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Les apostats (mourtaddine) étaient en fait très souvent à cette époque des opposants politiques anarchiques. Il s’agissait en fait des chiites122 et des kharidjites123 qui étaient des rebelles

121 AL-GHANOUCHI Rached, Les libertés publiques dans un Etat islamique, Beyrouth, CEUA, 1993, p. 49. (En

arabe) ; BABES Leïla, « L’islam est-il rebelle à la critique ? », Revue Panoramiques, n°50, 2001, p. 106-111. 122

Le mouvement chiite qui veut dire « partisans », ce sont en fait les partisans de ‘Ali, ils n’ont jamais accepté l’arrivée du 3ème calife ‘Uthmane (644-656), ils estiment que c’est ‘Ali qui aurait du être au pouvoir. Deux mouvements vont alors s’imposer, il y a les partisans de ‘Ali d’une part qui veulent rester attachés à la tradition du Prophète, et les partisans de ‘Uthman d’autre part qui souhaitent constituer un véritable état comme le souhaitaient les premiers califes.

Les chiites accusent alors le calife ‘Uthman de ne pas être un dirigeant équitable, ils lui reprochent de donner des privilèges à ses proches en dépit de l’intérêt général de la communauté. ‘Uthman semble pourtant être dans la continuité de son prédécesseur ‘Omar (2ème calife). La maison de ‘Uthman a été assiégée par les chiites en 656, c’est ‘Ali qui essaie d’apaiser les tensions, les assiégeants décident de quitter les lieux après avoir trouvé un accord avec la calife. L’histoire raconte qu’ils quittent le domicile du calife situé à Médine mais sur le chemin du

n’hésitant pas à tuer, ce qui forcément porte atteinte à l’ordre public. Ce qui veut dire que si

une personne décide de sortir de la religion à partir du moment où elle ne nuit pas à l’ordre

public et qu’elle garde ce choix personnel et privé, nul mal ne devra lui être fait. C’est à Allah

de se charger de ces personnes dans l’au-delà en vertu des versets suivants:

« Et bien, rappel ! Tu n’es qu’un rappeleur, et tu n’es pas un dominateur sur eux. Sauf celui

qui tourne le dos et ne croit pas, alors Allah le châtiera du plus grand châtiment. » (S88

V21-24).

retour, ils s’emparent d’un courrier de ‘Uthman demandant l’exécution des assiégeants, ces derniers retournent alors assassiner le calife.

123Kharidjite vient du verbe kharadja qui signifie sortir. Les kharidjites sont en fait « les sortants », c’est une

des plus grandes factions islamiques. Ils existent déjà sous le Prophète qui n’a pas d’autre choix que de lutter. Les kharidjites réussissent à asseoir leur pouvoir le califat de ‘Ali IBN ABI TALIB (656-661). ‘Ali est aussi le gendre du Prophète et son cousin. Les chiites lui vouent un culte particulier. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’hésitation que sa nomination au califat fut prononcée. La oumma est alors divisée entre chiites, sunnites et

kharidjites. Mu’awiya qui est alors gouverneur de Syrie exige que justice soit faite pour le meurtre de ‘Uthman (3ème calife 644-656 assassiné par les chiites qui trouvent sa nomination injuste, ils estiment plus légitime que ce soit ‘Ali au pouvoir) qui est un membre de sa famille, il reproche à ‘Ali de ne pas agir dans ce sens. ‘Ali ne fait pas l’unanimité quant à sa nomination qui n’est pas approuvée par tous les compagnons. Certains décident de le combattre, notamment Talha et Zoubayr qui semblent rejoints par Aïcha, femme du Prophète (attention information à confirmer, doute). C’est ainsi que se déroule en 656 en Irak (Basra) la bataille du chameau, elle est appelée ainsi car la bataille se fait à coté du chameau de Aïcha. C’est ‘Ali qui en ressort vainqueur, Talha et Zoubayr ne survivent pas. Le constat est alarmant puisque durant ce califat c’est la première fois que des musulmans s’entretuent.

