• Aucun résultat trouvé

Applications spécifiques

Un premier prolongement de l’adressage a concerné le marché Niger, dont la numérotation des places et des boutiques a favorisé l’augmenta-tion des recettes. Un deuxième, mené dans le cadre du PDU3, a porté sur les zones d’extension, mais les applications les plus spécifiques concer-nent deux opérations : la collecte des ordures ménagères6et le désencla-vement de quartiers.

Applications spécifiques

DÉSENCLAVEMENT DES QUARTIERS. Les contraintes du site concourent à isoler différents quartiers : ce « doigt qui s’avance dans la mer » s’étire sur 36 km et est découpé transversalement par de différents talwegs, qui enclavent et rendent difficilement accessibles les quartiers les plus pauvres. La situation est d’autant plus préoccupante que l’urbanisation, qui s‘est développée fortement et anarchiquement au cours des trois dernières décennies, ne favorise guère la desserte des réseaux.

Pour faire face à cet état et améliorer les conditions de vie des popula-tions concernées, une composante du PDU3 porte sur le désenclavement de quartiers : il s’agit d’intervenir sur la voirie secondaire pour y entreprendre des travaux allant de l’entretien à l’ouverture de voie.

L’objectif est d’assurer l’accès de quartiers déshérités aux équipements socio-communautaires (écoles, dispensaires, postes de sécurité) et, ce faisant, de mieux canaliser l’extension de la ville.

A cette fin, deux programmes ont été définis :

• le Programme Léger d’Initiative Communale (PLIC) concerne des petits travaux, non mécanisés, réalisés par des PME et visant à améliorer l’ex-ploitation de la voirie secondaire : interventions sur les caniveaux, les dalots, les revêtements (nids de poule…) ;

• le Programme de Réhabilitation et d’Ouverture Prioritaires (PROP) concerne des travaux plus importants destinés en particulier à organiser l’accès à des quartiers très enclavés.

L’apport de l’adressage dans ces interventions a porté sur les points suivants :

• reconnaissance et cartographie d’un réseau de voies pour lequel n’exis-tait aucun document de repérage ;

• pose d’une signalétique permettant enfin d’accéder à ces quartiers et de s’y orienter ;

• identification des caractéristiques (longueur, emprise, drainage…) et de l’état du réseau.

Ces actions ont permis d’intervenir sur des quartiers jugés alors inaccessibles, car leurs voies n’étaient ni identifiées, ni localisées par les services techniques ; par ailleurs, l’enquête d’adressage qui avait relevé leurs caractéristiques et les principales dégradations a été à la base de la définition et de l’estimation des programmes PLIC et PROP.

GESTION DES DÉCHETS. Jusqu’en 1995, l’insalubrité de Conakry était inquié-tante. Les ordures pouvaient s’accumuler dans la ville pendant plusieurs semaines et bloquer complètement certains carrefours. La situation, aggravée par une pluviométrie importante, favorisait la propagation du choléra, toujours latente, même en saison sèche. L’Unité de Pilotage des Services Urbains (UPSU), chargée de la gestion des déchets, n’avait travaillé correctement que quelques années, quand fonctionnait son matériel roulant. Pour pallier ces carences, il fallait mobiliser des camions, des volontaires et périodiquement procéder à des opérations « coup de poing ».

La volonté des autorités centrales et municipales de changer radicale-ment cette situation fut l’occasion de mobiliser des ressources du PDU3 et de mettre en œuvre un système de collecte et de transfert novateur. La collecte des ordures jusqu’à des points de regroupement serait assurée désormais par des PME, qui se rémunéreraient près des ménages ; le transport et le traitement des ordures à la décharge serait l’affaire du SPTD, Service Public de Transfert des Déchets, remplaçant de l’UPSU.

