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Les attendus des pairs et le regard des autres

Chapitre 3 : Le dilemme du combattant est un dilemme vécu a posteriori

3.3 Les attendus des pairs et le regard des autres

Le vétéran est le seul qui soit en position de faire face au dilemme du combattant. Le soldat s’engage pour des causes nobles et est victime d’un déni du fait de tuer au combat, qui est d’ailleurs renforcé par les armées et par la société. Le combattant est alors celui qui peut apercevoir le dilemme moral mais, dans l’instant

où celui-ci se pose, les conditions de la guerre et celles du combat créent une éclipse morale. Après le combat, souvent après les opérations et même après la guerre, au retour dans sa société d’origine, le vétéran peut retrouver les facultés et les conditions pour appréhender le dilemme du combattant, a posteriori puisqu’il aura déjà tué ou épargné l’ennemi.

Pour appréhender le dilemme, le vétéran devra en avoir l’envie, c’est-à-dire qu’il doit être réintégré à la société, et les capacités mentales. De plus, il devra ne pas subir d’influence particulière de la part de la société sinon le jugement qu’il portera sur le dilemme ne sera pas le sien propre mais celui imposé par la société. Ce jugement- là ne sera pas fiable puisqu’il ne pourra pas prendre en compte les éléments du combat ni le vécu du vétéran.

Cette influence de la société se décompose en deux catégories qui peuvent être appelées, d’une part, les « attendus », on ne laisse pas au vétéran la liberté de son jugement, et, d’autre part, le « regard des autres » qui est en réalité un jugement fait à partir d’un référentiel différent et qui cherche à surpasser le jugement personnel du vétéran.

Les « attendus » de la société vont avoir une influence sur la façon dont le vétéran va considérer ses actions et se considérer lui-même en tant que personne. En ce sens, ils vont influencer la façon dont il va considérer le dilemme du combattant. Si la société fait un accueil triomphal au vétéran, à l’image des parades à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il sera tenté de se considérer comme un héros. Alors, le dilemme se posera différemment car la société qui interdisait de tuer autrui considère que l’avoir fait mérite des récompenses et des applaudissements. À l’opposé, les réactions de l’opinion publique après la guerre du Vietnam et la guerre d’Algérie ont eu tendance à empêcher le vétéran de pouvoir considérer qu’il avait servi son pays.

Les attendus de la société d’origine peuvent aussi influencer le vétéran quant à sa capacité à raisonner et exprimer son opinion sur son dilemme du combattant. Cela peut se produire en premier lieu dans le cercle familial et dans le cercle professionnel militaire. L’impact sera fort car ce sont deux groupes sociaux qui sont censés être les plus à même de comprendre et d’écouter le vétéran. Dans ce cas, il s’agit de repousser l’expression des doutes quant à la mission et à la justesse de la guerre menée, ainsi que

des doutes quant à la moralité du vétéran. Si le vétéran se demande s’il a bien agi ou pas, cela indique qu’il se confronte au dilemme du combattant. Pourtant ce questionnement peut être étouffé par les proches. La famille du vétéran peut déjà simplement refuser d’entendre parler de la mission. Dans un entretien du 8 juin 2016, le chef d’escadron B. se souvient que sa mère après l’avoir entendu parler de ses sept mois en Afghanistan dans un récit de dix minutes lui a déclaré que c’était bien que ce soit fini et qu’elle ne voulait plus jamais en entendre parler.

À l’inverse, comme l’explique le sociologue André Thiéblemont, le vétéran peut aussi vouloir protéger sa famille en ne parlant pas de son expérience de guerre201. Il souhaite éviter à sa famille les doutes dont il peut souffrir et l’inquiétude qui les accompagnerait. En France, les enfants et petits-enfants de vétérans de l’Algérie soulignent à quel point les vétérans ont, dans une écrasante majorité, gardé le silence sur cette guerre. Dans le film L’Ennemi intime, ce phénomène est notamment illustré par le retour en permission du lieutenant Terrien, officier du contingent et volontaire. On le voit s’arrêter devant chez lui, voir la lumière et l’ombre de sa femme derrière la fenêtre puis ne pas réussir à sortir du taxi et repartir sans un mot202. Cette incapacité à retrouver sa famille n’est pas un déni de retour mais l’évitement d’avoir à exprimer un autre référentiel moral à des proches, que le vétéran pressent qu’ils ne pourront pas comprendre.