C’est alors que ‘Ali décide d’en finir avec le gouverneur de Syrie : Mu’awiya. La bataille aurait du avoir lieu en Irak à Siffin, les syriens étant réticents à la bataille décident de proposer des négociations en mettant dans leurs lances des feuilles du Coran, ils veulent à ce moment que la parole divine soit seule juge de leur sort. ‘Ali accepte la proposition de négociation, les deux rivaux choisissent alors un arbitre chacun. La négociation fait sortir vainqueur Mu’awiya et non ‘ Ali. Cette décision de destitution ne fut pas admise par ‘Ali. Un certain nombre des hommes de ‘Ali (environ 4000), décident de le quitter pour former un nouveau parti : les kharidjites qui sont en fait des anciens partisans de ‘Ali.

‘Ali se retrouve alors avec un nouveau clan ennemi, ce nouveau groupe est très violent, destructeur et terroriste. Ils avaient commencé à ravager certaines villes de l’Irak (Ctésiphon). C’est en 658 que ‘Ali les affronte durant la bataille de Nahrawân. C’est ‘Ali qui en sortit vainqueur, une dizaine de kharidjites ont survécu. En 661, un des kharidjites survivant a soif de vengeance, il tue alors ‘Ali. Mu’awiha quant à lui arrive à rallier la majorité des

musulmans à sa cause. Voir pour plus de détail sur l’histoire du droit musulman voir BLEUCHOT Hervé, Droit

musulman, Tome 1, Histoire. Tome 2 : fondement, culte, droit public et mixte, Presses Universitaire d’Aix-Marseille, 2000.

« … Et ceux qui parmi vous abjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour

eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. Voilà les gens du Feu : ils y

demeureront éternellement. » (S2 V217).

66. C’est alors que les penseurs musulmans exigent des personnes désireuses de devenir

musulmanes de prendre le temps de réfléchir, de ce fait « nul n’envisagera plus d’adopter la

foi islamique sans qu’il ait au préalable mûri sa décision à la lumière de la raison et de la

science ; en vue d’une conversion définitive et permanente

124

». Les non-musulmans

appartenant à une autre religion, souvent appelés les Gens du Livre, ont le droit d’exercer

librement leur religion sans aucune contrainte. Ils auront le statut de dhimmi et leur statut

prendra une forme contractuelle pour assurer l’effectivité de leur protection. Cette possibilité

a donc permis aux non-musulmans de vivre avec les musulmans sans aucun problème. Les

dhimmis devaient cependant payer un impôt pour que l’état musulman lui assure la protection.

L’impôt est la djizya. Ce qui reste tout de même un statut inférieur par rapport aux musulmans

créant une inégalité. Les non-musulmans peuvent donc exercer leur religion en liberté, mais

les musulmans qui décident de sortir de l’islam tomberont sous le coup de la loi pénale divine.

Comme le souligne Madame FORTIER Vincente, directrice de recherche au CNRS, « La

réponse à la question de savoir si l’individu a le droit de se convertir est indiscutablement

positive. Le choix religieux ne connaît pas d’entrave parce qu’il relève de la conscience de

chacun. Libre de croire ou de ne pas croire, libre de choisir sa croyance ou de ne répondre à

aucune pression de conscience, l’individu doit pouvoir se déterminer en fonction des seuls

impératifs dictés par son besoin de religion et de spiritualité. La liberté de religion implique la

liberté de changer d’option religieuse, liberté garantie et protégée par les juridictions

judicaires »

125

. De ce fait, tout un chacun est libre et devrait être libre de changer de religion.

124 Colloque de Riyad (Arabie Saoudite), « LeMémorandum du gouvernement du Royaume d’Arabie Saoudite

relatif au dogme des droits de l’homme en Islam et à son application dans le Royaume, adressé aux Organisations internationales intéressées », Colloque de Riyad, de Paris, du Vatican, de Genève et de Strasbourg sur le dogme musulman et les droits de l’homme en Islam, éd. Dar al-Kitab al-Lubnani, Beyrouth, 1972, p.57.

125 FORTIER Vincente, Directeur de recherche au CNRS, « La conversion au prime du droit », Cahiers d’études

du religieux. Recherches interdisciplinaire, Numéro spécial, 2014, [en ligne], http://journals.openedition.org/cerri/1368