2. BIOLOGIE DU VIRUS DE L’HEPATITE C
2.3. Structure et fonction des protéines virales
2.3.3. Autres proteines 2.3.3.1 La protéine P7
C est une petite protéine hydrophobe de aa environ kDa qui est localisée à la jonction entre les protéines structurales et non structurales Comme sa présence n était pas requise pour la réplication dans le système réplicon Blight et al Lohmann et al ni pour la formation de particules dans le modèle (CV LPs Baumert et al p a longtemps été considérée comme une protéine à part ni structurale ni non structurale
Elle est localisée dans le RE par deux domaines transmembranaires reliés par une boucle cytoplasmique et ses extrémités N et C terminales sont orientées vers la lumière du RE Carrere Kremer et al Cette structure et les caractéristiques biologiques qui s y rattachent ont permis de classer la protéine p parmis un groupe de protéines appelées viroporines Ces protéines forment des canaux ioniques qui pourraient être indispensables aux étapes d assemblage et ou de relargage des particules virales Dans le cas du (CV il a été montré que p était capable de s assembler en hexamères ou en heptamères pour former un canal ionique sensible à l effet inhibiteur de l amantadine
permettant l efflux de calcium de la lumière du réticulum vers le cytoplasme Carrere Kremer et al Clarke et al Pavlovic et al Enfin bien que le polypeptide p ne soit pas nécessaire pour la réplication virale il a été montré qu il est essentiel pour l infection du (CV chez le chimpanzé Sakai et al Elle pourrait constituer une cible potentielle pour le développement de traitements antiviraux
2.3.3.2. La protéine F ou ARFP
En plus des protéines traduites par le génome du V(C sous forme d une polyprotéine l existence d une protéine additionnelle appelée ARFP alternate reading frame protein a été décrite Walewski et al Cette protéine est localisée dans la région périnuléaire du RE Roussel et al Xu et al ou dans le noyau Lo et al Elle est codée par un cadre de lecture chevauchant celui de la protéine Core dans la phase Différents mécanismes ont été proposés pour expliquer le mode de synthèse d ARFP
Tout d abord il a été suggéré que ARFP est produite suite à un événement de décalage de cadre de lecture à proximité du codon de la polyprotéine Cette observation est basée sur l existence d une protéine de kDa traduite in vitro à partir de la séquence de Core alors que les poids moléculaires des formes matures et immatures sont respectivement de et kDa La caractérisation de la forme de kDa a montré qu elle possède la même partie N terminale que Core sur une dizaine d aa puis que leurs séquences divergent Xu et al Seul un mécanisme de décalage de cadre de lecture pouvait expliquer ce phénomène Des éléments de structure ou l intervention de facteurs viraux ou cellulaires sont nécessaires pour guider sélectivement la traduction en phase D autre part de nombreux codons stop sont présents en aval de la région riche en A dans la phase indiquant que si la traduction de cette phase existe elle est rapidement abortive
Une étude réalisée par McMullan et collaborateurs a montré que lorsqu on éteint l expression de la protéine F chez des chimpanzés une pression de sélection s exerce pour sélectionner des révertants rétablissant son expression McMullan et al Cette protéine F est exprimée lors de l infection naturelle chez l homme comme en témoigne la présence d anticorps spécifiques dans le sang périphérique Bain et al
Walewski et al Xu et al Ceci indique que la réponse immunitaire induite par ARFP est spécifique Si ARFP induit une réponse anticorps c est qu elle est effectivement présente lors de l infection mais aucune étude n a pu démontrer son existence Cependant elle ne semble pas essentielle à la réplication virale Basu et al Blight et al Lohmann et al mais serait plutôt impliquée dans la pathogénicité du virus Fiorucci et al
2.4. Classification et variabilité du HCV
2.4.1. Classification des genotypesLes génotypes du virus de l hépatite C sont distingués en fonction du degré d homologie de séquence entre différents isolats On parle de génotypes isolats partageant à d identité de séquence de sous types isolats d un même génotype présentant à d homologie et de quasi espèces plus de d homologie Simmonds
Des arbres phylogénétiques ont été modélisés Plusieurs classifications ont été établies jusqu à présent mais n étaient pas encore uniformisées Une nomenclature largement inspirée de celle de Simmonds a été proposée par un groupe d experts Simmonds et al Six génotypes majeurs numérotés de à et de nombreux sous types identifiés au sein de chaque type par une lettre minuscule et selon l ordre de leur découverte a
b etc ont été identifiés à ce jour Figure 10 Robertson et al
La variabilité génétique du virus de l hépatite C est très importante et résulte de la coexistence d une forte réplication virale et de l absence d activité exonucléase correctrice Simmonds Les substitutions s accumulent au cours des cycles de réplication successifs Certaines de ces mutations conduisent à des particules défectives car la plupart des mutations survenant au hasard sont létales Une minorité de ces mutations sont non létales et seront transmises à la descendance L accumulation de mutation est retrouvée presque sur la totalité du génome du (CV mais prédomine au niveau de la protéine d enveloppe E NS en particulier au niveau des zones appelées hypervariables (VR Simmonds Weiner et al Par contre la région
