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Partie III: considérations générales 3.1: division du travail et coordination

Annexe 3: Extraits du travail réalisé par Sarah Rézenthel en appui à cette étude

II. Aspects méthodologiques

II.1. L’ethnographie de la conception/anticipatrice et de la conception/action (i.e. chemin faisant) permet une analyse de la dimension communautaire de l’activité et s’efforce de suivre les opérations de mise en forme des activités, actions et personnes associées, d’emprunter les chemins qu’elles dessinent, de s’interroger sur leurs redéfinitions et sur leurs enchevêtrements. La méthodologie employée se réfère ainsi aux approches ethnographiques mêlant les entretiens en profondeur avec les acteurs du SHN et l’observation participante en situation. La procédure de l’étude s’est réalisée en plusieurs temps, la détermination des SHN participant à l’étude et la prise de contact avec les athlètes de HN, la réalisation d’entretiens semi - directifs individuels et un traitement qualitatif des données recueillies.

La phase de prise de contact a consisté à informer les sportifs de haut niveau (pour une part l’INSEP classe PSHN et connaissances personnelles et pour une autre part extérieur à l’INSEP) de la réalisation d’une étude portant sur les « activités rémunérées autour des sportifs de haut niveau » commanditée par l’ONMAS, et à préciser le plus simplement les objectifs de l’étude à savoir, qu’il s’agissait de décrire et de comprendre les systèmes d’entraînement auxquels les sportifs de haut niveau avaient à faire, c’est à dire qu’elles étaient les personnes avec qui ils travaillaient, comment et sur quoi ces personnes interagissaient et se coordonnaient. La prise de contact plus directe avec les sportifs volontaires pour participer à l’étude et à la réalisation des entretiens s’est faite ensuite par téléphone ou mail personnel.

Une trentaine entretiens semi - directifs a été réalisé avec les sportifs de haut niveau volontaires pour participer à l’étude. Tous les entretiens ont été intégralement enregistrés. Ils ont démarré par un rappel du contexte de l’appel d’offre de l’étude, du thème et des objectifs de l’étude. La volonté de rendre compte de l’activité telle qu’elle se produisait réellement autour des sportifs de haut niveau a été affirmée et soulignée. Nous nous sommes assuré ensuite que les participants à l’étude avaient bien compris la nature du processus de l’entretien. La limite de temps de l’entretien n’a pas été fixée totalement aussi les entretiens ont duré entre 45 minutes et une heure.

Nous nous sommes entendus sur des intentions ou axes de questionnement qui se sont traduits en questions, relances, demandes de précisions :

1° axe : « Qui fait quoi en matière d’entraînement ? »

- questionner la structure générale d’entraînement, (exemple : Vous vous entraînez dans le cadre de l’INSEP ? d’un club ? »)

- questionner le « qui fait quoi » en matière d’entraînement : (exemples : Qui sont les personnes qui travaillent avec vous ? Combien de personnes travaillent avec vous ?)

- questionner le rapport entre les organigrammes prescrits et le travail réellement réalisé (exemple : « Alors l’entraîneur fédéral est Monsieur X, vous travaillez avec lui exclusivement ? »)

2° axe : « Quels sont les statuts des différentes personnes auxquelles tu fais appel ? »

- questionner sur le statut, les conditions de rémunération des personnes citées (Exemple : Tu sais qui emploie le kiné ? Ton ostéopathe, c’est toi qui le payes ?)

3° axe : « Comment marche ce système d’entraînement ? »

- questionner les actions, les intentions, les préoccupations des différents acteurs du système d’entraînement, « qui parle à qui », « qui écoute qui » (exemple : C’est quoi au juste le rôle de l’entraîneur ? et celui de l’entraîneur adjoint ? Concrètement son activité consiste en quoi ?)

- questionner les moments concrets et saillants des activités d’entraînement et de compétition (Exemple : Sur ta dernière phase d’entraînement, comment ça s’est passé concrètement ? qui étaient présents ?)

- questionner les moments de ruptures ou de changements de personnes dans le système d’entraînement (Exemple : Tu n’avais pas de préparateur mental avant les JO, qu’est-ce qui fait aujourd’hui tu en as un ?)

Les entretiens ont été enregistrés, retranscrits mot à mot dans leur intégralité et ont subi une analyse qualitative qui a consisté i) à catégoriser l’ensemble des données recueillies et ii) à qualifier une structure de relation entre les différents acteurs. Ces entretiens ont été complétés par une exploitation des informations issues de la presse sportive spécialisée.

