• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2. Approches théoriques de la durabilité et de l'agriculture

2) Quelles articulations entre théories de l'entreprise et théories du développement

2.1) Une diversité de regards théoriques des sciences de gestion

sur la durabilité des entreprises

Parmi les grandes approches théoriques qui articulent une vision de l'entreprise et une vision du développement durable, retenons-en trois. Elles ont des liens entre elles, et se recoupent en partie.

2.1.1) La Responsabilité Sociale des Entreprises

En France, le discours sur le développement durable a été adopté dans le milieu des entre-prises – surtout des grandes entreentre-prises – dès les années 90. Mais c'est à la fin des années 90 et surtout dans les années 2000 que la relation entre développement durable et entre-prises s'institutionnalise par la notion de « responsabilité sociale des entreentre-prises » (RSE). La RSE est une traduction de l'expression de langue anglaise « corporate social

responsi-bility ». Ses origines sont anciennes puisqu'elles remontent aux débats en vigueur aux

Etats-Unis au début du vingtième siècle sur la responsabilité morale des chefs d'entre-prises. La réflexion s'est tout d'abord inscrite dans la perspective de la morale protestante. La notion prendra forme grâce à la parution de l'ouvrage de Howard R. Bowen : Social

responsibilities of the businessman en 1953. Elle connaîtra un véritable essor dans les

années 60 et 70 au moment où des mouvements sociaux, politiques et écologistes mettent en cause les grandes entreprises pour leur responsabilité dans des problèmes tels que la discrimination raciale, la dégradation de l'environnement, etc. Dans les pays anglo-saxons,

la notion de RSE s'est développée indépendamment de celle de développement durable, alors qu'en France et en Europe les liens entre RSE et développement durable sont plus étroits. Le gouvernement français définit la RSE comme étant « la contribution des entre-prises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste pour les entreentre-prises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité pour adopter les meilleures pratiques possibles et contribuer ainsi à l’amélioration de la société et à la protection de l’environnement. La RSE permet d’associer logique économique, responsabi-lité sociale et écoresponsabiresponsabi-lité »30. Dans cette définition, la RSE relève bien de la même approche globale que le développement durable, avec ses trois dimensions classiques. Il en va de même de la définition de la commission européenne31 : « intégrer les préoccupa-tions en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme et des consom-mateurs ». Avec la RSE, l'entreprise, a des responsabilités envers la société qui dépassent ses obligations légales, et qui dépassent aussi l'horizon temporel et le cadre habituellement pris en compte par le management. Pour Bowen (1953) la RSE repose sur la double dimen-sion de contrat social entre l'entreprise et la société, qui représente le respect des règles émises par la société, et d'obligation morale qui impose à l'entreprise d'avoir un comporte-ment en cohérence avec les valeurs de la société. Toutefois, l'importance de la dimension morale dans la définition de la corporate social responsibility a fait l'objet de critiques, notamment de la part des économistes libéraux, ce qui a donné lieu à une autre proposition, la Corporate social responsiveness. Celle-ci ne met pas l'accent sur les obligations de l'entreprise, sur la dimension éthique, mais dans une approche plus pragmatique sur ses capacités à répondre aux attentes sociales, sur sa manière d'agir face aux pressions sociales. Cette dernière approche se retrouve en partie dans la définition de la RSE par l'approche des parties prenantes (stakeholders).

2.1.2) La performance globale de l'entreprise

Dans la continuité des réflexions sur la RSE, les concepts de « Triple bottom line », et dans le contexte français de « performance globale de l'entreprise » (Reynaud, 2006) traduisent la nécessité de prendre en compte les trois dimensions du développement durable. La notion de performance globale relève d'une approche holistique et se définit comme l’agré-gation des performances économiques, sociales et environnementales. Idéalement, ces trois dimensions devraient être corrélées, dans une sorte d'intégration. Mais une fois les défini-tions théoriques posées, les véritables difficultés commencent avec la mise au point de méthodes d'appréciation de la performance globale. Selon Renaud et Berland (2007), « L’analyse des différents outils de mesure, utilisés par les entreprises pour appréhender 30 Site du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie (http://www.developpement-durable.gouv.fr/Responsabilite-societale-des.html)