Figure 10: Arbre phylogénétique des différents génotypes du virus de l’hépatite C [Timm and Roggendorf, 2007] Il existe 6 génotypes majeurs (de 1 à 6) du visur de l’hépatite C (HCV) avec de nombreuxsous types (a , b, c…). 2.4.2. Distribution géographique des genotypes
Certains génotypes sont largement distribués à travers tous les continents a b a c a alors que d autres comme les génotypes ou ne sont retrouvés que dans des régions très spécifiques Ces génotypes utilisés en tant que traceur épidémiologique peuvent nous renseigner sur les modes de transmission du virus mais également sur les voies de transmission d un pays à un autre ou d un continent à un autre La répartition des sous types peut être estimée schématiquement de la façon suivante Figure 11
• En Europe le sous type b est majoritaire en Europe du Nord et du Sud puis les génotypes a a b a sont les plus fréquents avec une répartition variable selon les pays Cheung Dusheiko and Simmonds Martinot Peignoux et al Pawlotsky et al Reid et al Zein and Persing • En Amérique du Nord les sous types a et b sont les plus représentés et en
Amérique du Sud les génotypes a b mais aussi a particulièrement au Brésil ont été identifiés Cheung Reid et al
• Au Japon et en Chine le génotype b représente respectivement à des infections virales C De très nombreux sous types du type sont rencontrés en Asie du Sud Est Vietnam Thaïlande )ndonésie mais le type y est prédominant Les types intermédiaires classés dans les types et sont également rencontrés dans ces régions Tokita et al Tokita et al Tokita et al
• En Afrique le génotype est fréquemment observé en Égypte et en Afrique centrale alors que de nouveaux sous types ou ont été décrits en Afrique de l Ouest Jeannel et al Mellor et al Ruggieri et al En Afrique du Sud le génotype est le plus souvent observé Chamberlain et al McOmish et al Au Maroc le génotype b est prédominant Benani
et al Figure 11: Distribution mondiale des génotypes (1 à 6) du HCV (Source: Clinical Gastroenterol Hepatol 3: S97). 2.4.3. Conséquences cliniques des génotypes du HCV 2.4.3.1. Génotype et pathogenèse
Plusieurs études suggèrent que le génotype b serait associé à une atteinte hépatique plus grave cirrhose avec ou sans hépatocarcinome Dusheiko and Simmonds
Nousbaum et al Pozzato et al Silini et al Cette plus grande gravité pourrait être en partie expliquée par le fait que le sous type b touche les sujets les plus anciennement infectés soit par transfusion sanguine soit par un mode de contamination non reconnu La durée d évolution de l infection est également plus longue dans certaines études Nousbaum et al Pol et al )l y a donc des facteurs de confusion potentiels ce qui incite à interpréter ces données avec prudence Dans d autres études il n a pas été montré que le génotype b était associé à une maladie plus sévère Prati et al Takada et al De plus les différents génotypes ont une incidence variable sur le développement de la stéatose Asselah et al b En l absence de système de culture cellulaire durable l étude du modèle que constitue la transplantation hépatique suggère un effet cytopathogène différent selon les souches virales
2.4.3.2. Génotype et réponse au traitement anti viral
Le génotype est le facteur prédictif le plus puissant de la réponse virologique prolongée quel que soit le schéma thérapeutique utilisé )FN avec ou sans ribavirine Fried et al Lindsay Manns et al Mc(utchison et al Poynard et al
)l a été montré que les sujets infectés par le génotype particulièrement le sous type b ont en Europe comme au Japon une moins bonne réponse au traitement par interféron alpha par comparaison avec les sujets infectés par les autres types a b ou a Martinot Peignoux et al Nousbaum et al Lorsque des analyses multivariées ont été effectuées cette association était indépendante des autres variables de confusion telles que l âge des malades la durée de l infection ou le mode de contamination Martinot Peignoux et al )l a également été montré que la virémie pré thérapeutique était un facteur prédictif de réponse au traitement anti viral
Martinot Peignoux et al Nousbaum et al
Ces deux facteurs viraux le génotype et la virémie étaient indépendamment associés à la réponse Cependant les différences de réponse entre les génotypes ne s expliquaient pas par une différence de charge virale Cette comparaison s applique aux souches a et
b vis à vis des sous types a b et a )l est vraisemblable que d autres génotypes soient peu sensibles à l interféron comme le type en Egypte et en Afrique équatoriale Les mécanismes en cause ne sont pas encore élucidés mais comme ces données semblent se confirmer le génotypage associé à l étude de la charge virale aurait un intérêt clinique en sélectionnant les patients susceptibles de moins bien répondre au traitement pour leur proposer des protocoles thérapeutiques adaptés