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III. RÉSULTATS 22

III.4. Analyses isotopiques 41

δ15N (‰) δ13C (‰)

Figure 34 : Signatures isotopiques (δ15N, δ13C) des catégories zooplanctoniques et des larves

en fonction de leurs stades de développement larvaires

La figure 34 montre la représentation des signatures isotopiques pour le carbone et l’azote des différentes catégories de zooplancton et des différents stades larvaires. Les contenus stomacaux des larves parasitées par des cestodes ou des larves de chironomes du 12 avril n’ont pas pu être analysés. Toutefois, nous avons utilisé leur muscle pour une analyse isotopique afin de voir si leur signature était différente des signatures des autres larves. Les résultats sont spécifiés sur les graphiques.

Pour les catégories zooplanctoniques, on remarque que le δ15N augmente avec la taille

des copépodes (de 13,46‰ à 14,76‰) ; une augmentation cependant faible et inférieure à l’enrichissement trophique marquant une augmentation du niveau trophique (normalement de 3-4‰). On en conclut un passage de l’herbivorie à la carnivorie qui n’est pas stricte comme indiqué dans la littérature. Les copépodes adultes bien que longtemps considérés comme carnivores ont plutôt un régime alimentaire omnivore et peuvent persister avec une alimentation essentiellement composée de phytoplancton. Par ailleurs, les valeurs des signatures des petits stades sont plus élevées que celle des herbivores stricts en raison de la présence de

Mesocyclops leuckarti C4, C5 et adultes qui ont un régime carnivore. En effet, la signature des petits copépodes est plus élevée que celle des daphnies (en moyenne 9,36‰). Cette signature correspond à un régime herbivore.

Pour les larves, on observe un léger enrichissement en azote du stade 0 au stade 2 (de 14,58‰ à 16,30‰, soit un enrichissement d’environ 2‰). Il n’y a pas de différence entre le stade 0 (sans vésicule) et le stade 1 pourtant nous observons des proies dans les estomacs des larves de stade larvaire 1. Ceci indique que les larves de stade 1 n’ont pas encore intégré la nourriture du milieu qu’elles prennent en faible quantité. Les larves de stade de développement

2 commencent elles à intégrer leur nourriture dans leurs tissus. Le δ15N diminue ensuite au fur

et à mesure que les larves grandissent (12,50‰ pour le stade 6), en lien avec une consommation de plus en plus importante de daphnies. Les larves ayant mangé des chironomes sont du stade larvaire 9 et on ne possède malheureusement pas la signature isotopique des larves de stade de développement 9 ; nous ne pouvons donc pas comparer la différence de signature entre les

larves ayant consommé des chironomes et les autres larves de ce stade. Toutefois, on note que la

larve à chironome se situe probablement au même niveau que les larves de même stade. Le δ15N

des larves dont les contenus stomacaux présentaient des cestodes ne diffère pas du δ15N des

larves de même stade n’ayant pas été parasitées par des cestodes (15,40‰ pour les larves sans cestodes contre 14,92‰ pour les larves avec cestodes).

Le δ13C des copépodes augmente surtout entre les petits copépodes (-35,92‰) et les

moyens et gros copépodes (-34,96‰ et -34,91‰). La signature des daphnies est là encore beaucoup plus faible que celle des copépodes (-36,92‰).

Pour les larves, on observe une augmentation du δ13C du stade 0 au stade 1 (de -34,22‰

à -33,07‰). Les larves 0 encore vésiculées ont une signature plus faible car plus riche en lipides

qui contiennent moins de 13C. Le δ13C diminue ensuite du stade 2 au stade 4 (-33,70‰ pour le

stade 4), puis augmente à nouveau pour les stades larvaires les plus avancés (-33,02‰ pour le stade 6). Même remarque que précédemment en ce qui concerne les larves ayant mangé des chironomes de stade larvaire 9, nous ne pouvons pas comparer la différence de signature entre

ces larves et les autres larves de même stade. En revanche, le δ13C (valeur médiane) des larves

dont les contenus stomacaux présentaient des cestodes ne diffère pas du δ13C des larves de même

stade (-33,17‰ pour les larves sans cestodes contre -33,15‰ pour les larves avec cestodes). Les larves ont des signatures plus fortes que celles du zooplancton, or le fractionnement pour le carbone est selon la littérature quasiment nulle. Une hypothèse peut être avancée pour expliquer cette différence qui est que la signature du zooplancton est sous-estimée car les individus sont riches en lipides et que les larves, elles, ne fabriquent pratiquement pas de lipides.

Regardons plus précisément l’évolution des signatures isotopiques des différentes catégories de zooplancton au cours du temps. La figure 35 permet ainsi d’expliquer la grande variabilité des signatures du zooplancton représentées dans la figure 34.

Nous constatons que les deux signatures isotopiques évoluent au cours du temps. D’une manière générale, on remarque également que les valeurs des signatures isotopiques des trois fractions de taille de cyclopidés évoluent de manière relativement similaire.

Les valeurs des signatures isotopiques de l’azote pour chaque catégorie zooplanctonique diminuent au fur et à mesure des campagnes de prélèvement. On observe une diminution du

δ15N chez les cyclopidés d’environ 6‰ et pour les daphnies le δ15N est passé de 14‰ à 4‰ en

deux mois. Les valeurs des signatures isotopiques du carbone ont plutôt tendance à augmenter durant les deux mois de prélèvement passant d’environ -35,5 ‰ à -34‰ chez les cyclopidés. Le

δ13C des daphnies a cependant une évolution particulière. Les valeurs diminuent légèrement

durant le mois de mars, passant de -37‰ à -38‰, puis augmentent début avril pour atteindre - 36,5‰ début mai. Deux valeurs semblent être aberrantes (-35‰ et -36‰) début avril.

Ces variations dans les signatures isotopiques du zooplancton semblent être dues aux différentes sources de carbone et d’azote dont se nourrissent les organismes. En effet, il a été

prouvé que le δ13C du phytoplancton varie en fonction de la profondeur à laquelle le

phytoplancton s’est développé et de la taille des cellules phytoplanctoniques ingérées par le

zooplancton (Perga & Gerdeaux, 2006). Les différentes sources de δ15N et les variations de celui-

Figure 35 : Evolution des signatures isotopiques (δ15N, δ13C) de chaque catégorie zooplanctonique

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