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L’approche de la pointe optique vers la surface par le système d’asservissement se fait en deux étapes : la première est une approche manuelle grossière de la pointe suivie par une caméra (voir figure 2.15.a). On parvient ainsi à amener la pointe à quelques centaines de micromètres de la surface. Et la deuxième étape est assurée par une procédure automatisée à l’aide du moteur piézoélectrique. Lorsque la pointe optique est encore loin de la surface de l’échantillon, le tube piézoélectrique subit une dilatation d’environ 6 µm. Lorsque le système commence à sentir les effets surfaciques, le tube piézoélectrique se rétracte de 2.5 µm environ. Une fois la valeur de consigne atteinte, le tube piézoélectrique subit, cette fois-ci, une relaxation de 1 µm et la descente de l’ensemble pointe/diapason se stoppe automatiquement (voir figure 2.15.b). Il faut noter que nous avons réalisé les premiers asservissements sur l’amplitude du signal. Or les premières observations, au microscope électronique, des pointes après asservissement, nous ont montré que beaucoup de pointes étaient endommagées lors de l’approche de la pointe sur la surface (voir figure 2.16). Il a fallu ajuster nos paramètres d’approche pour éviter cet endommagement. Dans un premier temps, nous sommes passés à un asservissement sur l’amplitude du signal multipliée par le sinus de la phase, asservissement plus sensible que celui sur l’amplitude. Nous avons ensuite ajusté les différentes vitesses d’approche pour minimiser l’endommagement de la pointe.

Chapitre 2 : Microscope optique en champ proche et instrumentation

69 Une fois un nanocristal accroché se pose la question du bon positionnement du nanocristal sur la pointe. En effet, la technique ne permet pas de contrôler la position du nanocristal au bout de la pointe au moment de l’accroche. Le nanocristal peut être accroché soit en bout de pointe, soit sur les facettes de la pointe à différentes hauteurs par rapport à son apex. Cela dépend de la façon dont se fait l’accroche ainsi que de la forme de la pointe à son extrémité. Nous avons tenté d’imager la pointe au microscope électronique dans le but de voir le nanocristal. Malheureusement, cette technique n’a pas permis la visualisation de celui-ci. Il a donc fallu trouver un autre critère pour s’assurer du bon positionnement du nanocristal en bout de pointe. Pour cela, nous réalisons un balayage du spot laser par la pointe en retirant le filtre de fluorescence. Une fois le spot laser repéré, nous amenons la pointe au centre du faisceau laser et nous remettons le filtre de fluorescence. Nous nous assurons alors que le maximum du signal de fluorescence correspond bien au centre du faisceau laser. Ceci nous assure que le nanocristal se trouve bien au centre de l’extrémité de la pointe et non sur un côté.

Avec la technique d’accrochage décrite précédemment, il arrivait relativement souvent que nous ayons un décalage entre le centre du spot laser et le maximum de fluorescence, signifiant que le nanocristal était accroché plutôt sur le côté de la pointe. Nous avons donc choisi d’utiliser une technique légèrement différente.

Cette technique est inspirée de la thèse de Martin BERTHEL [36]. L’idée consiste à repérer le nanocristal désiré en champ lointain. Une fois repéré, un scan en asservissement est relancé. Lorsque la pointe passe sur le nanocristal sélectionné, on stoppe le balayage, comme il est montré sur la figure (2.22). Une fois le balayage en mode « arrêt », la pointe est maintenue à une distance assez grande, à 50 nm de la surface environ. Cette hauteur est fixée comme étant l’origine de l’axe z, en utilisant le mode « save » du logiciel d’interfaçage. Ensuite, on déplace manuellement, à l’aide de la souris de l’ordinateur, la pointe au-dessus du nanocristal. Après avoir repéré le maximum de la fluorescence émise par celui-ci, on réduit la distance (pointe/surface) jusqu’à 20-30 nm. On balaye, par la suite, une ligne de 100 nm environ, avec la souris de l’ordinateur, puis, on remonte la pointe. Enfin, pour vérifier l’aboutissement de ce processus, on déplace cette dernière dans une zone sans nanocristaux. Si le signal optique reste le même en tout point de la surface c’est que le nanocristal a été bien attaché à la pointe. L’étape de balayage peut être répétée plusieurs fois jusqu’à l’achèvement de l’accrochage du nanocristal.

Cette technique a permis de meilleurs résultats quant à l’accroche en bout de pointe du nanocristal.

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72 pas d’influence sur l’état du nanocristal. Le tableau (2.1) regroupe les paramètres correspondant aux ajustements bi-exponentiels de la décroissance de l’ensemble de la photoluminescence (PL) du nanocristal.

FIGURE 2.25 : Mesure de durée de vie du nanocristal de CdSe/CdS avant et après accrochage.

