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L E NIVEAU D ’ EXPOSITION A LA CATASTROPHE

6.5 F AUT IL FAVORISER LES INTERVENTIONS UNIVERSELLES OU AVEC

DEPISTAGE

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Il existe deux types de programmes : les programmes universels qui s’adressent à tous les jeunes et les programmes qui sont exclusivement destinés aux jeunes présentant diverses manifestations de détresse psychologique. Ce dernier type de programme utilise souvent le dépistage au moyen de tests psychologiques, notamment pour évaluer la présence ou non de manifestations de stress post-traumatique. Pour leur part, les programmes dits universels s’adressent aux jeunes d’une communauté affectée par une catastrophe indépendamment de leur exposition, de leurs expériences ou de leurs réactions (Pfefferbaum et al., 2014b). Au regard des articles recensés, un dépistage en milieu scolaire suivi d’une intervention psychosociale semble efficace pour réduire les symptômes de stress post-traumatique chez les jeunes après une catastrophe. Cependant, d’autres études démontrent aussi que des programmes universels en milieu scolaire comme JOH ou ERASE-S peuvent être préconisés, car ils ont également démontré leur efficacité pour ce qui est de l’amélioration de la santé psychologique et du fonctionnement psychosocial des jeunes après une catastrophe.

Une évaluation et un dépistage pour tous les enfants exposés de manière directe ou indirecte aux catastrophes pendant les périodes de crises aiguës sont toutefois considérés comme une nécessité par certains auteurs étant donné que cela permettrait d’orienter les enfants les plus gravement affectés vers des professionnels de la santé mentale et de leur offrir des services plus intensifs et plus adaptés à leur situation (Jaycox et al., 2010 ; Lee et al., 2018 ; Okuyama, Funakoshi, Tomita, Yamaguchi et Matsuoka, 2017).

À cet égard, Jaycox et all. (2006) présentent quatre méthodes permettant de sélectionner les jeunes qui devraient bénéficier d’un programme d’intervention. D’une part, les différents

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intervenants scolaires ou les enseignants peuvent recommander les élèves ayant besoin de participer à un programme après avoir été informés sur les types de problèmes traités par le programme en question. D’autre part, les parents peuvent demander que leurs propres enfants participent au programme offert après en avoir été informés par les membres de la direction ou par tout autre intervenant scolaire. Toutefois ces deux premières méthodes peuvent ne pas être suffisamment efficaces pour identifier l’ensemble des élèves présentant le besoin d’être soutenu et se limiter aux jeunes qui démontrent des problèmes comportementaux. La troisième méthode consiste à utiliser le dépistage ciblé, c’est-à-dire qu’il est adressé uniquement aux jeunes dont on sait qu’ils ont été affectés par un évènement traumatique. Cette méthode nécessite une recommandation parentale et l’utilisation d’un outil permettant de retenir que les jeunes présentant des scores élevés de détresse. Pour sa part, le dépistage général s’adressant à tous les élèves d’une école demeure une méthode moins stigmatisante qui permet de dépister un plus grand nombre de jeunes exposés directement ou indirectement à des traumatismes présentant des manifestations de détresse émotionnelle. Une brève rencontre individuelle avec chacun des jeunes ciblés permet de vérifier leurs besoins et la nécessité ou non qu’ils bénéficient du programme. Par ailleurs, les personnes responsables d’administrer les questionnaires en classe doivent recevoir une formation pour bien interpréter les résultats (Jaycox et al., 2006). De plus, certains chercheurs conseillent de dépister les jeunes à risque de développer des symptômes post- traumatique trois mois après leur exposition à une catastrophe, puisque les symptômes peuvent diminuer sans intervention pendant les quelques mois qui suivent ce type d’évènement (Jaycox et al., 2006). Cependant, Fernandez (2007) n’est pas de cet avis et estime que les jeunes devraient être dépistées un mois après tout type de catastrophe.

La méthode de dépistage du programme Katrina Inspired Disaster Screenings (KIDSS) du Centre des sciences de la santé de l’Université d’État de la Louisiane serait un outil efficace pour aider les communautés lors de la phase de rétablissement à comprendre les besoins des enfants en jeune âge (Graham et al., 2017 ; Hansel, Osofsky et Osofsky, 2015). Par ailleurs, le Darryl (Neugebauer et al., 1999 dans Rønholt, Karsberg, et Elklit, 2013) reposant sur l’utilisation d’une bande dessinée serait efficace pour diagnostiquer la présence de symptômes de stress post- traumatique chez les enfants d’âge scolaire ayant subi un ou plusieurs traumatismes, d’autant plus qu’il peut être administré par des enseignants (Rønholt et al., 2013).

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Toutefois, Math et al. (2008) ont démontré que la majorité des enfants exposés à une catastrophe ne répondaient à aucun critère diagnostique, mais nécessitaient une intervention. Ainsi, contrairement au principe de dépistage, certains programmes d’interventions en milieu scolaire visent l’ensemble des jeunes qu’ils soient en proie avec un diagnostic de trouble de santé mentale ou non (Pfefferbaum et al., 2014b). Le risque de ces programmes dits universels est de négliger les enfants ayant besoin de traitement plus spécifique (Brown et al., 2017). Toutefois, une intervention s’adressant à l’ensemble d’une école permet d’empêcher la stigmatisation de certains élèves (Wolmer et al., 2003). Par ailleurs, les enfants non symptomatiques peuvent servir de modèle d’adaptation et être une source de soutien pour les élèves présentant des symptômes traumatiques (Wolmer et al., 2003).

Pour leur part, certains chercheurs proposent une approche combinant à la fois une intervention universelle offerte par des enseignants et des interventions spécialisées fournies par des professionnels de la santé aux jeunes présentant encore une détresse post-traumatique après l’intervention (Berger et Gelkopf, 2009 ; Wolmer et al., 2003). Par exemple, dans l’étude de Wolmer et al. (2003), les enfants qui présentaient encore des symptômes de stress post- traumatique sévères après une intervention en milieu scolaire ont été invités à participer à une intervention de groupe à court terme en dyade parents-enfants menée par des thérapeutes.