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1. Présentation des résultats de l’étude qualitative

1.4. Attentes vis-à-vis de la FdL

1.4.1. Attentes en termes de spectacle

Relativement au « spectacle » lui-même, les répondants indiquent des attentes hédoniques et émotionnelles, mais aussi en lien avec la qualité artistique, la créativité (au sens d’originalité et de renouveau) et la performance technique. Ici, ce sont « les animations avant tout » (Gp1) qui sont mises en avant : « Moi j’attends du spectacle, tout simplement, j’attends du spectacle. » (Eco7) ; « J’attends du spectacle ! » (Gp4).

a) Dimension hédonique et émotionnelle

Plusieurs répondants expriment leurs attentes sur le plan émotionnel. Les dimensions sensitive et subjective sont ici mises en avant par des expressions telles que : « C’est un peu subjectif. Ca dépend des gens, tout le monde ne le ressentira pas pareil » (Gp2) ; « Sur un ressenti finalement, sur ce que ça m'aura apporté, sur quelle émotion je reste en partant de là, un peu comme les films, si on n'arrête pas d'en parler, c'est qu'il s'est passé quelque chose, sinon on se dit ‘bon finalement, je serais resté devant la télévision ça aurait été pareil.’ […] Voilà, plus un goût que ça laisse après. » (Gp8).

Nous notons le lien fait par les interviewés entre les attentes vis-à-vis de la FdL et la sphère émotionnelle de chaque personne, d’où l’évidente difficulté à généraliser les impressions des uns et des autres. Cela se retrouve dans d’autres remarques : « Si je me balade d'œuvre en œuvre et qu’au bout de 3h je me dis ‘ok, so what ?’ Si je n’ai pas été touché par un moyen ou un autre, je suis déçu. Et quand il y a de l'émotion, on le sent tout de suite. Autour de soi, dans son cœur, autour de soi on sent qu'il se passe quelque chose. La foule ne ment pas. » (Eco1). La FdL doit donc toucher la personne sur le plan émotionnel. On reste ainsi dans le domaine privé et intime. Un répondant du grand public parle même de ressentir une expérience fantastique, magique, grandiose : « Ca doit être impressionnant, ça doit permettre une expérience fantastique. Et puis il y a le côté émotionnel aussi. Faut que ça me touche et souvent la musique aide bien. Je pense notamment à ce qu'ils avaient fait à St Jean une année, où la musique à la fin c'était l'apothéose dans un grand éclat de lumière sur toute la façade. C'était magique, on en avait plein les yeux, plein les oreilles, ça vous donne des frissons. » (Gp2). Ce même répondant ajoute : « C'est de vivre vraiment une expérience, que ce soit personnelle ou collective, on est là perdu sans vraiment l'être au milieu de trucs gigantesques ou minuscules mais qui nous émerveillent.» (Gp2). En somme, les interviewés attendent d’être touchés dans leur cœur, voire jaugent la réussite à leurs réactions corporelles (« les frissons ») et à la dimension « grandiose » de la FdL.

En outre, la FdL renvoie également au « petit enfant » des interviewés. En effet, pour certains, « le but est de ressortir avec une âme d’enfant » (Gp14). Par exemple, la FdL doit toucher comme un conte parle à un enfant : « C'est l'émerveillement en fait, l'immersion même je dirais. C'est à dire que j'aime bien l'idée de se perdre un peu dans cet ‘autre monde’ éphémère un peu comme Alice dans le terrier du lapin blanc. Et ça, le plus souvent je le ressens bien au parc de la Tête d'Or et à St Jean. » (Gp2).

