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Cette approche pour l'étude des différences individuelles est caractérisée par la mesure d'attributs psychologiques de manière objective et fiable (Cervone et Percin, 2008). De la manière dont Super conceptualise les valeurs, celles-ci sont vues comme des traits, tels que proposé par l'approche des traits en psychologie. L'approche des traits s'inscrit dans la psychologie différentielle. En effet, Super s'est appuyé sur différentes méthodes issues de la psychologie différentielle pour développer divers instruments psychométriques dans le but d'opérationnaliser et de définir des construits-clés pour une utilisation clinique et en recherche (Super et Sverko, 1995). Les traits peuvent être définis comme des « modes stables du comportement, des affects et de la pensée » (Pervin et John, 2005, p. 195). À titre de rappel, les trois éléments mentionnés dans la présente définition sont identiques aux trois

composantes d'une valeur mentionnées par Perron (1981), soit la composante comportementale, la composante affective et la composante cognitive. Afin d'approfondir l'approche avec laquelle les valeurs de travail seront conceptualisées, les postulats généraux de l'approche des traits seront présentés.

2.1 Les traits sont des construits latents

Morizot et Miranda (2007) expliquent ce postulat comme suit : « Les traits [...] sont considérés comme des construits psychologiques latents parce qu'ils sont des

phénotypes psychologiques inférés qui ne peuvent être mesurés

directement. » (p. 370) De la même manière que la personnalité, les valeurs ne sont pas mesurables directement, mais elles peuvent l'être fait indirectement, notamment par l'entremise d'une des trois composantes de la valeur, identifiée précédemment. Par exemple, il est impossible de mesurer directement la valeur de travail du salaire chez un individu. Toutefois, une personne qui serait fortement en accord avec le fait que le salaire est un facteur primordial pour un choix d'emploi permettrait de supposer que cette valeur de travail est importante pour elle.

2.2 Les traits s'organisent de façon hiérarchique

Il est possible d'identifier quatre niveaux hiérarchiques dans la mesure des traits, soit les réponses spécifiques, les réponses habituelles, les traits primaires et les traits d'ordre supérieurs (Morizot et Miranda, 2007).

Les réponses spécifiques « correspondent aux pensées, aux émotions ou aux comportements particuliers émis dans un contexte physique ou social particulier » (Ibid., p, 372). Les réponses habituelles sont présentées comme suit :

[Les] réponses spécifiques tendent à covarier, c'est-à-dire à survenir de façon cohérente dans différents contextes chez un même individu pour former des réponses habituelles. Afin d'obtenir des estimations de ces

réponses habituelles, on a généralement recours à des questionnaires dans lesquels on demande à la personne ou à un tiers d'estimer la fréquence ou l'intensité habituelle de pensées, d'émotions ou de comportements décrits dans des énoncés. » (Ibid.)

Les réponses habituelles sont donc plus générales que les réponses spécifiques. Les réponses habituelles peuvent elles aussi covarier, pour former des traits primaires. Le trait peut être défini comme une « disposition à agir d'une certaine manière, illustrée par le comportement de l'individu dans un éventail de situations » (Pervin et John, 2005, p. 195). Pour ce mémoire, les valeurs de travail seraient donc des traits primaires, qui eux sont mesurés par des réponses habituelles obtenues via un questionnaire. Finalement, les traits primaires peuvent eux aussi covarier, pour ainsi obtenir un superfacteur, connu aussi sous le nom de dimension. Le trait d'ordre supérieur peut être défini comme étant un « facteur générique, ou de deuxième niveau, représentant un niveau d'organisation des traits plus élevé que les facteurs issus de l'analyse factorielle ». (Ibid., p. 96). La figure 5 présente un exemple basé sur la littérature existante afin d'illustrer un exemple de cette hiérarchie.

2.3 Les traits se distribuent de façon continue dans la population Morizot et Miranda (2007) présentent ce postulat comme suit :

Les traits [...] identifiés par l'analyse factorielle sont des construits identifiés pour tous les individus d'une population (ou d'un échantillon). L'approche des traits s'inscrit donc dans une perspective continue, ou nomothétique. Les traits sont des construits bipolaires représentés par des continuums sur lesquels tous les individus de la population peuvent être situés. (p. 375)

Ce constat permet d'identifier un élément très important en ce qui concerne les valeurs de travail. En effet, chaque individu se situe par rapport à toutes les valeurs de travail. C'est l'importance qu'il accorde à chacune d'entre elles qui diffère. Par exemple, une personne pour qui le prestige n'est pas du tout important ne signifie pas

qu'elle ne se situe pas par rapport à la valeur du prestige, mais plutôt qu'elle accorde peu d'importance à celle-ci.

Trait d'ordre supérieur ou Superfacteur (dimension) Valeurs intrinsèques Trait primaire ou Facteur (valeur) Créativité Stimulation intellectuelle Réponses habituelles Il est important pour moi d'exprimer mon originalité au travail ,

Il est important que mon emploi me donne l'occasion d'apprendre de nouvelles choses Réponses spécifiques J'éprouve un sentiment de satisfaction lorsque je trouve une solution innovatrice pour résoudre un problème.

Je crois que les nouveaux apprentissages que je réalise me rendent

plus compétent Figure 5 : Un exemple d'une organisation hiérarchique des valeurs

2.4 Les traits sont universels

Il est généralement accepté que les valeurs de travail soient, tout comme les traits de la personnalité, universelles. C'est l'importance accordée à celles-ci qui diffèrerait selon les pays, et non la structure des valeurs. Ce constat a été confirmé pour les valeurs générales (Schwartz, 1992) et pour les valeurs de travail (Ronen, 1994).