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IV.5 Analyse chimique : [4]

IV.5.1 Analyses courantes :

Les analyses courantes se déroulent en trois phases : dilution des selles; analyse directe de la dilution fécale et analyse de la dilution fécale après clarification.

Dilution fécale : On prépare une dilution fécale à 10% en triturant dans un verre

à pied, à l'aide d'un agitateur, un poids exactement mesuré des selles dans un volume bien déterminé d'eau distillée ajoutée plus lentement que la selle est plus consistante. Le mélange final doit être parfaitement homogène.

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Analyse directe de la dilution fécale :

Mesure du pH : la mesure du pH peut être effectuée par l'une de ces méthodes :

- Electrométrique : pH mètre.

- Colorimétrique : Soit directement par un papier pH imprégné de la dilution fécale, soit par addition d'un indicateur de pH : rouge de méthyle, bleu de bromothymol.

Les valeurs normales sont : 4,5 à 6,0 pour les nourrissons au sein, et 6,5 à 7,5 pour les nourrissons au lait de vache, les enfants et les adultes.

L’interprétation se fait en confrontant le pH avec les résultats des différents dosages des acides organiques, des acides aminés et de l’ammoniaque.

Recherche des pigments biliaires : Cette analyse permet de vérifier la fonction

biliaire et d’apprécier la motricité intestinale. En effet l'absence des pigments biliaires indique une rétention biliaire « une acholie » qui se manifeste par des selles blanchâtres. La connaissance de l'état sous lequel les pigments biliaires se trouvent dans les selles est capitale pour apprécier la motricité intestinale:

- Stercobiline : motricité normale;

- Bilirubine : péristaltisme accéléré à partir de l'intestin grêle; - Biliverdine : péristaltisme accéléré à partir de l'intestin grêle;

- Stercobilinogène : péristaltisme accéléré à partir de la région iléo-caecale; - Leucostercobiline : putréfaction exagérée.

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La détermination de l’état des pigments biliaires se fait généralement par l’étude de la couleur des selles :

- Bilirubine : couleur verte.

- Stercobilinogène : donne une couleur ocre aux selles généralement en bouse qui, à l'air, brunissent en surface par oxydation.

- Leucostercobiline : incolore, mais se transforme, par oxydation, en stercobiline et donne une réaction positive par les méthodes chimiques permettant la caractérisation de ce pigment.

On utilise des méthodes chimiques pour déterminer les types des pigments présents dans les selles, qui sont :

Méthode de Grigaut : consiste à mélanger un certain volume de la dilution

fécale avec un volume d’acide chlorhydrique HCl, Chauffer légèrement, puis ajouter deux gouttes de perchlorure de fer et filtrer. La couleur du filtrat indique le type de pigments présents : si la couleur est jaune à brun rougeâtre il s’agit de Stercobiline ou Stercobilinogène, par contre la couleur verte indique la présence de la bilirubine.

Méthode de Jaffé : la bilirubine est précipitée, à l'état de sel de Zinc, en milieu

alcoolique et extraite par l'alcool éthylique. La stercobiline est présente dans le liquide clair obtenu par filtration ou centrifugation auquel elle communique une fluorescence verte. Cette réaction étant extrêmement sensible, on fixe une limite de positivité au-delà de laquelle on peut admettre que la fluorescence observée n'est donnée que par des traces des pigments.

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Dosage de l'ammoniaque :

Méthode de Bailanger : l'ammoniaque en présence de phénol et d'hypochlorite

de sodium en milieu alcalin, donne une coloration bleue, et on fait une lecture au spectrophotomètre à 610 nm. On mesure la valeur de l'ammoniaque à l'aide d'une courbe d’étalonnage tracée à partir d'une gamme de dilution en concentration décroissante de la solution mère d'un sel d'ammonium (0,5% = 106mg d'N) à (0,0025% = 0,53mg d'N). Les valeurs normales : 25 à 35 mg d'N pour 100 g de selles. Si le taux est élevé : Il y a une hyperactivité de la flore protéolytique.

Recherche du mucus soluble : Consiste à mélanger un volume de la dilution

fécale avec un volume d'une solution d'acide acétique. Normalement le liquide doit rester trouble. La présence de mucus soluble se traduit par une floculation complète avec clarification du liquide, ce qui explique une irritation de la muqueuse intestinale.

