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Chapitre VI : Étude acoustique de voyelles tenues produites par des patients ayant subi une

VI.3 Résultats

VI.3.2 Aire des espaces vocaliques

VII.1.6.1 Analyse statistique

Nous présentons une analyse temporelle des paramètres mesurés afin de rendre compte de différentes caractéristiques typiques à la parole de nos patients et aussi du type d’exérèse carcinologique endo-buccale subie. Suite à cette diversité des résections et des techniques de reconstructions, nous avons décidé de présenter les résultats de chaque paramètre mesuré pour l’ensemble des sujets.

Nous exposons ci-dessous les résultats des paramètres mesurés dans les contextes [t, d, k, g].

Le contexte consonantique [p, b] n’étant pas affecté nécessairement après une glossectomie, puisque ces consonnes ne sollicitent pas l’intervention de la langue lors de leur production.

Notons que les résultats présentés dans ce chapitre reposent sur quatre occlusives, dont deux non-voisées [t, k] et deux non-voisées [d, g].

Ces consonnes sont insérées dans les deux contextes vocaliques [i-a] et [a-i].

Le nombre de répétitions retenu pour chaque occlusive est de dix, dont cinq répétitions pour chaque contexte vocalique. En effet, nous n’avons pris en considération que cinq répétitions par contexte puisque c’est le nombre minimum de répétitions collectés auprès de tous les patients.

Rappelons que certains de nos patients avaient des prises en charges chirurgicales et thérapeutiques beaucoup plus lourdes en termes de répercussions que d’autres, ce qui ne leur a pas permis d’atteindre le nombre de dix répétitions initialement souhaité.

Les analyses statistiques de variances (ANOVA à mesures répétées) ont été effectuées pour toutes les variables mesurées (V1, le VTT, le silence acoustique, l’occlusion, le VOT, V2), avec un risque de (p<0,05). Il s’agissait d’identifier s’il existerait des effets significatifs des facteurs principaux suivants :

- Temps - Chirurgie

- Contexte vocalique - Sonorité

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Signalons que pour l’analyse statistique des variables citées supra, nous nous sommes concentrée sur les données des six patients ayant accompli les 4 sessions d’enregistrements pré- et post-chirurgicales. Aussi, nous avons écarté le patient JCT de l’analyse statistique, puisqu’il présente la plus large résection et donc plus de contraintes de coordination des gestes articulatoires. Cela nous a empêché, à titre d’exemple, de délimiter les mesures intra-segmentales, à savoir la disparition et l’apparition de la structure formantique clairement définie, correspondant à l’intervalle consonantique, sur les signaux des occlusives non-voisées. Nous avons en effet relevé un bruit de friction notable sur les signaux acoustiques des données recueillies en Post-Op1 et 2 pour le patient JCT. Nous avons donc procédé à une « simple » description de ses productions, lorsqu’il nous a été impossible d’obtenir des mesures concrètes et précises.

Nous avons appliqué une analyse de variances (ANOVA à mesures répétées) multifactorielle suivi d’un test Post Hoc, effectuées à l’aide du logiciel R.

Dans cette expérimentation, nous avons relevé des effets significatifs pour la plupart des variables mesurées, certaines interactions indiquaient également des effets significatifs (p<0,05).

En ce qui concerne la voyelle précédant V1 dans les séquences VCV étudiées, les résultats de l’analyse de variances ANOVA à mesures répétées multifactorielle, avec correction Tukey, montrent une différence significative pour les 3 effets principaux « temps » (phase d’enregistrement), « chirurgie » et « sonorité » : pour le facteur « temps » les différences significatives résident entre Préop et Post-Op1 : [F(3)=-12,64 ; p<0,0004] ; Préop et Post-Op2 : [F(3)=-9,458 ; p<0,0158] ; pour le facteur « chirurgie » [F(1)=12,675 ; p<0,000004] ; [F(1)=-15,446 ; p<0,0012] ; et pour le facteur « sonorité » : [F(1)=-15,446 ; p<0,0012].

