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Quarante années de développement

Dans le document 55 : Pays nordiques (Page 40-43)

du projet Libris ont

épousé l’évolution

des bibliothèques

suédoises, du

catalogage partagé

à la convergence

entre les univers de

la lecture publique

et de la recherche,

jusqu’à l’intégration

des ressources

électroniques et l’accès

gratuit à tous.

ANDERS SÖDERBÄCK Suède. Les catalogues fédérés. L’exemple de Libris 39

des cotisations pour la production de notices catalographiques et pour les recherches dans la base de données partagée. La Bibliothèque royale prit en charge le financement et assura la coordination du projet, pendant que les bibliothèques se par- tagèrent le travail de création et d’échange des informations catalographiques.

Libris en est venu à représenter une ressource de plus en plus importante pour la fourniture d’information en Suède. Au milieu des années 1990, Internet et le web ont changé la donne. En Suède, plusieurs projets de grande envergure sur le dévelop- pement d’une infrastructure informatique nationale ont été pla- nifiés et mis en œuvre. On eut également l’idée de rendre Libris accessible comme un service web par lequel tout un chacun pourrait chercher à sa guise dans les ressources documentaires des bibliothèques. Puisque Libris était financé par les universités et de grandes écoles qui payaient pour leurs recherches docu- mentaires, on dut modifier le budget de l’État. La Bibliothèque royale vit ses crédits augmenter pour le fonctionnement et le développement de Libris, rendu librement accessible et gratuit pour les bibliothèques et le grand public. En 1997, Libris devint gères des bibliothèques de recherche. La bibliographie natio-

nale suédoise était initialement gérée de manière traditionnelle en dehors de Libris. Le développement de Libris, en butte à de nombreux problèmes au cours des années 1970, fut critiqué pour sa lenteur ; peut-être un effet boomerang des attentes résultant de ses présentations spectaculaires alors que la puis- sance de calcul des machines était encore insuffisante. On dut abandonner la vision d’origine d’une automatisation complète des bibliothèques. Simultanément, on franchit plusieurs étapes importantes dans l’élaboration d’une norme nationale pour le catalogage partagé et dans l’adaptation aux échanges catalo- graphiques internationaux. La bibliographie nationale fut fina- lement incluse à côté des acquisitions étrangères et dans les années 1980, le catalogue collectif global Libris devint un élé- ment solide de l’infrastructure des bibliothèques de recherche. On développa un système de prêt entre bibliothèques afin de permettre aux bibliothèques de recherche de partager non seulement les données de leurs catalogues, mais encore, plus largement, de collaborer entre elles dans la construction et l’utili- sation de leurs collections. Les coûts de Libris furent financés par

Hans Christian Andersen, Voyages, trad. Michel Forget (danois), préf. Régis Boyer, Riveneuve éd., 2010, 436 p., qq. ill. n.et b., ISBN 978-2-36013-003-0

Si la gloire universelle du conteur danois a su égaler celle des Grimm et de Perrault, elle a éclipsé bien des facettes de son œuvre. Ces quatre récits inédits – qui s’ajoutent à ceux déjà publiés ailleurs – ren- dent donc justice à l’infatigable voyageur qui porta son regard au bout de ses pieds aux quatre coins de l’Europe, de la Suède au Portugal, de l’Angleterre à l’Autriche et à la Russie. En 1831, Ombres chinoises transporte dans le Harz, cinq ans après Heine, un jeune homme ambitieux de 25 ans : la réalité est le tremplin du rêve, la prose s’enrubanne de sensations. Toute gorge est du Freischutz. Le wanderer élabore une pièce d’art où il cherche à rivaliser avec son modèle – peine perdue : trop d’affectation, de volonté dans la fantaisie, mais de jolies pages tout de même. En 1857, Une visite chez Charles Dickens le montre plus intéressé par les représentations théâtrales, la Ristori à l’opéra et les promenades au

musée, que par son hôte qui, semble-t-il, se lassa de lui. À Skagen, en 1859, à l’extrême pointe du Danemark où ciel et terre se confondent dans les sables mouvants, le regard se dénude et s’étonne et le conteur ne croit plus aux dryades qu’il convoque pourtant in fine. Dans la Visite au Portugal (1866) les elfes sont définitivement rentrés sous terre, la lumière est plus forte, plus crue, l’exaltation fait place à un enchantement venu du réel ; plus ferme, il est plus convaincant. On le voit, ces voyages ne traversent pas moins le temps que l’espace, et, au-delà du plaisir que l’on prend à ces pages pleines de pittoresque, c’est peut-être tout leur prix que de montrer comment s’agence et se modifie, l’âge venant, l’équilibre entres les différents visages d’une personnalité complexe, l’Auflklärer, le romantique, le fabuliste et l’homme de son temps, « ambassadeur des lettres et des arts ». PL

