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Analyse des réponses des niveaux contrastés : réponses des 6e vs réponses des 3 e

Chapitre 4. Étude N°2 : comment ça marche un écran tactile ? Lexique, représentations et

4.3. Échantillon de collégiens : résultats

4.3.2. Analyse des réponses des niveaux contrastés : réponses des 6e vs réponses des 3 e

Dans quelle mesure les contributions de chacune des classes à l’ensemble des résultats sont- elles distinguables ? Quelles sont ces modélisations fonctionnelles qui appartiennent surtout aux élèves de 6e et quelles sont celles qui appartiennent aux 3e ? Est-ce que les représentations et les conceptualisations des élèves de 6e relatives au fonctionnement des écrans tactiles, sont du même type que celles des élèves de 3e, plus âgés et donc plus avancés dans leur parcours scolaire ?

Rappelons d’abord que nôtre échantillon se compose en de 101 élèves de 6e et de 89 élèves de 3e. Les lignes qui suivent présentent justement l’écart repéré dans les réponses des élèves des classes contrastées, c’est-à-dire l’écart entre les explications fournies par les élèves de 6e et celles proposées par les élèves de 3e.

Nous allons respecter dans cette partie l’ordre de présentation suivi lors de la présentation des résultats généraux, tous niveaux confondus : d’abord nous présenterons les « blocs fonctionnels » prises en compte par les élèves, puis les « schémas fonctionnels » implicites à leurs réponses et finalement les « phénomènes » qui leur permettent de conceptualiser l’interaction doigt-écran.

4.3.2.1. Étapes : réponses de 6e vs. réponses 3e

Intéressons-nous d’abord aux « étapes » évoquées dans les réponses des élèves de chacune des classes — niveaux 6e vs. niveau 3e.

La figure 15 montre que les explications des élèves des deux niveaux présentent certaines différences vis-à-vis des blocs fonctionnels explicités ou inférés à partir de leurs réponses. Bien que les deux niveaux identifient sans problème l’étape « Action », leurs réponses vont se

différencier, nettement, vis-à-vis de la prise en compte des étapes « Détection » et « Transmission » et, légèrement, vis-à-vis de la prise en compte de l’étape « Traitement ».

Figure 15. Étapes ou blocs fonctionnels repérés par niveaux de scolarité (Nb. de élèves)

Lecture : 16 élèves de 3e et 2 élèves de 6e tiennent compte dans leurs réponses de l’étape « Transmission ».

La figure 15 met en évidence que les explications des élèves de 6e (barres bleus) sont nettement plus concentrées sur l’action exercée sur l’écran tactile et négligent sensiblement le reste des étapes : « ça marche avec la chaleur humaine », « ça ne marche qu’avec les doigts », « ça marche avec le toucher des doigts », est le type de réponses les plus fréquentes chez les élèves de 6e.

En revanche, tout en tenant compte de l'action exercée sur l'écran, la figure 15 montre que les explications fournies par les élèves de 3e sont comparativement nettement plus focalisées sur l’étape « Détection » que celles des 6e : alors que la détection de l’écran n’est évoquée que par 38 des 101 élèves de 6e, 66 des 89 élèves de 3e en font allusion. C’est notamment sur la prise en compte du bloc fonctionnel « Détection », soulignons-le, que le contenu des réponses des 3e va se différencier vis-à-vis des réponses des plus jeunes : « l’écran tactile marche avec des détecteurs de chaleur », « il y a des capteurs qui détectent le toucher du doigt », sont les réponses les plus fréquentes chez les élèves de 3e (74 %).

Reste que les étapes « Transmission » et « Traitement », ce sont des processus largement ignorés par les classes de 6e — au moins dans leurs réponses : seulement 2,2 % et 1,1 % des réponses des plus jeunes évoquent respectivement ces étapes. En revanche, les propositions des élèves de 3e tiennent davantage compte de ces deux processus : 16 % et 10 % des plus âgés évoquent respectivement les étapes « Transmission » et « Traitement » (voir figure 15).

0 20 40 60 80 100 81 38 20 2 1 2 81 66 15 16 10 9 6é. N=101 3e. N= 89

Finalement, la figure 15 montre que le terme « Information » est légèrement plus employé par les élèves des classes de 3e (10 %) : il n’est utilisé que par deux élèves des classes de 6e (2 %).

