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Chapitre 3 : La théorie sociale cognitive (TSC) de A Bandura et ses principales

3.3 Les attentes de résultats

Les attentes de résultats constituent une autre composante importante de la théorie sociale cognitive de Bandura. Dans ce chapitre, nous définirons ce concept tout en présentant les différents types qui y renvoient. Ensuite, nous examinerons les relations qu’il pourrait exister entre les sentiments d’efficacité personnelle et les attentes de résultats.

Ce concept se définit par les croyances d’un individu relatives aux comportements qui peuvent lui permettre d’atteindre des objectifs visés (Bandura, 1997/2003). Pour expliquer la différence entre sentiments d’efficacité et attentes de résultats, Bandura note que le sentiment d’efficacité personnelle est un jugement porté par l’individu sur ses capacités à organiser et exécuter certains types de performances alors que l’attente de résultat est un jugement sur les résultats probables de ces performances.

Note: Les relations directes entre les variables sont représentées à l’aide de traits pleins ; les effets modérateurs (dans le cadre desquels une variable donnée renforce ou affaiblit les relations entre deux autres variables) sont représentés à l’aide de traits pointillés (Lent, R. W., Brown, S. D. et Hackett, G., 1993).

Figure 6: Modèle des facteurs personnels, contextuels et liés à l’expérience, qui affectent les

choix de buts, les choix d’action et les résultats atteints.

Dans le schéma qu’il propose pour situer sentiment d’efficacité personnelle (SEP) et attente de résultat (voir la figure 6), Bandura indique que le sentiment d’efficacité personnelle concerne le lien entre la personne et ses comportements alors que l’attente de résultat concerne le lien entre ces comportements et leurs conséquences.

Dans la théorie sociale cognitive, les principaux types d’attentes de résultat relèvent des trois dimensions suivantes:

79 1- « les effets physiques positifs ou négatifs qui accompagnent les comportements: il s’agit d’expériences sensorielles plaisantes et plaisir physique dans les formes positives ou au contraire d’expériences sensorielles aversives avec douleur, et inconfort physique dans les formes négatives.

2- le comportement humain est, pour une part, régulé par les réactions sociales qu’il suscite : - sur le plan positif, cela inclut des réactions sociales prenant la forme d’expressions d’intérêt, d’approbation et de reconnaissance sociale, ou d’une compensation monétaire, de l’attribution d’un statut et d’un pouvoir ;

- sur le plan négatif, cela inclut des réactions sociales comme l’expression d’un manque d’intérêt, d’une désapprobation ou d’une réprobation, d’un rejet social, et comme un refus de privilèges et l’imposition de sanctions.

3- En réalité, pour Bandura, la marge d’autodirection dont disposent les personnes reste grande face aux influences externes diverses. Dans la mesure où les personnes se fondent sur des normes personnelles, elles régulent leurs comportements en fonction de leurs auto- approbations. Elles s’engagent dans les actions qui produisent pour elles de l’autosatisfaction, une certaine fierté et du bien-être. Elles évitent de se conduire d’une façon qui engendrerait chez elles de l’auto-insatisfaction, de l’autodévalorisation et de la réprobation personnelle. Cette troisième catégorie de résultats inclut les réactions auto-évaluatives positives et négatives à l’égard de ses propres comportements. » (Bandura, 2003, pp. 39-40).

Il en ressort que les attentes de résultats peuvent alors être négatives ou positives et l’individu peut alors avoir la motivation de les empêcher ou de les contrôler. Comme le précise Bandura (2003), les attentes positives servent d’incitateurs et les attentes négatives d’inhibateurs.

Pour Bandura (2003), les attentes de résultats se construisent à partir des expériences vécues par le sujet et aussi par modelage. Grâce à sa réflexion sur ses propres actions ou sur celles d’une personne observée (modèle), le sujet infère des croyances sur les comportements efficaces qui peuvent conduire à certains résultats visés. Le sujet pourra ensuite appliquer ces règles de fonctionnement inférées dans l’autoguidage de ses activités.

80 Dans la théorie sociale cognitive, sentiment d’efficacité personnelle (SEP) et attente de résultat s’influencent mutuellement. Il nous paraît donc important de présenter les relations qu’il pourrait y avoir entre ces deux concepts de la théorie sociale cognitive.

A partir des définitions de ces deux concepts, il en résulte que les attentes de résultats dépendent fortement du jugement des personnes sur leur capacité à réussir dans des situations données. « Il est largement reconnu que la croyance selon laquelle les actions personnelles

déterminent les résultats augmente le sentiment d’efficacité et de pouvoir, alors que la croyance selon laquelle les résultats surviennent indépendamment de ce que fait l’individu crée de l’apathie » (Bandura, 2003, p. 37). Ainsi, comme le note Bandura (2003), il existe une

relation conditionnelle entre les sentiments d’efficacité personnelle et les attentes de résultats. C’est en croisant les niveaux de SEP (forts et faibles) et les attentes de résultats (fortes et faibles) infléchies par l’environnement, que Bandura envisage des configurations différentes de ce qu’il appelle des effets psychosociaux et émotion émotionnels:

Tableau 6: Relations entre niveaux de SEP et types d’attentes de résultats.