Cet ajustement se fait à l’aide de la fonction suivante :

�� = �1�−� �� 1+2�−� �� 2+0

où A1 et A2 sont les poids respectifs des deux exponentielles, et �1 et �2 les durées de vie des deux états, respectivement neutre et ionisé du nanocristal.

(ns) A1 (ns) A2

Avant accroche 54 0,74 5 0,13

Après accroche 58 0,71 6 0,17

TABLEAU 2.1 : Les temps caractéristiques et les poids respectifs des deux exponentielles pour chaque étape (avant ou après accroche).

V. Conclusion

Dans ce chapitre, après avoir présenté de manière générale la microscopie optique de champ proche, nous avons présenté la méthode d’accrochage que nous avons mise en œuvre

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73 pour réaliser une sonde active en champ proche à l’aide d’un nanocristal de CdSe/CdS greffé en bout de pointe. Nous avons choisi d’utiliser une solution de silane-thiols pour assurer l’accrochage du nanocristal sur la pointe. Il nous a donc fallu dans un premier temps trouver les paramètres de la solution (concentration en solution et en acide chlorhydrique assurant son degré de polymérisation) ainsi que le temps de trempage de la pointe dans la solution permettant d’assurer l’accrochage dans les meilleures conditions. Ensuite nous avons présenté la technique d’accrochage du nanocristal. Les critères principaux du choix du nanocristal avant son accroche sont sa brillance ainsi que sa durée de vie. Une fois le nanocristal accroché, la coïncidence entre le centre du spot laser et le maximum du signal de fluorescence nous permet de nous assurer du positionnement en bout de pointe du nanocristal. Ce n’est qu’une fois que tous ces critères sont réunis que nous pouvons utiliser la sonde active. Nous allons présenter dans le chapitre suivant les expériences que nous avons réalisées sur des structures plasmoniques grâce à ces sondes.

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B

IBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE

2

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Chapitre 3 : Couplage de l’émission d’un nanocristal individuel aux plasmons de surface de l’or

77 Comme cela a été clairement mis en évidence par les travaux de Purcell [1] et Drexhage [2], l’émission spontanée n’est pas une propriété intrinsèque de l’émetteur, considéré comme un dipôle ponctuel. Elle dépend fortement du milieu dans lequel se trouve celui-ci. En particulier, les nanostructures métalliques offrent la possibilité de modifier et de contrôler les propriétés d’émission de fluorescence (durée de vie et intensité d’émission). Sous une autre perspective, la modification de la fluorescence du nano-émetteur permet d’étudier les propriétés des nanostructures. Par exemple la modification du taux de désexcitation de la fluorescence peut permettre de remonter à la répartition de la densité locale d’états photoniques (LDOS) sur une structure. En effet, ce taux est relié à la LDOS par la relation : Γ=��ℏℰ2

0 |�⃗|2(�⃗,�) où �⃗

est le moment dipolaire de l’émetteur et �(�⃗,�) la LDOS partielle, à la fréquence considérée, correspondant au dipôle �⃗. En analysant les variations du taux de désexcitation du nano-émetteur en différentes positions sur une nanostructure, il doit être alors possible de remonter à la LDOS.

Le positionnement du nanocristal (NC) en bout de pointe SNOM permet de placer l’émetteur très finement en diverses positions et hauteurs et une analyse précise de la LDOS doit pouvoir en être déduite. Le SNOM permet aussi une cartographie classique de l’intensité du champ électromagnétique à la surface de la nanostructure et il devient alors possible de comparer cette cartographie avec la LDOS. L’intensité de fluorescence du nano-émetteur peut aussi être analysée dans le but de remonter au taux de désexcitations radiatif et non radiatif. Le dispositif que nous avons mis en place et présenté au chapitre 2 permet toutes ces analyses et nous allons montrer sa pertinence sur une structure plasmonique composée de réseaux de trous de période et de rayon choisis dans un film d’or. Une partie de ce chapitre sera dédiée à l’étude de la structure elle-même d’un point de vue théorique et expérimental avant de présenter les résultats obtenus lors du couplage avec un NC en bout de pointe SNOM.

I. Calibration du montage

Une première partie de ce chapitre est consacrée à la calibration du montage. Dans un premier temps, nous allons discuter de la mesure et de la caractérisation du bruit présent lors des mesures de durée de vie. Dans un second temps, nous discuterons de la calibration en z du montage, c’est-à-dire de la maîtrise de l’altitude z de la pointe par rapport à la surface qui est cruciale pour les mesures de durée de vie en un point de la structure. Pour cela nous avons

Chapitre 3 : Couplage de l’émission d’un nanocristal individuel aux plasmons de surface de l’or

78 utilisé une structure simple sur laquelle la durée de vie en fonction de z est connue, à savoir une couche continue d’or.