4.3.2.2. Schéma fonctionnel : réponses de 6e vs. réponses de 3e

Si maintenant on s’intéresse aux schémas fonctionnels suggérés par chacune des classes (6e et 3e), l’on peut remarquer dans la figure 16 que, conséquemment avec les étapes évoquées dans leurs réponses, les élèves de 6e inscrivent le fonctionnement des écrans tactiles, dans un schéma fonctionnel très élémentaire : une proportion importante (45 %) des élèves de 6e inscrit le fonctionnement des écrans tactiles dans un schéma fonctionnel du type « Action ».

Figure 16. « Schéma fonctionnel » repérés par niveaux de scolarité (Nb. d’élèves)

Lecture : 41 élèves de 3e et 26 élèves de 6e suggèrent dans leurs réponses le schéma fonctionnel « Action/Détection ».

Concernant les plus âgés, la figure 16 montre que les élèves des classes de 3e répondent à la même question en exprimant le plus souvent un schéma fonctionnel relativement plus élaboré : dans la mesure où leurs réponses tiennent davantage compte, pour une même explication, des blocs fonctionnels « Action » et « Détection », le schéma fonctionnel le plus rencontré chez les 3e est de type « Action/Détection » (46 %).

La figure 16 montre finalement un aspect auquel nous accordons une certaine importance dans cette recherche : on y aperçoit que les schémas fonctionnels les plus complets – ou moins élémentaires – sont proposés quasi-exclusivement par les élèves des classes de 3e (barres rouges). Si l’on additionne les effectifs prenant en compte à la fois les étapes « Action », « Détection » et « Transmission » — soit au moins « A/D/T… » — nous ne trouverons dans ce groupe que 2 élèves des classes de 6e sur les 101 interrogés contre 16 élèves des classes de 3e sur les 86 interrogés, ce qui, compte tenu de la taille des échantillons

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 45 26 11 6 1 1 4 1 16 41 1 4 6 5 5 4 2 6e. N=101 3e. N=89

respectifs, constitue une différence statiquement significative. De plus, alors que cinq élèves de 3e évoquent, dans une même réponse, les cinq étapes, soit un schéma fonctionnel du type « A/D/T/Tn/S »,, aucune des explications des 6e rend compte du fonctionnement des écrans tactiles en faisant allusion à l’ensemble des blocs fonctionnels.

4.3.2.3. Phénomènes : réponses de 6e vs. réponses 3e

La figure 17 montre ce qu’on peut appeler la « phénoménologie » associée à l’interaction doigt-écran tactile telle qu’elle est conceptualisée par les élèves des deux niveaux de scolarité. On y aperçoit dans la figure ci-dessous que, contrairement aux plus âgés, les élèves de classes de 6e (barres bleues) conceptualisent cette interaction en avançant des raisons évidentes. Les plus jeunes, en effet, nous rappellent que l’écran tactile est sensible notamment au toucher des doigts, « ça ne marche qu’avec les doigts », précisent-ils. De plus, toujours selon les 6e, l’écran tactile fonctionne, d’un côté, parce qu’il y des composants électriques, c’est-à-dire des « câbles », des « circuits », des « piles », etc. et, de l’autre côté, parce qu’il y a des « boutons » qui « sentent » le doigt.

Figure 17. Phénomènes : 6e vs. 3e

Lecture : 17 élèves de 3e et 2 élèves de 6e associent la sensibilité de l’écran à la « pression du doigt ».

En revanche, l’on remarque dans la figure 17 que chez les élèves de 3e la phénoménologie en question est décrite avec un vocabulaire tout à fait différent. En effet, chez les plus âgés ce ne sont plus des « boutons » mais des « capteurs » qui sont évoqués pour designer l’entité prenant en charge l’interaction du doigt avec l’écran : le terme capteur est effectivement repéré dans une proportion très importante des réponses des 3e (58 %).

De plus, contrairement aux « explications » des 6e, l’on trouve dans les réponses des 3e certains termes, comme « pression », « chaleur », suggérant leur volonté d’expliquer

0 10 20 30 40 50 60 8 47 7 2 19 1 12 4 52 32 16 17 3 10 2 5 3 6e. N=101 3e. N=89

l’interaction doigt-écran à partir de l’utilisation des concepts scientifiques. Ainsi, chez les plus âgés il n’y a guère de boutons qui sentent, mais des « capteurs » susceptibles de « détecter » la « chaleur », la « pression », le « mouvement » ou bien l’« électricité statique » des doigts ». Soulignons enfin que peu d’élèves des classes de 3e expliquent le fonctionnement des écrans tactiles en rappelant simplement que c’est parce qu’« il y a des composants électriques ». Ce type d’argument est quasi-exclusif des classes de 6e.