Autres concepts
2.3.2. Analyse des similitudes des instruments langagiers réalisée avec le logiciel Iramuteq logiciel Iramuteq
Au plan de l’analyse des similitudes en 2007, nous distinguons 4 grands nœuds principaux dont le premier est celui de Sarkozy, suivi de Royal et de Bayrou et enfin du mot présidentiel. Le nœud de Sarkozy converge vers une première branche composée de trois mots (jouer, élection et valeur). Le mot valeur situé au centre des mots jouer et élection renvoie au propos de Sarkozy rapporté par le journal Le Figaro le 18 avril 2007. Une autre branche significative est celle qui va du mot gauche vers la droite. Et nous pouvons alors remarquer que le mot « droite » est au centre des mots duel et politique. Ce qui induit un discours sur la différenciation des candidats et de leurs tendances politiques en 2007. Le mot Royal est au milieu des mots centre et débat. Ce qui peut souligner que la référence à la candidate Royal porte d’une part sur ses potentiels enjeux stratégiques avec le candidat Bayrou et d’autre part sur sa prestation télévisée en 2007 comme l’ont démontré les titres et les photographies de
181 certains journaux. Quant au mot Bayrou, il se situe au cœur des mots François (son prénom) et choisir. Ce qui fait écho aux outils langagiers, iconiques et plastiques des journaux ayant statué sur la décision de vote du candidat Bayrou à l’endroit des candidats Royal et Sarkozy. Ce qui explique notamment la convergence des noms Sarkozy vers Royal et puis Bayrou, dénotant le jeu de relations qu’ont établi les journaux entre ces trois personnages politiques. Le mot présidentiel débouche sur plusieurs mots (tour, élection, vote, campagne…). Cependant la position des mots choix et bataille est un indicateur de la qualification de la campagne, de la finalité de l’objet de discours traité et de sa mise en évidence par les journaux dans les outils langagiers, iconiques et plastiques.
Figure 44 : Arbre de similarité des instruments langagiers des journaux en 2007
Source : Auteure (2018)
Au plan de l’analyse des similitudes en 2012, ce sont encore les noms des deux principaux candidats qui sont les plus visibles. L’absence du nom de Bayrou illustre que la portée accordée à ce personnage est moins mise en perspective par les journaux d’étude. Autour du nom Hollande, nous retrouvons les mots président, François (son prénom), vote, débat, Fn.
Ces différents mots qui gravitent autour du mot Hollande donnent des indices sur les axes thématiques autour desquels il a été mentionné. L’arbre faisant référence à Hollande converge vers le nom de Sarkozy auquel est uniquement rattaché son prénom. En 2012, l’arbre de similarité se compose également des mots tour et présidentiel. Au mot tour, sont associés les mots clé et Bayrou d’une part, et, d’autre part les mots second et Le Pen. Ce qui illustre que les outils langagiers des couvertures de journaux ont porté à nouveau sur le rôle de Bayrou dans l’élection mais également sur l’importance de M. Le Pen, pour l’issue du second tour. Le dernier nœud de l’arbre de similarité des instruments langagiers montre que le mot présidentiel est rattaché au contexte socioculturel et au vote. Il est également associé au lexique de la compétition avec les mots coup et duel.
Figure 45 : Arbre de similarité des instruments langagiers des journaux en 2012
Source : Auteure (2018)
183 2.4. Synthèse conclusive
L’analyse des registres de campagne démontre que l’ensemble des journaux centrent leurs discours principalement autour du premier et second tour, du débat, de la question publique traitée : ici les élections présidentielles mais aussi des tendances politiques et des personnages admis au dernier vote. En effet, la thématique politique et société regroupant les noms des personnages et des partis politiques se retrouve dans tous les journaux en 2007 à l’exception de Lyon Plus dont la visibilité des tendances gauche et droite n’est pas perceptible dans ses titres. En 2012, la référence aux tendances politiques est toujours visible avec cependant une actualisation des tendances politiques en fonction des candidats classés parmi les 5 premiers. On repère notamment la référence au Front national ainsi que l’allusion au Modem prenant en compte la disparition de l’UDF (union pour la démocratie française). La redondance des thèmes gauche et droite témoignent d’une politisation des discours médiatiques.
