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Chapitre 3 : Vision, instigateur et progression

4.4 Application du cadre de référence

Afin de démontrer l’utilisation possible du cadre de référence proposé, une situation de collaboration potentielle y a été appliquée. La situation illustrée par le cadre est celle de la construction de chemins en contexte forestier. Les éléments du cadre ont ainsi été adaptés pour répondre au contexte de la situation abordée (Figure 12). Cette adaptation permet de démontrer rapidement la versatilité possible du cadre de référence.

4.4.1 Contexte de l’application

Le régime forestier actuel offre un court horizon de planification aux entreprises forestières pour la construction de chemins en vue de la récolte ou des autres travaux forestiers. Les entreprises ne peuvent prévoir la construction de chemins pour les années futures puisqu’elles ne peuvent savoir où se dérouleront les activités forestières. Le nombre de kilomètres de chemins construit en prévision des travaux de récolte futurs a de ce fait été largement réduit avec le changement de régime forestier. L’acquisition des équipements nécessaires pour la construction de chemins forestiers est ainsi difficile à coordonner et à rentabiliser annuellement, ce qui a forcé plusieurs entreprises forestières à se départir de leur capacité de production en construction de chemins forestiers. Celles qui ont plutôt conservé leur capacité de production en construction de chemins forestiers se retrouvent avec un surplus de capacité de production une partie de l’année. Des solutions doivent désormais être envisagées pour combler leurs besoins en termes de construction de chemins et de rentabilisation des équipements. La collaboration interentreprises est une solution possible, tel que démontré par le cadre de référence proposé. Les paragraphes suivants expliquent la façon dont la collaboration interentreprises permettrait de répondre aux besoins de la situation et comment le cadre peut s’y adapter.

4.4.2 Adaptation du cadre de référence à la situation de construction de chemins

Les paragraphes suivants expliquent la façon dont la collaboration interentreprises permettrait de répondre aux besoins de la situation de construction de chemins forestiers. Les explications concernent aussi l’adaptation du cadre de référence tel que vu à la Figure 12. Collaboration intraentreprises

L’application du cadre de référence à la situation fictive sur la construction de chemins en contexte forestier implique d’abord que les entreprises forestières impliquées entretiennent déjà une culture collaborative au sein de leurs organisations. Cette culture collaborative comprend des valeurs et des comportements collaboratifs entre les individus, les équipes ou les départements de l’entreprise. Il s’agit d’une première étape dans la progression de la collaboration.

Collaboration interentreprises

La présente étude a démontré que l’identification des besoins est un fondement essentiel à la collaboration interentreprises. Dans cette application, le besoin se traduit par des surplus et des manques de capacité de production en construction de chemins forestier pour l’une et l’autre des entreprises impliquées. Dès l’identification du besoin de collaborer, il importe que les entreprises se dotent d’une même vision des objectifs de l’entente afin qu’elle soit viable. Des visions différentes, voire contradictoires, ne permettront pas à la relation de perdurer.

Partenariat

Un premier niveau de collaboration interentreprises est le partenariat. Dans cette application, le partenariat prendrait la forme d’un contrat entre deux entreprises forestières où l’une paierait l’autre pour la réalisation des travaux de construction de chemins. D’un côté, l’une comble son manque de capacité de production en engageant l’autre entreprise, et de l’autre côté, l’autre entreprise trouve preneur pour son surplus de capacité de production en construction de chemins. À ce stade, il y a une consolidation des capacités de production de chacune des entreprises.

Afin de rendre le partenariat stable et de lui permettre de créer la confiance nécessaire pour faire progresser la collaboration, il est préférable de créer dès le début un lien d’interdépendance entre les entreprises impliquées. Dans cette situation fictive, un accord pourrait être passé afin de garantir une certaine quantité de travail à l’entreprise chargée de la réalisation en échange d’un taux forfaitaire. De cette façon, la relation de collaboration devient plus avantageuse pour les entreprises impliquées que l’absence de collaboration.

Mutualisation

Le deuxième niveau de collaboration interentreprises est la mutualisation. Dans cette application, la mutualisation impliquerait une mise en commun des capacités de production des entreprises impliquées. Par exemple, dans le cas où un contrat de construction de chemins était plus important que la capacité de production d’une seule entreprise, la mise en commun des équipements de construction de chemins de deux, ou de quelques, entreprises permettrait d’augmenter la capacité totale de production afin d’obtenir et de réaliser le contrat.

Alliance

Le troisième niveau de collaboration interentreprises est l’alliance. Dans cette application, l’alliance impliquerait l’acquisition et le partage d’équipements de construction de chemins par l’ensemble des entreprises impliquées. Il y aurait donc création d’une capacité de production supplémentaire dont toutes les entreprises pourraient bénéficier. L’horizon de planification est ainsi plus long que pour le partenariat et la mutualisation et implique des enjeux plus stratégiques.

Ce niveau plus élevé de collaboration interentreprises implique des mécanismes de gestion plus élaborés tels que des moyens de communication permettant une coordination équitable de la capacité de production partagée, une confiance accrue entre les alliés et une planification stratégique de l’acquisition des équipements. De plus, la gouvernance de la relation est généralement plus centralisée que dans le cas du partenariat où la gouvernance est divisée entre les entreprises qui y prennent part. La gouvernance de l’alliance peut être faite par exemple, par un conseil d’administration formé par les entreprises de l’alliance.

Collaboration multientreprises

Enfin, en impliquant plusieurs entreprises dans la relation de collaboration, un réseau collaboratif d’entreprises peut être formé. À ce stade, les ressources impliquées peuvent dépasser le contexte unique de la construction de chemins et peuvent inclurent, par exemple, des services d’entretien et de réparation de machinerie, ou encore un bassin d’opérateurs permettant la réalisation des travaux en continu. Les possibilités du réseau sont fonction des entreprises qui y prennent part et de leurs ressources.

Le rôle de l’instigateur

Dans toute cette application du cadre de référence à la situation fictive de la construction de chemins en contexte forestier, l’instigateur peut intervenir à tous les niveaux. D’abord, au niveau du partenariat l’instigateur peut être celui qui met en relation les entreprises dont les manques et les surplus de capacité de production sont complémentaires. Au niveau de la mutualisation, l’instigateur peut devenir le gestionnaire de la capacité totale de production des entreprises afin d’assurer que la relation est équitable. Au niveau de l’alliance, son rôle peut être celui d’un fournisseur-intégrateur dont les fonctions sont d’optimiser la planification, l’utilisation et l’intégration des ressources afin de satisfaire les besoins des entreprises et de générer les bénéfices attendus (Lessard 2012). En résumé, l’instigateur peut avoir un rôle de gouvernance de plus en plus centralisée suivant la progression de la collaboration entre les entreprises. Il n’en demeure pas moins que les entreprises conservent leur autonomie organisationnelle tout au long des ententes de collaboration.

Dans le contexte forestier québécois, plusieurs organismes peuvent potentiellement jouer le rôle d’instigateur dans des relations de collaboration. Dans le cas étudié par exemple, il s’agit bien entendu de la Fédération québécoise des coopératives forestières. Dans le contexte de la forêt privée, il est possible de nommer les syndicats de producteurs de bois, les groupements forestiers ou encore les agences de mise en valeur des forêts. Tous ces organismes jouent actuellement des rôles de gestion des intérêts collectifs de leurs adhérents. Du côté des entreprises privées, des conseils d’administration où siègent équitablement des représentants des parties impliquées peuvent être les instigateurs des ententes de

collaboration ou encore elles peuvent avoir recours à des firmes spécialisées en pilotage de réseaux collaboratifs d’entreprises.

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