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(Anne, Pierre et leur bébé, Joël et Marianne, puis le Commissaire) 50

Dans le document Se souvenir du lendemain, Simon FALCONORAS (Page 50-59)

Le salon des Saint-Ventoux : Une pièce avec un berceau, au milieu. Juste au-dessus du berceau, un grand lustre est suspendu au plafond. Sur le mur du fond, deux

portraits photographiques des ancêtres dans deux cadres jaunis (les noms sont écrits dessous) :

- à gauche, Célestin Moussaillon et Angèle Michalon (cheveux noirs d’encre) 1900

- à droite, Charles-Henri Saint-Ventoux et Anicette Michalon 1903.

Anne (cheveux noirs d’encre) et Pierre se penchent sur le berceau de leur bébé qui gazouille joyeusement. Au second plan, Joël et Marianne, encore un peu plus vieux, observent la scène avec attendrissement. Le bébé s’endort et Anne demande à tous d’éviter les bruits en mettant un doigt devant sa bouche.

Joël : Pourquoi le berceau est-il au milieu de la pièce. Il serait mieux dans un coin, Non ?

Anne : Oui, oui, tu as raison, d’ordinaire il n’est pas là mais aujourd’hui notre bébé est à l’honneur, non ? C’est pas tous les jours qu’on a un an. Et comme ça tout le monde peut le voir.

Joël (il n’a pas l’air convaincu. Ironique): Mouais, tu lui as demandé son avis à lui? Je

ne suis pas sûr qu’il apprécie vraiment.

Anne (ignorant cette dernière remarque): Tu as vu, Maman, comme il est mignon. Quand il pleure, c’est vraiment que quelque chose ne va pas, sinon il gazouille tout le temps. Il s’est endormi, il va falloir éviter de faire trop de bruit.

Joël : Tu attends de la visite, Anne ?

… On Frappe à la porte. Pierre va ouvrir. Le Commissaire Vigneron entre.

Le commissaire : Salut Pierre. Comment vont les jeunes parents ?

Le commissaire salue, de la tête, à la ronde. Son regard est attiré par les portraits des ancêtres.

Le commissaire (s’adressant à Pierre): Dit donc, c’est bizarre on croirait que c’est toi,

t’étais-tu déguisé ?

Pierre : Non, c’est mon aïeul, Charles-Henri Saint-Ventoux. Le commissaire : c’est fou ce qu’il te ressemble

Pierre : Je sais on me l’a déjà dit.

Le commissaire se retourne vers Joël.

Le commissaire : Vous êtes là, Monsieur Moussaillon. Ça tombe bien, c’est justement vous que je cherchais. J’étais simplement venu pour dire à Pierre que je souhaitais vous voir, mais ne vous en faites pas il ne s’agit pas d’une convocation de police …

Joël attend sans rien dire.

belle. Quand je l’ai appris, je me suis souvenu de ce que vous m’aviez dit, alors on a tendu un piège au bonhomme, dans sa ferme. Il est tombé dedans. Et heureusement, car derrière le buisson que vous m’aviez signalé, on a trouvé l’entrée cachée d’une cave qui conduisait à un petit réduit avec plein de documents. Il y avait aussi, un relevé de mes déplacements, et un plan marqué d’une croix, dans une petite ruelle, là où je passe tous les soirs quand je rentre chez moi.

Il y avait aussi des armes. Bref, j’ai bien l’impression qu’il était prêt à me tendre un guet-apens, le lascar. Je ne sais pas vraiment ce qui est vrai dans ce que vous dîtes, mais je dois reconnaître que vous m’étonnez. Si vous avez d’autres visions comme ça, il faudra venir nous…

Il n’a pas le temps de terminer sa phrase que brusquement, le bébé se met à hurler. Tous se tournent vers le berceau. Anne se précipite et prend le bébé dans ses bras. Il a une chevelure abondante pour un bébé, elle est très noire, noire d’encre. Aussitôt dans les bras de sa mère, il se calme et se remet à gazouiller. La vieille horloge se met à battre les heures mais un bruit de mécanique qui se brise vient interrompre le battement du balancier et l’horloge s’arrête.