Pour la variable VTT, les 2 effets principaux qui se sont révélés statistiquement significatifs sont : « temps » et « chirurgie » : pour le facteur « temps », nous avons relevé des différences significatives entre Préop et Post-Op1 [F(3)=-4,855 ; p<0,03761] ; Préop et Post-Op2 : [F(3)=-6,10556 ; p<0,00490] ; pour le facteur « chirurgie » les différences sont de : [F (1) = 5,981, p<0,00001]. Le contexte vocalique s’est également révélé significatif pour la variable VTT. En ce qui concerne l’interaction du « contexte vocalique » [i-a] et du facteur « temps », l’interaction entre le

« contexte » [i-a] et les phases d’enregistrements « temps » montre que le VTT est significativement plus important entre (Préop et Post-Op1) : [F(5)=-8,422 ; p<0,02507] et (Préop et Post-Op2) : [F(5)=-9,25556 ; p<0,00903] en contexte [i-a]. Une autre interaction s’est révélée

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significative pour la variable VTT entre le facteur « temps » et « chirurgie », c’est à dire les deux types d’exérèses (A2 et B3), lors de la phase Post-Op1 : [F(3)=4,90694 ; p<0,03487]. L’interaction des facteurs « chirurgie » et « contexte vocalique » indique à son tour une différence significative pour la variable VTT dans les deux contextes vocaliques [i-a] : [F(3)=7,05556 ; p<0,00082] et [a-i] : [F (3)

= 4,90694, p<0,03487]. Ces interactions démontrent que le VTT est plus notable en Post-Op1, et cela dans les deux contextes vocaliques étudiés pour les patients partiellement pelvi-glossectomisés, par rapport aux patients ayant subi une glossectomie partielle. Cela nous indique que les patients partiellement pelvi-glossectomisés ont plus de difficultés à réaliser une occlusion linguo-palatale. Cette perte dans le contrôle de l’activité supraglottique est remarquée dans les deux contextes [i-a] et [a-i]. Cette difficulté de contrôle est retrouvée non seulement dans le contexte de la voyelle de petite aperture [i], mais elle est encore plus notable dans celui de la voyelle de grande aperture [a] (cf. Figure 34 VTT supra). L’interaction entre les facteurs

« chirurgie » (type d’exérèse) et « sonorité » ne montre pas de différences significatives pour la variable VTT entre les patients partiellement pelvi-glossectomisés et leurs homologues partiellement glossectomisés, en contexte consonantique non-voisée.

Concernant la variable silence acoustique (SIL), les facteurs « temps » et « chirurgie » se sont révélés significatifs : « temps » entre pérop et Post-Op1 [F (3) =-13,344 ; p< 0,0086] ; chirurgie [F (1)

=-18,131 ; p< 1,26E-08]. Le silence acoustique pour les occlusives non-voisées est visiblement plus important en Post-Op1 pour une pelviglossectomie que pour une glossectomie partielle. Notons que pour les productions de certains patients, le silence acoustique n’était pas mesurable. Ce dernier était caractérisé par des vibrations presque régulières en remplaçant ainsi le silence acoustique qui est considéré, en théorie, comme l’une des caractéristiques d’une occlusive non-voisée. Cette remarque est à prendre avec précaution puisqu’elle ne concerne que certains patients et parfois que quelques items au sein des productions du même patient.

Nous avons également observé une altération de la variable durée de l’occlusion, les effets principaux « temps », « contexte vocalique s » et « chirurgie » se sont révélés significatifs : pour le facteur « temps » une différence significative est indiquée entre (Préop-Post-Op1) : [F (3) =-13,962 ; p< 0,00002)] ; (Préop-Post-Op2) : [F (3) 10,719 ; p< 0,0021)] ; (Post-Op1-Post-Op3) : [F (3) =-8,0513 ; p< 0,0356)] ; (Post-Op1-Post-Op3) ; « contexte vocalique » : [F (1)= -4.150, p<0.0488)] ; «