b) Qualité artistique

Plus de la moitié des répondants attend un événement de haut niveau et de qualité : « On va être très exigeant mais maintenant qu’on a été habitué à une très bonne qualité, on attend toujours de la qualité. » (Eco2) ; « Moi je me base vraiment sur la qualité des œuvres. » (Part1) ; « Alors en tant que spectateur, moi j’attends qu’elle reste sur ce même registre, qu’elle ne se transforme pas en fête foraine et qu’elle reste sur ce registre de grandiose. » (Part2) ; « Je me base essentiellement sur la qualité des animations. » (Gp12). La dimension hédonique et émotionnelle, telle que discutée ci-avant en termes d’événement fantastique, magique ou grandiose, est d’ailleurs elle-même fortement dépendante de la qualité artistique perçue et attendue. Egalement, pour beaucoup, la qualité artistique de cet événement culturel doit pouvoir « permettre de découvrir la ville sous une autre facette » (Eco3), de « voir l’art visuel avec comme support les monuments, de revoir les monuments sous un nouveau jour » (Gp14). Plus généralement, ils veulent que les « œuvres de lumières soient belles » (Part6) pour s’en « mettre plein la vue » (Gp10).

Néanmoins, ils sont plusieurs à reconnaître que leur niveau d’exigence augmente avec le temps : « Moi, ce que j’attends, c’est de ne pas être déçu et du spectaculaire. […] Je pense qu’au bout d’un moment, on est habitué à voir certains spectacles et on attend d’avoir des choses aussi bien l’année suivante. […] On a, je pense, une certaine exigence, au bout d’un certain temps, on veut toujours plus, on veut toujours plus beau et je m’en suis rendu compte quand mes amis de Paris sont venus et qu’ils ont vu des choses en me disant ‘c’est génial ça’, alors que moi je disais ‘c’est carrément moins bien que l’année dernière’. Mais comme ils n’avaient pas de points de comparaison, ils trouvaient ça bien. Alors, je pense qu’on est tous un peu comme ça, on a tendance à devenir très exigeant au fil des années. » (Eco7).

Un politique précise d’ailleurs que la qualité sera d’autant plus attendue sur les sites phares de la FdL, tels que la Place des Terreaux. Il va même en parler comme d’un sanctuaire : « Je pense qu’il y a des choses qui sont attendues par les Lyonnais, vous savez la Place des Terreaux, c’est une espèce de sanctuaire, il ne faut pas y toucher et justement je pense qu’il y a une espèce de pression au niveau de la Place des Terreaux, c'est-à-dire que si vous faites un truc super partout à Lyon mais que vous ratez la Place des Terreaux, votre FdL, vous l’avez flinguée. » (Pol6).

Le Maire de Lyon pourrait alors, selon certains, jouer un rôle culturel similaire à un commissaire d’exposition. Un partenaire s’attend clairement à ce rôle de sa part : « Le Maire de Lyon bien sûr il est très attaché. Et il a très haut niveau d’exigence parce qu’il s’occupe lui-même de la sélection des œuvres. Il y a un très haut niveau d’exigence sur la qualité des œuvres. La deuxième dimension qu’on ne perçoit pas bien mais quand on est dedans, on perçoit que c’est qu’il y a pas mal de jeunes créateurs qui se font leur place au niveau mondial via la FdL. » (Part1).

c) Dimension créative

Ils sont plus des deux tiers à souligner des attentes quant à la dimension créative : « Il faut qu’il y ait cet esprit de nouveauté, de renouveler les choses, de création… » (Eco6). Cette dimension est principalement discutée d’une part en termes d’événement original et surprenant, et d’autre part, en termes de renouveau d’une édition à une autre.

Premièrement, la dimension créative passe par un effet de surprise et la FdL doit ainsi être un objet étonnant, original, voire atypique : « Moi, j’attends de voir des choses un petit peu extraordinaires, qu’on n’a pas l’habitude de voir, qui changent. Après de l’originalité, voir tout ce qu’on peut faire à travers la lumière. […] Oui, la créativité des animations, voir des belles choses, surprenantes. » (Gp5) ; « Ce que j’attends, c’est de voir […] des choses un peu atypiques qui aillent avec la renommée de l’événement. » (Gp10) ; « Principalement de la surprise.» (Gp14) ; « Au niveau du Club des Partenaires, ce qu’on attend, c’est qu’elle étonne un peu chaque année. » (Part2) ; « J’aime beaucoup ce côté-là, de découvrir des choses auxquelles je ne m’attendais pas. » (Eco2).

