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2. Les avantages et inconvénients de l’utilisation de bases de données médicales

2.2. Les avantages

Les avantages de l’utilisation de bases de données médicales expliquent son utilisation

de plus en plus fréquente en recherche (Schneeweiss & Avorn 2005; Sorensen et coll. 1996).

Les avantages les plus souvent avancés sont :

– La grande taille de ces bases de données (Sorensen et coll. 1996; Terris et coll.

2007).

Ces bases de données comprennent souvent un nombre de patients plus important que

d’autres bases. En effet, à l’inverse des bases de données médicales comprenant uniquement

des sujets malades, les études en population générale sont le plus souvent constituées de sujets

sains lors de leur inclusion dans l’étude. Le nombre de patients étudiés dépendra alors de

l’incidence de la maladie. La grande taille des bases de données de structures de soins

contribue à améliorer la puissance des analyses statistiques et rend possible l’étude

d’évènements rares (Schneeweiss & Avorn 2005).

– La disponibilité des données et leur faible coût (Pan et coll. 2005; Schneeweiss

& Avorn 2005; Sorensen et coll. 1996) (Terris et coll. 2007).

Il n’est pas nécessaire d’attendre plusieurs années, comme cela peut être le cas dans

des études prospectives « classiques » (cohortes de cas, essais thérapeutiques, cohortes de

population générale…) pour avoir des données exploitables puisque les données sont déjà

enregistrées dans la majorité des cas (Sorensen et coll. 1996). Comme nous l’avons déjà

indiqué, ces données sont moins coûteuses que les études prospectives mais peuvent mobiliser

du temps de saisie des dossiers par du personnel formé à cet effet.

Cependant, même si le coût des études de population générale est supérieur à celui des

études à partir de bases de données médicales, les études de population générale permettent

d’étudier l’incidence et les facteurs de risque des maladies, ce qui n’est pas possible à partir

de bases de données de patients et induisent moins de risque de biais de sélection que les

études réalisées à partir de bases de données médicales.

– Le recueil longitudinal

Les dossiers médicaux informatisés contiennent le plus souvent des données répétées

dans le temps, permettant l’étude de leur évolution (Schneeweiss & Avorn 2005).

– La qualité des données.

Le nombre de données manquantes est plus faible que dans l’analyse de données

archivées (Laplanche et coll. 1987; Sorensen et coll. 1996).

– La diminution du risque de certains biais de classement.

Les biais de classement concernant le diagnostic de la maladie sont moins fréquents

dans les bases de données médicales comparées à la plupart des études de population

générale. En effet, tous les examens à visée diagnostiques seront plus probablement réalisés

dans les structures de soins que dans les études en population générale. Ces examens font

partie intégrante de la prise en charge du patient et n’induisent de plus pas de surcoût pour la

recherche. Par exemple, un examen par imagerie par résonance magnétique nucléaire à visée

diagnostique pour la démence sera difficilement réalisable chez tous les patients d’une

cohorte en population générale alors qu’il est quasiment systématique en structure de soins.

Par ailleurs, les diagnostics réalisés en structure hyperspécialisée de soins (tertiary referral

center) seront probablement souvent mieux caractérisés que dans les structures de soins moins

spécialisés (secondary referral center) ou les études en population générale.

– La diminution de certains biais de sélection.

Comme il s’agit de bases de données recueillies de manière systématique pour

lesquelles aucune intervention médicale spécifique sur un patient n’est faite dans le cadre

d’une analyse, la demande de participation d’un patient à une analyse épidémiologique n’est

pas requise selon la législation française. Ces études relèvent en effet du domaine des études

observationnelles dans le sens législatif du terme. Le biais lié à la participation de sujets

malades volontaires -sujets en meilleure santé que l’ensemble des malades - classiquement

décrit dans les études de cohorte de population générale, n’est donc pas retrouvé dans ce type

d’analyse (Sorensen et coll. 1996).

Par ailleurs, même si les patients ne sont pas représentatifs de la population générale,

des données sont disponibles pour des patients qui sont rarement intégrés dans les essais

thérapeutiques ou qui refusent de participer à des études, comme les personnes âgées, les

enfants, les personnes sans ressources, institutionnalisées ou présentant certains facteurs de

risque ou certaines co-morbidités (Robinson 2000; Schneeweiss & Avorn 2005).

– La représentativité de la pratique clinique usuelle des cliniciens.

Les cliniciens ont besoin de données sur des patients suivis dans les structures où ils

sont pris en charge. En effet, les données de population générale, même si elles permettent

d’estimer avec plus d’exactitude l’incidence et la survie des patients ayant une démence, par

exemple, ne reflètent pas le profil des patients suivis en structure de soins. D’autre part, un

clinicien peut être intéressé par les résultats d’une évaluation d’un médicament dans les

conditions habituelles de prescription (Sackett & Wennberg 1997; Schneeweiss & Avorn

2005). En effet, les essais thérapeutiques portent sur des populations de patients très

sélectionnés dont la limitation principale est sa difficile généralisation à l’ensemble des

malades, car la participation des sujets fait appel au volontariat et à des critères d’éligibilité

restreints (Shlipak & Stehman-Breen 2005). Par exemple, les personnes âgées, les enfants ou

les femmes enceintes vont être dans la majorité des cas exclus des essais cliniques.

– Le potentiel de ces bases de données, si on les croise avec d’autres

informations médicales et paramédicales (pharmaceutiques, biologiques, génétiques…)

(de Lusignan & van Weel 2006; Schneeweiss & Avorn 2005).

Comme pour les données médicales non recueillies à des fins de recherche, les

données pharmaceutiques et biologiques recueillies dans le cadre des soins ne sont pas

enregistrées dans un but de recherche, mais leur utilisation à des fins de recherche est

possible. L’utilisation de données génétiques est en revanche dépendante de l’accord des

patients, du Comité de Protection des Personnes et de la Direction Générale de la Santé, la

réalisation de tels fichiers relevant majoritairement de la recherche et étant très rarement

réalisée dans le cadre des soins, en dehors du diagnostic de certaines maladies génétiques.

Dans le cadre de l’étude des démences, comme pour de nombreuses maladies ayant

une prise en charge fréquente dans le système de soins, l’utilisation à des fins de recherche

clinique de telles bases de patients (en étant conscient des limites de cette utilisation) est ainsi

possible. Au sein de la recherche clinique, l’étude du pronostic est un sujet d’étude d’un

intérêt majeur lors de l’étude des démences, en permettant par exemple la recherche des

facteurs conditionnant la progression du déclin des fonctions cognitives et exécutives, la

sévérité de la maladie, la charge ressentie par l’aidant naturel, l’institutionnalisation

éventuelle d’un patient et la survie.

TROISIEME PARTIE.

Etude du pronostic chez les sujets ayant

un MCI ou une démence