L’apport de l’adressage dans cette opération a notamment porté sur la préparation de la collecte. Il fallait localiser les points de regroupements, définir les zones d’intervention des différentes PME ainsi que les circuits de ramassage et estimer le nombre de ménages concernés par zone. La compétition pour l’attribution des concessions de collecte était vive et il était indispensable de disposer de ces renseignements pour que les attributions soient équitables et pour que le contrôle ultérieur du service soit réalisable. La carte d’adressage, la signalétique mise en place et les données recueillies pendant l’enquête ont été autant d’éléments qui ont facilité les arbitrages et contribué à la mise en œuvre de l’opération dans de bonnes conditions.

Par la suite, la Cellule d’adressage a contribué au bon fonctionnement du système en évaluant notamment le taux de pénétration du service dans

70 ADRESSAGE ET GESTION DES VILLES

71 PRATIQUES DE LADRESSAGE

la zone de collecte : les PME adjudicataires sont en effet jugées sur ce taux, qu’elles doivent améliorer pour conserver la concession du service. Il est donc important de disposer d’une évaluation du nombre de portes dans chaque zone et de pouvoir procéder à des mises à jour régulières. Le bilan est positif :

– le taux de collecte a progressé de 20 % à 80 % ; – le taux de pénétration est de 64 % ;

– 76 % des facturations sont honorées ; – la création d’emplois est estimée à 3000 ;

– le coût de la collecte, du transfert et de la mise à la décharge d’une tonne d’ordures est modeste : 15 $ EU.

Une synergie s’est créée entre secteur public et secteur privé et, depuis 1997, le choléra n’est plus endémique.

Limite de commune et de zone d'adressage

Limite de zone d'adressage 0 1 5km

Kaloum

Dixinn

Matam

Ratoma Ouest

DI

RA

MA KA.

Ratoma Est

Matoto Ouest

MO

ME

Matoto Est

RE

Figure 3.2. Conakry. Découpage en “communes”

Contexte et objectifs

Depuis les années 80, le Mali a engagé différentes réformes tendant au renforcement des services décentralisés. En 1982, le premier projet urbain (PUM), financé par la Banque mondiale, appuie la mobilisation des ressources du District de Bamako auprès de l’Inspection Domaniale du District, chargée de la réorganisation des documents fonciers, et auprès

72 ADRESSAGE ET GESTION DES VILLES

Bamako Sikasso Kayes

Nombre d’habitants 1 016 000 120 000 55 000

Année 1998 1999 2000

Superficie de la zone

urbanisée 10 000 ha

Nombre de rues 2 600 585 397

Nombre de carrefours 2 400

Rues dénommées 150 (6%) 7 (1,2 %) 10 (2,5 %)

Nombre de portes

adressées 60 000 9 843 8 371

Coût des plaques et pose 19 000 $ EU 23 000 $ EU

Coût total de l’opération 262 000 $ EU 69 000 $ EU 55 000 $ EU Estimation coût/porte

adressée 4,4 $ EU 7 $ EU 6,6 $ EU

Mise en place de la

Cellule d’adressage 1993 1999 2000

Ségou Mopti Sévaré Gao Nombre d’habitants (2001) 145 000 118 000 110 000

Nombre de rues 711 507 452

Rues dénommées 9 (1,3 %) 11 (2,2 %) 9 (2 %)

Nombre de portes adressées 13 840 10 634 8 376

Coût des plaques et pose 26 000 $ EU 28 000 $ EU 31 000 $ EU Coût total de l’opération 75 000 $ EU 72 000 $ EU 75 000 $ EU Estimation coût/porte

adressée 5,5 $ EU 6,8 $ EU 9 $ EU

Mise en place de la

Cellule d’adressage 2001 2001 2001

Mali

73 PRATIQUES DE LADRESSAGE

de l’Inspection Divisionnaire des Impôts, chargée de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une taxe de voirie et d’enlèvement des ordures ménagères (TVEOM). C’est dans ce cadre que s’engage une première expérience d’adressage. Quoique limitée à la pose de plaques de rue dans les quartiers du centre pour faciliter notamment l’identification des commerces, elle est l’occasion pour l’EDM (Energie du Mali), de référen-cer référen-certains de ses équipements (transformateurs) en fonction de la numérotation des rues.