31 Communication de la Commission européenne au Parlement, au Conseil, au Comité social et économique européen et aux Comités des régions. Responsabilité sociale des entreprises : une nouvelle stratégie de l'UE pour la période 2011-2014. 25 octobre 2011

leur performance, montre qu’aucun outil n’est capable de mesurer les interactions entre les différents segments de la performance. Pour le moment, les outils disponibles (le Balanced

Scorecard dans sa version actualisée à la RSE, le Triple Bottom Line reporting) fournissent

une vision segmentée de la performance globale en trois dimensions : économique, sociale et environnementale. Ils mesurent ces dimensions de manière séparée pour ensuite les compiler sans tenir compte des corrélations existant entre elles. Dans le meilleur des cas, certains outils (les indicateurs croisés de la GRI) évaluent les interactions entre deux dimensions: économique/sociale ou économique/environnementale. Mais, ils ne permettent pas d’intégrer de manière significative les trois dimensions de la performance globale. » (Renaud, Berland, 2007). Toutefois, pour d'autres auteurs, ceci n'est pas un problème, dans la mesure où le concept de performance globale joue tout de même un rôle, celui « d'utopie mobilisatrice », et où « la dissociation des mesures de performances est la meilleure garantie du maintien d'objectifs multidimensionnels. » (Capron et Quairel, 2006, p15).

2.1.3) L'approche des stakeholders (parties prenantes)

Le développement durable et la RSE ont trouvé un éclairage et un enrichissement théorique à travers le courant de recherche sur la place des « stakeholders » (parties prenantes) dans la gestion stratégique de l'entreprise. Dès 1984, Freeman propose de mieux prendre en compte les parties prenantes et leurs intérêts dans la gestion à long terme des entreprises ; parties prenantes qu'il définit de façon large comme « tout groupe ou tout individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs d'une organisation » (Freeman, 1984, p48). La théorie des stakeholders considère l'entreprise comme un nœud de contrats implicites et explicites qui régissent les relations des membres de l'entreprise entre eux (relations internes) et avec des tiers (relations externes), ou bien comme une « constellation d’intérêts coopératifs et compétitifs » (Martinet et al., 2001), ou encore comme la résultante d'un ensemble de relations qui se cristallisent dans un équilibre plus ou moins stable. A la suite de Freeman, de nombreux auteurs ont affiné les réflexions sur les parties prenantes, en proposant notamment des typologies (parties prenantes primaires et secondaires, contractuelles et diffuses) et en distinguant différents niveaux de réflexion pour en appréhender les différentes dimensions. D'autre part, la notion de stakeholder s'est enrichie de dimensions supplémentaires au fil du temps. Freeman l'envisageait au départ uniquement dans une approche managériale et utilitariste ; la gestion des stakeholders ayant pour but de donner des marges de manœuvre à l'entreprise afin qu'elle poursuive ses propres objectifs. L'incorporation de considérations éthiques et de la question de la légiti-mité des demandes sociales externes ne se fera qu'à partir des années 90 (Acquier et Aggeri, 2007).

En 2007, Acquier et Aggeri signalaient le rôle central que joue le concept de

stake-holders, à la fois comme « concept fédérateur » du champ de recherche sur les relations

entre société et entreprises, et comme outil que les entreprises s'étaient appropriés dans leur politique de management dans l'objectif de la RSE. Ce concept a permis de donner un

contenu plus précis à la notion de RSE qui restait jusque là très générale et difficilement opérationnalisable dans le management, et a contribué à réaliser ce que Aggeri et Godard (2006) ont appelé « l'hybridation du développement durable et de la RSE ». La définition de la RSE par la commission européenne illustre bien ceci : « Afin de s’acquitter pleine-ment de leur responsabilité sociale, il convient que les entreprises aient engagé, en collabo-ration étroite avec leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme et de consommateurs dans leurs activités commerciales et leur stratégie de base, ce processus visant à optimiser la création d’une communauté de valeurs pour leurs propriétaires/action-naires, ainsi que pour les autres parties prenantes et l’ensemble de la société;(...). » (Aggeri et Godard, 2006).