Dans le cercle militaire, ce sont cette fois plutôt les doutes sur le référentiel moral de guerre qui sont le phénomène bloquant. Ceci est particulièrement vrai avec des soldats qui n’ont pas été en opération ou pas sur le même théâtre. Dans La Guerre et après, Pauline Maucort nous rapporte l’exemple d’un sous-officier maître-chien qui ne peut pas exprimer ses doutes sur l’Afghanistan à ses collègues à son retour de mission. Ces derniers rêvent d’y aller pour y faire leur métier « pour de vrai » et parce que c’est le conflit majeur pour les soldats français à ce moment-là. Son témoignage montre le mécanisme qui met fin aux tentatives d’échanges et de réflexion : « Ce que je ressentais, mon mal-être, mon vécu, personne ne voulait l’entendre. Ni les collègues surexcités ni les supérieurs. Je savais que je n’avais pas le droit de sortir des rails, impossible de leur montrer autre chose que ce qu’ils attendaient. Il y avait des réponses

201 André Thiéblemont, « Retours de guerre et parole en berne », Inflexions, 2013, n° 23, p. 135-142. 202 F-E. Siri, L’Ennemi intime, op. cit.

acceptables, d’autres inaudibles. Quelque chose ne collait pas. J’ai arrêté d’en parler203».

Ce phénomène souligne par ailleurs la « tache aveugle204» qu’ont les soldats vis-à-vis de la guerre et qui les empêche de considérer le devoir de tuer avant d’y être confrontés205. Il entretient aussi pour partie la possibilité du déni de retour et l’envie

de rester avec des vétérans du même conflit, seuls capables d’entendre et de comprendre les doutes et les interrogations sur les référentiels moraux.

Au-delà du cercle familial et du cercle professionnel, la société peut avoir une influence sur la capacité même du vétéran à entreprendre sa confrontation avec le dilemme du combattant. De nos jours en particulier, la société a tendance à pousser le vétéran au traumatisme, car cela correspond aux attendus de la population. Lors de l’entretien du 8 juin 2016, le chef d’escadron B. a pris l’exemple d’un garagiste à qui il avait mentionné sa mission en Afghanistan et qui lui avait répondu : « C’est sûr qu’on n’en revient pas pareil… ». Cette remarque l’avait interpellé car, par conséquent, revenir sans être traumatisé devient suspect. Les vétérans d’aujourd’hui ne sont plus des héros, comme pour la Seconde Guerre mondiale, ni des bouchers comme pour les guerres de décolonisation, mais des victimes. Ce phénomène a débuté avec les opérations de maintien de la paix où les soldats ne pouvaient pas répliquer, seulement s’interposer et se faire tirer dessus. Au retour de sa mission en Bosnie en 1994, le fusilier Beddoes avait les symptômes du syndrome de stress post-traumatique. Lors d’une interview en 2007, il avoue toujours lutter contre ce SSPT et la réaction de sa femme est éclairante : « Ce sont eux qui font peur : ceux qui sont revenus et n’ont rien, malgré tout ce qu’ils ont vu là-bas206».

Le fait de revenir traumatisé de la guerre empêche le vétéran de disposer de la capacité psychique de prendre en considération le dilemme du combattant, ce qui peut, en retour, entretenir le mal-être lié au traumatisme. Pour les conflits actuels, les guerres

203 Maucort Pauline, La Guerre et après…, Paris, Les Belles Lettres (coll. Mémoires de guerre), 2017,

p. 292.

204 La tache aveugle, ou tache de Mariotte, est le point de la rétine qui ne « voit pas » car c’est l’endroit

où le nerf optique rejoint la rétine mais dont nous n’avons pas conscience car il est compensé par le cerveau en fonction des images reçues autour de ce point. Patrick Clervoy reprend ce concept sur le plan moral pour définir une zone grise morale ignorée de manière inconsciente (voir L’Effet Lucifer,

op. cit.).

205 Voir Chapitre 1, points 1.4 et 1.5, pages 47 et suivantes.

206 Duncan Glasson, Forgotten Heroes: the not dead, prod. Century Films, distrib. Channel 4,

de valeurs, le public attend des soldats-victimes qu’ils reviennent traumatisés. Le livre de Pauline Maucort, la Guerre et après illustre ce phénomène car il est orienté vers le SSPT. Le premier témoignage du livre est celui d’un ancien psychologue militaire qui met en doute les chiffres de l’armée française quant au nombre de vétérans atteints de SSPT. Selon lui, les chiffres officiels sont de l’ordre de 8 à 12 % des vétérans et devraient être plus proches des chiffres de l’armée américaine (30 %)207. Sans prendre

en compte le fait que l’armée américaine a connu des missions plus meurtrières et que ses soldats partent pour un an et non six mois, il est éclairant de voir que les 70 % de vétérans non traumatisés ne sont pas cités. Cette majorité absente reflète bien l’a priori que la société diffuse et promeut au sujet des vétérans : ils doivent revenir traumatisés. La littérature spécialisée sur les conflits actuels met en avant les vétérans traumatisés – qu’ils représentent 8, 12 ou même 30 % des vétérans – sans jamais aborder l’étude de ceux qui ne le sont pas208.