Le 2eprojet urbain, financé par la Banque mondiale (1986-92), contri-bue à la mise en place d’une direction financière du District de Bamako et à l’implantation d’une unité de « cartographie polyvalente » (Carpol), destinée à la confection d’un éventuel futur cadastre.

En 1992, un projet d’adressage est lancé avec le financement du FAC7 dans le cadre de l’« Appui au District de Bamako » (1992-97). Une unité d’adressage est alors créée au sein de la Cellule Technique du District et met à contribution les ressources de Carpol. L’opération concerne 2600 rues, 60 000 portes d’entrée, 600 plaques de voies.

Puis, en 1999, le 3e Projet Urbain (PDUD), financé par la Banque mondiale, concourt à l’instauration d’une « redevance urbaine », où l’adressage devrait contribuer à identifier la « matière imposable ». Cinq capitales régionales sont « adressées » : Sikasso, Kayes, Ségou, Mopti, Gao. En 2000, un nouveau Projet, « Appui aux communes du Mali » (PACUM) finance l’adressage de Kayes.

Financement et mise en œuvre

Différents financements se sont donc succédé pour la mise en œuvre de l’adressage au Mali : les trois projets urbains financés par la Banque mondiale et surtout celui de « l’Appui au District de Bamako8», financé par la FAC. La mise en œuvre s’est faite essentiellement sous la responsa-bilité de l’unité d’adressage, créée en 1993 au sein de la Cellule Technique du District et devenue ultérieurement Cellule Technique d’Appui aux Communes (CTAC)9. Responsable de l’adressage de Bamako, elle a, au cours du 3eProjet Urbain, piloté l’adressage des capitales régionales.

Choix techniques

Découpage. A Bamako, l’aire urbaine est découpée en 9 « zones d’adres-sage » : 3 dans les communes I, II et III et 6 dans les communes IV, V, VI.

Codification des voies. L’identifiant de la voie est un numéro composé d’un radical (numéro de la zone d’adressage) et d’un numéro d’ordre (ex : rue 3.157 correspond à la 157erue de la zone 3). La numérotation des rues orientées Est-Ouest est paire et la progression des chiffres s’effectue

de part et d’autre du fleuve Niger. La numérotation des rues orientées Nord-Sud est impaire et la progression se fait à partir des limites admi-nistratives des communes II, VI et III, V.

Numérotation des portes. La numérotation est métrique et alternée (paire et impaire, de part et d’autre de la voie).

Panneautage des voies. Il a été l’occasion de mettre au point des solutions artisanales novatrices de « pochage » pilotées à la CTAC par l’assistance technique du projet FAC. La mise en œuvre a été effectuée par des GIE.

Enquêtes et numérotage. La réalisation a été faite par des équipes mixtes d’employés du District et d’enquêteurs de GIE. Le ficher d’adresses a été enregistré en Dbase IV. La cartographie a été réalisée de façon numé-risée par « Carpol ».

Résultats

Parmi les résultats les plus significatifs, on note :

• la remarquable complémentarité de l’intervention des bailleurs de fonds ;

• la mise en œuvre de techniques artisanales et peu coûteuses de

« pochage » de la signalétique ;

• la première réalisation dans la région d’un plan d’adressage numérisé ;

• l’action de la Cellule de Bamako dans l’adressage des capitales régionales : Sikasso a servi de test, Kayes a suivi, puis Ségou, Mopti-Sévaré et Gao ;

• le réflexe pris chez les nouveaux habitants de faire la demande d’un numéro de porte pour chaque nouvelle construction ; ces numéros sont désormais exigés par les communes d’arrondissement pour délivrer des actes administratifs ainsi que par certains opérateurs (ouverture d’un compte bancaire).