« Il faut dire que le deuxième tour de l’élection présidentielle en 2002 n’avait pas reposé sur un clivage gauche-droite mais sur un clivage démocratie-non démocratie en raison de la présence de J-M. Le Pen au deuxième tour. De ce fait, ce rapport gauche/droite et de facto le rapport social-risque se sont effacés en 2002 en faveur du sauvetage de la République française » (J.
Maarek, 2009, p. 201). Le clivage gauche et droite est atténué en 2012 avec en outre la présence du Front national.
On peut remarquer qu’en 2007, seuls les journaux quotidiens nationaux, le journal 20 Minutes et le journal régional Le Progrès mettent en évidence le territoire géographique concerné par les élections présidentielles en 2007. Ce qui est indicateur de leur promesse discursive. Tous les journaux comportent la sous-catégorie temps à l’exception du journal Le Monde en 2007. Ce qui témoigne alors de la prise en compte par les journaux des marqueurs de la mise en récit dans leurs outils langagiers, iconiques et plastiques à propos des campagnes présidentielles de 2007 et 2012.
Au regard des catégories présentes et des objets de discours dans les différents journaux, on peut inférer que 20 Minutes adopte un style descriptif alors que Métro opte pour un style narratif et énonciatif (référence aux déclarations des acteurs politiques). Lyon Plus a un style davantage narratif au regard des qualificatifs utilisés dans ses titres. Quant aux journaux quotidiens, Le Figaro a également un style narratif et persuasif alors que le journal Le Monde a une posture socio-pragmatique et argumentative. Enfin, Le Progrès a aussi une dimension narrative et énonciative. On peut remarquer la présence de la catégorie comportements et sentiments et crises et conflit qui signifient que les journaux mettent l’accent sur les actions des
personnages et fait ressortir plus que les autres journaux la dimension épique. Nous pouvons remarquer que le journal Le Monde met davantage l’accent que les journaux Le Figaro et 20 Minutes sur des thèmes de campagne abordés par les candidats à savoir : le chômage, l’emploi, la sécurité et l’économie.
Plusieurs journaux s’intéressent en particulier aux actions des candidats et par conséquent au réseau de relations entre les différents personnages politiques de manière explicite en 2007 (Le Figaro et Le Progrès) et en 2012 (Le Figaro, Le Monde, Le Progrès) et de manière implicite dans les autres journaux si l’on tente d’appliquer le titre aux images représentées à l’instar du titre de Lyon Plus du 24 avril en 2007 qui s’écrit « c’est parti pour les grandes manœuvres ». A l’exception de Métro et Lyon Plus, on distingue à nouveau la référence au jeu électoral de manière implicite dans les titres des autres journaux en 2012.
En 2012, on retrouve une absence de la thématique géographie, pays et territoire dans les journaux Métro, Lyon Plus et Le Progrès. Au Figaro, on recense à nouveau une référence aux premiers et seconds tours à travers la thématique « forces et quantité ». Quant aux schèmes discursifs, on identifie plutôt un style didactique et cognitif dans la catégorie autres concepts avec les mots programme, choix, mesures et priorités. On repère donc par ricochet une démarche d’explication des projets et programmes présidentiels des candidats non manifeste en 2007. Métro conserve son style énonciatif en y ajoutant un schème factif. Lyon Plus maintient également un récit narratif par la présence de la classe temps. Le Figaro reprend le style argumentatif, auquel s’additionne le style énonciatif et narratif. Au journal Le Monde, on retrouve une perspective socio-cognitive et didactique en insistant sur les thèmes de campagne, les programmes. On retrouve enfin un style explicatif dans la mesure où le journal se centre sur les enjeux de thème de campagne et les deux votes de campagne présidentielle.