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Les médecins observent de manière générale que les patients réfractaires à la

vaccination sont pour la plupart « des jeunes parents âgés de trente ans avec une bonne situation lisant internet » (M9), « c’est les styles adeptes du bio, des bobo- écolos » (M8). Deux médecins ont plutôt relevé que « la majorité des patients réticents que j’ai rencontrés appartenaient à la communauté gitane » (M7), « c’est la population gitane » (M14). Deux autres médecins, n’ont pas décelé une certaine typologie de

patients réticents « non il n’y a pas de profil type » (M3).

Certains de ces patients évoquent des maladies survenues au sein de leur famille ou leur entourage « un père de famille a refusé catégoriquement de faire vacciner ses

enfants car un membre de sa famille aurait eu la SEP suite à un VHB » (M2).

Les réticences exprimées de manière unanimes sont « le vaccin contre l’hépatite B qui serait à l’origine de la SEP » (M3), « Le ROR qui serait la cause d’Autisme »

(M6), « les sels d’aluminium néfastes pour la santé » (M12), « la théorie des

complots » (M5).

Cependant peu de patients réticents argumentent en évoquant des références ou articles scientifiques, les seuls supports évoqués étant « …internet et des forums sur

le net » (M8).

De plus, l’ensemble des médecins n’ont jamais été face à des patients mentionnant

d’eux-mêmes le caractère bénéfique de la vaccination « mon dernier cas de refus, le patient m’a dit que les effets secondaires sont largement supérieurs aux bénéfices de la vaccination » (M9).

Majoritairement, les médecins estiment ne pas se sentir en difficulté face à un refus de vaccination de la part du patient « j’essaie de convaincre au maximum en montrant

les bénéfices de la vaccination mais je ne rentre pas en conflit » (M6), « le but est de dialoguer avec le patient pour ne pas l’effrayer » (M4).

Certains affirment avoir tout de même peur du conflit « je me sens en difficulté car je

manque d’arguments et puis j’ai peur du conflit avec le patient » (M3), « j’ai peur d’entrer en conflit avec le patient » (M14).

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Un des médecins interrogés, affirme n’avoir jamais rencontré de refus de la part d’un patient « je n’ai jamais eu un patient qui m’a clairement dit refuser de se faire

vacciner » (M1).

De manière unanime, les médecins interrogés réagissent à un refus de la même

manière « … analyser le refus, expliquer les bénéfices, informer sur les risques d’une non-vaccination » (M5), « j’essaie de rassurer et de convaincre le patient » (M1), « je note le refus sur le carnet de santé » (M10).

Le moyen de conviction le plus employé par l’ensemble des médecins est

« j’explique la balance bénéfices vs risques encourus » (M9), dans le but de « …rassurer et d’informer le patient » (M3). Certains essaient d’appuyer leur propos

avec des sources scientifiques « je leur montre des études à lire, les alerte sur les

fake-news … je leur laisse le temps de réflexion nécessaire et leur donne un prochain rdv pour le faire » (M2).

Bien entendu, tous sont unanimes quant au fait que de connaitre le patient facilite

la démarche « cela permet d’instaurer un climat de confiance » (M7), « je me sens mieux préparé pour répondre aux questions des patients » (M4), « je me sens mieux informée car je le connais déjà » (M6).

En prolongement de la vaccination, peu des médecins interviewés affirment

donner un support d’informations « non, mais je le regrette » (M3). Sur les quatre

médecins répondant positivement, un explique « parfois je donne un petit dépliant »

(M6), et les trois autres donnent des « liens d’articles à consulter sur Infovac » (M2), (M7), (M8).

La plupart des médecins se sentent seuls face à leur manque de moyens pour communiquer efficacement, de ce fait il leur a été demandé s’ils avaient déjà imaginé des solutions ou si certains moyens existants les aident dans leur quotidien…

Selon la majorité des médecins, le carnet électronique est une solution utile mais

n’est pas destinée au patient et que la mise en place est compliquée « C’est pratique pour retrouver des infos sur le patient en cas de perte de carnet ou de MG parti à la

64 retraite… mais je pense que c’est compliqué à mettre en place » (M3), « C’est une bonne idée car on peut savoir qui a fait quoi et à quelle date » (M4).

Quelques médecins affirment être plus habitués au carnet papier « Je suis plus

habituée au carnet de santé papier » (M10), « Le carnet électronique est une bonne chose mais je ne l’utilise pas car je préfère le carnet de santé papier » (M9).

Un seul médecin pense que le carnet électronique n’est pas une solution utile et qu’au contraire il peut nuire à la pratique médicale « Le carnet électronique n’est pas fait pour

aider les médecins. Les données des patients vont être vendues aux assurances, et elles sauront désormais quelles maladies nous avons par exemple. Du coup, elles pourront nous vendre des assurances en adéquation. C’est comme les cookies sur internet qui connaissent tes habitudes et te proposent des contenus adaptés » (M2). La moitié des médecins sont prêts à déléguer le geste d’administrer des vaccins

à des IDE ou pharmaciens « Oui l’administration du vaccin peut être déléguée à une

IDE ou un pharmacien si je le connais bien uniquement » (M4), « une IDE peut très bien administrer un vaccin, cela ne me pose pas de problème » (M7).

Certains médecins estiment que cette délégation peut s’avérer dangereuse « il faut un

examen clinique avant chaque vaccin » (M8), « il faut réaliser une auscultation avant de vacciner car il y a des contre-indications aux vaccins » (M9).

Deux médecins sont réfractaires à l’idée que ce soit une personne autre qu’un médecin qui réaliserait l’acte « je ne délèguerai pas l’acte car je n’ai pas confiance » (M1), « je

n’ai pas confiance donc non je ne délègue pas. C’est au médecin de vacciner. » (M12).

In fine, s’ils avaient les pleins pouvoirs afin de favoriser la vaccination, les médecins ont fait ressortir 3 idées majeures :

• « Mettre en place une consultation spéciale vaccin par an avec un tarif

spécial car c’est une consultation qui serait plus longue que la normale, comme en Allemagne » (M2), « une consultation annuelle permettrait un meilleur suivi et communication » (M10).

• « Promouvoir la vaccination en rappelant les séquelles qu’engendrent les

maladies pour lesquelles il y a des vaccinations dans les pays développés mais qui existent encore dans les pays sous-développés » (M6),

• « Créer un centre de vaccination afin d’éviter les ruptures de stocks et

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Des idées complémentaires telles que « tous les vaccins gratuits pour tout le

monde » (M14), « emprisonner les parents qui ne veulent pas vacciner leurs enfants, comme en Italie » (M4), « Rendre Gardasil® obligatoire et le systématiser pour les populations à risques » (M5), « j’obligerais tous les vaccins » (M2).

Deux des médecins n’ont pas souhaité se prononcer et l’un d’entre eux « ne pense

pas que ma mission est de communiquer sur la vaccination auprès des patients » (M1).

Concernant les obstacles liés à la vaccination dans leur activité, tous affirment que le

temps est un paramètre déterminant, « le principal obstacle est le manque de temps » (M14). Certains ajoutent également d’autres obstacles tels que « le manque d’information des patients et le fait de ne pas demander systématiquement aux parents des enfants » (M9), « les différents scandales médicaux qui ont été mis en avant par les médias » (M11).

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