En contrepoint, quelques insuffisances marquent la période qui suit l’implantation de l’adressage : (a) l’utilisation d’une base de données non relationnelle et peu performante pour l’enregistrement des adresses a été peu exploitée ; (b) la cartographie numérisée de Carpol a donné lieu à un Plan-guide de Bamako de médiocre qualité en noir et blanc ; (c) la coordi-nation avec les départements des finances et le concessionnaire Energie du Mali (EDM) a été bien engagée par des actions de communication et de formation, mais elle a pratiquement cessé dans les années qui ont suivi l’achèvement de l’adressage de Bamako ; ainsi, l’objectif d’établir, lors de la simplification de la patente, une codification des activités commune aux impôts et à l’adressage n’a pas été atteint ; (d) la poursuite et la mainte-nance de l’adressage se sont arrêtées à la fin du projet FAC ; les nouveaux lotissements n’étant plus pris en compte, c’est EDM qui assure le numéro-tage des îlots, mais selon un système propre au concessionnaire.

74 ADRESSAGE ET GESTION DES VILLES

75 PRATIQUES DE LADRESSAGE

Applications spécifiques

La principale caractéristique et l’originalité de l’expérience malienne tient à la mise au point de techniques novatrices de panneautage, qui seront reprises par la Municipalité de Nouadhibou (Mauritanie). La solution consiste à « pocher » les noms de rues selon un procédé artisanal performant et peu onéreux : des pochoirs dont découpés au cutter avec des plaques offset usagées. L’inscription est effectuée avec une peinture de bonne qualité10, résistant aux intempéries et aux rayons ultraviolets.

La mise en œuvre de cette technique par des GIE, créés par de jeunes diplômés sans emploi, a été un succès d’autant plus important que la solution adoptée s’est révélée très économique et adaptée à de modestes budgets communaux.

Figure 3.3. Bamako. Découpage en “zones d’adressage”. Villes adressées au Mali

7 4

3 2

1

5

6

8 9

Bamako

Découpage en zones d'adressage

Sikasso Segou

Gao

Bamako

Kayes Mopti Sevare

76 ADRESSAGE ET GESTION DES VILLES

Surface Rues Portes Coût Coût/

Ville Habitants (ha) traitées adressées total porte

Nouakchott 714 000 7 938 120 000 1 284 700 10,7

Nouadhibou 89 743 838 681 17 140 25 500 1,5

Rosso 73 250 462 426 8 504 14 900 1,8

Atar 23 790 317 276 4 575 9 700 2,1

Boutilmit 16 768 254 264 3 845 4 400 1,1

Tidjikja 9 791 195 165 1 958 5 100 2,6

Aleg 6 598 115 115 1 760 4 400 2,5

Moudjeria 3 400 46 380 2 100 5,5

Tiguent 3 250 52 480 2 600 5,4

Rachid 1 800 14 267 1 300 4,9

Tekane 1 600 25 214 1 100 5,1

Sous-total 1 943 990 10 256 1 927 159 123 1 355 800 8,5

Kaedi 61 974 9 996 37 331 3,7

Kiffa 47 678 7 690 28 720 3,7

Zouerat 44 718 7 213 26 937 3,7

Atar (m.a.j) 23 790 3 837 14 330 3,7

Aleg (m.a.j) 14 809 2 389 8 921 3,7

Selibaby 14 465 2 333 8 713 3,7

Néma 12 001 1 936 7 229 3,7

Ayoun 10 911 1 760 6 572 3,7

Akjoujt 7 648 1 234 4 607 3,7

Sous-total 2 237 994 38 388 143 360 3,7

Total 1 181 984 10 256 1 927 197 511 1 499 160 1,5

Moyenne hors Nouakchott 2,8

• Les coûts ne concernent que les villes adressées dans le cadre des projets PADDEC, PADDEM et AFD. Les opérations sur financement IDA (PDU) concernent 10 capitales régionales et sont en cours.

• Le coût par porte ne comprend pas l’enquête fiscale.

• (m.a.j) : mise à jour

Mauritanie

77 PRATIQUES DE LADRESSAGE