Anne : Tu as fait un vilain cauchemar mon bébé ? N’aies pas peur, maman est là. Viens voir papa, il est ….

Anne n’a pas le temps de finir sa phrase. Juste à ce moment, le lustre se détache du plafond et écrase le berceau, heureusement vide. Simultanément, dû au choc, le cadre de Charles-Henri et d’Anicette s’est mis légèrement de travers. Joël jette un coup d’œil en direction du cadre qui a bougé. Puis s’approche de son petit-fils.

Joël : T’en fais pas, fiston, ton ancêtre veille sur toi, il te protège.

Fin de la scène, les lumières s’éteignent.

Conclusion (Chronodège)

Le convoi du Temps Chronodège s’avance.

Chronodège : L’arme de Joël était la vision qu’il a du futur, sa force était son

invraisemblable, qu’en voyant dans le futur, l’on puisse modifier le cours du passé et donc vaincre la fatalité du présent. Et pourtant !... Je vous l’avais dit, et tout est bien qui commence bien.

Mais, n’avez-vous rien remarqué, comme un vide, à cette bifurcation de l’histoire ? Lors de cet orage temporel, dont vous et moi, avons été les seuls témoins conscients, un des acteurs du drame n’a-t-il pas disparu ?

Timothée s’est retiré de notre présent, Timothée le descendant de Michèle, la troisième sœur Michalon. Timothée appartient à une autre histoire et il est retourné dans les limbes de la nôtre. Anne était amoureuse de Pierre mais pas de Timothée, il était devenu un sévère obstacle. Charles-Henri a tenu compte du conseil de Célestin et il n’a pas confié sa lettre à Justin l’ancêtre de Timothée. Il a ainsi évité que celui-ci rencontre Michèle.

Mais ne parlez pas de Timothée à Joël, il vous regarderait avec le regard de l’incompréhension, il vous prendrait pour des fous.

Je ne partirai pas sans vous prévenir contre les papillons et leurs effets. S’il y avait une morale à retenir de cette histoire, surtout pour vous qui êtes aveugles, c’est bien qu’en toute circonstance, il faut rester vigilant aux moindres détails qui pourraient faire bifurquer notre convoi. La prudence est de rigueur car le destin tient vraiment à peu de chose et, comme l’a fort justement constaté Joël, certains hommes du passé nous observent et nous jugent, et eux, ils ont tout leur temps ! »

Annexes

Motivations

Dans le voyageur imprudent de Barjavel, Noël Essaillon retourne dans le passé et tue par mégarde son ancêtre, un grognard de Napoléon au siège de Toulon. Quand l’ancêtre décède, Noël n’existe plus ….

Dans le rêveur prudent, nul paradoxe (enfin presque…) pour une fin heureuse

(esthétique et descriptible … voir le paradoxe du voyageur imprudent ci-dessous) mais on voit que le pouvoir de prévoir l’avenir est suffisant pour modifier le passé, pour infléchir le destin. Même si le protocole pour arriver aux mêmes effets est plus

complexe puisque sans déplacement temporel, l’intervention d’un acteur du passé est nécessaire et lui-même doit pouvoir communiquer grâce à ce même don de

prémonition, finalement le résultat est le même.

Source d’inspiration (le voyageur imprudent de Barjavel)

Pierre Saint-Menoux, mathématicien mobilisé dans la « drôle de guerre », est invité par un mystérieux infirme, Noël Essaillon, à prendre part à ses travaux secrets. Le savant qui a découvert comment voyager dans le temps par l'intermédiaire de pilules et d'un scaphandre spécial, veut étudier la destinée de l'humanité par une série d'explorations de plus en plus avancées dans le futur.

Au plus loin de ses voyages, Saint-Menoux se rend en l'an 100 000 et rapporte ses observations d'un monde totalement transfiguré, où la notion d'individu est

balayée au profit d'une société où chaque être œuvre pour le bien collectif.

Annette, la fille d'Essaillon, seconde les travaux des deux hommes. Un incident coûte la vie au savant, mais des acrobaties temporelles permettent de l'éviter. Le ressuscité perturbé par cette vie usurpée au Créateur décide de mourir néanmoins en laissant à Saint-Menoux la responsabilité de poursuivre les recherches seul. En pleine

guerre, sans le savant, Saint-Menoux n'utilise plus le scaphandre que pour son confort personnel ainsi que celui d'Anne, devenue sa compagne.

