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ARTHUR ET LE MAÎTRE

Dans le document Paroles, paroles, paroles (Vol 1), Zif (Page 140-144)

Il est vrai que depuis cinq ou six semaines L'attitude de notre « bébé » avait changé

Arthur, d'habitude si rieur et si enjoué Là, était plutôt morose, voire taciturne Mais bon, on ne s'est pas davantage inquiétés Ce sont des choses, bien sûr, qui arrivent sans arrêt

Un peu naïvement, on a mis ça sur le compte De la lecture d'une histoire pour le moins bizarre... Mais voilà, les choses ne s'arrangeaient pas vraiment

Il avait du mal à s'confier ; même à maman Certes, ça s'est décanté, mais petit à petit

Il a fallu lui arracher les vers du nez A l'école, l'instit l'a aidé à faire pipi... Mais bon, jusque là rien d'méchant, évidemment Quand il a dit « bouche »... on a froncé les sourcils

Et puis, ça s'est précisé, mais très hésitant

Avait-on bien compris ?... Alors là, froide la douche ! ! Le maître l'aurait incité à faire pipi dans sa b...

Je savais qu'on était entouré de malades !

J'en tremblais comme une feuille. Nine allait s'trouver mal ! Il est vrai que depuis cinq ou six semaines

L'attitude de notre « bébé » avait changé Arthur, d'habitude si rieur et si enjoué Là, était plutôt morose, voire taciturne Mais bon, on ne s'est pas davantage inquiétés Ce sont des choses, bien sûr, qui arrivent sans arrêt

Un peu naïvement, on a mis ça sur le compte De la lecture d'une histoire pour le moins bizarre...

Parlant avec des parents, on s'est aperçus Qu'il n'avait rien inventé notre petit Arthur

Persuasif l'instit' ! Il les avait convaincus Que s'ils parlaient, ça se retournerait contre eux !

Il avait réussi à faire croire aux gamins Que ce qu'ils avaient fait n'était vraiment pas bien

Mais que lui-même ne dirait rien. Promis ! juré ! Ainsi, tout serait rapidement oublié...

A cette époque, Arthur avait à peine quatre ans Et je ne suis pas persuadé que maintenant -Alors qu'il va à pas de géant (!) sur sept ans Qu'il ait tout oublié de tout « ça » pour autant...

Il est vrai que depuis cinq ou six semaines L'attitude de notre « bébé » avait changé

Arthur, d'habitude si rieur et si enjoué Là, était plutôt morose, voire taciturne Mais bon, on ne s'est pas davantage inquiétés Ce sont des choses, bien sûr, qui arrivent sans arrêt

Un peu naïvement, on a mis ça sur le compte De la lecture d'une histoire pour le moins bizarre...

ZIF

À LA MATERNITÉ

Dans la salle d'attente de la maternité Il tourne, il vire. Nerveux l'Matthieu !

« Pourtant le col était bien dilaté Doit y avoir un blèm, nom de dieu ! Et personne ne m'dit rien, évidemment !

Il est 5 heures. Angèle a commencé à perdre les eaux à... Il était 6h25, c'matin. Ça fait longtemps, bon sang ! Le temps d'arriver... Presque dix heures qu'on est là ! ! »

Il en peut plus d'attendre Et on l'laisse sans nouvelle « Comment on peut se détendre ? !

Ils en ont d'belles ! Enfin, ils en avaient d'belles Parce que ça fait trois plombes

Que j'ai pas vu Isabelle

La sage-femme. Une belle petite bonde » Dans la salle d'attente de la maternité

Il tourne, il vire. Nerveux l'Matthieu ! « Pourtant le col était bien dilaté Doit y avoir un blèm, nom de dieu ! Et personne ne m'dit rien, évidemment !

Il est 5 heures. Angèle a commencé à perdre les eaux à... Il était 6h25, c'matin. Ça fait longtemps, bon sang ! Le temps d'arriver... Presque dix heures qu'on est là ! ! »

Enfin ! On lui dit qu'tout va bien Que ça a été un peu long, mais... « ça, j'm'en suis aperçu ; merci bien ! » « Vous avez un beau p'tit garçon : Bastien ! »

Il suit Isabelle dans le couloir Il entend un bébé pleurer. Le sien ! Il va avoir peur ? Non. Ce n'est pas un couard Il est là ! ! Même qu'Angèle lui donne déjà le sein

Il a les jambes en coton, lui « le béton » ! Il en oublie d'embrasser sa compagne

Il a beau être fort, le maçon

Il en pouvait plus d'attendre Il était sans nouvelle Comment peut-on se détendre ? !