Cependant, certains auteurs mettent en doute la capacité de la notion de stakeholder à fournir à la RSE un cadre suffisant pour prendre en compte les enjeux et multiples dimensions du développement durable. La théorie des stakeholders oriente la RSE vers une approche pragmatique. En effet, « la responsabilité de l’entreprise n’est pas universelle ; elle est contingente et relative et s’exerce en fonction des stakeholders considérés par l’entreprise comme légitimes. » (Aggeri et Godard, 2006). Par exemple, Bensebaa et Béji-Bécheur, dans une approche s'inspirant de la philosophie pragmatiste, mettent en évidence l'importance des interactions entre l'entreprise et ses parties prenantes dans une construc-tion incrémentale de la RSE : « la RSE est considérée évolutive en foncconstruc-tion de l’expérience vécue. Elle n’est pas uniquement le résultat de l’optimisation de critères de choix. La RSE n’est pas non plus une réalité à atteindre (un idéal type) mais une construction et le résultat d’expérimentations. La mise en œuvre de la RSE peut être appréhendée comme un parcours initiatique de l’organisation (des acteurs) avec ses parties prenantes pour construire une identité sociale légitime. » (Bensebaa et Beji-Bécheur, 2007). Mais ceci n'apporterait pas assez de garanties pour intégrer les dimensions éthiques et morales du développement durable. Ainsi, selon Lauriol (2004), « la question des finalités du dévelop-pement durable peut se résoudre, selon une majorité d’auteurs, par la simple extension de la théorie des parties prenantes à de nouveaux groupes porteurs d’enjeux. Cette logique contractualiste, fondée sur la recherche d’intérêts communs n’est pas véritablement concernée par les questions morales et éthiques du développement (« aléa moral » et codes éthiques mis à part). Par ailleurs, on ne voit pas bien, au regard de la rationalité qui la caractérise, comment elle pourrait être en mesure d’intégrer les principes de responsabilité, de précaution et de participation qui président à l’élaboration de choix de développement durable. Enfin, il n’est pas aisé d’envisager comment elle pourrait permettre l’intégration de nouvelles parties prenantes « non standard » au regard de la théorie, et les temporalités dont elles sont porteuses. » (Lauriol 2004).

La RSE connaît donc deux approches bien différentes, l'une pragmatique par la théorie des parties prenantes, l'autre de nature plus éthique et morale notamment par la

référence au principe responsabilité de Hans Jonas. Selon Lauriol, la théorie des parties prenantes présente de nombreuses limites, mais le développement durable et la RSE ne peuvent pas non plus se définir uniquement à partir de principes surplombant la prise en compte des intérêts et objectifs des parties prenantes ; ces principes ne faisant actuellement pas l'objet d'un accord suffisant. Les deux approches seraient ainsi difficilement conci-liables sur le plan théorique. En l'absence d'un « corps de doctrine » suffisamment solide, la définition du développement durable serait donc l'objet de tensions qui sont finalement dépassées, sans être résolues, par un processus de normalisation du développement durable et de la RSE, à travers l'établissement de normes publiques et privées. En effet, la RSE fait aujourd'hui l'objet d'un travail de législation et de normalisation (norme Iso 26000, Global

reporting initiative, etc). Elle a ainsi pris une importance accrue pour les entreprises cotées

en bourse et certaines autres, par l'obligation qu'elles ont depuis la loi Grenelle II de rendre compte au travers de rapport de leurs activités par certains indicateurs de développement durable – pratique du reporting. Ces rapports sur la contribution des entreprises au développement durable pouvant être examinés par les actionnaires, fonds d'investissements mais aussi ONG, associations, pouvoirs publics, etc. Outre les effets pervers qui peuvent être dus à leur instrumentalisation, ces normes une fois définies peuvent aussi avoir pour inconvénient de figer la réflexion et le travail de réflexivité des entreprises sur leur engage-ment dans une démarche de développeengage-ment durable.