Cette pression sociale sur les vétérans les empêche de considérer le dilemme du combattant car elle fournit une réponse toute faite : le traumatisme. Or, le traumatisme ne constitue pas une réponse au jugement a posteriori du dilemme du combattant mais plutôt un obstacle à sa prise en considération.

Cet obstacle peut se mettre en place pour des vétérans qui, au moment de leur retour à la société et au temps de paix, n’en étaient pas victimes. La pression sociale et le phénomène psychologique d’association que nous avons vus peuvent accroître de manière indue le nombre de vétérans traumatisés. Pour Dave Grossman, le fait d’étudier et de mettre en avant le SSPT incite les vétérans à en souffrir car « il y a une tendance chez l’être humain à répondre au stress de la façon dont il pense qu’on attend de lui qu’il réagisse209». Il emploie alors le terme de « psychocondriaques » –

hypocondriaques psychologiques – pour désigner ces vétérans qui souffrent par phénomène d’association de SSPT. Il met par ailleurs en cause un manque d’entraînement car selon lui chaque symptôme du SSPT peut être évité par un entraînement adéquat préalable au déploiement sur le théâtre des opérations. Au

207 P. Maucort, La Guerre et après…, op. cit., p. 51.

208 L’étude des vétérans qui assument leur confrontation à la guerre sans vivre de traumatisme pourrait

pourtant être utile à ceux qui sont traumatisés pour sortir de leur état. Voir Benoît Olié, recension de La Guerre et après... de Pauline Maucort (2017), Les Lectures d'AEGES,

28 mai 2018, https://aegeslectures.wordpress.com/2018/05/28/la-guerre-et-apres/ (accès le 29 mai 2018).

Royaume-Uni, une étude de 2012 réalisée par le psychiatre militaire Ian Palmer a montré que parmi les vétérans atteints de syndromes de stress post-traumatique et de difficultés psychologiques, 42 % l’étaient pour des raisons autres que la guerre et 10 % l’étaient par pure exagération de leurs états de service : ils étaient traumatisés par des événements qu’ils n’avaient pas vécus210.

Les attendus de la famille, des pairs, et de la société d’origine du vétéran peuvent être un obstacle à sa correcte appréhension a posteriori du dilemme du combattant. Pour un vétéran qui serait capable d’appréhender ce dilemme, la société d’origine peut encore, à travers le « regard des autres », l’empêcher de former son propre jugement en lui imposant un jugement tout fait mais fondé sur un seul référentiel moral alors que le vétéran doit justement en fusionner deux.

Le regard des autres peut éclipser le dilemme du combattant pour le vétéran en offrant à ce dernier, parfois en lui imposant socialement, un jugement « prêt-à- l’emploi » sur le dilemme tout en n’y incorporant qu’un seul des deux éléments du dilemme.

La société civile peut parfois mettre en avant un jugement qui considère le fait de tuer l’ennemi comme la « bonne » solution du dilemme et impose au vétéran, pour qui la connaissance du théâtre des opérations et de la réalité de la guerre nourrit le poids relatif de chaque solution, un jugement qui efface le dilemme. Dans le témoignage qu’il fait lors d’un TED Talk, le vétéran de l’Afghanistan Wes Moore, qui s’était engagé pour financer son inscription à l’université, explique pourquoi la formule consacrée « Thank you for your service » (merci pour ton service à la patrie) lui fait horreur. Selon lui, cette formule pose à la fois le fait que le vétéran a bien agi, quelles que soient ses expériences, et qu’il n’y a plus rien à discuter. Ce sont pourtant les doutes et le partage des expériences qui pourront permettre au vétéran de fusionner les repères moraux, tout en actualisant sa connaissance de ceux de sa société d’origine. Mettre fin à la conversation sur la guerre en remerciant le combattant pour le service rendu le prive de sa capacité de décision autonome de réalisation de l’acte, un peu

210 Cité par Mark Townsend, « Many military veterans' PTSD claims 'fabricated’ or exaggerated »,

TheGuardian.com, 23 janvier 2016, http://www.theguardian.com/uk-news/2016/jan/23/many-military- veterans-ptsd-claims-fabricated-or-exaggerated (accès le 1er août 2017).

comme si la responsabilité de tuer ne lui avait jamais appartenu. Le vétéran sait pourtant que c’est lui qui a déclenché l’arme. Le faire taire et le forcer à accepter par son silence le jugement d’un acte comme moral, le tout au nom d’une société qui condamne par ailleurs en dehors de la guerre ce même acte comme le pire possible, va étouffer le dilemme du combattant mais cela n’y mettra pas fin. Le fait de retarder ainsi la prise en compte du dilemme du combattant, qui se fait déjà a posteriori, peut perturber la capacité du vétéran à le faire correctement et peut compromettre son équilibre psychique.