En s'approvisionnant dans les années prospères du passé, Saint-Menoux cause plusieurs incidents dont un sérieux qui le livrera prisonnier au siècle passé. Sa promise vient à sa rescousse et le ramène au présent, maintenant marqué par les souvenirs des apparitions du Voyageur Imprudent.

Il découvre que ses exploits, relatés dans les journaux d'avant 1914, entraînent l'apparition en 1942 d'ouvrages scientifiques et de romans populaires le mettant en scène et qui n'existaient pas avant que Saint-Menoux n'eût entrepris son voyage. Bien plus, le contenu de ces documents se modifie à mesure que de nouvelles intrusions dans le passé sont effectuées. Il lui semble donc que le temps soit susceptible de plasticité et que tout soit possible.

Mais un jour, le Diable Vert, par ses intrusions, empêche le mariage des parents de l'architecte Michelet, connu du voyageur, auteur d'un immeuble

particulièrement odieux ; à son retour, il n'existe pas d'architecte Michelet, il n'y en a jamais eu, mais l'immeuble est là.

Le soupçon lui vient d'une fatalité mystérieuse qui aurait voulu l'existence d'une telle horreur, d'un déterminisme supérieur qui aurait voulu que les choses soient ainsi et non autrement... Aussi le mathématicien pressent-il que les incidents qu'il a

provoqués par ses interventions retentissantes n'affectent que les destinées individuelles, mais jamais les déroulements historiques.

Pour en être sûr, il envisage de tuer Napoléon au siège de Toulon, alors qu'il n'est encore que lieutenant, pour constater si un autre homme se lèvera pour

accomplir l'histoire. Dans son dessein qu'il a gardé secret pour ne pas alarmer Anne, il tue par mégarde un garde qui se sacrifie pour sauver celui qui n'est pas encore empereur. Or ce garde se révèle être un ancêtre de Saint-Menoux. Ce dernier entre dès lors entre dans un cercle de paradoxes temporels, d'existence et de

non-existence : ayant tué son ancêtre, il n'est pas né pour le tuer, donc son ancêtre n'est pas mort, donc Saint-Menoux est né, pour tuer son ancêtre, et ne pas naître, etc, etc...

Dans le Rêveur prudent je n’ai pas cherché à parodier le voyageur imprudent, l’histoire n’a rien à voir. Ce n’a été qu’une source d’inspiration concernant l’aspect paradoxale et plastique du temps, mais surtout en se passant de tout déplacement temporel.

Le déroulement de l’histoire et les changements d’aiguillage

Histoire qui aurait pu se passer

Histoire initiale Histoire

intermédiaire

Histoire finale

Le duel à lieu Le duel n’a pas lieu Le duel n’a pas lieu Le duel n’a pas lieu

Célestin meurt Charles-Henri meurt Célestin épouse Anicette Célestin épouse Angèle Célestin épouse Angèle Un attentat tue Joël Le père de Joël envoi la lettre au commissaire Vigneron Charles-Henri épouse Angèle Charles-Henri épouse Anicette Charles-Henri épouse Anicette Charles-Henri confie son courrier à Justin Garrigole

Charles-Henri confie son courrier à Winston Churchill Justin épouse Michèle Michèle reste célibataire Naissance de Pierre Naissance de Pierre

Naissance d’Anne Naissance d’Anne Naissance de Timothée Pierre est tué Mariage d’Anne et de Pierre

Déroulement de l’histoire (parcours suivi par Chronodège) Déroulement des autres histoires

Aiguillages : Changements d’histoires

1- Charles-Henri abandonne l’idée du duel et part pour l’Afrique du sud : Apparition de la lettre de Charles-Henri dans le carnet du Célestin. Célestin épouse Angèle.

2- Charles-Henri confie sa lettre à Winston Churchill et empêche ainsi la rencontre entre Justin Garrigole et Michèle Michalon

Dans le document Se souvenir du lendemain, Simon FALCONORAS (Page 50-59)

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