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Le premier cadre conceptuel qui guide la présente étude est celui de l’approche systémique. En effet, le phénomène d’agression sexuelle est perçu comme une crise que la famille a à traverser. L’équilibre familial est menacé par le vécu de l’enfant et le système familial doit travailler à retrouver son homéostasie. Salem (2009), dans son ouvrage intitulé L’approche thérapeutique de la famille, cite Miller (1978) qui définit la notion de système comme un ensemble d’éléments en interaction dynamique. Miller (1978) poursuit sa définition en soulignant que l’état de chacun des éléments s’interinfluencent.

La notion de système peut alors désigner une multitude d’éléments. Ceux-ci peuvent être abstraits (une théorie, une langue, la famille) ou concrets (une cellule, une machine, etc.) (Salem, 2009). Ce qui permet de distinguer un système d’un autre sont les propriétés sous-jacentes au système d’intérêt. La conception de la famille comme système relationnel a été abordée par Minuchin en 1974 (Dans Pinel-Jacquemin, 2012). La famille constitue le premier milieu de vie de l’enfant. Ce système est composé d’éléments en interaction les uns avec les autres. Dans le présent projet de recherche, les sous-systèmes d’intérêts sont le conjugal (constitué des relations entre le père et la mère) et le sous- système coparental (composé de relations en triangle impliquant les parents et un enfant) (Pinel-Jacquemin, 2012). Un concept important découlant du cadre d’analyse systémique

est celui de l’alliance coparentale, soit le degré de coopération des parents l’un envers l’autre dans leur rôle parentaux.

Salem (2009) élabore sur les multiples propriétés des systèmes. Il dégage entre autres le degré d’ouverture du système témoignant de ses échanges avec l’environnement. En effet, un système ouvert saura plus facilement intégrer des éléments nouveaux de son environnement à sa structure, alors qu’un système fermé sera plus réticent à adopter de nouvelles composantes venant de l’extérieur. Dans un système familial ouvert, l’aide extérieure en cas de crise est plus facilement acceptée que dans un système familial fermé.

Salem (2009) évoque aussi le centre de décision qui permettra au système de transformer une information en action. Ensuite, les feedbacks positifs ou négatifs sont dégagés comme étant une propriété très influente dans l’ajustement des décisions du système. En effet, en ayant pris connaissance des éléments positifs et négatifs d’une telle décision, le système sera plus en mesure d’agir de façon adaptée à son environnement. Les délais sont aussi une propriété importante du système puisqu’ils permettent les ajustements temporels nécessaires au bon fonctionnement de celui-ci (Salem, 2009). Le délai entre la crise du système et le retour à l’homéostasie sera considéré dans la présente étude comme un critère d’inclusion pour la participation des parents. Salem (2009) dégage aussi la tendance à l’homéostasie, qui caractérise la recherche d’équilibre et de stabilité qui est sous-jacente à tous les systèmes. Finalement, Salem (2009) fait référence à la complexité d’un système lorsqu’il aborde la quantité des éléments du système, le nombre de ses relations ainsi que la quantité d’informations contenues au sein du système.

En référence à ces différentes prémisses, Salem (2009) distingue trois concepts centraux de l’approche systémique. En premier lieu, le concept de totalité sous-entend que

le système d’intérêt correspond à plus que l’ensemble de ses parties. Cette conception rejoint la notion de « non-sommativité » qui met de l’avant l’apparition de qualités nouvelles que ne possédaient pas initialement chacune des parties du système. En deuxième lieu, la notion de circularité, abordée par Salem (2009), souligne l’importance de la réciprocité des actions et des influences. De plus, cet auteur stipule que les relations entre les éléments du système ne sont jamais unilatérales. Il est donc possible d’affirmer qu’il y a beaucoup de mouvance dans les interactions entre les éléments d’un système et que ceux-ci peuvent tous être interinfluencés. En dernier lieu, le concept d’équifinalité, mis de l’avant par Salem (2009), souligne le fait qu’un même résultat peut avoir des origines différentes. Ce concept permet d’assumer que la rigidité dans les démarches n’a pas sa place au sein d’un processus de changement, puisque plusieurs façons de faire peuvent permettre aux éléments du système d’aboutir à un même résultat.

La description de la notion de système permet sans aucun doute d’appliquer chacun des éléments à une famille en crise. Le système familial est régi par des règles et une dynamique qui lui est propre, et la crise est souvent induite par un déséquilibre de la stabilité familiale.

3.1.1 Pertinence du cadre d’analyse systémique pour la présente étude

Le cadre conceptuel systémique est pertinent dans la présente étude puisque l’agression sexuelle sur un enfant est perçue comme un déséquilibre de la dynamique familiale. La circularité des interactions dans les éléments du système familial vient justifier l’importance de considérer les parents comme des acteurs importants du processus de résilience de l’enfant. Tel qu’observé par Pinel-Jacquemin (2012) dans son étude sur l’approche systémique et les relations d’attachement parent-enfant, chacun des membres

de la famille accorde une importance considérable à la relation coparentale en lien avec le sentiment de sécurité familiale. La présente étude propose l’analyse de la relation coparentale, lorsque les deux parents ne sont pas les agresseurs, dans le soutien offert à l’enfant victime d’agression sexuelle ainsi que dans les stratégies d’adaptation utilisées pour surmonter cette épreuve.

3.2 Cadre d’analyse de l’approche transactionnelle du stress de Lazarus et Folkman