(Dans le cadre restreint de cette étude, la référence aux travaux sur les réseaux – c'est-à-dire l'examen des structures de relations entre acteurs et de leurs dynamiques, dans le cadre de la théorie des graphes et des systèmes dynamiques complexes, constitue une trame implicite pour cette partie. Nous en restituons ici la partie « qualitative ». Parallèlement nous poursuivons un travail qui nous devrait nous conduire à une modélisation en terme de système multiagent (SMA) ; Ces points sont évidemment à approfondir dans le cadre de recherches futures).

II.2 L’interdépendance des activités autour des sportifs de haut niveau conduit à l’étude du réseau d’acteurs impliqués dans l’entraînement.

Les athlètes (et les entraîneurs) sont engagés dans des activités qui ne sont pas des tâches locales, délimitées, mais des systèmes d’activités dynamiques et complexes dont la gouvernance s’effectue par l’action.

Dans ce cas, l’interdépendance des ressources partagées entre les différents acteurs, les ressources relationnelles – constitutives du capital professionnel – susceptibles d'être mobilisées par les différents acteurs selon les circonstances, la manière dont les acteurs (individuels ou collectifs) gèrent stratégiquement leurs relations professionnelles et personnelles à des fins variables, amènent à considérer - au delà des organigrammes et des rôles -, des réseaux « informels » qui permettent à chacun d’agir au mieux. La mise en œuvre passe par des échanges, des négociations, des conventions, … dans des relations de pouvoir qui – du fait des interactions directes et continues entre les acteurs - se caractérisent au plan macroscopique par des stabilisations momentanées (groupes d’entraînement « équilibrés ») ou par des désordres fonctionnels.

La notion de structure organisationnelle et de réseau de relations interpersonnelles est ici centrale. Il s’agit donc dans cette partie, de repérer l’ensemble des relations de l'athlète avec les "activités" portés par des personnes particulières. L’observation des réseaux sociaux en entraînement, considérés comme des ensembles de relations de nature variée entre acteurs ou ensembles d'acteurs, vise à signifier la structure des relations sociales dans le travail sportif. Structure qui est envisagée à la fois comme contrainte formelle (sous l’effet des rôles, de statuts, des organigrammes) et à la fois comme effet émergent sous l’effet des interactions continues au cours du temps (cf. partie 1).

En dépit de cette hétérogénéité de statut et de forme « comportementale », les acteurs sportifs restent congruents vis-à-vis de leurs objectifs d’excellence et gèrent les interdépendances à la fois de manière « générale » et individualiste.

L’exploitation qualitative des verbatims des entretiens laissent apparaître différents types des réseaux : réseau d’entraînement, réseau d’amitié, réseau de conseil, réseau de contrôle, réseau de ressources économiques qui s’interpénètrent de manière particulière selon les systèmes d’entraînement et les individus. Ceci nous a conduits à construire les catégories suivantes pour décrire le fonctionnement particulier de ces réseaux :

(1) Importance du contexte. Cette catégorie inclue l’histoire et l’expérience passée, la culture fédérale et locale club/pôle, les antécédents dans les rapports sociaux et humains, les codes de conduite formelle et tacite, les solidarités construites par l’expérience passée, … ;

(2) Appartenance aux cercles sociaux. Cette catégorie se réfère au fait que les acteurs ont des appartenances multiples dans le monde sportif et social, qu’ils y construisent à la fois leur unicité en terme d’identité sportive mais aussi leur dimension plurielle en tant qu’acteurs sociaux ;

(3) Centralité et proximité. Cette catégorie se réfère à la fois i) aux relations et aux systèmes de valeurs entre acteurs : amitié, engagement des acteurs, solidarité, confiance qui caractérisent des liens forts et des liens faibles entre les acteurs et ii) à la distance (centralité, proximité) que les acteurs entretiennent avec l’objet dont cette relation est le support ;

(4) Echange et pouvoir. Cette catégorie concerne les conventions et/ou normes, les régimes de contrôle entre acteurs, les modèles de gouvernance qui organisent et contrôlent le fonctionnement du réseau

(5) Dynamique du réseau. Cette catégorie souvent peut apparente dans les entretiens et donc inférée à partir de ceux-ci traite de l’influence de la régulation, de l’apprentissage individuelle et organisationnelle, de la temporalité et de la dynamique des réseaux d’activités.