Ils en ont d'belles ! Enfin, ils en avaient d'belles Parce que ça f'sait trois plombes

Qu'il n'avait pas r'vu Isabelle La sage-femme. Une belle petite blonde

Il peut plus décoller les yeux du p'tit Bastien dort dans son p'tit couffin C'est son p'tit homme. C'est bien le sien !

Il va pourtant falloir qu'il rentre chez lui Chez lui, il va dans la chambre du bébé

Une chambre qu'il a faite de ses mains Parfait. Tout est en ordre pour son arrivée

Il se surprend à dire : viv'ment demain !

Il en pouvait plus d'attendre 9 mois, c'est bien trop long Comment peut-on se détendre ? !

Mais là, ça y est c'est tout bon ! Enfin, il est là le p'tit Parce que là, il en pouvait plus Pour le prochain, ce s'ra pire ? ! Croyez-moi, futur papa, c'est pas une vie !

ZIF

KAPO

Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre Etait encore et sans aucun doute, de se laisser faire... 14 juin 1942. Un an déjà qu'André Chardon avait été déporté

STO ! Service du Travail Obligatoire allemand Affecté aux travaux de la ferme, dans un quelconque comté

Il y secondait une certaine Frau Gertrude Frau Gertrude était seule dans cette ferme

Depuis que son mari avait été rappelé Pour combattre aux côtés des nazis Il était en russie. Etait-il toujours en vie ?...

André bossait donc avec Gertrude Frau Gertrude, qui était tout sauf prude... Complètement incertaine du sort d'Hinrich Elle se donnait du bon temps avec le fransöziche A Mantes-la-Jolie, Monique Chardon se sentait bien seule

Depuis un an qu'André était en Allemagne Les nouvelles arrivaient au compte-gouttes

Mais elle était sûre que Gertrude était devenue sa compagne... Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre

Monique commençait à souffrir du manque de nourriture

Elle avait entendu dire que certaines filles elles, ne manquaient de rien ! Des filles qui étaient en bon terme avec des gens de la Kommandantur

Oh, bien sûr, il y avait des contre-parties, mais on a rien sans rien... Du coup Monique avait cogité. Elle avait bien réfléchi Ce qu'elle pensait d'André et Gertrude l'y aidait, pardi !

Ce qu'elle imagine, ce à quoi qu'elle pense L'aide à avoir presque bonne conscience !

Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre Etait encore et sans aucun doute, de se laisser faire...

Une partie de la maison venait d'être réquisitionnée Pour un oberstumfürher et son chauffeur

Et là, justement, Monique les attendait Bien décidée à tirer son épingle du jeu...

Elle était assise sur le fauteuil d'André Quand les deux allemands ont fait leur entrée Elle leur a souhaité la bienvenue, sans se lever

Eux, se sont découverts et l'ont saluée

Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre Etait encore et sans aucun doute, de se laisser faire...

Maladroitement, et avec un petit sourire Elle déplace sa main vers son entre-jambe La caresse est hésitante... les doigts tremblent

Mais les soldats sont déjà cramoisis ! Carl et Fritz se sont regardés. Clin d'oeil... Ils se sont approchés, gauchement, du fauteuil

Se tenant de chaque côté de Monique, Ils déboutonnent prestement le treillis...

Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre Etait encore et sans aucun doute, de se laisser faire...

Chouchoutée, Monique ne manquait plus de rien Mais très vite il lui fallu aller beaucoup plus loin !

Largement assouvis, Carl et Fritz l'ont présentée à de grosses pontes Qui en voulaient chaque fois davantage, et avec d'autres filles !

Dans l'engrenage impitoyable qu'elle était « Momo » Elle commençait à devenir sadique

Les allemands l'ont bien compris et ont pensé à elle Quand il leur a fallu recruter des kapos

Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre Etait encore et sans aucun doute, de se laisser faire... Kapo : elle a du s'y résoudre, ou c'était la mort assurée

Elle a donc évidemment accepté Mais à plusieurs reprises, elle l'a regretté On lui demandait des choses terribles en vérité...

Monique ne se reconnaissait plus Certaines nuits, où on n'abusait pas d'elle

Elle faisait d'horribles cauchemars Le 2 septembre 43, elle se supprime ! Marre.

Hinrich avait laissé sa peau en Russie André n'est jamais retourné à Mantes-la-Jolie Il n'a jamais su ce qu'il était advenu de Monique

Gertrude et lui ont eu une fin de vie idyllique... Elle pensait que la meilleure façon de traverser cette guerre Etait encore et ce, sans aucun doute, de se laisser faire...

FIN

Dans le document Paroles, paroles, paroles (Vol 1), Zif (Page 140-144)