et IL-28.

Modifié d’après (Ouyang et al., 2011)

La sous-famille de l’IL-20 comprenant l’IL-19, l’IL-β0, l’IL-ββ, l’IL-β4 et l’IL-26, est

effet notre laboratoire et d’autres équipes ont montré que l’IL-19, l’IL-β0, l’IL-ββ et l’IL-24

sont surexprimées dans la peau psoriasique par rapport à la peau normale et qu’elles

pouvaient jouer un rôle important dans l’inflammation cutanée (Blumberg et al., 2001;

Boniface et al., 2005b; Otkjaer et al., 2005; Rømer et al., 2003; Wolk et al., 2004).

L’IL-19 partage β1% d’identité en acides aminés avec l’IL-10 (Gallagher et al., 2000).

Elle est produite notamment par les monocytes activés par le « lipopolysaccharide » (LPS) et

le prétraitement avec l’IL-4 et l’IL-13 amplifie significativement cette expression. (Gallagher

et al., 2000). Elle se fixe exclusivement sur le récepteur hétérodimèrique IL-20R1/IL-20R2

pour induire la réponse inflammatoire en stimulant l’expression d’IL-6 et du TNF par les

monocytes (Liao et al., 2002). Les kératinocytes sont également capables de produire l’IL-19

et ils expriment les chaines IL-20R1 et IL-20R2. Dans le psoriasis, une expression augmentée

d’IL-19 est détecté dans les kératinocytes basaux des lésions cutanées et disparait après

traitement topique par le calciprotriol. (Rømer et al., 2003). En agissant directement sur le

kératinocyte l’IL-19 induit une hyperplasie et une acanthose de l’épiderme (Sa et al., 2007).

L’IL-20 est produite sous forme monomérique (Tableau 4) et se lie à l’IL-20R1/IL- β0Rβ ou à l’IL- 22R1/IL-β0Rβ, qu’elle partage avec l’IL-19 et l’IL-24. Elle active la voie de

signalisation STAT3, notamment dans les kératinocytes (Pestka et al., 2004b). Elle inhibe

l’expression de gènes associés à la différenciation des kératinocytes comme DSC1, CK1, CK10, CK16 et provoque une hyperplasie d’épidermes reconstruits in vitro (Boniface et al.,

2005b; Sa et al., 2007). L’IL-β0 induit dans les kératinocytes l’expression de cytokines

proinflammatoires comme le TNF, de peptides antimicrobiens comme BD2, S100A7 et

S100A8, et des chimiokines telles que CCL2, CCL17 et CCL20 (Blumberg et al., 2007; Boniface et al., 2005b; Wolk et al., 2009). Enfin elle est surexprimée dans la peau psoriasique par rapport à la peau normale, et est en partie responsable de la différenciation et de la prolifération épidermique anormale (Blumberg et al., 2001).

L’IL-24 utilise les récepteurs IL-22R/IL-20R2 et IL-20R1/IL-20R2 (Tableau 4), pour activer la voie STATγ. Elle induit l’expression de BDβ, S100A7 et de CXCL8, et inhibe l’expression de CK10 (Boniface et al., 2005b; Sa et al., 2007) ; Tohyama et al., ont montré

qu’elle est surexprimée dans les kératinocytes stimulés par l’IL-17A et l’IL-22 (Tohyama et . Enfin l’IL-β4 provoque l’épaississement des RHE associé à une hyperkératose,

L’IL-28A, l’IL-28B et l’IL-29 signalisent à travers l’hétérodimère IL-28R/IL-10R2

(Tableau 4) pour activer STAT1, STATβ et l’ « IFN-Stimulated Gene Factor 3 » (ISGF3)

(Figure 22). La fonction de ces cytokines semble proche de celle des IFN de type I. Dans la

peau, l’IL-β8 et l’IL-29 sont produites par les cellules infectées par les virus, les DC matures

et les LT régulateurs, et elles interagissent principalement avec les kératinocytes et les mastocytes. De plus elles induisent la surexpression des TLR2 et TLR3 par les kératinocytes.

Ainsi, ces données suggèrent que dans la peau non infectée, l’IL-β8 et l’IL-29 favorisent la

capacité des kératinocytes à réagir face aux virus et aux bactéries et dans la moindre mesure régulent positivement le potentiel inflammatoire de ces cellules (Wolk et al., 2010a).