Tout comme le débat opposant les tenants de la corporate social responsibility et ceux de la corporate social responsiveness avait fait l'objet de tentatives de dépassement dans des approches prenant en compte à la fois les caractères éthique et pragmatique de la responsabilité des entreprises (Carrol, 1979), certains auteurs adoptent une démarche similaire à propos de la RSE (Lauriol, 2004).

Finalement, la sensibilité au discours ambiant, les contraintes légales et la crainte d'être accusés par les médias ou la société civile de manquer de transparence sont probable-ment responsables en grande partie de l'intérêt des entreprises pour le développeprobable-ment durable. C'est ce qu'exprime Olivier Godard : « C’est par souci de se prémunir par avance de phénomènes de contestation sociale que certaines entreprises s’orientent vers le développement durable, lorsqu’elles n’y trouvent pas directement un marché. » (Godard, 2002). Certains auteurs vont plus loin en présentant cet engouement pour la RSE et le développement durable comme un discours visant à réconcilier la société avec le capita-lisme. Mais on voit également des entreprises s'emparer réellement de la problématique du développement durable et s'engager dans un processus de transformation progressive de leurs pratiques (Bensebaa et Beji-bécheur, 2007 ; Berger-Douce 2011). Même s'il ne faut pas surestimer ce phénomène, la prise en compte de la RSE et du développement durable dépasse le domaine du discours et se concrétise par la mise en place d'outils, d'action et de stratégies managériales, notamment parce que les discours finissent par avoir un effet performatif (Aggeri et Godard, 2006).

2.1.4) Trois conceptions de la durabilité des entreprises

Quels enseignements retenir de ce rapide exposé sur la prise en compte du développement durable par les entreprises et par les sciences de gestion ?

D'une part, la notion de globalité, avec les trois dimensions classiques que sont l'économie, le social et l'environnement, est transversale aux différents cadres d'analyse de la durabilité des entreprises. Malgré tout certains auteurs estiment que les tentatives pour la traduire en démarche et outils d'évaluation n'atteignent pas leurs objectifs et en reviennent à des visions réductionnistes, où la globalité de l'entreprise est segmentée.

D'autre part, au regard de l'éclairage théorique et de sa traduction en outils d'évalua-tion que les sciences de gesd'évalua-tion apportent sur la nod'évalua-tion de durabilité des entreprises, il nous semble que trois conceptions de la durabilité apparaissent :

1) La durabilité vue comme un état ou une succession d'états, à un instant t. "L'état" de la durabilité d'une entreprise s'apprécie avec des indications sur la situa-tion de l'entreprise, ses résultats, ses pratiques, à un moment donné ou pendant une période donnée (par exemple un exercice comptable). Cette approche se retrouve dans la traduction opérationnelle de la théorie des ressources et de la performance globale, où la globalité est segmentée.

2) La durabilité vue à travers le concept de système, essentiellement comme ensemble de composantes en interactions. Cet aspect ressort de la théorie de la performance globale dans son objectif théorique.

3) La durabilité vue comme une démarche incrémentale, c'est à dire une démarche de construction progressive de cadres de réflexion et de décision sur la durabilité de l'entreprise, par l'action et la prise en compte des acteurs concernés. Ce point de vue est spécifique à la théorie des parties prenantes.

On peut alors distinguer deux grandes approches de la durabilité. La première voit la durabilité dans une dimension statique : c'est à dire comme un état à un moment donné. On parlera alors de durabilité statique. La deuxième considère la durabilité comme une dynamique ou un ensemble de processus, soit en mettant l'accent sur la dimension systé-mique – on parlera alors de durabilité processuelle systésysté-mique –, soit en se focalisant sur la dimension incrémentale – on parlera alors de durabilité processuelle incrémentale.