La société peut également condamner moralement des actes sans chercher à prendre en compte le référentiel moral et le contexte des actes. Bien qu’il ne s’agisse pas de tuer l’ennemi, l’emploi de la torture lors de la guerre d’Algérie en fournit un exemple très clair.

Une polémique très forte a eu lieu en France en 2001, après la publication de mémoires du général Paul Aussaresses, officier de renseignement pendant la guerre d’Algérie et notamment pendant la bataille d’Alger211. La polémique a porté sur le fait

qu’il reconnaît dans ses mémoires avoir utilisé la torture comme technique d’interrogatoire et prétend que cet usage était systématique. Lui et ses éditeurs ont été condamnés pour apologie de crime de guerre mais la Cour européenne des droits de l’Homme a ensuite condamné la France pour atteinte à la liberté d’expression le 15 janvier 2009. La Cour a par ailleurs souligné l’intérêt pour la mémoire et le débat de reconnaître l’existence de tels actes.

Cette polémique est très éclairante sur deux points : le refus de la société de considérer un référentiel différent et le besoin d’imposer son jugement au vétéran.

À la lecture du livre, le lecteur s’aperçoit que l’ancien général ne définit pas la torture comme morale ou comme une bonne chose, mais comme une chose « normale », c’est-à-dire qui faisait partie des normes de l’époque. Il rappelle au début du livre qu’il était un commando Jedburgh pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait de commandos largués en civil pour effectuer des opérations clandestines. Considérés comme hors des lois des conflits armés, les Jedburgh savaient qu’être pris par les Allemands signifiait être torturé, le plus souvent à mort. Pour lui, la torture était donc un élément de la guerre. Quand il l’a retrouvée en Algérie, il n’a pas considéré

qu’elle n’y avait pas sa place : il n’avait pas actualisé son référentiel moral. D’ailleurs, le référentiel moral de la polémique était celui de début 2001, différent de celui de l’époque et qui serait encore différent de nos jours. Dans La Question, qui raconte les séances de torture qu’il a subies, Henri Alleg évoque à plusieurs reprises la Seconde Guerre mondiale : comme il résiste bien aux séances de tortures, la plupart des tortionnaires pensent qu’il était résistant et a déjà été torturé par les nazis212. Cela

confirme la proximité du référentiel avec celui de la Seconde Guerre mondiale. En 2001, l’évocation de ce référentiel a soulevé un tollé et la société n’a pas voulu le considérer. La société n’a pas voulu laisser non plus au vétéran le soin de fusionner les référentiels et de juger ses actes au regard d’un référentiel unifié. Paul Aussaresses ne semblait pas prêt non plus à le faire car il n’a jamais, jusqu’à sa mort en 2013, exprimé de regrets sur la torture.

Dans le cas du dilemme du combattant, l’acte personnel que constitue le jugement a posteriori de l’acte de tuer ou d’épargner l’ennemi peut donc être « étouffé » par la pression sociale et le référentiel unique de la société d’origine du vétéran. Or, ce référentiel peut évoluer. L’exemple du raid du 17 mai 1943 de la Royal Air Force contre les barrages de la Ruhr213, par les Dambusters, montre cette évolution. En 1943, cette attaque contre l’industrie allemande paraissait justifiée. En 2012, un repas de commémoration a été organisé à l’école de guerre britannique. Les stagiaires allemands, ainsi que des officiers d’autres pays, ont refusé d’y participer car pour eux une telle attaque, dont l’impact stratégique s’est révélé bien moindre que celui escompté à l’époque et qui a tué 750 prisonniers de guerre alliés et 550 civils, constituait, à leurs yeux, en 2012, un crime de guerre.

L’évolution du référentiel rend nécessaire pour le vétéran une actualisation de sa connaissance de ce référentiel. Il pourra alors, si la société lui laisse la liberté de le faire sans lui imposer de réponse toute faite et s’il en est capable physiquement et psychiquement, prendre en considération les différents référentiels moraux connus avant, pendant et après la guerre. Il pourra les fusionner, et les confronter pour adopter un jugement a posteriori du dilemme du combattant.

212 H. Alleg, La Question, op. cit., p. 65. 213 Voir page 14 de cette thèse.

Le vétéran qui accepte et est accepté dans son retour à la société et au temps de paix, qui possède la capacité physique et psychique au raisonnement moral et qui est préservé de l’influence d’un jugement biaisé de la société va pouvoir juger a posteriori le dilemme du combattant et donc ses actions.

Cette confrontation a posteriori au dilemme du combattant nécessite une fusion des deux référentiels moraux, celui du temps de paix et celui du combat. Le vétéran va donc effectuer cette fusion et essayer d’intérioriser ce nouveau référentiel. L’opposition des deux référentiels va amener le vétéran à considérer quelles valeurs refuser ou quelles valeurs auront la priorité. Cette redéfinition de ses repères moraux