SEP élevé

Attentes de résultat élevées Favorise les aspirations, l’engagement productif dans des activités et un sentiment de réussite personnelle.

Attentes de résultat faibles Revendications, reproches, militantisme ou changement de milieu.

SEP faible

Attentes de résultat élevées Autodévalorisation, découragement,

Attentes de résultat faibles Résignation, apathie

Les résultats surviennent des actions entreprises. Comme le précise Bandura (2003), la manière dont le sujet se comporte détermine donc largement les résultats qu’il obtient. En conséquence, les attentes de résultats ne devraient pas apporter une contribution indépendante des prédictions de comportement quand les perceptions des croyances d’efficacité sont contrôlées. Bandura (2003) a souligné que les attentes de résultats influencent le

81 comportement, si elles sont précisées et évaluées en rapport avec les actions qu’elles peuvent entraîner. Chaque comportement, ainsi que les effets qu’il produit, constituent différentes catégories d’événements. Les derniers peuvent être utilisés pour influencer le premier, ce qui signifie que le comportement peut être modifié par les résultats qu’il produit, qu’il s’agisse d’effets physiques, sociaux ou auto-évaluatifs. Plus vraisemblablement, le manque de confiance des étudiants dans leurs capacités à exercer un contrôle dans une situation donnée crée les résultats prévus. Les étudiants qui manquent de confiance dans leurs capacités académiques envisageront probablement les mauvais résultats académiques qui dépendent de très bas niveaux de résultats (Bandura, 1984 ; Pajares, 1997, traduction personnelle, p. 7).

Cela ne signifie pas que les sentiments d’efficacité et les attentes de résultats sont toujours en relation entre eux. Les étudiants peuvent réaliser que de fortes aptitudes en mathématiques sont essentielles pour obtenir une note élevée à l’examen permettant d’entrer dans une école spécialisée ce qui peut leur assurer une carrière prestigieuse. Mais, s’ils ont une faible confiance dans leurs aptitudes en mathématiques, ils peuvent éviter certains cours et ne pas passer l’examen qui permet d’entrer dans une école spécialisée. Un sentiment d’efficacité élevé et des attentes de résultats négatives peuvent coexister. Par exemple, un étudiant raisonnablement confiant dans ses capacités en chimie peut choisir de ne pas s’inscrire dans un cours de chimie parce que l’enseignement du professeur est d’un niveau tel qu’il décourage tous ceux qui n’ont pas un très bon niveau.

Bandura (1986,1997) a spécifié les conditions dans lesquelles les attentes de résultats sont déterminées partiellement, entièrement ou pas du tout par les croyances d’efficacité, de même que les conditions socioculturelles déterminent le degré de relation entre les sentiments d’efficacité et les attentes de résultats. Quand les résultats qui dépendent de performances spécifiques ne sont pas contrôlées par de telles performances, les croyances d’efficacité interviennent pour une part plus faible de la variance dans les attentes de résultats. « Dans des systèmes discriminatoires, par exemple, les résultats peuvent être fortement indépendants des tâches dans lesquelles les individus s’engagent et des résultats issus de la réalisation de ces tâches » (Bandura, 1984 ; Pajares, 1997, traduction personnelle, p. 7). Quand les individus appartiennent à des groupes qui sont socialement discriminés, ils perçoivent le fait que des résultats désirés ne pourront pas être atteints grâce à leurs efforts, quels que soient les efforts qu’ils pourront fournir. Leurs sentiments d’efficacité ne fourniront qu’une faible marge de

82 contrôle sur leurs environnements et ne seront pas de bons prédicateurs des résultats. « En fait, les sentiments d’efficacité personnelle de bons élèves sont plus étroitement liés aux croyances relatives aux résultats que chez les élèves faibles » (Bandura, 1986; Ehrlich et al., 1993 ; Paris & Oka, 1986 ; Stipek, 1993 ; Shell, Bruning & Colvin, 1995, traduction personnelle, p. 387).

« Les rôles différents joués par les SEP versus les attentes de résultats continuent à être un domaine de recherche, mais actuellement les études qui visent à clarifier cette influence réciproque confortent les affirmations de la théorie sociale cognitive » (Bandura, 1997 ; Pajares, 1997, traduction personnelle, p. 8). Dans notre recherche, on peut se demander si les sentiments d’efficacité dans le domaine scolaire ainsi que les attentes des élèves par rapport à l’école jouent un rôle dans le risque d’abandon scolaire.

La théorie sociale cognitive a placé au cœur de l’explication des conduites la notion de buts

(Bandura, 2001). Puisque notre recherche se situe dans le cadre de la théorie sociale

cognitive, nous envisagerons la question des buts dans ce cadre théorique et l’aborderons sous un angle particulier celui des intentions d’avenir scolaire et professionnel des élèves.