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Les attitudes témoignant d’une relative indifférence avec ou sans enfants

3. Les mesures de CEF : pas tout à fait un acquis

3.1 Portrait des différentes attitudes à l’égard de la CEF

3.1.1 Les attitudes témoignant d’une relative indifférence avec ou sans enfants

Le fait d’avoir des enfants autorise-t-il une plus grande sensibilité, une meilleure compréhension de l’organisation à l’égard de la conciliation emploi famille? Intuitivement, nous serions portés à répondre dans l’affirmative à une telle interrogation. Or, les résultats d’enquête dévoilent au contraire des comportements tout à fait différents de ce que nous présumions à prime abord. En effet, plusieurs résultats indiquent que le fait d’avoir des enfants n’exerce pas nécessairement une influence positive sur l’ouverture à l’égard de la conciliation emploi famille. En d’autres termes, les employeurs, les supérieurs immédiats ou autres cadres s’ils ont des enfants ne se sont pas davantage compréhensifs, ni même empathiques à l’égard des demandes des parents salariés pour leurs urgences familiales. Comment expliquer cela? Grosso modo par des impératifs de gestion organisationnelle et de contraintes budgétaires auxquels ne peuvent échapper les gestionnaires. Ces priorités priment à un point tel que le fait d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants n’influence apparemment pas leur attitude à l’égard de la CEF. Il s’agit là d’un élément d’observation fort pertinent. En outre, ce comportement s’observe tant chez les supérieurs immédiats de sexe masculin que de sexe féminin.

LE FAIT D’AVOIR DES ENFANTS N’EXERCE AUCUNE INFLUENCE

Une représentant syndicale d’une organisation du secteur de l’éducation (université) s’exprime :

« En début de négoce, on va essayer de respecter nos horaires (…). Mais y’avait pas cette sensibilité là, là, de dire au départ : « est-ce qu’y en a qui ont des enfants. Donc de dire une contrainte de garderie, ben moi, je dis : « je regrette là, y’est passé cinq heures moins quart ».

Une représentante syndicale d’une organisation du secteur de l’éducation (commission scolaire) s’exprime :

Personnellement lui, il va arrêter une réunion parce que y‘a pris un engagement d’aller chercher ses enfants au service de garde. Mais quand on arrive dans …, il faut que l’organisation fonctionne (…) parce que c’est le slogan de la commission scolaire. Alors là, c’est les beaux principes personnels qui prennent le bord. Ils ne

des mesures à développer dans les milieux de travail

s’en préoccupent pas. Ils existent, ils sont articulés, mais ils sont pas respectés ».

Une responsable patronale d’une organisation du secteur des transports (compagnie d’aviation) s’exprime :

« Non, moi je ne pense pas que les gens doivent le faire. Dans une optique de professionnalisme, dans lequel ils ont une décision à prendre, un rôle à jouer à l’intérieur d’une organisation et je pense que, à ce moment-là, les valeurs personnelles ne doivent pas, évidemment peuvent être répondues ou pas à un certain besoin, mais lorsqu’on demande à quelqu’un d’agir comme gestionnaire dans une organisation à un niveau X dans une fonction X, elle doit le faire avec son plus grand professionnalisme exactement ».

Un père d’une organisation du secteur des transports s’exprime : « Si on prend, j’ai pas de discrimination, mais té si je prends un petit jeune qui a 22 ans, qui sort de l’université, il s’en fiche –tu ben lui que j’aie un garçon ou qui a sauté ».

Un père dans une organisation du secteur de l’éducation s’exprime : « Sa supérieure, c’est une femme et elle a des enfants et elle ne voulait pas. Ça été tout un branle-bas de combat pour qu’elle puisse avoir sa journée de congé le mercredi ».

Un père dans une organisation du secteur de l’éducation (université) s’exprime :

« (…) Pis l’autre, il va me dire ben trouve quelqu’un pour y aller. C’est aussi drastique que ça ».

Un père d’une organisation du secteur des transports s’exprime : « Mais quand la seule affection que tu as à donner c’est en élevant son chat, tu n’es pas beaucoup sensible aux enfants. Je trouve qu’il est absolument insensible à cela ».

Une mère d’une organisation du secteur de l’éducation (université) s’exprime :

« Ça je l’ai vécu négativement justement parce que je suis seule dans mon service et quand je suis pas là le travail s’accumule, donc déjà à temps partiel, c’est pas beaucoup, souvent ça paraît beaucoup ».

des mesures à développer dans les milieux de travail

Une mère d’une organisation du secteur de l’éducation (université) s’exprime :

« L’intimidation (…) de la part des supérieurs immédiats (…). Supérieur immédiat et pour la plupart elles ont des enfants, c’est assez étonnant! ».

En outre, selon les représentants syndicaux, les responsables patronaux sont insensibles aux besoins des parents salariés en ne leur permettant pas de se prévaloir de formules d’aménagement de temps de travail distinctes de leur horaire habituel. Ils signalent fréquemment que les aménagements ou les modes d’accommodements en matière de CEF reposent sur les épaules des parents. Les demandes d’ajustement pour des nécessités d’ordre familial restent ainsi passablement subordonnées aux priorités de l’organisation.

Pour les parents salariés, cette insensibilité à l’égard de leurs demandes se manifeste par des propos explicites et réprobateurs (intimidation), voire même par une relative indifférence à l’égard de leurs requêtes. À cela s’ajoutent également les obstacles présents (rigidités administratives) dans les organisations mêmes lorsqu’il s’agit d’utiliser une ou plusieurs mesures.

Les résultats de recherche font ressortir à quel point la résolution des problématiques d’ordre familial relève du domaine de la sphère privée. En effet, pour les responsables patronaux, elles s’associent aux « affaires personnelles » et ne peuvent dans cette mesure être traitées dans le même ordre que les difficultés liées à l’exercice de l’emploi immédiat. Cet accent sur la responsabilité individuelle des personnes explique que le fait d’avoir ou de ne pas avoir d‘enfants n’a en définitive aucun effet sur les comportements des gestionnaires dans les organisations étudiées. Associer les problématiques familiales aux « affaires personnelles » devient ainsi une manière pour les organisations de refuser la demande d’un parent salarié ou encore d’occulter les questions familiales sous prétexte qu’elles ne relèvent pas des problématiques de l’organisation.