Deuxièmement, cela pose la question du renouveau d’une édition à une autre. Il s’agit effectivement d’une autre attente des interviewés : « Il faut qu’il y ait cet esprit de nouveauté, de renouveler les choses, de création. Avoir l’impression que même si on y va chaque année, on découvre des choses chaque année. » (Eco6). Pour certains, cela peut s’appuyer sur la découverte de nouveaux artistes : « J’attends que la Fête continue à produire des œuvres nouvelles, à faire émerger des artistes, des artistes qui d’ailleurs viennent de la France entière et qui ne sont pas nécessairement lyonnais, et à toujours surprendre le public. » (Part3). Pour d’autres, les attentes en matière de renouveau concernent la possibilité de revisiter des lieux inattendus : « Après il faut être aussi un petit peu inventif, on peut faire des choses sur du patrimoine industriel. » (Pol6).

Pour autant, la capacité à se renouveler, à changer, est parfois remise en doute. Ceci transparait plus particulièrement dans les propos du grand public, même si certains ont conscience de la difficulté à avoir toujours de nouveaux projets : « [J’attends] de la surprise, parce que moi qui y vais justement depuis longtemps, je trouve qu'ils se renouvellent beaucoup moins. J'ai l'impression de revoir ce que j'ai déjà vu les années précédentes donc, même si j'imagine que c'est dur de se renouveler à chaque fois, j'attends d'être surprise à chaque fois, voir des nouveautés, peut être des nouveaux lieux aussi parce qu'au final c'est toujours les mêmes lieux qui sont illuminés et ce serait bien de changer. » (Gp7). Un politique lui-même souligne d’ailleurs la problématique d’un renouveau perpétuel : « Trouver des choses nouvelles chaque année, en création de lumières, ce n’est pas évident non plus. » (Pol4).

d) Performance technique

Quelques uns rappellent l’importance du travail technique et matériel des équipes expertes de la technologie sur la Lumière. Cette technique est, pour certains, au service de la dimension créative, originale,

de la créativité. » (Eco3) ; « Oui, c’est la performance technique, luminaire, les animations sur des surfaces variées, des bâtiments anciens ou dans des parcs. […] J’y suis allé pour voir une performance luminaire, technique. Moi en tout cas, c’est ce qui m’intéresse. […] Si la performance technique est là, on va être content dans le sens où on vient voir quelque chose d’original. » (Gp6) ; « Il faut à la fois quelque chose qui soit ressenti par les visiteurs et qu’il y ait un aspect technique qui soit intéressant aussi à découvrir pour les professionnels. » (Part4).

Ici, un répondant du grand public précise que la qualité attendue des animations passe notamment par l’absence d’interruption, de problème technique : « Je me base essentiellement sur la qualité des animations à savoir, si les jeux de lumières et les jeux sonores sont bien faits, s’il n’y a pas d’interruption inattendue en plein milieu de l’animation, si les animations ne sont pas ennuyeuses, si les lumières sont jolies. » (Gp12).

Enfin, un partenaire et un acteur de la Ville de Lyon expriment clairement leurs attentes quant à une valorisation des expertises et techniques de la mise en lumière :

La FdL devrait permettre de découvrir les métiers de la mise en lumière : « Nous ce qu’on attend, c’est que ce soit un événement réussi, on fait tout pour au quotidien, et puis ce qu’on en attend aussi, c’est que l’on se rende compte que la lumière, c’est un vrai métier, des métiers variés, et quelque chose à la fois de très technique et créatif, qui fait rêver et qui demande beaucoup de professionnalisme. » (Part4).

• Les expérimentations réalisées dans le cadre de la FdL devraient permettre d’envisager des « solutions Lumière » pérennes, qui vont au-delà de l’événement lui-même : « J'attends de pouvoir trouver des idées pour faire des essais lumineux un peu particuliers et pouvoir les retranscrire en pérenne. Enfin, j'ai un côté technique de la chose. » (Pol1).