Dosage des protéines dissoutes :

Méthode modifiée de Goiffon R. et Goiffon B. : Le dosage des protéines

dissoutes se fait sur la dilution acétique qui a servit pour la recherche du mucus soluble. Les grosses molécules protéiques (protéines non dégradées) sont précipitées par l'acide trichloracétique et dosées en évaluant leur index tyrosine. Les petites molécules protéiques restées en solution (protéines dégradées) sont précipitées par l'acide phosphotungstique et dosées en déterminant leur index tyrosine. L'index tyrosine correspond au nombre de milligrammes de tyrosine rapportés à 100 g de selles.

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Protéines dissoutes non dégradées : normalement, les selles n'en renferment pas.

L'interprétation doit tenir compte d'un saignement hémorroïdal possible.

Protéines dissoutes dégradées : l'index tyrosine correspondant est normalement

inférieur à 60.

Signification : Lors d'un transit rapide ou d'un trouble de l'absorption lié à une autre cause, on dose des protéines qui ne semblent pas avoir pour origine une exsudation pariétale. La signification de ces dosages est donc beaucoup moins précise et infiniment plus large que celle suggérée par le qualificatif "exsudatif" qui oriente vers une lésion intestinale. Les résultats de ces dosages ne doivent donc pas être interprétés isolément. Il faut tenir compte, notamment, des résidus alimentaires et plus particulièrement des fibres musculaires. Leur abondance témoigne d'un trouble de la digestion protéique (insuffisance glandulaire, transit accéléré). Dans le cas où le taux des protéines dissoutes ne s'explique que par une origine exsudative ou un saignement, il est possible de situer le siège de la lésion à condition, bien entendu de tenir compte de la rapidité du transit. Dans un transit normal, la présence des protéines non dégradées est en rapport avec une lésion de la portion terminale du côlon, tandis que l'élévation du taux des protéines dissoutes dégradées oriente vers une lésion colique haute.

NB. : Un taux normal de protéines dissoutes ne permet pas d'exclure un saignement. C'est le cas où la localisation du saignement, son abondance ou la vitesse du transit digestif ont telles que la digestion des protéines sanguines a pu être effectuée.

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Dosage des électrolytes fécaux et calcul du trou osmolaire :

En pratique courante, seuls le sodium, le potassium et les chlorures sont dosés dans les selles. C'est à partir de ces dosages qu'est calculé le trou osmolaire car l'osmolarité de l'eau fécale augmente très rapidement après l'émission en relation avec la production des acides organiques par métabolisation des résidus glucidiques. Il n'est donc pas envisageable de mesurer directement l'osmolarité de l'eau fécale sauf si la mesure est effectuée juste après l'émission ou si les selles ont été congelées immédiatement; dans le cas contraire, le métabolisme bactérien peut aboutir à des valeurs supérieures à 600 mOsm/Kg. Lorsque le poids sec des selles est inférieur ou égale à 12% ces paramètres sont indispensables pour caractériser la diarrhée. Par ailleurs, la détermination des pertes électrolytiques fécales journalières participe à l'établissement du bilan électrolytique, notamment dans les cas de chirurgie intestinale[3].

Technique :

Une partie aliquote des selles est diluée au 1/10 dans de l'eau distillée, laisser en contact 15 minutes puis filtrée. Sur le filtrat, le sodium et le potassium sont dosés par spectrophotométrie d'émission, et les chlorures par coulométrie. Les résultats sont rendus en concentration (mmol/l) et en débit journalier (mmol/24h) = concentration × poids moyen en g/24h/1000). La mesure directe de l'osmolarité fécale par cryoscopie n'a le plus souvent pas de valeur si les selles n'ont pas été congelées immédiatement après émission. La mesure directe de l'osmolarité se justifie uniquement pour mettre en évidence une dilution artificielle des selles par de l'eau. Le trou osmotique est donc calculé par rapport à l'osmolarité théorique des selles qui est de 290 mOsm/Kg (égale à celle du

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plasma) en appliquant la formule : [290 – (concentration de Na+ + concentration de K+) × 2].

