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Les appareils de loteries vidéo

4. L’OFFRE DE JEU AU QUÉBEC ET DANS LA RÉGION

4.2 Les détails de l’offre de jeu

4.2.4 Les appareils de loteries vidéo

Les appareils de loteries vidéo (ALV) constituent, de l’avis de la plupart des experts, le type de jeu le plus susceptible d’entraîner des problèmes économiques, des problèmes de santé ou des problèmes sociaux chez les utilisateurs. L’offre pour cette forme de jeu est extrêmement décentralisée, mais n’est pas égale sur tout le territoire québécois.

Ainsi, un journaliste de The Gazette commentait ainsi, dans un reportage récent télévisé Auger enquête produit par le journaliste Michel Auger, la croissance fulgurante du vidéopoker et le type de public visé par ce type de jeu : « Saviez-vous qu’il n’y avait pas de vidéopoker à Westmount, Outremont et Hampstead, mais qu’on trouve de nombreux appareils dans certains quartiers beaucoup moins favorisés ? ». Il faut toutefois noter que les appareils de loteries vidéo se retrouvent dans les bars, brasseries et tavernes et que ce type d’établissements n’est pas aussi répandu dans les quartiers dits plus huppés. Le reportage Auger enquête fut présentée à la chaîne de TQS le 14 mars 2003 à 19h. Vous trouverez un libellé de l’émission à en annexe. (annexe 4, section Articles de journaux, cartable 1). Un enregistrement vidéo de l’émission portant sur le jeu est disponible à notre Centre de documentation.

Des ALV sont accessibles sur l’ensemble du territoire de l’Outaouais.ii Il y aurait présentement dans la région 215 sites d’ALV pour un total de 800 appareils disponibles (Rapport annuel de Loto-Québec, 2002, p.29). Nous désirions documenter, dans notre état de situation régional, la localisation détaillée des ALV sur le territoire en fonction des différents établissements, quartiers et municipalités. Il s’agit pour nous d’informations importantes dans la planification de plusieurs types d’actions préventives. Il est important, par exemple, de connaître la localisation précise et le nombre d’ALV en lien avec la localisation des écoles, des arcades et des autres lieux fréquentés par les

ii Une précision s’impose ici, soit la différence entre des appareils de loterie vidéo (ALV) et les machines à sous. Au Québec, les ALV sont exploités dans des bars, brasseries et tavernes. Il s’agit d’appareils multi-jeux (jeux de cartes, de lignes et de Keno), munis d’un écran tactile. Les crédits sont octroyés au joueur au moyen d’un coupon de remboursement. Les machines à sous, au Québec, sont exploitées uniquement dans les casinos. Chaque machine donne généralement accès à

jeunes. Cette préoccupation est fort légitime, puisqu’elle fait notamment l’objet d’un projet de recherche de Mme Nancy Ross, du département de géographie de l’Université McGill : La loterie vidéo dans les quartiers de l’Île : une approche géomatique dans l’étude des comportements à risque chez les jeunes (Ross, Deverensky, et al., 2002).

Ce projet, financé par le MSSS dans le cadre du Programme de recherche thématique portant sur l’impact des jeux de hasard au Québec 2002-2005, a notamment pour objectifs « …de juxtaposer les sites de loteries vidéo aux emplacements scolaires » et

« …d’explorer le trajet vers l’école comme un environnement d’opportunité et de risque ».

La Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec nous a rapidement fourni une liste des permis octroyés pour exploiter des sites d’ALV dans la région. La Société des loteries vidéos du Québec (SLVQ), qui possède des informations détaillées sur les différents sites et le nombre d’appareils par site, nous a signifié par contre qu’elle n’avait pas le mandat de nous transmettre ces informations. La SLVQ nous ayant référé à Loto-Québec, nous avons déposé une demande officielle de renseignements auprès de cet organisme. Après le délai requis de 20 jours ouvrables, n’ayant pas reçu de réponse de la part de Loto-Québec, nous nous sommes adressés à la Commission d’accès à l’information (CAI). Suite à l’intervention de la CAI, nous avons reçu de Loto-Québec des

informations, mais elles se sont révélées insuffisantes, puisqu’elles ne permettent pas de « cartographier » les appareils de loterie vidéo sur le territoire de l’Outaouais. Loto-Québec nous a simplement fait parvenir un tableau synthèse des établissements de l’Outaouais possédant un, deux, trois… dix appareils vidéo. Ce tableau nous est d’une utilité limitée (voir annexe 9, section Offre de jeu, cartable 1). Suite à des démarches de révision auprès de la Commission d’accès à l’information, cette dernière nous a signifié la volonté de Loto-Québec de poursuivre des démarches légales si nous voulions obtenir ces informations.

