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Chapitre 5 Discussion et Conclusion

5.4 Avenues futures de recherche

Compte tenu de la complexité de ce sujet et des limites de l’étude, d’autres éléments de la charge de travail pourraient être explorés dans le futur. Les prochains paragraphes aborderont des avenues futures de recherche.

Une première avenue concerne l’exhaustivité de la liste d’activités. Il pourrait être pertinent dans d’autres études de temps et mouvements d’ajouter le motif de l’intervention. Par exemple, la note évolutive ou chronologique est l’activité la plus souvent exécutée. Toutefois, la note évolutive peut être une note de prise de contact, de suivi ou de fermeture de dossier. Généralement, la note de fermeture prend plus de temps que la note de suivi. Le même phénomène a été observé pour le suivi psychosocial, c’est-à-dire que la définition de cette activité était large. Dans une recherche subséquente, cette activité pourrait être accompagnée du motif pour lequel le suivi a été fait. Le travailleur social peut faire un suivi auprès de la personne âgée pour s’assurer de la mise en place de services, pour donner une information ou pour la soutenir dans une situation de deuil.

En revanche, certaines activités pourraient être regroupées pour réduire la liste et faciliter la cueillette de données. Les discussions de cas avec un membre du CSSS, que ce soit un intervenant, un médecin ou un chef d’unité pourraient être regroupées tout en conservant séparément l’accomplissement de l’activité en présence ou au téléphone. Les trois types de déplacements qui ne sont pas pour un usager pointaient aussi être combinés. Ces suggestions sont valables si on refait une étude avec des objectifs similaires. Par contre, si

ce sont les relations entre le travailleur social et les différents membres de l’équipe que l’on veut étudier, il vaut mieux laisser les activités séparées ou même de les bonifier.

D’autres projets pourraient s’intéresser au respect des normes de pratique. Par exemple, malgré la présence de normes de rédaction, celles-ci ne semblent pas toujours respectées. Certains travailleurs sociaux font des notes très détaillées, parfois causées par une pratique plus défensive. D’autres résument à l’intérieur d’une seule note plusieurs interventions. Revoir certaines normes de pratiques pourrait amener une certaine uniformité et une plus grande qualité.

Les données issues de cette étude sont nombreuses et une partie de celles-ci n’ont pas été exploitées. Pour les fins de cette thèse, l’accent a été mis sur le temps fourni aux personnes âgées de plus de 65 ans. Toutefois, tous les travailleurs sociaux avaient une mixité de clientèle à l’intérieur de leur charge de cas. Ils intervenaient tous auprès d’usagers de d’autres programmes (ex. : déficience physique, soins palliatifs, déficience intellectuelle, santé mentale) des SSAD. Il serait alors intéressant d’analyser si les activités effectuées auprès des autres usagers diffèrent de celles faites auprès des 65 ans et plus ou si les mêmes tendances sont observées. Quant aux caractéristiques des usagers des autres programmes, elles n’ont pas été évaluées dans le cadre de cette étude. Ces personnes reçoivent toutes des SSAD, mais peuvent vivre différentes réalités et avoir des besoins spécifiques. Le travailleur social qui intervient auprès de personnes de différents programmes peut vivre des dilemmes éthiques (Egan & Kadushin, 2002). Par exemple, il peut être difficile de prioriser entre une mère de famille de 40 ans, mourante, qui vit une situation de crise en raison d’un fonctionnement familial perturbé et un homme âgé de 84 ans atteint de la maladie d’Alzheimer, vivant seul à domicile parce que son épouse, sa principale proche aidante, est présentement à l’urgence du CH. Si les milieux de pratique privilégient que les travailleurs sociaux des SSAD soient polyvalents et généralistes, une étude de plus grande envergure où tous les usagers seraient évalués permettrait l’obtention d’un portrait plus généralisable des éléments qui influencent la charge de travail.

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Ce premier portrait des éléments qui affectent la charge de travail amène bien sûr d’autres questions. Est-ce que les travailleurs sociaux peuvent utiliser leur temps autrement? Est-ce que les tâches actuellement réalisées sont en lien avec le rôle et le mandat des intervenants? Sont-elles influencées par la présence des autres professionnels? Est-ce qu’il y a des tâches qui ne sont pas du ressort de ces professionnels? Pour répondre à ces questions, des auteurs proposent de procéder à une analyse du flux des activités afin de simplifier certains processus de travail (Grube & Chemesky, 2001; Mador & Shaw, 2009; Ozcan, 2005; Tang et al., 2007). En évaluant les activités successives qui sont réalisées dans le cadre d’un processus, comme la planification de congé, cette méthode permet de vérifier s’il y a de la duplication de tâches avec d’autres professionnels, des tâches improductives qui peuvent être éliminées, ou s’il y a des activités plus techniques ou cléricales qui peuvent être déléguées à un TTS ou à du personnel de soutien (Cesta, 2005). En décortiquant les séquences d’un processus, cette méthode pourrait mettre en lumière, par exemple, les autres tâches administratives qui ont été effectuées souvent (nommées à 302 reprises) dans cette étude. Le but ultime de la simplification d’un processus, comme la planification de congé, est de faire le travail avec moins d’effort, en moins de temps, à moindre coût et de manière mieux planifiée (Ozcan, 2005).

Pour les fins des modèles de régression multiniveaux, les données issues d’un usager ont dû être retirées parce qu’elles étaient très éloignées de celles des autres. Dans cette situation précise, la travailleuse sociale avait fourni 35 heures à cette personne et à ses proches pendant les dix jours de collecte de données. C’est un phénomène qui est possible en travail social où les interventions reliées à un dossier sont très nombreuses et monopolisent beaucoup de temps. Il serait intéressant d’analyser les caractéristiques de cette personne âgée de même que l’ensemble des actions de la travailleuse sociale à l’aide de la méthode d’étude de cas unique.

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