Validation :

Les courbes de calibration doivent être linéaires. Les contrôles de qualité, fécal et sérique, doivent se situer dans la limite d'acceptabilité

Interprétation :

Une selle normale est plus riche en potassium qu'en sodium; sa composition est de type intracellulaire. Les valeurs normales des débits électrolytiques sont de 1 à 10 mmol/24 h pour le sodium et les chlorures (20-60 mmol/l) et de 10 à 20 mmol/24 h pour le potassium (80-180 mmol/l). Au cours des diarrhées, l'élimination fécale de sodium peut être augmentée d'un facteur 2 à 10, voire plus en cas de chirurgie; la composition fécale se rapproche alors de celle des liquides extracellulaires. En général, les variations en ions chlorures suivent celles du sodium. Au cours des diarrhées sécrétoire, il faut vérifier que la fuite potassique n'induise pas une hypokaliémie secondaire. L'ionogramme fécal et le trou osmolaire permettent de caractériser différent types de diarrhée.

Un trou osmotique inférieur à 50 mOsm/Kg oriente vers une diarrhée sécrétoire. Les étiologies principales sont une colite microscopique, une diarrhée endocrinienne, une tumeur villeuse, voire une origine iatrogénique en relation avec la prise de laxatifs (phosphate ou sulfate de sodium ou laxatifs irritants comme les dérivés anthraquinoniques). Un trou osmotique supérieur à 125 mOsm/Kg oriente vers une diarrhée osmotique. Il s'agit le plus souvent de malabsorption des glucides (lactose en cas de déficit en lactase, fructose et

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sucres-alcools en cas d'ingesta élevés) mais aussi de diarrhées iatrogéniques par prise de laxatifs osmotiques : lactulose, sorbitol, macrogol, hydroxyde de magnésium.

Analyse de la dilution fécale après clarification :

Clarification : La clarification se fait par ajout de perchlorure de Fer et de la

chaux hydratée à la dilution fécale. On obtient après filtration un liquide jaune plus ou moins foncé.

Dosage des acides organiques : Les acides organiques résultent de la flore

saccharolytique ou flore de fermentation.

Un taux supérieur à la normale reflète une exagération des fermentations.

Un taux inférieur à la normale indique soit un déficit de la flore saccharolytique (transit accéléré) soit une dilution exagérée de la selle : diarrhée ou fausse diarrhée.

Méthode de Bailenger, Clyti et Le Hir : Les acides organiques de fermentation

(fixes et volatils) sont déplacés de leurs sels de calcium par de l'acide chlorhydrique titré. Lorsque celui-ci est en excès, il provoque le virage d'un réactif indicateur. Les résultats sont exprimés en nombre de millilitres d'HCL N correspondant à 100 g de selles.

Les valeurs normales sont : 14 à 16 ml d'HCl pour 100 g de selles.

Méthode de Bailenger et Faure : c'est une réaction hydroxamique appliquée

aux acides aliphatiques libres par Pesez (1957) : Les acides aliphatiques estérifiés se combinent à l'hydroxylamine, en milieu alcalin, en donnant une

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hydroxamide capable de former un chélate ferrique coloré en milieu acide. Les valeurs normales s’étalent aux environs de 7,5 à 9 ml d'acide acétique N pour 100 g de selles.

Correspondance avec les valeurs classiques exprimées en millilitres d'HCL N pour 100 g de selles : elles sont environ 1,8 fois supérieures aux résultats fournis par cette méthode.

Dosage de l'azote formol :

Méthode de Sôrensen: C'est le dosage global de l'ammoniaque, des acides

aminés et des amines.

Les valeurs normales : 3ml de soude pour 100 g de selles.

Signification : Les résultats fournis par cette méthode correspondent à un dosage global intéressant l'ammoniaque, les bases aminées et une partie des acides aminés.

Une valeur anormalement élevée de l'azote-formol peut aussi bien s'expliquer par un excès d'ammoniaque ou de bases aminées que par une

amino-acidorrhée. La réponse sera fournie par un dosage spécifique de l'ammoniaque:

- Premier cas : Le taux d'ammoniaque est également élevé; il explique la valeur élevée de l'azote-formol.

- Deuxième cas : Il existe une dissociation entre la valeur élevée de l'azote-formol et un taux quasi normal d'ammoniaque. On est alors orienté vers une amino-acidorrhée qui traduit un défaut d'absorption; ou à une accélération du

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