Signalons, puisque ce dossier s’y prête, que les éditions Riveneuve ont eu l’insigne mérite de publier, il y a quelque 10 ans, une anthologie bilingue de « poètes vivants de Finlande », Charbons du jour, tra- duite par Olivier Descargues et Gabriel Rebourcet. « 15 voix qui se sont exprimées à partir des années 1970, des hommes, des femmes, qui pourraient provenir de 15 pays différents, voire de 15 décennies différentes » remarque Pentti Holappa, leur préfacier, lui-même l’un des poètes les plus importants de la Finlande de l’après-guerre Un tirage épuisé à rechercher activement. PL

documents électroniques et de documents imprimés étaient en équilibre. Depuis, ces dernières ont diminué tandis qu’aug- mentaient massivement les premières jusqu’à représenter aujourd’hui les quatre cinquièmes de leurs budgets d’acqui- sition généraux, et rien n’indique que cette tendance va s’in- verser. Les bibliothèques de recherche accordent une place centrale aux publications des chercheurs de leur propre uni- versité, tant sur le plan de la bibliométrie et des publications stratégiques que sur celui de la gestion des dépôts et des bases de données de publications. La Bibliothèque royale a mis en place l’open access en collaboration avec plusieurs universités et grandes écoles suédoises, une exigence également exprimée par plusieurs fonds de recherche suédois importants. En outre, la numérisation des collections anciennes et rares est entre- prise dans plusieurs universités.

Libris a été construit sur la base de la gestion d’ouvrages physiques. La gestion des ressources électroniques a donné lieu à de nouvelles exigences s’agissant du catalogue. Bien que les livres imprimés représentent encore une partie importante des collections de nombreuses bibliothèques, les systèmes admi- nistratifs utilisés pour les achats et les acquisitions changent, tout comme la manière dont est assurée la visibilité des livres imprimés et autres supports physiques sur les sites web des bibliothèques et dans d’autres services en ligne. La transition vers un paysage de l’information électronique interroge, au-delà de la gestion des ressources numériques, la manière dont nous allons gérer une infrastructure numérique fondée sur un réseau.

Depuis le 1er janvier 2011, la Bibliothèque royale a reçu man-

dat du gouvernement suédois pour coordonner l’ensemble du réseau des bibliothèques gérées par l’État et les collectivités. Ceci a remis sous les feux de l’actualité la question d’un cata- logue national pour toutes les bibliothèques suédoises. Depuis le début de l’année, les bibliothèques publiques sont invitées à participer à Libris aux mêmes conditions que les bibliothèques de recherche, et plusieurs établissements sont sur les rangs pour y entrer. Un schéma général de fonctionnement de Libris comme catalogue unique pour tout le pays sera également lancé en cours d’année.

La numérisation et l’accroissement des responsabilités au niveau national exigeront beaucoup de Libris. La leçon des dernières décennies est que les visions grandioses se réalisent rarement comme espéré, mais que le plus grand bénéfice est retiré du processus mis en œuvre pour les atteindre. Libris vaut davantage que son catalogue, par la tradition de coopération qu’il a fait naître, le partage des ressources et l’accès gratuit au public.

Q

Trad. du suédois : Anna Svenbro

accessible par le Web. Sa visibilité accrue renforça également son attrait et le nombre de bibliothèques participant à Libris augmenta fortement. La possibilité de participer était pourtant encore limitée aux universités et aux instituts de recherche publics.

L’

IMPASSED

UNCOMPROMIS

Une autre infrastructure nationale a donc été mise en place pour les bibliothèques publiques. La grande majorité d’entre elles ont confié la gestion de leurs catalogues à Bibliotekstjänst, une société qui appartenait à l’origine à l’Association suédoise des bibliothèques publiques mais qui, vendue dans les années 1990, fut gérée comme une entreprise commerciale. Bibliotekstjänst employait des catalogueurs ; les bibliothèques publiques purent alors démanteler leurs services de catalogage. Mais alors que Libris, financé par des fonds publics, était une création col- lective mise à disposition gratuitement, les donnés catalogra- phiques des bibliothèques publiques furent créées et déte- nues par Bibliotekstjänst dans un cadre commercial. Comme Bibliotekstjänst n’avait pas créé de service web librement acces- sible à l’échelle nationale pour les documents des bibliothèques publiques, celles-ci eurent du mal à assurer la visibilité de leurs catalogues sur la toile. En revanche, elles continuaient à payer pour les recherches dans leur base de données nationale.

Vers la fin des années 1990, la création d’un service natio- nal par lequel les citoyens pourraient interroger librement les collections des bibliothèques publiques comme celles des bibliothèques de recherche fut intensément débattue. Bibliotekstjänst, sans s’en désintéresser, percevait mal la fai- sabilité commerciale d’un tel service. La coopération avec Libris et avec la Bibliothèque royale laissait peu de place à un modèle commercial. Le service de recherche Bibliotek.se fut le résultat d’un compromis : il permettait de rechercher simultanément dans les deux collections mais n’offrait pas la possibilité pour les bibliothèques d’utiliser la base de données comme aide au catalogage. La localisation des documents de la quasi-totalité des bibliothèques suédoises rendue possible par Bibliotek.se, ce service ne s’accompagne donc que de données bibliogra- phiques limitées. Ce compromis entre intérêts publics et com- merciaux n’a pas non plus permis à ce service de se développer au cours de ses dix années d’existence.

U

LTIMESMÉTAMORPHOSES

Les années 2000 furent celles de la grande percée des res- sources électroniques dans les bibliothèques de recherche suédoises. En 2003, leurs dépenses pour l’acquisition de

WWW.SALONDULIVREPARIS.COM

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