L'analyse demande maintenant à être précisée en présentant les spécificités de ces entre-prises particulières que sont les exploitations agricoles.

2.2) Les approches théoriques de la durabilité des exploitations

agricoles

Comme dans les sciences de gestion de l'entreprise, les définitions et interprétations de la durabilité des exploitations agricoles sont diverses. Le classement en trois points de

vue et deux grandes approches (statique et processuelle), effectué plus haut, nous servira de guide pour appréhender cette diversité.

2.2.1) Performance globale et théories des capitaux

L'essor de la notion d'agriculture durable a donné lieu à l'apparition d'une multitude de systèmes d'évaluation de la durabilité des exploitations agricoles. Par le choix d'indica-teurs, ces systèmes d'évaluation apportent à la fois une définition et une mesure de la durabilité. Ils opèrent généralement en fixant une référence, sorte d'idéal de durabilité, par rapport à laquelle sont comparés les résultats observés. Beaucoup d'outils se cantonnent à la durabilité environnementale. Certains prennent comme terrain d'étude des niveaux spatiaux ou organisationnels restreints (la parcelle, le système de culture). Plus rares sont ceux qui s'appliquent à la fois aux trois dimensions (environnementale, économique et sociale) et à l'exploitation agricole dans sa globalité. Ceux-ci sont présentés en détails dans le chapitre 4. Retenons seulement ici qu'ils s'inscrivent dans le cadre d'analyse de la perfor-mance globale, explicitement ou non, dans la mesure où ils postulent l'existence d'une durabilité globale appréciée par l'agrégation de mesures des différentes composantes ou aspects de l'exploitation. Une autre de leurs caractéristiques est la prise en compte quasi-ment unique d'états ou résultats à un instant t, par opposition à la prise en compte de processus se déroulant dans le temps. Ces outils d'évaluation ne font pas apparaître le caractère systémique de l'exploitation, les interactions entre les composantes ; celui-ci ne ressort que par une approche plus qualitative complémentaire. On retrouve là les limites identifiées par Renaud et Berlan (2007) à propos de la notion de performance globale. Malgré tout, ces outils présentent un intérêt du fait de leur facilité de mise en œuvre.

La théorie des capitaux, quant à elle, se centre sur les ressources (ressource-based

view) nécessaires au fonctionnement de l'entreprise. Elle considère qu'une entreprise fonde

son développement sur des ressources stratégiques, tels que les capitaux classiques (physique, financier, commercial et humain), mais aussi tels que le capital social et le capital naturel. « En partant de l’approche fondée sur les ressources, l’exploitation agricole peut être alors modélisée en considérant les différents types de capitaux. De plus, dans une perspective de durabilité, l’exploitation agricole non seulement utilise les ressources relevant de ces capitaux, mais aussi contribue à la présentation et/ou à la création de ces ressources (...). Il s’agit là d’un changement important dans la logique d’action des agricul-teurs : d’une logique centrée uniquement sur l’utilisation des ressources selon le schéma simple de maximisation à court terme de la fonction de production, à une logique fondée sur la dynamique récursive de valorisation, de préservation et de création de ressources. Toujours dans une perspective de durabilité, notre approche de l’exploitation agricole se rapproche du modèle de l’agriculture durable développé par Pretty et Hine (2002), selon

lequel les systèmes durables sont ceux qui assurent le renouvellement et favorisent l’accu-mulation d’un stock de capitaux.. » (Gafsi, 2006).

La théorie des capitaux rejoint celle de la performance globale par son souci de prendre en compte l'ensemble des composantes des entreprises, l'ensemble des capitaux. Elle en reste à une vision statique de la durabilité lorsqu'elle segmente l'exploitation selon la nature des capitaux sans montrer les interactions qui peuvent exister entre ceux-ci. Mais elle va plus loin en montrant que la durabilité d'une entreprise réside aussi dans sa capacité