En 2000, Dumoutier et al., ont cloné l’IL-22 dans des cellules de lymphome T murin

stimulées par l’IL-9 et l’ont nommée « IL-10-related T Cell-derived Inductible Factor » (IL-

TIF) (Dumoutier et al., 2000). Elle est formée de 180 acides aminés avec ββ% d’identité avec

l’IL-10. Le gène de l’IL-22 humaine est situé sur le bras long du chromosome 12. Comme pour tous les autres membres de la famille de l’IL-10, l'IL-ββ contient six hélices α disposées

en conformation antiparallèle. Son récepteur est un hétérodimère composé de l’IL-22R et de

l‘IL-10Rβ. L’IL-22R est exprimée uniquement dans les cellules non immunitaires, comme les

kératinocytes et les cellules épithéliales qui tapissent le tractus digestif et respiratoire (Nagalakshmi et al., 2004)

L’IL-22 est exprimée par de nombreux types de lymphocytes du système inné et

adaptatif. Cela comprend les lymphocytes T CD4+ de type Th1, Th17 ou Th22, mais aussi les

NK et les NK22 (Figure 23).

Les LTh17 et dans une moindre mesure les LTh1 ont été décrits depuis plusieurs années

comme les sources cellulaires principales d’IL-22. Ils sont caractérisés par la présence des

récepteurs de chimiokines CCR4 et CCR6 et leur système d’induction de la production de l’IL-ββ diffère à celle de l’IL-17. Les Th17 humains nécessitent un signal inflammatoire comme l’IL-6 ou l’IL-1 pour produire de l’IL-ββ mais ne requièrent pas de TGF contrairement à l’IL-17 (Manel et al., 2008). Les Th17 murins produisent de l’IL-22 après activation par l’IL-23 ; l’IL-17 et l’IL-22 pouvant être co-exprimées par ces mêmes cellules

(Liang et al., 2006). Les LTh1 expriment le facteur de transcription T-bet, sécrètent de l’IFN

et de petite quantité d’IL-ββ en présence d’IL-12 (Zhou et al., 2009). Liang et al., ont montré

que les LTh17 expriment l’IL-22 à des taux beaucoup plus élevés que dans les LTh1 ou les LThβ et qu’elle est colocalisée avec l’IL-17A et l’IL-17F (Liang et al., 2006). Ainsi les

LTh17 sont capables de produire l’IL-17A, l’IL-17F, et l’IL-ββ, l’IL-β1, l’IL-26 et le TNF.

En complément de ces observations, la différenciation des LTh17 nécessite les facteurs de

transcription RORt et ROR. L’IL-β1 et l’IL-23 induisent aussi la différenciation des

LTh17, tandis qu’une forte dose de TGF, d’IL-1β, d’IL-4 et d’IL-2 exercent un effet

inhibiteur (Wilson et al., 2007; Zhou et al., 2008).

Les LTh22 sont caractérisées par la présence des récepteurs de chimiokines CCR10, CCR6 et

CCR4 et sont capables de produire de l’IL-ββ mais pas d’IL-17A ou d’IFN. Ils sont présents

dans les lésions psoriasiques (Nograles et al., 2009), et co-expriment l’IL-22 et le TNF, en

absence des cytokines Th1 et Th17 (Eyerich et al., 2009). L’IL-6 seule ou en combinaison

avec le TNF induit la différenciation des LT CD4+ naïfs en LTh22 et plus modestement en

LTh17. De plus, l’IL-1 augmente la proportion de LTh17 mais pas de LTh22 générés dans

ces conditions (Duhen et al., 2009). Comme pour les LTh17, une forte quantité de TGF

inhibe la différenciation des LTh22.

Les NK et NK22. Initialement, l’IL-22 a été détecté dans les LT et les cellules NK du sang

(Wolk et al., 2002). En 2009, Colonna et al., ont décrit une sous-population de cellules NK,

nommée NK22, capables de produire de l’IL-ββ dans la muqueuse intestinale chez l’Homme

et chez la souris (Colonna, 2009). Ces cellules expriment RORt et pourraient être