Par ailleurs, une modification de l’offre d’ALV est en cours au Québec. Un plan d’action en ce sens, couvrant la période 2003-2006, a été proposé par Loto-Québec au gouvernement du Québec en novembre 2002 L’offre de jeu au Québec : un réaménagement nécessaire. Une orientation moins locale, plus touristique. Loto-Québec y prévoit d’abord le remplacement, entre janvier et juillet 2003, de tous les ALV

existants par des appareils de deuxième génération plus « sûrs » pour les joueurs (voir section suivante concernant les mesures préventives), au coût de 200 millions de dollars. Loto-Québec affiche aussi dans son plan d’action sa volonté de diminuer l’accessibilité aux appareils de loteries vidéo. « La réduction du nombre de loteries vidéo dans la province, de 13 870 à 11 000, représente une bonne action », estimait Claude Poisson, président des opérations de la Société des casinos du Québec, lors d’un discours récent au Sommet canadien de l’industrie du jeu, qui se déroulait à Ottawa.

« C’est un premier pas. Il va encore y avoir du travail à faire… ». Nonobstant le remplacement annoncé de ses « vieux » appareils, la société propose un moratoire sur l’installation de nouveaux ALV au Québec. Ce moratoire prendra cependant fin rapidement, avec l’ouverture du casino de Mont-Tremblant (prévue en 2006) et avec l’installation de nouveaux appareils au casino de Montréal après les rénovations qui y ont été annoncées.

Une stratégie préconisée par Loto-Québec pour atteindre son objectif de réduction de l’offre d’ALV est de « racheter » certains permis d’exploitation et de diminuer le nombre de sites où les ALV sont offerts. Cette stratégie a été entérinée globalement par le gouvernement mais son impact « positif » a été atténué, vraisemblablement à cause des pressions des détaillants, de sorte que le nombre d’ALV diminuera beaucoup moins que prévu et que le nombre de sites demeurera quasi-inchangé. À l’origine en effet, tous les appareils situés sur des sites comportant 4 appareils et moins devaient être éliminés.

Cette clause n’a pas été retenue par le gouvernement (La Revue de Gatineau,19 février 2003 – voir annexe 5, section Articles de journaux, cartable 1). En revanche, un communiqué de presse, daté du 11 février 2003, paru sur le site Internet de Loto-Québec (annexe 6, section Articles de journaux, cartable 1), mentionne que « le gouvernement du Québec demande à Loto-Québec de procéder au retrait obligatoire des ALV excédant le nombre de 10 dans les bars et brasseries concernés […]. Le gouvernement demande aussi à Loto-Québec qu’un retrait des ALV dans les sites qui en exploitent entre un et dix soit effectué sur une base volontaire. » Des compensations monétaires seront octroyées aux propriétaires, à la condition expresse que les retraits volontaires des ALV s’effectuent avant le 31 mars 2003. Pour leur part, les propriétaires de 11 appareils et plus qui se verront retirer des ALV recevront une compensation financière équivalente à la commission des douze mois précédents.

On ne peut évaluer avec exactitude l’impact de ce réaménagement sur l’accessibilité et la disponibilité des ALV au niveau régional. Cependant, selon l’article paru dans la Revue de Gatineau du 19 février 2003, seulement 13 établissements de la région seraient visés par la mesure de retrait obligatoire. Quant au nombre d’ALV retournés sur une base volontaire, ce chiffre ne sera disponible qu’une fois l’opération terminée. Par ailleurs, selon un article paru dans le journal Le Droit le 13 février 2003 (voir annexe 7, section Articles de journaux, cartable 1), 85 nouveaux ALV viendront s’ajouter à l’offre existante de 65 appareils à l’Hippodrome d’Aylmer.