2 Patient partiellement glossectomisés

3 Patient partiellement pelvi-glossectomisés

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chirurgie » : [F (3) =14,717 ; p< 0,00003)]. En ce qui concerne la variable VOT, les 4 effets principaux, « temps », « chirurgie », « contexte vocalique » et « sonorité » se sont montrés statistiquement significatifs : pour le facteur « temps » une différence significative est notée entre (Préop-Post-Op1) : [F (3) = -8,730 ; p< 0,000005)] ; (Préop-Post-Op2) : [F (3) =-6,972 ; p<

0,000004)] ; (Préop-Post-Op3) : [F (3) =-4,009 ; p< 0,018)] ; (Post-Op1-Post-Op3) : [F (3) =-4,721 ; p<

0,003)]; « chirurgie » : [F (3) = 8,189 ; p< 0,00000)]; « contexte vocalique » [F (1)= -4,560, p<0.00000)] ; « sonorité » [F (1) = 20,448 ; p<0.0000)]. L’interaction entre le facteur « temps » et

« contextes vocaliques » indique des effets significatifs pour la variable VOT entre (Préop-Post-Op2) : [F (5) = -7,2 ; p<0,005)] dans le contexte [a-i] ; (Préop-Post-Op1) [F (5) = -7,722 ; p<0,0020)] ; (Préop-Post-Op2) : [F (5)= -7,2 ; p<0,005)] dans le contexte [i-a].Une autre interaction entre les facteurs « temps » et « chirurgie » pour la variable VOT pourrait être intéressante ; celle-ci indique des différences significatives entre les patients ayant subi une pelvi-glossectomie et ceux partiellement glssectomisés. En effet, l’interaction dévoile un VOT plus important pour les patients pelvi-glossectomisés par rapport au VOT relevé chez les patients glossectomisés en Post-Op2 : [F (5) = -13,005 ; p<0,000004)] ; en Post-Op3 [F (5) = 9,845 ; p<0,000004)]. Cela peut s’expliquer par le type de résection et l’importance des traitements complémentaires nécessaires pour chaque type d’exérèse. En Post-Op3, la différence significative entre les deux types de chirurgie pour la variable VOT témoigne d’une meilleure et réelle réadaptation (réajustement) pour les patients glossectomisés, par rapport à ceux pelvi-glossectomisés. Ces derniers ne réajustent pas forcement le geste articulatoire après 6 mois, mais le réajustement peut probablement avoir lieu plus tard.

L’interaction entre les facteurs « temps » et « chirurgie » pour la variable VOT n’était pas significative en Préop [F (5) = -5,672 ; p<0,067)] et en Post-Op 1 [F (5) = -4,233 ; p<0,353)]. Cette non-significativité peut être intéressante du moment où cela nous révèle que lors de la phase Préop, les deux groupes de patients ne présentaient pas de modifications significatives pour le VOT et cela malgré les différences dans la stadification qui sont indiquées dans le diagnostic ORL préopératoire et la classification TNM. Cela peut aussi révéler que le Préop peut être considéré comme la parole de référence du patient quelle que soit la taille de la tumeur et son stade d’avancement. Concernant le Post-Op1, la non-significativité entre les deux types de chirurgie pour la variable VOT révèle que lors de cette phase, les perturbations peuvent être importantes malgré la différence entre les deux prises en charge chirurgicales (pelviglossectomie et

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glossectomie). Cela dépend fortement du patient et de sa capacité à adapter ses gestes linguaux dans une nouvelle configuration buccale, après une résection suturée ou une résection nécessitant un changement anatomo-physiologique dont des possibles reconstructions.

Pour la variable V2, deux effets principaux se sont révélés significatifs « temps » et

« sonorité ». Pour le facteur « temps », la différence se trouve entre le Préop et PostOp1: [F(3)= 11,023 ; p< 0,003)]. Pour la sonorité, la différence était également entre le Préop et PostOp1: [F(1)= -22,2625 ; p< 4,02E-07)]. Ces résultats n’indiquent pas de différences significatives pour les durées de V2 dans les deux contextes vocaliques. Aussi, il apparaît que la durée de V2 est significativement plus longue lorsqu’elle suit une consonne voisée.